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Aux abois, les chiens de garde se font gardiens des loups !

Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et, dans ce clair-obscur, surgissent les monstres.
Antonio GRAMSCI

A entendre les analystes des médias de la place, grands par la fortune de leur propriétaires mais si petits par la pertinence de leur cause, Macron aurait tout gagné sur les syndicats qui n’auraient rien compris aux "réformettes sans envergures" de la loi travail et des ordonnances. Ils exultent de ce que la rue "s’essoufflerait" sous la puissance de l’intelligence de Jupiter. Ils vont jusqu’à se dissimuler dans une chambre d’hôtel, comme des agents de la FBI, avec des "spécialistes" du comptage électronique dont les chiffres se rapprochent, et on s’en douterai, bizarrement de ceux de la police.

Rappelons-nous qu’un de ces grands analystes devant les Dieux de la propagande avait, toute honte bue, presque éjaculé de satisfaction lorsque des barbares déguisés en révolutionnaires ont lâchement violé et assassiné un putatif "dictateur", au nom des Droits de l’Homme Droits de la mondialisation, pour semer la pagaille, au nom des Droits des Multinationales, dans un pays qui se voulait être le phare de l’Afrique en terme de développement humain. Jamais les vidéo-amateurs de cet assassinat de l’ancien dirigeant de la Libye n’a ému ces bien-pensants et, libido illimitée s’imposant, ils pensaient faire de même en Syrie, au nom du Droit du gaz qatarien, mais sont tombés sur plus fort qu’eux... Toujours toute honte bue, ces grands analystes décrètent que Daech est en train d’être exterminé par la "communauté internationale" oubliant de définir cette dernière, une clique de quelques États voyous au service de l’oligarchie mondiale, et de rendre à Poutine ce qui appartient à Poutine – ce autre méchant dictateur qui les empêche de mondialiser en rond.

Les chiens de garde découvrent toujours et étonnamment, très tardivement, des faits inadmissibles. C’était le cas pour l’évasion fiscale et depuis peu, ils seraient conscients qu’en Libye, les libyens à la peau noire et les migrants d’Afrique noire sont vendus comme esclaves, une pratique qu’avait aboli Kadhafi il y a près de 50 ans. Le chaos instaurés par la "communauté internationale" – elle est belle la démocratie exportée – a réveillé des pratiques tribales et ancestrales qui deviennent embarrassantes mais, bien entendu, c’est de la faute exclusivement des Libyens. A la limite, que le relais soit pris par les idiots utiles qui revendiquent que les blancs dédommagent l’esclavage des noirs en y incluant les arabes sur la liste des débiteurs, il y a là beaucoup à gagner pour le capitalisme qui n’est jamais responsable de rien. Il aurait fallut que CNN donne le La pour l’on s’émeuvent alors que, dès le début de l’invasion sarkoziste, des "complotistes" donnaient déjà l’alerte. Aucune barrière morale ne les contraint à de la retenue, et c’est bien là une marque de fabrique de l’idéologie néolibérale.

En bons récidivistes et comme dans un western de Sergio Leone, il leur faut quotidiennement trouver une nouvelle brute à taper dessus. Au nom du Droit du pétrole "and Co", ils s’acharnèrent sur le charmant et débonnaire Monsieur Maduro. Ayant lamentablement échoué, leçon de démocratie Vénézuélienne oblige, par la barbarie et le racisme présentés comme opposition populaire les revoilà annonçant la faillite d’un Pays dont ils soutiennent l’asphyxie en mentant honteusement sur la véritable origine des difficultés de ce Pays. Comment une agence privée et financée par des loups affamés pourraient donner un avis objectif sur la deuxième réserve pétrolifère du monde convoitée par une meute de loups angoissés par la prochaine crise qui vient à grands ?

Quant au vétéran Mugabe, il y a belle lurette qu’il est dans leur viseur mais sa popularité, Droit de l’Histoire oblige, gênait. Le moment semble venu de lui faire sa fête. Les loups avaient migré au sud, il y a plus d’un siècle, et ont été expulsés à coup de bâtons de feu il y a trois décennies. Mais leur mémoire est restée intacte et ils savent que le sous-sol du Zimbabwe est riche. L’ancien nom colonial de ce pays fait référence à Cécil Rhodes (Rhodésie), dirigeant de l’ancienne compagnie minière Anglaise, la Britisch South Africa Company. Ainsi et enfin, le Zimbabwe souhaiterai rentrer dans la cour des grandes démocraties et les chiens de garde sont à l’affut de la chute de celui qui, comme un immortel, leur tient la dragée haute à 93 ans.

Mais en revisitant, si l’on a un tant soit peu d’honnêteté intellectuelle, tous les grands "dictateurs" honnis par les chiens de garde, de Robespierre à Castro en passant par Staline, force est de constater que la vraie et puissante intelligence est bel et bien de leur coté mais le dire, de nos jours, c’est faire montre d’une dangereuse inculture remettant en cause l’équilibre et les chakras du corps céleste nommé "main invisible"... Et les chiens de garde sont entrainés – et surtout bien payés – à la propagande contre le complotisme, ce sac-fourre-tout où de simples militants communistes peuvent se retrouver en jolie compagnie d’adorateurs d’ovnis.

Et quid des "amis du golfe persique", ces richissimes qui achètent et vendent des êtres humains, des clubs sportifs, des quartiers entiers de France et de Navarre. Ces amis de trente ans qui acculent le Yémen à la famine sans aucune protestation. Ces gentils compagnons médiévaux qui coupent la tête de leur femme sur la place publique pour peu et qui financent si bien les barbares créatures de la CIA en Syrie ainsi que des élections où une minorité décide de placer un impétueux à la tête d’un pays avec, s’il vous plait, une majorité de députés atteints d’une curieuse disciplinite aiguë – si contestée à l’époque du soviet suprême - qui ne semble point déranger ces "experts" de la géostratégicopolitico-mafiosi. Il parait même que c’est Macron qui a eu assez d’autorité pour exiger la libération le retour du premier ministre libanais... Sans blague !

Il faut les regarder sur la scène télévisuelle, de préférence sans le son, en véritable église d’expertologie nous faire des sermons qui ont leurs raisons que la raison ignore. La géométrie variable est de tous les instants chez ces canins-là selon qu’ il s’agisse de mordre les indisciplinés ou de lécher le coccyx des fortunés. Ils seraient "objectifs" et les attaquer dans leur retranchement serait s’attaquer à la liberté de la presse... Pendant ce temps et de par le monde, nombre de vrais journalistes sont tués – torturés – exilés sans que les chiens de garde ne lèvent le petit doigt. Ils sont d’une conviction quasi religieuse, pour ne pas dire dogmatique, quand ils nous lancent leurs sondages comme preuve des évidences que nous refusons de voir. Ainsi, un panel de 1000 personnes – questionnées au téléphone ou dans la rue alors qu’ils ont autre chose à faire – seraient en mesure d’exprimer ce que pensent 60 Millions d’individus ?

Selon eux, nous défendrions des privilèges (notons la reprise d’un concept Robespierriste inversé) qui sont à l’origine des déficits. Ils trouvent anormal de maintenir les emplois déjà précaires mais tout à fait normal de rémunérer Dame Macron de manière indécente. Prenons le cas des travailleurs du social et du médicosocial à qui on prépare une non-opposabilité de leurs conventions face aux financeurs. Ce projet n’est autre que le meilleur moyen de rabaisser les salaires et de contraindre à la polyvalence sans évolution de carrière.

Où est le privilège quand on demande à respecter un travail de plus en plus complexe de par les problématiques générées par le système néolibéral ? Des métiers que l’on désubstantialise par des réformes ineptes à seule fin de marchandiser un secteur créé, à l’origine, pour plus de solidarité et d’égalité. Après avoir moqué l’éducation spécialisé et ses activités – métier le plus transversal des sciences humaines – qui couteraient cher à leurs yeux, voilà que les chiens de garde font la promotion d’une "expérience" avec 35 victimes parisiennes d’attentats en Guadeloupe. Il parait que cette expérience de plongée est nouvelle et quelle va aider ces personnes à gérer leur trauma post-traumatique. Sauf que l’éducation spécialisée d’il y a encore vingt ans et la psychanalyse le savaient déjà mais le néolibéralisme est passé par là et nous voilà, aujourd’hui, avec des marchands qui profitent de l’oubli ordonnancé pour nous vendre la version commerciale en profitant du malheur d’autrui et s’assurant d’une communication à bon escient. Les salaires d’une équipe éducative seraient plus élevés que cette opération ? Que nenni ! L’équipe éducative est composée de citoyens qui consomment et payent leurs impôts localement, assurant une circulation monétaire interne. L’opération, si elle est médiatisée c’est pour vendre un produit au plus offrant et nul n’a de certitude sur la destination de la recette alors même que la dépense est supportée par l’argent publique. Ce sont des méthodes commerciales et industrielles qui ont fait leurs preuves dans les privatisations que, désormais, ils imposent dans la santé et le social.

En vérité, ils enragent et bavent sur leur objet de détestation : la résistance (au changement disent-ils). Ces femmes et ces hommes qui, comme face à Hitler, sont peu mais d’une qualité si exceptionnelle que les maîtres des chiens de garde rêvent d’en faire des clones à leur service. De tous temps, ils ont été peu mais ont toujours renversé l’ordre établi et gagné la confiance de la "majorité", nouvelle dénomination néolibérale du peuple.

Ils sont têtus les résistants et, quoi qu’il leur en coûte, l’idéal humain n’est pas une vaine expression pour eux. Et c’est bien cela qui fait peur aux chiens de garde qui, vieillissant presque titubant, sont encore de service de peur d’échouer dans leur mission. Ce qui les insupporte le plus c’est de constater que cette résistance ait des germes et ce qu’ils craignent le plus c’est que ces germes poussent à en devenir une forêt qui cachera l’arbre, pardon, la plantule oligarque. Il ne faut surtout pas que cette "minorité" convainque la majorité ! Alors, il faut taper à désespérer de savoir sur quoi on tape... Tout ce qui bouge dans la rue ou sur le passage du gazoduc, si ce n’est de l’or noir, doit recevoir son coup fatal jusqu’à trépas. Peu importe les méthodes ou l’éthique, il faut protéger ces loups qui leur laisse une part ténue du quartier de viande... Mais une part quand même.

A la moindre manifestation de contestation, nous avons droit à la sempiternelle comptabilité des âmes chantonnant au travers des avenues citadines et même si il n’y aurait qu’un groupuscule, ce qui est loin de l’être à leur grand désarroi, ils tapent sur ces proto-consommateurs qui ne se gavent que de libre-arbitre et d’espoir. Et oui ! peu nous en chaut le nombre dans la rue, ceux-là sont déjà convaincus, d’autres le sont aussi mais sont entremêlés dans les filets de l’endettement ou refusent volontairement de suivre des dirigeants syndicaux encore sous les effets de la C.E.S., quant aux autres ce sont le surendettement – le dégout du système – les risques psychosociaux – les addictions post licenciement – le matraquage médiatique, l’aliénation hédoniste des NTIC (qui font confondre connexion et relation au profit de la manipulation de masse) et la désidéologisation, méthodiquement organisée depuis trois décennies qui les poussent dans les bras du désespoir du Front National à "la république en marche" en passant par les sectes américaines et l’abstention.

Mais puisque l’histoire de l’humanité est jonchée de période de dépression idéologique, il n’y a pas de quoi effondrer la ferme opiniâtreté des résistants même si toute figure de proue de la résistance prend le risque de recevoir la médaille du parfait dictateur ou ami d’un dictateur. Et bien soit ! Dussions-nous nous revendiquer d’une dictature, nous en sommes fiers et chérissons l’étendard de la dictature du prolétariat. Pourquoi ce mot nous ferait-il peur alors que, dès l’origine, il est marxien et n’a jamais signifié la tyrannie mais la puissance du prolétariat sur le patronat ? Pourquoi aurions-nous peur de nous revendiquer de ces grands Hommes qui ont fait l’histoire et défait notre adversaire fondamental qu’est le capitalisme ? Pourquoi faut-il toujours que nous nous divisions sur des pacotilles empoisonnées et semées par les chiens de garde ? Pourquoi diantre devrions-nous nous plier à la crapulerie de ces mêmes chiens de garde qui ne se contentent pas d’être les gardiens du temple néolibéral... ils y gardent les loups qui y nichent.

Cave canem, ceux qui résistent vous informent qu’ils continuent la lutte quel que soit leur nombre et vos commentaires partisans mais que vous nous présentez pour "objectifs". Quant à votre vieux monde, il se meurt et le nouveau, le nôtre, s’il tarde à apparaitre c’est grâce au clair-obscur entretenu quotidiennement par vos soins jusqu’à en faire surgir les monstres que vous créez pour tétaniser la révolte. Mais le temps vous est compté, vous ne pourrez éternellement ni garder les loups ni entretenir les monstres. Et puisque nos "privilèges" s’imposent à la grande majorité, ils sont bien plus crédibles que les vôtres qui ne s’imposent qu’à un petit nombre ayant la bénédiction des loups. L’intérêt général doit être supérieur à l’intérêt particulier, c’est là toute la noblesse de notre engagement... Vous ne pouvez pas saisir cette noblesse morale et intellectuelle qui nous anime car la différence entre vous et nous est que vous êtes chèrement payés pour endormir et nous, nous militons pour éveiller sans que cela ait de prix... Voilà pourquoi, envieux de notre vigueur morale, vous nous traitez sans ménagement. Dire que certains d’entre vous se prétendaient de notre camps !

Philippe BELAIR

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