RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Colombie : le massacre de Betoyes, par Eric Fichtl.


Les troubles que vivent quotidiennement les communautés rurales colombiennes trouvent une illustration particulièrement frappante dans un incident qui vient de toucher la réserve indigène de Betoyes, composée de plusieurs petits hameaux près de Tame, au Sud-Ouest du département oriental d’Arauca.


9 août 2003


- Reportage dans l’Etat d’Arauca.


Colombia Report


Au début du mois de mai de cette année, un groupe armé a attaqué la communauté indigène de Guahibo à Betoyes. Trois jeunes filles Guahibo de 11, 12 et 15 ans ont été violées par les agresseurs. Omaira Fernà ndez, 16 ans, fut également violée alors qu’elle était enceinte. On rapporte qu’ensuite, les assaillants ouvrirent la matrice de la jeune fille pour en sortir le foetus qu’ils démembrèrent à coups de machettes, avant de le jeter avec la mère dans la rivière. Le même jour, trois hommes étaient abattus et leurs corps ne purent être retrouvés. Quelque 327 des Guahibos restants fuyèrent la réserve pour se rendre à Saravena, une ville dans la pointe nord-ouest du département d’Arauca. Là , les Guahibos établirent résidence dans une école abandonnées et, en signe de protestation contre leur déplacement, occupèrent une église.

Qui a attaqué, violé, tué et forçé le déplacement de ces Guahibos ? Presque tous les témoignages concordent vers les soldats de la 18e Brigade de l’armée colombienne et son Bataillon Navos Pardo, qui travaille peut-être en collaboration avec les paramilitaires. Le 14 mai, Le Conseil Régional Indigène d’Aurauca (CRIA), une organisation indigène départementale, affiliée à l’Organisation Nationale Indigène de Colombie (ONIC), rapportait que plusieurs survivants du massacre de Betoyes avaient identifié leurs agresseurs comme des membres des troupes armées portant des brassards paramilitaires. Le Comité Joel Sierra, un groupe de défense des droits de l’homme d’Arauca, se fit l’écho de ces témoignages dans un communiqué publié le 14 mai et signé par plusieurs ONGs régionales.

Photo : INDYMEDIA Colombia.

Le 4 juin, Amnesty International (AI) publiait un article rapportant que des hélicoptères de l’armée avait mitraillé et bombardé plusieurs hameaux qui composent la réserve Betoyes à la fin du mois d’avril, dans le cadre d’une escarmouche avec les guérillas ; leur source indiquait également que les hélicoptères avaient transporté aussi bien des troupes armées que des paramilitaires. Le premier mai, toujours selon Amnesty, des soldats de la 18e Brigade firent irruption dans plusieurs hameaux de Betoyes, équipés de brassards des Autodéfenses Unies de Colombie (AUC) et des Autodéfenses de Casanare (ACC), un groupe paramilitaire dissident qui a refusé de participer aux négociations de l’AUC avec le gouvernement. Au cours d’une attaque semblable menée par un groupe armé sur le territoire de Betoyes en janvier 2003, des témoins disent que le brassard AUC de l’un des attaquants glissa et laissa voir les mots "Bataillon Navos Pardo" imprimés sur l’uniforme.

Suite du reportage sur RISAL



URL de cet article 923
  

Même Thème
Colombie, derrière le rideau de fumée. Histoire du terrorisme d’Etat
Hernando CALVO OSPINA
L’affaire Ingrid Betancourt et la question des otages ont mis la Colombie sous les feux de l’actualité… Mais, derrière le rideau de fumée médiatique, que se passe-t-il vraiment dans ce pays ? La violence politique, conséquence de l’intransigeance de l’Etat et des énormes inégalités sociales, est au coeur de cet ouvrage, Au fil de l’histoire, l’oligarchie nationale vorace, les Etats-Unis et certaines puissances européennes, avides de soumettre un peuple pour s’emparer de ses immenses richesses (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Chaque fois que nous sommes témoins d’une injustice et que nous n’agissons pas, nous entraînons notre caractère à être passif en sa présence et nous finissons par perdre toute capacité de nous défendre et de défendre ceux que nous aimons. Dans une économie moderne, il est impossible de s’isoler de l’injustice."

Julian Assange - Wikileaks

Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.