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Islamo-gauchisme : un mot creux pour un débat piégé

Utilisé pour disqualifier sans argumenter, le terme "islamo-gauchisme" s’est imposé dans le débat public français comme un mot-valise polémique. Dénué de fondement intellectuel, il sert surtout à amalgamer des courants idéologiques opposés pour alimenter les peurs et délégitimer toute pensée critique sur les questions de racisme, de laïcité ou de politique étrangère. Cet article décrypte l’origine, les usages et les dangers d’un concept aussi flou que pernicieux.

Origine d’un mot-valise polémique

Le terme "islamo-gauchisme" apparaît dans le paysage médiatique français au début des années 2000. Il est d’abord utilisé dans les milieux d’extrême droite pour désigner une prétendue alliance entre la gauche radicale et des groupes islamistes. Mais ce n’est qu’au fil du temps – et surtout avec les crispations identitaires et sécuritaires post-attentats – que ce mot connaît une certaine fortune politique.

L’essor du terme dans l’espace public français est notamment dû à certains intellectuels et figures médiatiques, mais aussi à des responsables politiques comme Jean-Michel Blanquer ou Frédérique Vidal. En 2021, cette dernière, alors ministre de l’Enseignement supérieur, lance une enquête sur l’"islamo-gauchisme" à l’université. Cette déclaration déclenche une vague d’indignation dans le monde académique, dénonçant une attaque contre la liberté de la recherche.

Qui utilise ce terme, et pour désigner qui ?

Ce mot-valise est principalement mobilisé par des figures politiques de droite ou d’extrême droite, mais aussi par certains éditorialistes qui prétendent dénoncer une "complicité idéologique" entre la gauche militante (antiraciste, décoloniale, intersectionnelle) et des mouvances islamistes. Les cibles sont souvent floues : chercheurs en sciences sociales, militants antiracistes, étudiants engagés, ou toute personne osant critiquer les politiques discriminatoires à l’encontre des musulmans en France.

Par effet de glissement, toute critique de l’islamophobie, toute dénonciation du racisme d’État ou tout soutien aux droits des minorités musulmanes peut désormais être suspectée de "complicité" avec l’islamisme. Le terme devient alors une arme rhétorique pour disqualifier l’adversaire sans jamais débattre du fond.

Un concept vide de sens, mais plein d’intentions

Sur le plan intellectuel, "islamo-gauchisme" est une aberration. Il juxtapose deux idéologies incompatibles : d’un côté, une lecture théocratique et souvent ultra-conservatrice de l’islam ; de l’autre, un projet émancipateur, laïc, égalitaire, souvent athée, hérité des traditions marxistes et libertaires. Par quel miracle ces deux mondes collaboreraient-ils ?

La réponse tient en réalité à un fantasme : celui d’un ennemi intérieur protéiforme qui menacerait la République. Comme d’autres expressions fourre-tout avant lui ("judéo-bolchevisme" dans les années 30, par exemple), le mot "islamo-gauchisme" ne vise pas à décrire une réalité mais à nourrir une peur, un récit simplificateur dans un monde complexe.

Pourquoi il est dangereux de prendre ce mot au sérieux

Utiliser le terme "islamo-gauchisme", c’est tomber dans le piège de la caricature. Cela revient à essentialiser les positions politiques, à ignorer la pluralité des courants à gauche, à délégitimer les voix musulmanes, et à réduire la pensée critique à une forme de subversion nuisible. Pire encore, cela crée un climat de suspicion envers les chercheurs, les enseignants, les militants, comme si penser autrement devenait une forme de trahison.

Il ne s’agit pas ici de nier l’existence de l’islamisme politique, ni d’occulter les défis du vivre-ensemble. Mais encore faut-il les penser sérieusement, loin des amalgames, des slogans creux et des étiquettes qui stigmatisent au lieu d’éclairer.

Conclusion : le courage de la nuance

Dans une époque saturée de polémiques et de raccourcis, il est urgent de refuser les mots-pièges comme "islamo-gauchisme". Ce terme, construit pour disqualifier sans débattre, doit être interrogé, déconstruit et rejeté. Le rôle de l’intellectuel, du chercheur, du citoyen, n’est pas de céder à la peur mais de défendre la complexité, la nuance, et la liberté de penser.

COMMENTAIRES  

06/04/2025 10:40 par xiao pignouf

« Islamo-gauchisme » n’est pas seulement un mot creux, c’est aussi un mensonge.

Il y a autant de liens entre l’Islam politique (ou le soft power islamique) et la « gauche » qu’entre lui et la droite, notamment à travers les financements divers et variés que le Qatar ou l’Arabie Saoudite octroient.

Mélenchon, puisque c’est de lui qu’on parle en général quand il s’agit d’« islamo-gauchisme », est condamné par les mêmes qui n’ont aucun problème à bénéficier de ces largesses.

06/04/2025 15:15 par J.J.

Toujours des abus de langage, islamogauchisme, un mot dépourvu de sens, de même que le terme antisémite employé surtout à tort et à travers.
Car si l’on s’en tient à la définition exacte et non abusive du mot sémite, celui-ci désigne l’origine et la langue de certaines populations du moyen orient, dont certains juifs font partie, mais dont d’autres sont exclus du fait de leur origine hetnologique et linguistique.
"Les plus antisémites ne sont ceux auxquels on pense habituellement."

06/04/2025 19:03 par act

L’expression "islamo-gauchisme" c’est le "judéo-bolchevisme" mis au gout du jour et ce sont toujours les mêmes qui l’utilisent.

06/04/2025 21:36 par CAZA

Dans le désert d’ Arabie alors que l’ Égypte Pharaonique resplendissait les tribus juives maraudaient en enculant leurs chamelles et en buvant leur urine quand manque d’ eau .
C’ est la faute à Voltaire .Enfin peut être un peu juste accommodé .
https://ia600307.us.archive.org/5/items/VoltaireAntijuif/VoltaireAntijuif.pdf

Mot Nouveau :Juivo-nazisme .
Facile : Suffit de réutiliser et moderniser le nazisme façon état nation du peuple juif .
Tu mets Palestinien comme victime à déposséder des ses avoirs ,villes,vergers,cimetières à la place de Slaves ,Tziganes ,Communistes ,juifs ETC .

07/04/2025 07:51 par calame julia

Pour la photo, question : "l’islamophobie" est-elle un manquement à des devoirs essentiels
à la vie humaine en France ?

07/04/2025 09:17 par rouge

@Caza
Source SVP concernant la soi-disant consommation d’urine par des tribus hébraïque ?

Par contre la consommation d’urine de chamelle est bien avéré dans l’islam. Merci de vous référer par exemple au Hadith Al Boukhari 7 : 590.
On en trouve même en vente de nos jours en cannette en Arabie Saoudite.

Jetez un coup d’oeil sur youtube en tapant par exemple "camel urine hadith"

Moi j’ai jamais eu le courage de gouter pareil chose.

07/04/2025 10:10 par Assimbonanga

"Islamo-gauchiste" (calqué sur judéo-bolchevique) est probablement d’abord une bonne vanne lancée entre potes fascistes. C’est surtout une insulte, une façon de désigner et dégrader l’ennemi.

Le fascisme de façon simplifiée c’est deux piliers : l’anticommunisme + le racisme.

L’anticommunisme, c’est la haine de tout ce qui est social, solidaire, redistributif. Le fasciste hait les impôts et les fonctionnaires. L’anticommunisme est une motivation patronale.

Le racisme, ou principe du bouc émissaire, peut changer de cible. Le racisme permet d’armer les millions de cerveaux populaires au moyen du rejet de l’autre, du plus mal loti que soi. Le racisme est la motivation des masses. Ça peut être les juifs dans les années trente. Ça peut être les noirs en Afrique du Sud ou aux USA. De nos jours ce sont les Palestiniens et tout ce qui a un visage d’Arabe. Ce racisme a été dénommé islamophobie.

Dans "islamo-gauchiste", on concentre donc les deux piliers du fascisme : islamo pour le racisme, gauchiste pour le communisme .

Le patronat à lui tout seul n’est pas assez nombreux pour triompher du prolétariat. En armant les cerveaux avec un outil simple, le racisme, il parvient à faire bouger les foules. C’est très bien foutu !

07/04/2025 13:03 par xiao pignouf

Suffit de réutiliser et moderniser le nazisme façon état nation du peuple juif

Dans ce cas, je préfère « nazionisme », ça évitera de mettre tous les Juifs dans le panier du sionisme.

07/04/2025 21:08 par CAZA

Sur le pipi des camélidés deux doctrine s’ affrontent .
D’ après l’OMS aucun risque rapport covid .Et ils s’y connaissent .
Sur les guérisons miraculeuses de cancers avariés la suspicion est à l’ ordre du jour .
Mais on me dit qu’ en dilution homéopathique à 30CH sous forme de granules ça marcherait contre le mal de la Havane et ce serait couramment utilisé par les diplomates us mélangé au bourbon .
https://www.algerie360.com/loms-recommande-aux-arabes-deviter-de-boire-lurine-de-chameau/

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/diplomatie-scientifique-et-universitaire/veille-scientifique-et-technologique/israel/article/des-anticorps-de-chameau-pour-combattre-le-cancer-de-la-prostate

Dans les pérégrinations ésotériques et hallucinogènes des zébreux dans le désert ,rapportées par le premier vecteur de propagande de l’ histoire de l’humanité ,la bible ,censurée et retricotée tous les 10 ans pendant 2000 ans , il fut dit pour le pipi .

j’ attendais des commentaires sur HENRI LABROUE passé de Philosophe des Lumières à écrivain anti/juif ( 20 ans de prison pour collaboration) et VOLTAIRE .

09/04/2025 14:11 par Anonyme

Quelle définition, Y. GUECHI, avez-vous de l’islamophobie ?
Autorisez-vous, cher Monsieur, le blasphème ou celui-ci serait-il "islamophobe" ?

Votre compréhension de ce non-concept est-elle la même que celle de ceux qui ont popularisé le terme (les mollahs d’Iran)chez une certaine gauche ?

09/04/2025 14:27 par Anonyme

Le terme d’islamo-gauchisme est insatisfaisant en effet.
Il y a une défense pavlovienne de l’islam et de ses militants prosélytes dans certains groupes qu’on trouvera certes plutôt à gauche qu’à droite, ou dans des milieux se réclamant de la pensée libertaire, ou également dans d’autres très distincts, au NPA ou ce qu’il en reste,ou chez l’extrême-gauche lambertiste qui a submergé la Libre Pensée.

Ils se feront sans état d’âme les chiens de garde de ceux tentés par le "blasphème", crime susceptible d’être commis par tout esprit autonome.

De là, à en faire un marigot homogène...non !

11/04/2025 21:33 par act

Le terme d’islamo-gauchisme est insatisfaisant en effet.
Il y a une défense pavlovienne de l’islam et de ses militants prosélytes dans certains groupes qu’on trouvera certes plutôt à gauche qu’à droite

Qui a soutenu et soutient encore les militants armés, prosélytes, extrémistes, tel qu’Al Quaida, toutes ses succursales et déclinaisons, qui frappent ici comme là-bas ? La gauche ? Vraiment !?

En ’33 vos prédécesseurs reprochaient à la gauche sa : "défense pavlovienne de la communauté juive".
Condamner l’intégrisme n’empêche pas de constater l’islamophobie qui règne ici.
C’est votre pseudo-réflexion qui est insatisfaisante, encore un effort.

12/04/2025 10:29 par Assimbonanga

Monsieur ou madame Anonyme, chantre de la vertu et de la dénonciation, pourriez-vous, SVP, vous attribuer un pseudo distinctif ? Cela faciliterait la compréhension car on a déjà des anonymes involontaires à cause des pièges de l’informatique et c’est suffisant pour embrouiller la conversation.

14/04/2025 17:43 par Aquarius15

Le fascisme de façon simplifiée c’est deux piliers : l’anticommunisme + le racisme.

Le fascisme, c’est initialement une idéologie totalitariste d’extrème-droite.
Le principal problème est surtout le totalitarisme, car même de gauche ce n’est pas sans poser d’importantes contraintes et causer de nombreux traumatismes (cf ex-URSS).

Le racisme est vraisemblablement moins prévalent parmi l’extrème droite que ne le sont l’anticommunisme ou le nationalisme.
Remarquons que l’anti-communisme est aussi largement majoritaire chez la droite conservatrice, mais aussi celle dite ’progressiste’, avec en plus une forme de totalitairsme chez des Macron ou Van Der Leyen.
Ne parlons pas du totalitarisme covid ou climatique...
Notons aussi que la censure est une composante du totalitarisme dont la gauche est de plus en plus friande.

(calqué sur judéo-bolchevique) est probablement d’abord une bonne vanne lancée entre potes fascistes

Bien vu. C’est essentiellement péjoratif, mais une bonne vanne est contextuelle et/ou une exagération de la réalité.

Aussi, sous certains angles il peut y avoir convergence parfois improbable entre les revendications sociétales de gauche et les revendications religieuses de certains musulmans.
Par exemple, la multiplication des évènements résevés aux femmes sous l’impulsion des néo-féministes. Bien sûr, la différence c’est qu’il n’y a pas de double standard chez les musulmans qui tolèrent aussi les réunions réservées aux hommes.
Autre illustration de la tolérance à l’intolérance anti-républicaine, 48% des salariés de 18-24ans jugeraient acceptable de refuser de s’asseoir là où une personne de l’autre sexe s’est assise (Lefigaro - sondage du CRIF).

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En exultant de l’inégibilité de MLP, la gauche anti-fa fanatisée a débranché le cerveau et ne comprend même pas (contrairement à JLM) qu’une justice politique/aux ordres, c’est du totalitarisme. C’est pourtant déjà ce qui a permis à Macron d’être élu en écartant Fillon et qui dit que ça ne pourrait pas arriver demain à un candidat de gauche qui incarnerait une alternance crédible (pas Glucksmann, hein) ???

Le Pen si elle était élue, ferait environ du Meloni, soit du demi-souverainisme pas franc, et ne pourrait même pas égaler Macron-OSS 117 en muffleries dans les pays africains ("il est parti réparer la clim"). Tandis que Bardela à les dents tellement longues qu’il serait capable de faire du Macron : des actions sciemment contraires à l’intérêt du pays, soit haute trahison.

Mais aujourd’hui, Macron, l’UE et l’OTAN représentent un danger bien plus important de totalitarisme, et donc de fascisme, par exemple par la guerre ou la fédéralisation de l’UE : un néo-fascisme totalitaire, anti-communiste, progressiste et européiste/mondialiste ?

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