Avec la défaite de la vérité face au toc bancocrate depuis les élections de juin et le mémorandum III de cet automne - pour ne retenir que l’essentiel de l’événementialité 2012 - nos voeux de l’ancien temps ont été aussi décapités, ou au mieux, asséchés dans des bandelettes de tissu trempées dans de la résine du mémorandum III. Manifestement, notre corps social serait en voie de momification, de ce fait et déjà , le seul voeu ayant encore un sens devant l’étendue invisible du temps qui nous surpasse, c’est : liberté.
Quand on a un voeu à se dire, on se le dit alors entre nous, la bouche pleine de sens : liberté. C’est à peu de choses près ce que suggère une autre affiche récente sur certains murs d’Athènes nous souhaitant « Bonne année 1967 », 1967 étant l’année de la précédente dictature, celle des Colonels. Ce qui implique de notre part, un certain sens de l’histoire et de compréhension des enjeux en cours. Le stalag grec sera rejoint par les autres baraquements de l’U.E., elle-même, pièce (con)jointe à l’univers concentrationnaire de la planète des funds… saisissants. Déjà , les citoyens allemands ont été prévenus par la chancelière Merkel : « l’environnement économique sera plus difficile en 2013 qu’en 2012, [appelant] à la patience et au courage ». Nous comprenons que même les métropolitains de l’U.E. ne seront pas épargnés, quant à nous, sujets des colonies du… tiers-sud, n’en parlons pas.
Décidément, bonne chance et surtout, liberté. Le « parlement » grec a été saisi ce lundi (31/12) d’une demande d’enquête sur les responsabilités de l’ex-ministre socialiste des Finances Giorgos Papaconstantinou dans la falsification de la première version de la liste dite Lagarde de détenteurs de comptes en Suisse, dont certains membres de sa famille. C’est évidement la "grande nouvelle" du jour depuis Athènes, sauf qu’elle ne l’est pas. Papaconstantinou sera sans doute « sacrifié », puis bien d’autres petits « bourreaux » que personne n’a jamais authentiquement aimé dans toutes les histoires comme dans toute guerre, occupation ou collaboration. Comme de ce temps trop présent.
C’est sous une pluie battante ce matin que le ministère des Finances a annoncé que sept jours supplémentaires seront accordés aux retardataires de la vignette automobile, censés la régler avant le 1er janvier, sauf que dans une bonne moitié, les automobilistes restants ne se sont pas empressés devant les guichets des banques, principaux « hauts lieux percepteurs » de cette taxe depuis fin 2012. On sait que d’un l’aveu officiel, les impôts (TVA comprise) ne sont plus récoltés selon les « espérances » inscrites dans le budget, c’est-à -dire, déjà 4,2 milliards d’euros de moins en ce décembre 2012 selon la presse économique (c’est-à -dire la presse tout court). Plus de 70% des sujets de la baronnie s’avouent être exsangues, déjà par leur mort économique et ensuite par la surimposition devenue « quasi-existentielle », parmi les 30% restants, il faudrait mener l’enquête auprès des tenants du clientélisme du premier cercle (et de la liste Lagarde), chez les plus nantis par exemple qui ont été historiquement les moins imposés (« légalement » ou pas).
Ce matin du 31/12, les enfants du quartier étaient sortis chanter comme de coutume, les voeux de la tradition en frappant à la porte des voisins ou des boutiques pour récolter en échange de l’argent de poche. Comme ailleurs et comme depuis cette année et suite aux attaques que certains enfants et adolescents ont subi, dorénavant ils sont escortés par leurs parents ou leurs proches, adultes en tout cas.
Voeux alors sous la pluie et sous la grande mutation. Plus grand-chose n’est comme avant et les jours dits « de fête » nous le rappellent encore davantage. La boutique du coin proposait ce matin des « prix choc » tandis que sur un mur à proximité on peut lire un slogan venu de loin parait-il : « haine de classe ». En attendant, des tarifs réveillon « d’ami » de certaines tavernes promettent « un réveillon complet : musique live, vin, plat et dessert pour 18 euros par personne », un « nouveau service » se propose pour garder les animaux « desposés » (ayant un propriétaire, en grec un despote, ce qui est également un terme juridique) à partir de 5 euros par jour, et enfin… « Osaka Sarl, une équipe helléno-polonaise propose ses services dans la rénovation en bâtiment pour un prix logique », et c’est ainsi que l’année III du mémorandum prend fin ce soir.
Les voeux des « politiques » mémorandistes et de Samaras ont déjà été dites comme la messe, ce qui n’a plus aucun sens d’être mentionné. Nous n’irons pas à la taverne du réveillon complet mais chez nos amis. Entre chômeurs ou travailleurs assujettis au plus long moment précaire… du futur, nous échangerons nos voeux en espoir : « 2013 : liberté ». Et à tous les amis de ce blog : « Demeurons libres ». Bonne chance et merci pour votre solidarité et votre soutien.
Panagiotis Grigoriou
Source : http://greekcrisisnow.blogspot.fr/2012/12/2013-bonne-chance-et-liberte.html