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L’Immonde en Chine

Dents longues et idées courtes

Simon Leplâtre, correspondant du Monde à Shanghai, peut témoigner de sa liberté d'expression dans un pays qui l'accueille mais qu'il peut critiquer à l'envi.

On s’interrogera d’abord : puisqu’il continue à répandre de fausses informations concernant la répression des Ouïghours en Chine, en vivant dans le pays qu’il accuse et s’il a pris la peine de se rendre dans le Xinjiang (à l’instar de Maxime Vivas qui fait correctement son boulot de journaliste) pour vérifier ses sources, pourquoi n’en donne-t-il aucune ? Pourquoi continue-t-il, alors même qu’il est sur le sol chinois, à se reposer sur les fadaises d’un pseudo-anthropologue allemand, notoirement anti-communiste et homophobe, favorable aux châtiments corporels sur les enfants et dont le dernier voyage en Chine remonte à 2007 ?

Dans un article récent publié sur le Monde à propos de la rencontre entre le MAE chinois Wang Yi et plusieurs représentants des forces talibanes en Afghanistan, voici ce qu’on peut lire dans l’intro dudit article rédigé par Leplâtre :

« La photo détonne : trois diplomates chinois en costume sombre sont entourés de neuf dirigeants talibans, en salwar kameez (longue tunique), turban et barbe en broussaille. Pas un sourire. La Chine communiste, profondément antireligieuse et engagée dans une répression féroce des minorités musulmanes au Xinjiang, région qui borde l’Afghanistan, où les barbes et autres signes religieux suffisent à faire des habitants des suspects envoyés en camps de « rééducation », est l’un des premiers Etats à tendre la main officiellement à ce groupe islamiste fondamentaliste, dont les derniers succès militaires l’ont propulsé aux portes du pouvoir. »

Lorsqu’on vit en Chine, s’il y a une chose dont on peut rien qu’avec les yeux se rendre compte, c’est que ce pays n’est pas « profondément anti-religieux ». Au contraire. L’État encadre strictement les religions, certes, mais afin d’éviter les abus et le prosélytisme. Malgré cela, la liberté de culte y est pleine et entière. Et les villes du Xinjiang comptent parmi les plus grandes mosquées du monde, tandis que chez nous les musulmans en sont rendus à prier dans la rue ou, dans le meilleur des cas, dans des caves... Est-ce que seulement ce « journaliste » le sait ? Il commence en tout cas son article par un mensonge, une contre-vérité visant à entretenir une image déplorable chez le lecteur.

Quant à « la répression féroce », elle n’est pas à démontrer puisque communément admise par le gotha médiatique parisien, ce qui semble suffire, pour lui, à en faire une vérité. Cette acceptation d’un soi-disant état de fait sans la moindre expression du plus petit doute, et ce malgré le caractère monstrueux de l’accusation et inédit dans l’histoire pluri-millénaire de la Chine est relativement répandue même dans des milieux dont le niveau d’instruction incite habituellement à davantage de circonspection en l’absence de preuves. Mais c’est ainsi : la Chine fait partie de ces nations qui seront automatiquement coupables des pires agissements. Oubliés les nombreux attentats sur le sol chinois, oubliées les centaines de victimes, oublié le droit légitime qu’a un pays de se défendre et de pourchasser toute velléité à commettre des meurtres d’innocents... Pour un journaliste originaire d’un pays qui a aussi connu ce genre de massacres et qui plus est vit au milieu des Chinois, interagit avec eux, ce manque d’empathie fait honte.

Ah, c’est sûr, quand la France pleure ses morts, il faut que le monde entier pleure avec elle, tandis que quand des dizaines de Chinois se font tuer dans une gare à coups de haches, punir les assassins devient la « répression féroce » d’une « nation profondément anti-religieuse »...

Au moins, sans l’apport de preuves tangibles, le professionnalisme et la déontologie journalistique devrait inviter Leplâtre à considérer cela comme une information non-fiable.

En vain. Par stupidité ou carriérisme ? Mon coeur balance.

En tout cas, ça fait deux mensonges.

Ce qui s’annonce risible dans cette introduction mensongère d’un article publié sur un quotidien de référence et qui anesthésiera nombres d’esprits peu soucieux de vérité, friands d’informations pré-mâchées et aveuglés par un anticommunisme primaire inculqué dès les bancs de l’école, c’est la dissonance cognitive dans laquelle Simon Leplâtre se débat, entre cette pseudo-réalité qu’il essaie de dépeindre, celle d’une Chine réprimant férocement la religion musulmane et l’entente cordiale et pacifique qu’elle instaure avec une des factions islamiques les plus extrémistes du monde et qui, en toute logique, devrait haïr la Chine pour sa soi-disant haine des musulmans...

Ce qui devrait le réveiller l’endort encore plus profondément mais va lui donner des cauchemars.

Xiao PIGNOUF

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