RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
12 

Des paroles et des actes. Invité : Jean-Luc Mélenchon

Il s’est passé hier soir quelque chose de gravissime, à la télévision, sur une chaîne publique. On sait, certes, que cette chaîne, la 2, n’est plus publique depuis longtemps, désormais vouée à la propagande du néo-libéralisme, mais on attend, tout de même, d’eux qu’ils ne se comportent pas comme des voyous. Et pourtant, c’est le spectacle qu’ils nous ont offert.

Ils ont été, appliquant des techniques incessantes pour couper la parole, pour caricaturer, pour insulter, à deux doigts de ce qu’on peut appeler une dictature de la pensée. Il fallait qu’ils se paient Mélenchon. Non pas par le jeu des idées, mais par celui d’un système qui se dit démocratique et ne l’est plus, qui donne la parole pour aussitôt la reprendre, qui invite pour non pas pour écouter mais pour bâillonner.

Certes, je sais que cette technique est celle depuis longtemps des pseudo-journalistes, chiens de garde du pouvoir. Il y a longtemps qu’ils l’appliquent et Mélenchon, qui sait très bien s’en défaire, n’est pas leur seule et première victime. Je me souviens en particulier de Cheminade, qui avait été traité d’une manière particulièrement irrespectueuse. Qui humilie celui qui regarde. Même si les idées qu’un homme exprime ne sont pas les siennes, avoir sous les yeux un parti-pris criant n’est jamais un spectacle digne et constitue même un spectacle inquiétant.

Ce sont des jeux du cirque. J’attends le jour où il sera possible de gifler, de cracher ou de taillader au rasoir. On s’en tient seulement et cela, c’est tout de même une nouveauté, au mépris, dans chaque regard et dans chaque mot et à la nouveauté de leur cellule de communication : la phrase « in coda venenum. » On avait pensé que Cahuzac, le noble Cahuzac, de ce noble clan qui nous ronge sur l’aile gauche et sur l’aile droite, avait lâché à la fin de « Mots croisés » : « Vous êtes un homme seul », ayant oublié de le placer avant. Mais non. Hier soir Attali, se levant, a dit à Mélenchon, suivant la même technique : « Vous nous préparez une Corée du Nord. »

L’outrance est telle que les bras en tombent.

Et que le cœur se serre car on se dit que cet Attali, qui sert l’idée d’un nouvel ordre mondial, n’est-ce pas lui, ne sont-ce pas eux, qui nous préparent une dictature dont nous voyons naître tous les jours les effets ?

Hier soir la méthode a été appliquée avec une violence, une vulgarité qui dépasse l’entendement.

Jean-Luc Mélenchon lève une marche populaire, il fallait se le payer.

Dur projet.

Mélenchon a été face à eux comme Gulliver qui, empêtré un moment de fils, leur a montré sa nature et les a envoyés gicler malgré leurs tweets, en majorité défavorables, malgré cette nouvelle technique, qu’il faudra qu’on m’explique, celui qui vient pour poser des questions parlant plus que celui qui doit répondre.

C’était trop. Trop médiocre. Trop bas. Ils s’en sont sans cesse pris à la forme sans jamais toucher le fond, si ce n’est le leur. Ils ont peut-être convaincu des FN ou des Sarkozystes mais ils ont montré à beaucoup d’autres qu’il y avait en face d’eux un homme digne qui, face aux circonstances, n’a qu’à laisser venir le temps où les mensonges s’effondreront comme une montagne de cendres.

Je ne doute pas un instant que l’émission d’hier soir ait été totalement contre-productive. Une volonté de lynchage public n’est jamais une bonne affaire pour celui qui la commandite.

Et puis, outre le caractère brillant de la pensée et de l’expression de Mélenchon, que peut ce clan contre les réalités ? Le chômage, toujours plus haut, les licenciements toujours plus nombreux, les fautes immenses comme la destruction du code du travail par l’ANI, un président qui se cache et n’ose plus aller inaugurer quoi que ce soit, une droite collée à l’extrême droite tant elle est prête à tout pour récupérer le pouvoir ne connaissant que la morale des circonstances ?

Morale… Il y avait hier soir de la grandeur chez Mélenchon. L’homme qu’il faut au moment qui vient.

La faiblesse de ses adversaires a été nettement visible quand Apparu, attaquant et frappant d’estoc et de taille, a soudain révélé le but de son combat : payer les ouvriers d’un verre d’eau. D’accord. C’était pour ça…

Il n’y a qu’une réponse à donner à ces gens-là, à cette propagande qui sombre sous les assauts répétés de l’information plus libre du net : être en masse dans la rue le 5 mai. Pour une sixième république, pour une nouvelle constituante.

Ou alors, les amis, comme cette pauvre femme de soixante- dix ans qui a été, hier, trouvée pendue chez elle, au moment où les huissiers voulaient la jeter dehors, oui pendons-nous.

Car il faudra nous battre ou subir.

Eux, on a vu hier soir où ils en étaient.

J’attends que même les ennemis de Mélenchon s’en inquiètent. Car il y a des batailles qui sont des défaites pour tout le monde.

Ariane Walter

URL de cet article 20335
  

Les éditocrates - Mona Chollet, Olivier Cyran, Sébastien Fontenelle, Aude Langelin
Vous les connaissez bien. Leur visage et leur voix vous sont familiers. Ils signent tous les jours un éditorial dans la presse écrite ; ils livrent une chronique chaque matin sur une antenne de radio ; ils occupent les plateaux des grandes - et des petites - chaînes de télévision ; chaque année, voire plusieurs fois par an, leur nouveau livre envahit les tables des librairies. « Ils », ce sont les « éditocrates ». Ils ne sont experts de rien mais ils ont des choses à dire sur (presque) tout et, à (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« L’ennemi n’est pas celui qui te fait face, l’épée à la main, ça c’est l’adversaire. L’ennemi c’est celui qui est derrière toi, un couteau dans le dos ».

Thomas Sankara

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.