Elue présidente du Chili avec 23,79% de l’électorat

Cette information n’a pas fait la UNE de nos journaux ni des bulletins de nouvelles de nos réseaux nationaux et internationaux d’information. Ces derniers nous ont plutôt parlé d’une victoire éclatante de Michelle Bachelet, saluée avec enthousiasme par les principaux chefs d’État d’Amérique et d’Europe.

La version officielle d’AFP a été reprise par l’ensemble de nos médias :

« La socialiste Michelle Bachelet a largement remporté dimanche l’élection présidentielle au Chili devant la conservatrice Evelyn Matthei. »

Il est frappant qu’ils insistent pour la présenter comme « socialiste » et préciser qu’elle est « largement victorieuse ». On vante ses vertus et son charisme et surtout l’amour indéfectible du peuple chilien à son endroit.

« Grande favorite, Michelle Bachelet, 62 ans, médecin de formation et première femme élue à la tête d’un pays sud-américain en 2006, ont confirmé les pronostics qui lui promettaient une victoire très confortable. »

Il est intéressant de noter que son socialisme ne la rend pas suspecte ni dangereuse pour l’avenir du régime en place. Elle n’est ni un Chavez, ni un Correa, ni un Evo Morales. Tout au contraire, son socialisme est comme quelque chose de rassurant et, à n’en pas douter, ce qui en fait une présidente si aimée par son peuple, Washington et ses alliés.

Que faut-il donc penser de ce socialisme dont s’étiquette Michelle Bachelet ? Est-il de même nature que celui dont se drape François Hollande, président de France ? Nous savons que le socialisme de ce dernier fait la joie de Washington et d’Israël. Par contre, les Français, si on se fie aux derniers sondages, ne semblent pas trop s’en accommoder avec 74 % d’insatisfaits.

Je pense que le socialisme de Michelle Bachelet s’inspire plutôt de cel’ui de Ricardo Lagos, président socialiste du Chili, de 2000 à 2006. C’est ce dernier qui l‘initia aux fonctions ministérielles et qui en fut, pour ainsi dire, son mentor.

Je tire cette conclusion de deux faits qui illustrent le type de socialisme dont s’enveloppe Ricardo Lagos. Le premier se réfère à ses six années de présidence durant lesquelles il a maintenu, pour l’essentiel, les mêmes politiques néolibérales du dictateur Pinochet. Il n’y a eu aucune initiative de nature à modifier le régime hérité de Pinochet. Le deuxième fait vient des sympathies de Ricardo Lagos pour le Forum 2000, créé à la fin des années 1990 pour lutter contre le communisme et promouvoir la démocratie telle qu’incarnée en Amérique et en Europe par les gouvernements néolibéraux. Une initiative prise en l’honneur de Václav Havel, farouche adversaire du communisme de l’époque et promoteur de la démocratie néolibérale. Lors du Forum 2000, tenu à Prague en octobre 2007, Ricardo Lagos figure sur la liste des membres participants. D’ailleurs, les participants qui figurent sur cette liste donnent une idée des orientations de ce Forum.

Je vous invite à consulter cette liste ici. Vous y noterez, entre autres, la présence de Madeleine Albright, Secrétaire d’État des É.-U. et de Paul Wolfowitz, président de la Banque des États-Unis.

Comme anecdote, je me permets de rappeler qu’à cette occasion, il y eut une rencontre secrète d’un comité restreint, formé, entre autres, par les deux personnages plus haut cités ainsi que par Michaël Jean, alors Gouverneure générale du Canada et de deux représentants de l’opposition vénézuélienne.
Le but recherché de cette rencontre n’était rien de moins que la coordination du sabotage planifié du référendum qu’Hugo Chavez avait convoqué pour le 2 décembre 2007. Il s’agissait, entre autres, d’éliminer la clause limitant à deux mandats l’élection d’un même candidat à la présidentielle. Pour des promoteurs de la démocratie, ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux à faire.

Pour revenir au point central de notre réflexion, je pense que cette influence de Ricardo Lagos sur Michelle Bachelet peut se mesurer à la lumière de son premier mandat à la présidence du Chili. Tout comme Lagos, elle s’en est tenue à des politiques néolibérales et elle a pris bien garde d’innover dans le sens d’un authentique socialisme comme le firent Chavez, Morales, Correa.

Il faut bien se rappeler que dans son premier mandat, elle n’a jamais été une alliée convaincue d’Hugo Chavez. Je me souviens, qu’à cette époque, la presse nationale chilienne était ouvertement anti-Chavez et le canal telesurtv.net du Venezuela n’était pas accessible depuis le Chili. Il y avait un mur du silence et une désinformation qui n’avaient pas leurs contreparties. Pourtant le Chili vivait sous le régime d’une Présidente qui se disait socialiste.

À ceci s’ajoute cet autre fait. En tant que présidente pro temporelle d’UNASUR, elle avait reçu, en mars 2009, le vice-président des États-Unis en compagnie de quelques membres d’UNASUR, sans y inviter certains autres qui auraient souhaité y participer. Ainsi, Hugo Chavez, Evo Morales et Rafael Correa, fer de lance du socialisme du XXIe siècle et membres importants d’UNASUR, n’eurent pas cette opportunité de participer à cette rencontre.

Que dire maintenant du comportement qu’elle eut, en tant que présidente du XVIIe Sommet ibéro-américain, réalisé au Chili en novembre 2007, lorsque le roi Juan Carlos d’Espagne interrompit Chavez en lui disant de se la fermer. Michelle Bachelet, en tant que présidente de cette rencontre qui réunissait 22 représentants de pays de l’Amérique latine, se garda bien de le rappeler à l’ordre le roi d’Espagne en lui rappelant que les les pays de l’Amérique latine ne sont plus des colonies d’Espagne et qu’ils doivent être respectés ainsi que leurs présidents. Il n’en fut rien.

Il faut lire le commentaire qu’en a fait Salim Lamrani sur le Réseau Voltaire.

Cette amitié qu’elle déclare pour Hugo Chavez s’est faite bien discrète lors de son décès. À ce que je sache, elle maintint un mutisme complet. Pourtant, n’avaient-ils pas collaboré pendant quatre ans à l’intégration de l’Amérique du sud et là la promotion d’une société plus juste et plus indépendante ? Mes recherches sur google n’ont donné aucun signe de sa part au moment du décès d’Hugo Chavez.

C’est cette même Michelle Bachelet, avec en plus quelques années passées dans les milieux politiques de New York et de Washington, qui est revenue au Chili pour y être élue présidente. Sa candidature avait été annoncée longtemps à l’avance par les médias internationaux. Elle était devenue la candidate incontournable, aimée de son peuple et bien soutenue par Washington et ses nombreux conseillers.

D’ailleurs, elle put compter sur la présence de personnalités hautement qualifiées pour la conseiller dans l’élaboration de son programme électorale. Dans un article ( en espagnol) fort intéressant que m’avait refilé mon ami Serge Charbonneau, Ernesto Camona, nous présentent les personnes qui formèrent son commando de campagne électorale. Ils ont tous en commun une adhésion ferme au dogme de l’idéologie néo-libérale.

Pas surprenant, qu’à peine connus les résultats de son élection, qu’elle donne une conférence de presse pour parler, cette fois, de ses priorités internationales. Ce thème n’avait été qu’effleuré lors de la campagne électorale. Elle le remet tout d’un coup à la première place de ses préoccupations. Elle aura attendu les résultats confirmant sa victoire pour s’ouvrir sur ce sujet, dont celui auquel elle va accorder une importance de premier plan, à savoir Alliance du Pacifique. Nous savons que cette Alliance du Pacifique est soutenue et encouragée par Washington pour contrer l’ALBA, cette autre alliance, créée comme alternative au Traité de libre-échange des Amériques, qui fut rejeté par les pays de l’Amérique latine, en 2005, lors du Sommet des Amériques à Mar de Plata, Argentine.

Il n’y a pas de doute dans mon esprit que Michelle Bachelet, la nouvelle présidente du Chili avec 23,79 % de l’électorat chilien saura représenter les intérêts du néo-libéralisme et qu’elle aura ses entrées assurées à la Maison Blanche. Elle les avait déjà avec Bush et Obama lors de son premier mandat. Une alliée inconditionnelle de Washington pour contrer les politiques des pays émergents de l’Amérique latine et contrer la montée des pays de l’ALBA.

Si le club des pays qui font du néolibéralisme le fondement de leurs politiques se réjouit autant de l’arrivée au pouvoir de la « socialiste » Michelle Bachelet, c’est qu’il y a anguille sous roche. La variété des partis politiques intégrant la Nouvelle concertation lui sera d’un secours précieux pour justifier qu’elle ne peut donner suite à telle ou telle promesse, les dissensions au sein de la Concertation ne lui permettant pas d’aller plus loin. Il suffit de voir l’éventail idéologique de cette nouvelle majorité de centre-gauche, composée du Parti Démocrate Chrétien (PDC), du Parti Pour la Démocratie (PPD), du Parti Socialiste (PS), du Parti Radical Social Démocrate (PRSD), du Parti Communiste du Chili (PCCh), du Mouvement vers le Socialisme (MAS) et de la Gauche Citoyenne (IC).

Avec ces 23,79 % de l’électorat chilien qui ont voté pour elle, ce système démocratique, tel que l’aime Washington, lui permettra de diriger le pays avec toute l’autorité de la charge. Les 76,21 % qui n’ont pas voté pour elle devront accepter qu’elle dispose de l’autorité voulue pour parler et agir en leur nom. N’a-t-elle pas été élue avec une forte majorité ? Un peu plus, c’eut été, selon certains commentateurs, un véritable plébiscite.

Deux dossiers importants donneront l’heure juste de ses véritables orientations politiques : la mise en place d’une constituante pour une véritable constitution du peuple pour le peuple et le financement universel de l’éducation pour tous et pour toutes. Deux promesses incontournables de sa campagne électorale. Encore là, les diverses composantes de la Nouvelle concertation n’arriveront pas à s’entendre et le tout se ramènera à quelques modification cosmétiques. Il en sera de même pour l’Éducation où les conditions économiques ne peuvent permettent d’y donner suite , si ce n’est que par étape...

Je souhaiterais me tromper sur toute la ligne, mais....

Oscar Fortin, Québec, le 23 décembre 2013

 http://humanisme.blogspot.ca/2013/12/elue-presidente-du-chili-avec-2379-de.html

COMMENTAIRES  

02/01/2014 18:58 par Romain

Si je ne me trompe pas, Bachelet a pris l’engagement de décider de 50 mesures sociales lors des 100 premiers jours de son mandat. La nature de ces mesures devrait nous en dire plus sur les intentions de la présidente chilienne pour son deuxième mandat, après un premier très décevant.

Il est édifiant de voir qu’une femme médecin de formation n’a rien fait de significatif entre 2006 et 2010 pour améliorer le système de santé du pays. En 2011, un important mouvement étudiant avait également lutté contre la marchandisation de l’éducation, et d’ailleurs les leaders de ce mouvement se retrouvent aujourd’hui députés ou sénateurs, comme Camila Vallejo par exemple.

A suivre également, une éventuelle nationalisation de l’industrie du cuivre (on parle déjà d’une augmentation de l’impôt sur les sociétés), et des mesures pour permettre à la Bolivie d’accéder plus facilement à la mer.

A noter que l’abstention peut aussi s’expliquer, en plus d’une certaine désillusion vis à vis de la politique, par la modification du mode de scrutin : à présent l’inscription sur les listes électorales est automatique mais le vote volontaire alors qu’avant l’inscription n’était pas automatique mais les inscrits devaient voter sans quoi ils risquaient une amende.

03/01/2014 00:37 par Gabriel

Bachelet est un cas psychiatrique, elle a été torturée sous Pinochet et maintenant elle devient présidente pour défendre le néolibéralisme instauré par Pinochet. Pathétique !

03/01/2014 07:13 par J.C. Cartagena

Sur le site Agoravox, où cet article a été publié, un échange avec l’auteur, en trois volets, pourrais intéresser les lecteurs de Grand soir.
Voici le premier volet :
L’article est très intéressant mais il gagnerait en valeur, sans équivoque, si son auteur se montrait plus respectueux des faits. Car,, plusieurs évènements sur lesquels cette analyse repose sont soit incomplets, soit complètement déformés.

Loin de nous l’intention de défendre une position social-démocrate qui a régné sur le Chili pendant plus de vingt ans, mais si nous ne nous montrons pas capables de décortiquer la réalité de manière rigoureuse et fine, nous risquons de ne jamais pouvoir influer sur les évènements et de rester des témoins impuissants de l’action des autres.

Il y aurait beaucoup à dire ; mais nous ne reprendrons que brièvement les points les plus grossièrement déformés.

La première partie de l’exposé résume assez bien ce que fut la politique de la Concertation, l’alliance de partis politiques qui, après négociation, a succédé à Pinochet au gouvernement. Cependant il faut rappeler que Michelle Bachelet vient d’être élue à la tête d’une coalition qui n’est pas tout à fait la même que la Concertation. L’axe politique a été déplacé à gauche avec l’inclusion de trois nouvelles formations, mais surtout, ce que le commentateur semble ignorer, cette alliance répond à une nouvelle situation politique et sociale dans le pays.

Dans la seconde partie, Oscar Fortin qui critique, à travers la Concertation, la Nouvelle Majorité (NM), et assure qu’elle ne tiendra pas ses promesses, se garde bien de révéler aux lecteurs que les deux candidats franchement alternatifs au système n’ont réussi à obtenir que 4% des voix. Leur discours, bien qu’ayant été relayé par les médias, comme le reconnaît un observateur étranger partisan de la rupture (1), ce qui amène, par ailleurs, à se poser des questions sur l’intention de ceux-ci, n’a pas convaincu les masses. Vous pouvez trouver quelques informations sur cette question dans cet article (2).

Au sujet de Bachelet, O. Fortin affirme que « dans son premier mandat, elle n’a jamais été une alliée convaincue d’Hugo Chavez. Je me souviens, qu’à cette époque, la presse nationale chilienne était ouvertement anti-Chavez ». Ce n’est un secret pour personne que la presse écrite chilienne est, dans sa totalité, aux mains de la droite extrême. D’ailleurs, une des politiques les plus incongrues et inexplicables de la Concertation a été celle de laminer la diversité des moyens d’informations, ce qui a eu comme effet le renforcement du duopole de la presse (El Mercurio et Copesa) qui écarte toute autre opinion. Ni la Démocratie Chrétienne (DC), ni la social-démocratie, ni même le gouvernement n’ont de quotidien écrit. De ce fait, dire que la presse nationale chilienne est anti-Chavez ne relève que de la litote. En plus, vouloir rendre responsable la présidente Bachelet du contenu de ces journaux montre que l’auteur ne connaît pas l’état de la presse au Chili, ou qu’il veut raconter des balivernes aux lecteurs pas très au courant de la réalité chilienne. En effet, quel que soit le gouvernement en place au Chili, tous les médias sont unanimes pour se déclarer non seulement contre le Venezuela actuel mais aussi contre la plupart des gouvernements progressistes de l’Amérique Latine (AL).

La NM, comme l’auteur le reconnaît lui-même, est une alliance très large de formations politiques qui se sont accordées, malgré des visions économiques différentes, pour réaliser des tâches essentielles-voir le programme (3)-, pour le pays, à savoir, de profondes transformations structurelles des institutions pour en finir avec l’héritage de Pinochet. Si on ne comprend pas cette hiérarchisation des problèmes, on ne pourra pas non plus comprendre les évolutions prochaines que la société chilienne s’apprête à vivre.

Alors, affirmer que dans le commando de campagne de Bachelet les membres ont « tous en commun une adhésion ferme au dogme de l’idéologie néo-libérale », semble pour le moins un peu hâtif, voire totalement gratuit. En effet, le commando de campagne auquel participent tous les partis y compris des tendances anti néolibérales, a entre autres choses élaboré le programme de la NM, qui n’a rien de néo-libéral (4) et prévoit même le changement de constitution. Les lecteurs peuvent d’ailleurs, s’ils souhaitent une analyse plus longue et détaillée de la force de chacune des tendances à l’intérieur de la coalition, suivre le débat autour des dernières déclarations de la DC. Il en résulte que toutes les formations s’accordent à déclarer que l’essentiel est l’accomplissement du programme malgré leurs différends (5).

En reconnaissant sans l’avouer la pertinence de ce programme, l’auteur parie sur les éventuelles difficultés générées par la diversité des formations et s’autorise les spéculations suivantes.

Ainsi O. Fortin affirme que « la variété des partis politiques intégrant la Nouvelle concertation lui [Bachelet] sera d’un secours précieux pour justifier qu’elle ne peut donner suite à telle ou telle promesse, les dissensions au sein de la Concertation ne lui permettant pas d’aller plus loin. », tout en espérant qu’aucune des réformes ne voie le jour.

Plus loin, il soutient que « les diverses composantes de la Nouvelle concertation n’arriveront pas à s’entendre et le tout se ramènera à quelques modification cosmétiques. Il en sera de même pour l’Éducation où les conditions économiques ne permettront d’y donner suite , si ce n’est que par étape... », en souhaitant apparemment que les projets les plus emblématiques n’aboutissent pas.

Quant aux priorités internationales du futur gouvernement de Bachelet, nous avouons ne pas comprendre les affirmations de l’auteur. Les déclarations de Michelle Bachelet ont pourtant été très claires et la priorité qu’elle donnera à l’intégration latino-américaine n’a échappé à aucun commentateur. En effet, elle a signalé qu’elle s’apprêtait à renforcer les liens avec l’AL en particulier avec les nations de l’Atlantique, au détriment justement de l’Alliance du Pacifique (6). Par ailleurs, plusieurs chefs d’Etat de la région ont salué ses propos et manifesté leur soutien (7).

Plus tard, l’analyse de l’auteur rejoint sans peine l’argumentation de la droite qui dans une éditorial de El Mercurio met en cause, pour essayer de sauver le système en péril, la légitimité de l’élection de Bachelet. L’auteur, allégrement et sans la moindre preuve, attribue l’énorme taux d’abstention à l’électorat en rupture avec le système capitaliste, ce qui n’est qu’un piètre souhait, la réalité étant bien plus complexe. Les explications de l’article cité plus haut pourront vous aider (2).

Pour être ne serait-ce qu’un peu audible, voire crédible, il faut pouvoir être capable de développer des analyses complètes, dévoilant autant les qualités que les faiblesses des sujets dont on parle, mais en aucun cas en déformant la réalité.

J.C. Cartagena et N. Briatte

NOTES

(1) Marcel Claude, économiste présenté par le Parti Humaniste, et soutenu par un mouvement large regroupant notamment plusieurs petits collectifs issus de l’extrême-gauche, ne rassemble que 180.000 voix (2,8%), malgré une percée médiatique réussie.

http://blogs.mediapart.fr/blog/patricio-paris/211113/chili-le-retour-de-michele-bachelet-et-la-continuite-neoliberale

(2) Échec des candidats alternatifs et explications du taux d’abstention

http://www.legrandsoir.info/chili-michelle-bachelet-la-nouvelle-majorite-son-programme-et-le-parti-communiste-23443.html

(3) Programme Nouvelle Majorité

http://michellebachelet.cl/programa/

(4) Liste complète du commando M. Bachelet

http://www.latercera.com/noticia/politica/2013/07/674-532538-9-todos-los-nombres-del-renovado-comando-con-el-que-michelle-bachelet-encarara-las.shtml

(5) Besoin de se serrer les coudes pour la réalisation du programme malgré les différences

http://www.theclinic.cl/2013/12/27/la-repartija-del-poder-en-la-nueva-mayoria-tras-el-rompimiento-del-eje-ps-dc/

http://www.elmostrador.cl/pais/2013/12/18/zaldivar-desdramatiza-dichos-de-gutenberg-martinez-y-dice-que-lo-esencial-del-pc-y-la-dc-es-ser-leal-con-el-proximo-gobierno/

(6) Au plan international la nouvelle élue a affirmé qu’elle va privilégier les liens avec l’Amérique Latine, en améliorant les relations avec les nations de l’Atlantique.

http://www.americaeconomia.com/node/107258

(7) Soutiens des présidents d’AL à Michelle Bachelet

http://noticias.latino.msn.com/chilena-bachelet-fortalecer%C3%ADa-integraci%C3%B3n-regional-y-enfriar%C3%ADa-alianzas-comerciales-5

http://noticias.latino.msn.com/negocios/lula-en-su-visita-a-bachelet-hace-llamado-a-reforzar-integraci%C3%B3n-en-alatina-3

03/01/2014 07:15 par J.C. Cartagena

Deuxième volet :
De Oscar Fortin
@JC-MB :J’ai lu avec attention votre commentaire avec l’approche de quelqu’un qui veut y reconnaître la rigueur.

On me reproche de ne pas être suffisamment respectueux des faits en disant « si son auteur se montrait plus respectueux des faits. Car, plusieurs évènements sur lesquels cette analyse repose sont soit incomplets, soit complètement déformés. »

Sur ce point, vous oubliez que l’analyse que je fais se base sur un certain nombre de faits que je n’ai jamais présentés comme exhaustifs et que les conclusions que j’en tire releve d’une opinion personnelle pouvant être discutée comme le démontrent les nombreuses interventions.

Je n’ai pas bien compris le lien que vous faites avec une soi-disant « position sociale-démocrate qui a régné sur le Chili pendant plus de vingt ans ». En quoi cette position sociale-démocrate est-elle si différente de ce qui existe aujourd’hui ? Vous qui aimez « décortiquer la réalité de manière rigoureuse et fine » vous devriez être en mesure d’en marquer la différence.

Lorsque j’ai lu que vous alliez « reprendre brièvement les points les plus grossièrement déformés », je me suis intéressé à chacun des points qui seraient relevés.

Vous commencez par dire que « l’exposé résume assez bien ce que fut la politique de la Concertation ». Ce n’est tout de même pas si mal.

Vous nous apprenez que l’axe politique a été déplacé à gauche avec l’inclusion de trois nouvelles formations, mais surtout, ce que le commentateur semble ignorer, cette alliance répond à une nouvelle situation politique et sociale dans le pays, sans toutefois en faire le développement.

C’est évident que nous sommes en 2013 et non en 2006. Il y a eu Lagos, Bachelet et Pinera. Dites-moi en quoi le système politique économique et social a véritablement changé. Que les partis politiques aient connu des mutations, que les forces de la coalition des gouvernements antérieurs aient intégré de nouveaux membres, de nouveaux partis, est une évidence et la nouvelle majorité en est une bonne illustration. Vous savez mieux que moi, vous qui aimez les analyses pointues et fines que le calcul politique des plus forts n’est pas à négliger dans ces recompositions des forces. Il faudra voir la place qu’occuperont les nouveaux venus, dont le Parti communiste chilien dans le nouveau gouvernement de Michelle Bachelet. Ce sera un premier indicateur de ce changement dont vous parlez.

Vous poursuivez votre analyse pointue et fine en disant « qu’Oscar Fortin qui critique, à travers la Concertation, la Nouvelle Majorité (NM), et assure qu’elle ne tiendra pas ses promesses, se garde bien de révéler aux lecteurs que les deux candidats franchement alternatifs au système n’ont réussi à obtenir que 4 % des voix. »

Je ne vois vraiment pas le lien entre l’affirmation que je fais à l’effet que les discordances inévitables à l’intérieur de la NM (il s’agit ici d’une opinion) donneront les prétextes à la nouvelle Alliance pour justifier qu’elle ne peut pas donner suite à toutes ses promesses et ce rappel de ces deux candidats franchement alternatifs au système n’ont réussi à obtenir que 4 % des voix.

Sur ce dernier point, les auteurs doivent savoir qu’une campagne électorale ne se fait pas avec quelques annonces et commentaires dans les journaux. J’ignore les millions de dollars investis par les donateurs de Michelle Bachelet et ceux de Evelyne Matthei dans leur campagne. Aux États-Unis, ils ont dépassé le milliard de dollars pour mener une campagne électorale à la Présidence. À l’élection présidentielle récente en Équateur, les adversaires de Rafael Correa, dont Washington, avaient dégagé des dizaines de millions de dollars pour contrer son élection. Il faut croire que le niveau de conscience du peuple équatorien a vaincu l’influence de ces millions de dollars. Il ne semble pas que ce soit le cas au Chili. Parler de campagne électorale sans parler des budgets dont disposent les candidats, c’est oublier « le nerf de la guerre ».

Pour que votre analyse tienne la route, mettez les mêmes sommes d’argent el les mêmes médias à la disposition de chacun de ces candidats et alors nous verrons avec plus de justesse le fondement de votre affirmation.

Passons maintenant aux moyens de communication. Ce que je reproche à Michelle Bachelet, lors de sa première présidence, c’est de ne pas avoir doté le pays d’une source d’information indépendante et alternative comme l’a fait le Venezuela avec, entre autres telesurtv. D’ailleurs, rien n’empêchait Michelle Bachelet d’ouvrir ses espaces à telesurtv. Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait ? Sur ce point, vous renforcez mon point de vue en écrivant vous-mêmes :

« D’ailleurs, une des politiques les plus incongrues et inexplicables de la Concertation a été celle de laminer la diversité des moyens d’informations, ce qui a eu comme effet le renforcement du duopole de la presse (El Mercurio et Copesa) qui écarte toute autre opinion. Ni la Démocratie chrétienne (DC), ni la social-démocratie, ni même le gouvernement n’ont de quotidien écrit. »

Quant au commando encadrant la campagne électorale de Michelle Bachelet, vous oubliez de mentionner ma principale référence pour soutenir ce que j’y avance. Je donne ma source et je donne la référence à l’article en question. La phrase que vous citez vient justement de l’auteur de cet article dont le sérieux ne fait pas de doute. Je l’ai reprise à mon compte. Il ne suffit pas de se coller à une étiquette de socialiste ou de communiste pour dire que le socialisme ou le communisme vont suivre. Que vous trouviez qu’une telle affirmation soit un peu hâtive ou complètement gratuite relève de votre opinion et non de faits. Tout comme moi qui affirme avec l’auteur de ma référence que « tous ont en commun une adhésion ferme au dogme de l’idéologie néo-libérale. »

Vous poursuivez en affirmant que « toutes les formations s’accordent à déclarer que l’essentiel est l’accomplissement du programme malgré leurs différends (5). »

Nous verrons bien. Michelle Bachelet a 4 ans pour réaliser son programme. Souhaitons-lui qu’elle y arrive...

Comme opinion, je dis que les diverses composantes de la Nouvelle Majorité n’arriveront pas à s’entendre et le tout se ramènera à quelques modifications cosmétiques. Il en sera de même pour l’Éducation où les conditions économiques ne permettront d’y donner suite, si ce n’est que par étape... ». C’est tout à fait dans l’ordre que j’exprime mon opinion sur ce sujet. Si le passé est garant de l’avenir, il y a de bonnes chances que ça se passe comme je dis. Je termine toutefois mon article en disant que je souhaiterais bien me tromper sur toute la ligne...

Quant à la politique internationale, j’ai surtout relevé que sa première intervention après avoir été élue présidente a été marquée par son engagement à renforcer l’Alliance du Pacifique. C’est là un fait que vous pouvez relever à la lecture des journaux de ce jour. Ceci n’exclut pas sa participation aux autres instances comme l’intégration régionale et les relations avec les pays de l’Atlantique. Par contre je n’ai vu nulle part, comme vous le dites, que cet engagement avec les pays de l’Atlantique et l’intégration régionale se ferait au « détriment justement de l’Alliance du Pacifique (6) ». J’aimerais bien que vous me donniez cette référence dans laquelle elle affirme qu’elle le ferait au détriment de l’Alliance du Pacifique. Une référence importante dans l’analyse des faits.

Je terminerai ce commentaire en rappelant aux auteurs que l’usage de subtils et moins subtils qualificatifs visant à discréditer le sérieux de mon intervention ne répond pas aux critères que vous exigez des autres quant aux analyses qui doivent être approfondies, précises et fines.

J’aurais aimé vous entendre sur le socialisme de Michelle Bachelet, sur ses divers comportements que relève l’article à l’endroit d’Hugo Chavez, sur le budget de sa campagne électorale qui devrait normalement vous intéresser. J’aurais aimé disposer de cette information, mais ce ne fut pas possible.

Je n’ai évidemment pas le dernier mot sur ce sujet, mais des faits sont là qui me permettent d’avancer une analyse et d’émettre une opinion que seuls l’avenir pourra confirmer ou mettre à la poubelle. Pour débattre sur ces sujets et d’autres, je n’ai pas besoin de m’en prendre à la crédibilité de mes interlocuteurs, mais à relever des points de vue différents et à questionner des affirmations qui laissent à désirer. Dans le cas présent, il y a plus de 32 commentaires qui apportent tous quelque chose qui permet de préciser des points sans pour autant s’en prendre à la crédibilité des intervenants ou encore à les qualifier d’une manière à détourner l’attention de ce qui est l’essentiel du débat.

Avec tout mon respect et en vous souhaitant une Bonne et Heureuse Année 2014
Oscar Fortin

03/01/2014 07:16 par J.C. Cartagena

Troisième volet :
Monsieur Fortin, nous avons pris bonne note de vos commentaires et questionnements.

Certains des arguments de notre premier message ont effectivement, comme nous l’avions annoncé, été sacrifiés sur l’autel de la brièveté.

La phrase au sujet de la position sociale-démocrate qui a régné sur le Chili pendant plus de vingt ans voulait signaler que la Concertation a effectivement, tout le temps qu’elle a été au pouvoir, conduit une politique néo-libérale, politique encore accentuée par Piñera. Par conséquent, dans le Chili d’aujourd’hui, la politique néo-libérale est encore plus virulente, avec une répression accrue en prime.

En revanche ce qui a complètement changé c’est le climat social, ceci grâce aux mouvements sociaux développés depuis avril 2011. En effet, les mouvements sociaux, et celui des étudiants en particulier, ont introduit dans la vie quotidienne des Chiliens des sujets désormais couramment traités alors qu’ils étaient jusque là absolument tabous. Un grand nombre de ces sujets a été repris dans le programme de la Nouvelle Majorité (Nouvelle concertation dans votre écrit), où l’on trouve non seulement le changement de la constitution et la gratuité de l’éducation, les deux seuls mentionnés dans votre papier, mais aussi beaucoup d’autres : la réforme de la fiscalité, qui permettra de se doter de moyens pour appliquer les réformes, l’octroi de plus de droits aux travailleurs, la création d’une sécurité sociale d’Etat, la sauvegarde des richesses naturelles, l’abolition du système électoral binominal, etc.

La prise de conscience enclenchée à la chaleur des combats a favorisé la conclusion, tout d’abord, de pactes électoraux entre le PCCh et la Concertation, révélant leur force unitaire et la bonne stratégie à suivre pour vaincre la droite, et plus tard la formation de la Nouvelle Majorité (NM), outil nécessaire pour convertir ce changement culturel ou de mentalité en changement politique institutionnel.

Ce petit rappel peut répondre à votre deuxième interrogation, à savoir en quoi la NM « répond à une nouvelle situation politique et sociale dans le pays ».

Cette coalition s’est donné pour tâche, et il n’est jamais inutile de le répéter, d’en finir avec les reliquats institutionnels de la dictature de Pinochet. Les profonds changements de la législation pinochetiste amélioreront la position des forces progressistes pour mener, dans le futur, d’autres combats et obtenir d’autres victoires. Nous ne doutons pas que la légalisation de la grève, l’établissement de la négociation collective, l’abolition de la multiplication d’employeurs dans une même entreprise (multirut) ou encore la fin de l’interdiction aux dirigeants associatifs, syndicaux, etc d’être candidats aux élections politiques, vont donner un coup de fouet à la lutte revendicative des travailleurs chiliens. Tous ces points figurent d’ailleurs dans le programme de gouvernement de la NM.

Bien entendu, la condition préalable à tout changement au Chili était la défaite de la droite pinochetiste aux élections présidentielles mais surtout législatives afin d’obtenir un parlement largement majoritaire et favorable aux transformations. Si toute l’opposition à la droite s’était jointe à la NM, tous les quorums requis pour l’adoption des lois prévus par l’actuelle constitution auraient été atteints, ce qui n’est malheureusement pas le cas actuellement. En effet, certaines forces politiques de gauche hors NM ont estimé plus important de rester pures idéologiquement, car, d’après elles, il n’y aurait aucune différence entre la droite pinochetiste et la NM. Par conséquent, la droite pinochetiste est encore une fois sur-représentée au parlement.

Quant à vos doutes sur la réalisation du programme de la NM, le rappel du faible taux obtenu par les deux candidatures franchement anti-néolibérales permet de mettre en évidence l’importance des forces politiques en jeu. Les alliances politiques sont nécessaires lorsque nos propres forces ne sont pas suffisantes pour parvenir à nos fins. C’est le cas avec les forces anti néolibérales au Chili. Or, la gauche hors NM a toujours imaginé qu’elle pouvait (peut) produire les changements à elle toute seule. Et au vu de son résultat (4%), on est sûr qu’avec sa stratégie, elle ne risque pas d’avoir à réaliser un quelconque programme.

En fait, il n’existait qu’une stratégie efficace pour chasser la droite du gouvernement et pouvoir réaliser les changements que la société chilienne attend : la création d’une large coalition et le maintien et le développement d’un mouvement populaire dans la rue. Cette stratégie, et pas une autre, permettra d’en finir avec l’éternelle transition vers la démocratie. Il serait nécessaire de ne pas oublier que la société chilienne a été jusqu’à maintenant profondément conservatrice et que toute transformation représente une avancée considérable. Ce n’est pas le cas de l’Europe où on doit défendre des acquis sociaux remis en cause en permanence.

Nous profitons de ce moment de l’exposé pour montrer, comme le commentateur le demande, le sérieux avantage qu’apporte une telle coalition. Les deux piliers toujours absolument intacts et sur lesquels repose le capitalisme chilien sont, selon Eduardo Contreras de passage à Paris, le pouvoir idéologique (la presse) et le pouvoir physique (l’armée). Toujours d’après E. Contreras, le programme de la NM contient quelques éléments de démocratisation de la presse. Mais en ce qui concerne l’armée, rien n’est possible pour l’instant. Donc le risque d’une intervention militaire n’est pas écarté. Par conséquent, il semble évident que plus large sera la coalition qui entamera les changements des structures imposées par Pinochet - piloté par Washington-, plus il sera difficile aux âmes nostalgiques des temps dictatoriaux, de tenter des aventures putchistes. Ce n’est pas les Paraguayens ni les Honduriens qui diront le contraire.

D’autres questions sur la rapidité des changements, sur leur profondeur ainsi que sur la pérennité d’une alliance (notamment entre la gauche et la DC) que déjà Allende s’était posées au temps de l’Unité Populaire, restent d’actualité.

En parlant des moyens de communication vous dites que notre phrase sur la Concertation et le duopole renforce votre point de vue, qui est aussi le nôtre. En effet, dans le deuxième paragraphe de notre commentaire initial « Loin de nous l’intention de défendre une position social-démocrate qui a régné sur le Chili pendant plus de vingt ans », nous ne défendons pas l’oeuvre de la Concertation. Mais nous n’occultons pas non plus ce que peut avoir de positif la NM.

L’article d’Ernesto Carmona dans lequel il qualifie de néo-libéraux tous les membres du commando Bachelet, a été écrit le 23 juillet 2013, bien avant la publication du programme de la NM. L’auteur, qui ne s’attendait sans doute pas à ce que ses pronostics soient faux, a du admettre la présence communiste dans le commando, ce qui annule immédiatement son affirmation précédente, à savoir, que les membres du commando « ont tous en commun une adhésion ferme au dogme de l’idéologie néo-libérale ». Il affirme de façon surprenante que les communistes n’ont obtenu que des « charges nominales […], qui n’influent pas sur les lignes centrales du programme » (1), en dépit de la présence d’un communiste, sur cinq personnes, dans la commission chargée justement du programme. Plus tard, la lecture des déclarations du G. Teillier, président du PCCh, qui qualifie le programme de la NM d’assez satisfaisant, car les propositions du PCCh ont bien été prises en compte (2), révèle que les « analyses » de E . Carmona n’étaient que des souhaits. Cet exemple illustre la phrase par laquelle nous finissions notre commentaire précédent : « Pour être ne serait-ce qu’un peu audible, voire crédible, il faut pouvoir être capable de développer des analyses complètes, dévoilant autant les qualités que les faiblesses des sujets dont on parle, mais en aucun cas en déformant la réalité. ». Habitude que l’on a souvent trouvée chez des analystes qui ont des intérêts politiques à défendre.

Plus loin, au sujet de la diversité de la NM et des éventuelles difficultés qui l’empêcheraient d’accomplir son programme, vous affirmez que « Si le passé est garant de l’avenir, il y a de bonnes chances que ça se passe comme je dis. » Il serait souhaitable de bien connaître le passé, car sa méconnaissance risque parfois de créer de sacrées surprises. Nous aimerions, si vous le permettez, vous demander une explication sur un événement politique important de l’histoire du Chili. Vous qui êtes pratiquement sur que M. Bachelet mènera la même politique que lors de son premier mandat, comment pouvez-vous expliquer que certains des plus proches collaborateurs d’Allende avaient, en 1952, soutenu, certains en tant que ministres, l’élection du général Carlos Ibañez del Campo, ex-dictateur des années 27-31 ? (3).

Pour notre part, nous pensons que de nouvelles conditions politiques peuvent favoriser des changements de position.

En ce qui concerne la politique extérieure, M. Bachelet a clairement déclaré que le Chili « pourrait continuer avec l’alliance [du Pacifique], mais sans exclusion idéologique »(4). Connaissant les alliés tels que la Colombie, le Mexique ou le Pérou, on peut comprendre son commentaire. En revanche, les propositions du groupe de réflexion sur la politique extérieure de la candidate préconisaient déjà un rapprochement avec le Brésil et l’Argentine ainsi que les voisins du nord (5). Voir les vidéos avec les propres déclarations de MB (6).

Pour finir nous reprendrons juste la réflexion de ce qui est essentiel au débat. Pour nous, militants, ce qui est essentiel c’est de faire comprendre une conjoncture, en l’occurrence la chilienne, qui est en pleine évolution depuis quelques années. L’ennemi auquel nous avons à faire est terriblement puissant et nous devons gagner la première et la plus importante de toutes les batailles : la bataille idéologique selon José Marti.

J.C Cartagena et N. Briatte

NOTES

(1) E. Carmona : les communistes ont eu des charges nominales « qui n’influent pas sur les lignes centrales du programme »

L’équipe programme de Bachelet est formée par le DC A. Micco, le PPD Ricardo Lagos Weber, le radical G. Guzmán, le communiste A. Palma et A. Arenas »

http://www.eurolatinnews.com/reportajes1/alberto.htm

(2) G. Teillier : à la différence des propositions de la DC les nôtres ont été assez prises en compte dans le programme.

http://www.theclinic.cl/2013/10/26/teillier-y-programa-de-bachelet-a-diferencia-de-los-diputados-dc-los-parlamentarios-comunistas-fueron-bastante-considerados/

(3) Parti Socialiste Populaire (Chili) : Parmi les principaux collaborateurs de Ibañez on trouve Oscar Schnake et Clodomiro Almeyda, entre autres, qui eurent des responsabilités ministérielles.

(4) Bachelet pour les alliances qui ne discriminent pas idéologiquement :"on pourra continuer avec l’alliance [du Pacifique] mais sans exclusion idéologique"

http://www.youtube.com/watch?v=XvuHIXzC4rk

(5) Proposition du groupe de réflexion sur la politique extérieure :

http://diario.latercera.com/2013/08/17/01/contenido/reportajes/25-144112-9-la-propuesta-del-comando-de-bachelet-para-rree.shtml

http://papeldigital.info/ltrep/2013/08/17/01/paginas/003.pdf

(6) Bachelet politique extérieure :

http://www.youtube.com/watch?v=q7LhY_Rk3NI

http://www.youtube.com/watch?v=zrPlvkzo6L0

03/01/2014 12:41 par oscar Fortin

Voici en trois volets la réponse d’Oscar Fortin

1@UNKNOWN OU JC-NB : Je suis heureux de :J’ai lu avec attention votre commentaire avec l’approche de quelqu’un qui veut y reconnaître la rigueur.
On me reproche de ne pas être suffisamment respectueux des faits en disant « si son auteur se montrait plus respectueux des faits. Car, plusieurs évènements sur lesquels cette analyse repose sont soit incomplets, soit complètement déformés. »
Sur ce point, vous oubliez que l’analyse que je fais se base sur un certain nombre de faits que je n’ai jamais présentés comme exhaustifs et que les conclusions que j’en tire releve d’une opinion personnelle pouvant être discutée comme le démontrent les nombreuses interventions.
Je n’ai pas bien compris le lien que vous faites avec une soi-disant « position sociale-démocrate qui a régné sur le Chili pendant plus de vingt ans ». En quoi cette position sociale-démocrate est-elle si différente de ce qui existe aujourd’hui ? Vous qui aimez « décortiquer la réalité de manière rigoureuse et fine » vous devriez être en mesure d’en marquer la différence.
Lorsque j’ai lu que vous alliez « reprendre brièvement les points les plus grossièrement déformés », je me suis intéressé à chacun des points qui seraient relevés.
Vous commencez par dire que « l’exposé résume assez bien ce que fut la politique de la Concertation ». Ce n’est tout de même pas si mal.
Vous nous apprenez que l’axe politique a été déplacé à gauche avec l’inclusion de trois nouvelles formations, mais surtout, ce que le commentateur semble ignorer, cette alliance répond à une nouvelle situation politique et sociale dans le pays, sans toutefois en faire le développement.
C’est évident que nous sommes en 2013 et non en 2006. Il y a eu Lagos, Bachelet et Pinera. Dites-moi en quoi le système politique économique et social a véritablement changé. Que les partis politiques aient connu des mutations, que les forces de la coalition des gouvernements antérieurs aient intégré de nouveaux membres, de nouveaux partis, est une évidence et la nouvelle majorité en est une bonne illustration. Vous savez mieux que moi, vous qui aimez les analyses pointues et fines que le calcul politique des plus forts n’est pas à négliger dans ces recompositions des forces. Il faudra voir la place qu’occuperont les nouveaux venus, dont le Parti communiste chilien dans le nouveau gouvernement de Michelle Bachelet. Ce sera un premier indicateur de ce changement dont vous parlez.
Vous poursuivez votre analyse pointue et fine en disant « qu’Oscar Fortin qui critique, à travers la Concertation, la Nouvelle Majorité (NM), et assure qu’elle ne tiendra pas ses promesses, se garde bien de révéler aux lecteurs que les deux candidats franchement alternatifs au système n’ont réussi à obtenir que 4 % des voix. »
Je ne vois vraiment pas le lien entre l’affirmation que je fais à l’effet que les discordances inévitables à l’intérieur de la NM (il s’agit ici d’une opinion) donneront les prétextes à la nouvelle Alliance pour justifier qu’elle ne peut pas donner suite à toutes ses promesses et ce rappel de ces deux candidats franchement alternatifs au système n’ont réussi à obtenir que 4 % des voix.
Sur ce dernier point, les auteurs doivent savoir qu’une campagne électorale ne se fait pas avec quelques annonces et commentaires dans les journaux. J’ignore les millions de dollars investis par les donateurs de Michelle Bachelet et ceux de Evelyne Matthei dans leur campagne. Aux États-Unis, ils ont dépassé le milliard de dollars pour mener une campagne électorale à la Présidence. À l’élection présidentielle récente en Équateur, les adversaires de Rafael Correa, dont Washington, avaient dégagé des dizaines de millions de dollars pour contrer son élection. Il faut croire que le niveau de conscience du peuple équatorien a vaincu l’influence de ces millions de dollars. Il ne semble pas que ce soit le cas au Chili. Parler de campagne électorale sans parler des budgets dont disposent les candidats, c’est oublier « le nerf de la guerre ». suivre 1de 3

03/01/2014 12:45 par oscar fortin

Je ne vois vraiment pas le lien entre l’affirmation que je fais à l’effet que les discordances inévitables à l’intérieur de la NM (il s’agit ici d’une opinion) donneront les prétextes à la nouvelle Alliance pour justifier qu’elle ne peut pas donner suite à toutes ses promesses et ce rappel de ces deux candidats franchement alternatifs au système n’ont réussi à obtenir que 4 % des voix.

Sur ce dernier point, les auteurs doivent savoir qu’une campagne électorale ne se fait pas avec quelques annonces et commentaires dans les journaux. J’ignore les millions de dollars investis par les donateurs de Michelle Bachelet et ceux de Evelyne Matthei dans leur campagne. Aux États-Unis, ils ont dépassé le milliard de dollars pour mener une campagne électorale à la Présidence. À l’élection présidentielle récente en Équateur, les adversaires de Rafael Correa, dont Washington, avaient dégagé des dizaines de millions de dollars pour contrer son élection. Il faut croire que le niveau de conscience du peuple équatorien a vaincu l’influence de ces millions de dollars. Il ne semble pas que ce soit le cas au Chili. Parler de campagne électorale sans parler des budgets dont disposent les candidats, c’est oublier « le nerf de la guerre ».

Pour que votre analyse tienne la route, mettez les mêmes sommes d’argent el les mêmes médias à la disposition de chacun de ces candidats et alors nous verrons avec plus de justesse le fondement de votre affirmation.

Passons maintenant aux moyens de communication. Ce que je reproche à Michelle Bachelet, lors de sa première présidence, c’est de ne pas avoir doté le pays d’une source d’information indépendante et alternative comme l’a fait le Venezuela avec, entre autres telesurtv. D’ailleurs, rien n’empêchait Michelle Bachelet d’ouvrir ses espaces à telesurtv. Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait ? Sur ce point, vous renforcez mon point de vue en écrivant vous-mêmes :

« D’ailleurs, une des politiques les plus incongrues et inexplicables de la Concertation a été celle de laminer la diversité des moyens d’informations, ce qui a eu comme effet le renforcement du duopole de la presse (El Mercurio et Copesa) qui écarte toute autre opinion. Ni la Démocratie chrétienne (DC), ni la social-démocratie, ni même le gouvernement n’ont de quotidien écrit. »

Quant au commando encadrant la campagne électorale de Michelle Bachelet, vous oubliez de mentionner ma principale référence pour soutenir ce que j’y avance. Je donne ma source et je donne la référence à l’article en question. La phrase que vous citez vient justement de l’auteur de cet article dont le sérieux ne fait pas de doute. Je l’ai reprise à mon compte. Il ne suffit pas de se coller à une étiquette de socialiste ou de communiste pour dire que le socialisme ou le communisme vont suivre. Que vous trouviez qu’une telle affirmation soit un peu hâtive ou complètement gratuite relève de votre opinion et non de faits. Tout comme moi qui affirme avec l’auteur de ma référence que « tous ont en commun une adhésion ferme au dogme de l’idéologie néo-libérale. » suivre 2/3

03/01/2014 12:47 par oscar fortin

Vous poursuivez en affirmant que « toutes les formations s’accordent à déclarer que l’essentiel est l’accomplissement du programme malgré leurs différends (5). »

Nous verrons bien. Michelle Bachelet a 4 ans pour réaliser son programme. Souhaitons-lui qu’elle y arrive...

Comme opinion, je dis que les diverses composantes de la Nouvelle Majorité n’arriveront pas à s’entendre et le tout se ramènera à quelques modifications cosmétiques. Il en sera de même pour l’Éducation où les conditions économiques ne permettront d’y donner suite, si ce n’est que par étape... ». C’est tout à fait dans l’ordre que j’exprime mon opinion sur ce sujet. Si le passé est garant de l’avenir, il y a de bonnes chances que ça se passe comme je dis. Je termine toutefois mon article en disant que je souhaiterais bien me tromper sur toute la ligne...

Quant à la politique internationale, j’ai surtout relevé que sa première intervention après avoir été élue présidente a été marquée par son engagement à renforcer l’Alliance du Pacifique. C’est là un fait que vous pouvez relever à la lecture des journaux de ce jour. Ceci n’exclut pas sa participation aux autres instances comme l’intégration régionale et les relations avec les pays de l’Atlantique. Par contre je n’ai vu nulle part, comme vous le dites, que cet engagement avec les pays de l’Atlantique et l’intégration régionale se ferait au « détriment justement de l’Alliance du Pacifique (6) ». J’aimerais bien que vous me donniez cette référence dans laquelle elle affirme qu’elle le ferait au détriment de l’Alliance du Pacifique. Une référence importante dans l’analyse des faits.

Je terminerai ce commentaire en rappelant aux auteurs que l’usage de subtils et moins subtils qualificatifs visant à discréditer le sérieux de mon intervention ne répond pas aux critères que vous exigez des autres quant aux analyses qui doivent être approfondies, précises et fines.

J’aurais aimé vous entendre sur le socialisme de Michelle Bachelet, sur ses divers comportements que relève l’article à l’endroit d’Hugo Chavez, sur le budget de sa campagne électorale qui devrait normalement vous intéresser. J’aurais aimé disposer de cette information, mais ce ne fut pas possible.

Je n’ai évidemment pas le dernier mot sur ce sujet, mais des faits sont là qui me permettent d’avancer une analyse et d’émettre une opinion que seuls l’avenir pourra confirmer ou mettre à la poubelle. Pour débattre sur ces sujets et d’autres, je n’ai pas besoin de m’en prendre à la crédibilité de mes interlocuteurs, mais à relever des points de vue différents et à questionner des affirmations qui laissent à désirer. Dans le cas présent, il y a plus de 32 commentaires qui apportent tous quelque chose qui permet de préciser des points sans pour autant s’en prendre à la crédibilité des intervenants ou encore à les qualifier d’une manière à détourner l’attention de ce qui est l’essentiel du débat.

Avec tout mon respect et en vous souhaitant une Bonne et Heureuse Année 2014

03/01/2014 13:02 par oscar fortin

@J"C. Cartagena : En réponse à sa dernière intervention sur Agoravox où M. Cartagena corrigeait certaines de ses interventions je lui ai répondu ceci :
Merci pour votre analyse qui apporte un éclairage plus circonstancié sur les enjeux de cette élection. Merci également de corriger votre affirmation première au sujet de l’engagement de Michelle Bachelet de développer des alliances avec les pays de la zone Atlantique, même au détriment de l’Alliance du Pacifique.

« En effet, elle a signalé qu’elle s’apprêtait à renforcer les liens avec l’AL en particulier avec les nations de l’Atlantique, au détriment justement de l’Alliance du Pacifique (6).

Dans votre nouvelle version, vous corrigez le tir en formulant différemment votre affirmation :

« M. Bachelet a clairement déclaré que le Chili « pourrait continuer avec l’alliance [du Pacifique], mais sans exclusion idéologique ».

Formulée de cette dernière façon, cette affirmation ne pose aucun problème et confirme sa détermination à poursuivre activement dans cette Alliance.

Il ne me reste plus qu’à souhaiter que tous les éléments du programme de la Nouvelle Majorité se réalisent au plus grand bénéfice des Chiliens et des Chiliennes.

Votre analyse vous conforte dans la réalisation de ce programme. Mon analyse demeure sceptique. Au-delà de la diversité des composantes de la NM, il y a Michelle Bachelet qui n’ira pas contre les intérêts des États-Unis, ni au Chili, ni dans les diverses instances régionales. C’est, évidemment, une opinion comme une autre. Il y a quelque part une zone de confiance ou de méfiance à l’égard des personnes qui disposent des leviers du pouvoir. Je suis plutôt de ceux qui doutent de Michelle Bachelet.

C’est donc avec grand intérêt que je vais suivre l’évolution des évènements à la lumière de ce que vous projetez dans votre dernier commentaire. On se donnera rendez-vous dans quatre ans pour en tirer les dernières conclusions.

Bonne Année 2014 avec de la santé et détermination d’aller de l’avant dans cette longue marche de la libération des peuples à travers la libération des exclus de la société.

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