Or, voilà que les choses changent. Et la Russie, de plus en plus souvent, utilise sa force militaire hors de ses frontières. Elle a fait cela en Moldavie (dans le cas de la Transnistrie), à Tadjikistan, en Géorgie (dans le cas d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud), en Ukraine (dans le cas de Crimée), à savoir sur des territoires de l’ex-URSS considérés comme une « zone d’intérêts privée » de la Russie. Par l’intervention militaire en Syrie, Moscou a fait un « saut » important, en piétinant sur le « monopole » américain d’hier de l’intervention militaire dans des régions plus lointaines. Une intervention qui modifie les termes de l’ « équation syrienne » et, entre autres, cause des confusions au sein du Mouvement Communiste International ».
Certes, l’intervention militaire russe a été suivie de l’attentat meurtrier à Paris. Celle-là, ayant une « hécatombe » de personnes mortes, a posé à son tour de nouveaux termes dans « l’algorithme » géopolitique syrien. Et cela parce que l’assassinat massif des citoyens a été utilisé par la bourgeoisie française, et par celle des pays de l’OTAN et de l’UE en général, comme une « libation » avec le sang du peuple français, avant leur plus grande implication militaire.
Mais examinons premièrement quelques développements politiques et militaires utiles à la compréhension du sujet en question.
L’implication étrangère militaire croissante
Le 30 Septembre les raids aériens russes ont commencé en Syrie contre ledit « État Islamique ».
Le même jour, la Chambre Haute du parlement russe a approuvé la demande du Président Russe Vladimir Poutine pour le développement des forces militaires à l’étranger, et plus particulièrement pour le soutien de Bassar Asad en Syrie.
Le discours du Président Russe à l’ONU, où il a défendu les positions de la Russie concernant la Syrie et l’Ukraine, a précédé cette approbation. Quant à la Russie, il a souligné qu’une solution politique sans Asad ne pouvait pas exister, ainsi que la nécessité de soutenir Asad, qui, avec les Kurdes s’opposaient à l’État-Islamique.
Lors de sa rencontre avec le Président des États-Unis Barack Obama, malgré le fait qu’une partie des médias a essayé de la présenter comme témoignant l’accord entre la Russie et les États-Unis pour la lutte contre l’État Islamique, leurs contradictions autour de l’avenir du régime d’Asad, qui est bien sûr lié au sujet de quelle puissance impérialiste prendra le dessus de Syrie, n’ont pas été surmontées.
Ce développement marque clairement la nouvelle exacerbation des contradictions intra-impérialistes, dans la région du Moyen-Orient et de la Méditerranée Orientale. Rappelons que l’intervention militaire russe en Syrie arrive après celle des États-Unis, de l’UE, de la Turquie, des monarchies du Golfe et d’autres puissances dans la région, qui se déroulent depuis avant 2011. Par exemple, l’occupation des États-Unis en Irak, l’attaque de l’OTAN en Libye, la pénétration en Syrie des forces armées par les États-Unis et ses alliées.
Il faut remarquer que le KKE dès le premier moment, en 2011, a condamné l’intervention, qui a des conséquences très graves pour le peuple syrien et pour l’ensemble de la région. Quand les partis bourgeois et opportunistes « célébraient » le prétendu « Printemps Arabe », notre parti a dévoilé l’opération organisée du financement et d’équipement par les forces de la dénommée opposition syrienne, qui ont conduit – entre autres – à la création et extension du monstre de l’État Islamique, ainsi qu’à la création d’une vague énorme des réfugiés, aussi bien à l’intérieur du pays (environ 10 millions de personnes) que vers l’extérieur (notamment en Turquie, au Liban et en Jordanie où se trouvent à peu près 2 millions de déracinés parmi lesquels ceux qui ont la possibilité essayent d’arriver aux pays européens.
Affrontement des intérêts économiques et géopolitiques en Syrie
Les relations financières et militaires étroites entre la Russie et le régime bourgeois d’Assad sont bien connues. Ce régime constitue ces vingt dernières années un allié stable de Russie capitaliste dans la région du Moyen-Orient et de la Méditerranée Orientale. C’est-à-dire dans une région où un grand « jeu » géopolitique a lieu, ayant comme joueurs puissants les États-Unis, l’UE, Israël, la Turquie, l’Égypte, les monarchies du Golfe, dont les bourgeoisies promeuvent leurs intérêts. Examinons quelques faits plus précisément.
Le sujet des matières premières
Asad, lors d’une interview en Juin 2013 a soutenu que : « Les pays du Sud, contrairement à leur position politique publique, s’efforcent de nous présenter sous la table des contrats « alléchants » pour la réédification du pays et l’extraction des gisements d’hydrocarbures riches, découverts aux côtes syriens. La Banque Mondiale, qui ne peut pas bouger sans l’autorisation des États-Unis, nous a proposé un prêt de 21 milliards de dollars avec de grandes « facilités », que nous avons fermement rejeté. On a déjà donné le droit d’extraction d’hydrocarbures de la ZEE syrienne à une entreprise russe. On fait confiance à Russes, qui défendent leur sécurité stratégique et leurs intérêts nationaux qui seraient mis en risque dans le cas du contrôle de Syrie par l’Ouest et par des puissances qui le servent dans la région (3) ».
En ce qui concerne la quantité des hydrocarbures, il y a des évaluations diverses (2), alors que des experts syriens affirment que la taille des gisements de gaz naturel du pays change la donne dans la « charte internationale de l’énergie » actuelle, vu que les gisements de gaz naturel en Syrie ont une taille dix fois supérieure à celle des gisements d’Israël.
Les contrats conclus par les entreprises russes concernant l’extraction, s’élevaient à 1,6 milliards de dollars. En outre, celles-ci opéraient dans les constructions des raffineries.
Le sujet de la construction des gazoducs
Le journal russe Kommersant a écrit : « Le dénouement de la guerre en Syrie pourrait influencer sérieusement le marché européen du gaz naturel. Les parties engagées au conflit sont soutenues par des puissances concurrentes, qui veulent construire de nouveaux gazoducs vers l’UE, qui passeront par le territoire syrien : Par l’Iran et par le Qatar. À cet égard, les conséquences sur Gazprom et sur les revenues du budget russe seront définies en grande partie dans les batailles pour Alep et pour Damas » (4).
Sur les projets divers précis :
Le 27 Juillet 2011 un accord parmi l’Iran, l’Irak et la Syrie a été signé, sous le nom « Gazoduc d’amitié », destiné à canaliser le gaz naturel iranien de l’Iran vers Bagdad, Damas, Beyrouth et l’Europe Occidentale. (5)
Le Qatar, concurrent principal de l’Iran en matière de gaz naturel, a considéré que sa poursuite de construire un gazoduc en accord avec la Turquie a été mise à côté. Ce gazoduc promouvrait en Europe le gaz naturel du Qatar, à travers l’Arabie Saoudite, la Jordanie, la Syrie et la Turquie. Bien sûr, une condition préalable à cette construction serait la participation de la Syrie, qui cependant mettait hors-jeu le Qatar en cause de l’accord qu’elle avait signé avec l’Irak et l’Iran. Le projet du Qatar avait aussi la « bénédiction » des États-Unis.
Il va de soi que la Russie ne voulait en aucun cas voir le projet entre le Qatar et les États-Unis être réalisé, vu que celui-là concurrait ses parts de marché en Europe, alors que le projet iranien est plutôt supplémentaire ou douteux en ce qui concerne sa réalisation en cause de l’instabilité dans la région. De plus, la Russie a été impliquée pratiquement dans la réalisation de ce projet, vu qu’elle a pris parti à la construction du gazoduc iranien et à la modernisation de ports auxquels il aboutirait et à la construction des raffineries là-bas.(6)
Profits par la vente d’armes
La Russie gagne par la vente d’armes en Syrie qui, même avant les événements, était un des principaux pays fournisseurs des armes russes. Selon les données de SIPRI, si en 2010 (avant les événements) les exportations d’armes russes en Syrie étaient égales à 238 milliards de dollars, en 2013 elles ont atteints 351 milliards de dollars (7), tandis que la totalité des contrats qui reste à être achevés selon « Zenmin Zibao », s’élèvent à 4 milliards de dollars (8).
Il va sans dire que le renversement incontrôlé du régime d’Asad mettrait en danger tous ces profits. Comme il est noté : « Si la Russie abandonne la Syrie, il est possible que cette dette ne sera pas reconnu par un autre pouvoir de transition, la continuation de vente d’armes dans le pays sera mise en danger, et alors l’influence de la Russie sur un état dont la localisation est essentielle au Moyen-Orient sera affaiblie » (9).
Profits par la sauvegarde des parts de marché syriennes
Les entreprise russes ont effectué (et continuent à le faire même si en plus petite partie qu’avant la guerre) des exportations des produits (carburants, machines, aliments, bois etc.), alors que les entreprises russes opéraient dans le domaine du tourisme et des télécommunications.
Les monopoles russes, évidemment touchés par les hostilités (la valeur d’exportations non militaires a baissé en 2014 à 582 millions de dollars (10)), subiraient un dégât global si un renversement incontrôlé d’Asad aboutissant à une perte grave des profits avait lieu.
Champ géopolitique et militaire
Il est bien connu qu’à Tartous en Syrie la Russie dispose d’ « une station navale de réapprovisionnement », qui pourrait s’évoluer en une base polémique complète, de lamanage permanent de ses armes de guerre en Méditerranée. Il s’agit de la seule base navale russe sur de territoire non russe.
Cela est souligné par le journal chinois Zenmin Zibao qui ajoute : « La Russie ne désire pas que d’autres pays collaborant avec elle, soient attaquées, l’un après l’autre, par les États-Unis. Sinon, le rôle de premier plan de la Russie sera sérieusement affecté » (11).
Prétextes utilisés dans le conflit
Les États-Unis et leurs alliés, en lançant l’intervention impérialiste en Syrie il y a 5 ans, ont utilisé les prétextes de la « démocratie », du renversement du « dictateur Asad », du soutien du soi-disant « Printemps Arabe »∙ Leur hypocrisie était tout à fait évidente, si on considère qui étaient ceux qu’invoquent la « liberté » et la « démocratie » : les monarchies antipopulaires du Golfe, la Turquie qui occupe la moitié de Chypre, l’UE, les États-Unis qui jouent les premiers rôles dans le massacre des peuples et dans le renversement des régimes qui ne leur conviennent pas, afin que leurs monopoles obtiennent de meilleures positions.
Aujourd’hui les mêmes puissances, toujours sous les mêmes prétextes de la « démocratie », ont récupéré le prétexte de la « guerre contre le terrorisme » et de l’« autodéfense » contre les attaques de la part de djihadistes, qui sont des ennemis qui commencent par les territoires de Syrie, que ledit « État Islamique » contrôle.
Pour sa part, le pouvoir russe mentionne très rarement les intérêts financiers, géopolitiques que nous avons mis en évidence, comme les causes de son attaque. Pourtant même des hommes politiques et journalistes russes parlent d’eux. Dans la phase actuelle de l’intervention russe le pouvoir russe met en avant les prétextes suivants :
La Russie a été invitée par un gouvernement à fournir son aide contre le « terrorisme » et de plus elle souligne que ses actions ne s’opposent pas au Droit International, étant donné qu’elle a été invitée par le gouvernement légal.
Elle met en avant que quelques milles d’hommes de l’État Islamique proviennent des régions de Russie et d’Ex-URSS et dans le cas de sa prédominance en Syrie, elles reviendront en Russie pour y mener aussi d’ « opérations terroristes » similaires, frappant la souveraineté du pays et la prospérité du peuple russe.
À plus petite échelle les sujets utilisés au cas par cas sont les suivants : pour que le flux migratoire et la catastrophe humanitaire arrête, ainsi que la catastrophe des antiquités, les violations d’État-Islamique.
Après la tragédie de l’avion russe au-dessus de Sinaï, le pouvoir russe a recouru au prétexte de l’« autodéfense » duquel nous allons parler plus en détail ci-dessous.
[Une partie de l’article comprenant des données sur le rapport de forces qui s’affrontent en Syrie est omis]
En quoi consiste l’implication militaire russe ?
Dans ces conditions militaires compliquées, le pouvoir russe a décidé le renforcement des forces d’Asad fondamentalement avec deux manières :
a) En fournissant de l’équipement militaire moderne, des armes de plus grande précision (nouveau véhicules blindés de déplacement du personnel, de systèmes de télécommunications modernes, des avions sans équipage d’espionnage, des armes à feu etc.)
b) Par le bombardement aérien des forces des « terroristes ». Dans une démonstration de force, la Russie a bombardé des positions de l’ennemi en utilisant des missiles qui a lancé par des navires de guerre de sa flotte en Mer Caspienne et en Méditerranée, alors que l’aviation syrienne a des avions plus vétustes, avec moins de capacités de porter des coups de précision à l’adversaire.
[Une partie de l’article, comprenant des données sur la force aérienne et navale de guerre de la Russie s’impliquant au conflit en Syrie est omis]
Des visées immédiates à long terme
Importance militaire de l’implication russe
Il est estimé que les pertes des forces armées syriennes et la difficulté de leur remplacement peuvent être compensées par ces actions, et que ces forces peuvent réacquérir de la supériorité et de la dynamique pour affronter leurs ennemis.
De même, selon le journal The Financial Times (12), les États-Unis, en collaboration avec la Turquie et la Jordanie, mettraient en œuvre un plan de « zone d’exclusion aérienne » en Syrie, à savoir selon le modèle utilisé en Libye. L’implication russe a bloqué ces plans.
Des visées politiques
La bourgeoisie de la Russie cherche à sauvegarder ses intérêts financiers et géopolitiques dans la région de la Méditerranée Orientale. Après avoir tiré des enseignements par les développements en Yougoslavie et en Libye, où elle n’avait pas de forces militaires et elle est restée loin du champ de la lutte de pouvoir, elle essai d’éviter une situation similaire. Sa poursuite est l’appui par tous les moyens du régime de la Syrie, afin que ses propres monopoles, et pas les monopoles euro-atlantiques, jouent un rôle de premier plan, en collaboration avec la partie de la bourgeoisie que le régime d’Asad représente (avec ou sans lui), dans l’exploitation des ressources et du peuple.
Il s’agît d’un développement qui la « libère » de l’impasse en Ukraine, lui donnant la possibilité de mieux gérer les contradictions parmi l’Allemagne, la France et les États-Unis. De plus, il lui offre la possibilité de plus se rapprocher des régimes de l’Iran et de l’Irak, de l’Égypte.
De plus, la défense efficace ou pas de ses intérêts en Syrie sert pour juger si la Russie a la détermination et la force de sauvegarder ses intérêts dans d’autres régions, comme par exemple en Asie Centrale ou dans des régions avec lesquelles poursuite une plus grand pénétration de ses capitaux, comme l’Égypte et l’Iran. À savoir, pour le pouvoir russe le « défi » de la maintenance de ses positions en Syrie constitue une sorte de « garantie » dans son effort de renforcer sa pénétration dans d’autres pays de la région.
La position militaire et politique d’autres forces
Il est important de noter la position d’autres forces puissantes, à un moment où, entre autres, des sanctions financières ont été imposées par l’UE, les États-Unis et leurs alliés contre la Russie, à la suite de l’intégration de Crimée et pour son implication militaire en Ukraine Orientale.
Les États-Unis ont réagi négativement à l’implication militaire russe en Syrie. De leur part, ils ont continué les raids aériens en Irak et en Syrie, alors qu’ils ont envoyé des « consultants » aux Kurdes, et probablement aux autres forces armées opérant en Syrie. Toutes les actions montrent l’intérêt des États-Unis pour la région Nord-ouest de la Syrie. Pour promouvoir leurs projets, les États-Unis utilisent les base militaires existantes de leurs alliés, entre autres, les base à Souda et à Kalamata, alors qu’ils envoient le porte-avions « Harry S. Truman (CVN75) » en Méditerranée.
Politiquement, les États-Unis semblent fixer comme condition l’éloignement direct inconditionnel du Président Syrien, mais ses visées réelles sont le renforcement de leur position dans la région et l’affaiblissement des positions de leurs concurrents.
Récemment la Chine a été alliée avec la Russie à l’ONU, en ce qui concerne les armes chimiques de la Syrie et la poursuite des États-Unis de l’approbation de l’ONU pour bombarder. Elle a posé de veto avec la Russie. Maintenant, selon des sources grecques, on écrit que des navires et avions de guerre chinois arrivent en Syrie pour défendre Asad. Sans pouvoir le nier, cela n’est pas confirmé par la Chine jusqu’à présent. De fait, le journal Zenmin Zibao publie une estimation de l’attaché militaire chinois Jan Jansen, affirmant que tout ce qui est publié concernant le porte-avions chinois, qui arrivent pour participer au conflit de la Syrie, est seulement des rumeurs, et que la Chine ne soutiendra militairement aucune force en Syrie. (13)
Le ministre des affaires étrangères Wang Yi, lors de la conférence du 70ème anniversaire de l’ONU, a dit que le monde ne peut pas observer passivement les développements tragiques, mais en même temps personne ne peut intervenir de sa propre volonté aux affaires d’autres pays. Lors d’une rencontre avec le ministère des affaires étrangères de Syrie, il a soutenu que la souveraineté de la Syrie doit être respectée.
Pourtant lors de ses discours il n’a pas mentionné ni Asad, ni les initiatives russes, et il a ajouté que « La Chine n’a aucun intérêt en Moyen-Orient, et alors elle cherche à jouer un rôle constructif. » (14)
Le ministre des affaires étrangères chinois a annoncé que la Chine est pour la solution politique. (15)
Au début du mois de Décembre, la représentante du ministre des affaires étrangères de la Chine, Hua Chunying, a déclaré que la Chine « soutien les coups de la Russie contre les organisations terroristes de la Syrie, en observant que la Russie mène la lutte contre ces organisations sur le territoire syrien après l’invitation du gouvernement de cet état. » (16)
La position de l’Allemagne présente un intérêt spécial, c’est-à-dire sa différentiation des États-Unis. Initialement l’Allemagne a singé la communication de 7 (États-Unis, Angleterre, France, Allemagne, Qatar, Arabie Saoudite et Turquie) (17), appelant la Russie à stopper immédiatement ses attaques contre l’opposition syrienne et les citoyens, et concentrer ses efforts sur la lutte contre l’État Islamique.
A. Merkel a déclaré le 4 Octobre dernier :
« Nous nécessiterons des efforts militaires, mais elles n’apporteront pas la solution. Nous avons besoin d’une procédure politique, mais elle ne va pas bien jusqu’à maintenant ». Elle a aussi ajouté que l’engagement du régime de Bassar al Asad au dialogue sera nécessaire : « Pour avoir une solution politique nous avons besoin aussi bien les représentants de l’opposition syrienne que ceux qui gouvernent Damas actuellement et d’autres aussi, pour avoir de vraies réussites. Et surtout, les alliés des équipes respectives. La Russie, les États-Unis, L’Arabie Saoudite et l’Iran pourraient jouer un rôle important, comme d’ailleurs l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne ». (18)
C’est-à-dire, sa position est différenciée de celle des États-Unis sur les sujets suivants :
1) Elle accepte qu’Asad participe au dialogue pour une solution politique.
2) Elle accepte qu’Iran doive y participer aussi.
Cette position bien sûr diffère de la position pas seulement des États-Unis mais aussi de la France. Il est significatif que la France, suivant l’exemple des États-Unis, le 24 Septembre (deux jours avant l’intervention russe) a bombardé la Syrie, alors que le premier ministre Français Manuel Valls, parlant de l’intervention de la Russie, a réintroduit le sujet des armes chimiques (!) en déclarant : « La Russie ne doit pas faire une erreur sur les cibles en Syrie et frapper d’autres organisations hors de l’État Islamique », en précisant : « Nous devons frapper les cibles corrects et dans le cas d’espèce, L’État-Islamique ». « La seconde condition est que personne ne peut attaquer les civiles. Et surtout, vous savez que son régime (du président syrien) Bassar (Al Asad) continue à utiliser des armes chimiques contre les civils et cela ne peut pas être toléré », a poursuivi Valls. (19)
Néanmoins, après les attentats meurtriers à Paris le 13 Novembre 2015, la position Française semble différenciée. Le Président Français François Hollande, lors de son discours au parlement et au Sénat le 16 Novembre a déclaré : « Le Président Syrien ne peut pas constituer une solution, mais notre ennemi en Syrie c’est l’État Islamique ». On interprète cela comme un changement de politique pour la Syrie, un rapprochement de la position allemande, vu qu’il n’y a pas d’obsession pour l’éloignement d’Asad (immédiatement). De plus, Hollande a mentionné qu’il va s’adresser à Poutine et à Obama aussi, pour qu’ils prennent des initiatives communes, position qui a satisfait Marine Le Pen demandant depuis longtemps « changement de position envers la Russie ».
Le porte-avions français « Charles De Gaulle » est entré dans la Méditerranée Orientale et a commencé les opérations contre l’ État-Islamique, cherchant à coordonner les opérations militaires avec les États-Unis (faisant partie de leur alliance) et avec la Russie aussi.
La décision de la France d’invoquer l’article 42, par. 7, du traité de l’UE (20), et pas l’article 5 du traité respectif de l’OTAN, montre que la bourgeoisie française veut l’alliance avec les États-Unis, mais qu’elle n’accepte pas inconditionnellement l’hégémonie des États-Unis. En même temps, le fait que le gouvernement français n’a pas invoqué l’article 222 du traité de Lisbonne (se référant plus précisément dans le cas d’attaque terroriste), montre les distances qu’elle désire prendre de l’Allemagne.
La Grande-Bretagne a fait aussi des déclarations très offensives contre l’intervention Russe. Le Premier Ministre Cameron a déclaré : « Ils soutiennent le massacreur Assad, commettant une erreur énorme en dépit d’eux-mêmes et du monde. Il rendra la région encore plus instable » (21). De plus, son ministre des affaires étrangères, Philip Hammond, a accusé la Russie pour la réalisation de « guerre asymétrique classique » en Syrie. (22) Le 3 Décembre la Grande-Bretagne a commencé des bombardements aériens aussi, utilisant ses bases militaires sur le « porte-avions insubmersible », c’est-à-dire Chypre.
De sa part Israël, qui a admis qu’il « opère » sur le territoire syrien pour des raisons d’« autodéfense », cherche à garder l’équilibre, mais en exprimant son mécontentement pour l’implication militaire directe russe. Le Premier Ministre Netanyahou a déclaré qu’il ne veut pas retourner à la contradiction entre Israël et la Russie (23) et d’autre part il a dit que « Nous venons de se rendre compte que nous bordons la Russie » (24). Pourtant, il faut à ce moment souligner que la Russie rassure Israël que par l’intervention militaire russe les intérêts israéliens ne se mettront pas en danger, bien au contraire !
Certes, toutes ces forces ont l’intention – et quelques-unes l’on déjà réalisé – de créer « des mécanismes » pour éviter l’implication militaire accidentelle de leurs forces avec celles de la Russie.
La Turquie, en utilisant ledit « dogme néo-ottoman » et la religion musulmane comme un élément unificateur au Moyen-Orient, aux Balkans et au Caucase, elle met en avant les ambitions de sa bourgeoisie, pour améliorer son rôle dans le système impérialiste mondial, premièrement au sein de G20 et après dans un cercle plus intime. Son rôle dans la crise syrienne est décisif ! La bourgeoisie de la Turquie a soutenu les Djihadistes étant donné les accusations bien fondées de commerce illégal du pétrole avec des territoires que l’ « État Islamique » contrôle. La bourgeoisie turque dès le commencement soutenait des projets de partition de la Syrie et de l’Irak, demandait pas seulement des coups aériens en Syrie mais aussi l’application des mêmes mesures comme en Libye, c’est-à-dire la dite « Zone d’exclusion aérienne » qui en réalité créerait des conditions pour l’invasion terrestre et occupation de la Syrie ou d’une partie d’elle. Selon des informations, il y a déjà des forces terrestres puissantes que la Turquie a développées aux frontières avec la Syrie. L’abattement du bombardier russe était une action organisée de la part de la Turquie, ciblant à montrer à Moscou que le dernière ne peut pas écarter clairement les intérêts (et projets) de la bourgeoise turque. Ce développement a bien sûr provoqué, et continue à provoquer l’encore plus grande implication de l’OTAN dans la crise syrienne.
Cela serait une omission de ne pas référer la poursuite de l’Arabie Saoudite de la formation d’une nouvelle coalition, dénommée « Alliance Militaire Islamique » (25) , dans laquelle elle a l’ambition d’intégrer 34 pays du Moyen-Orient, de l’Asie et de l’Afrique, qui s’affronteront prétendument avec l’État-Islamique. Un tel projet, qui a clairement l’appui des États-Unis, indépendamment de son dénouement (s’il sera complètement réussi ou pas) va jouer un rôle particulier dans le cas où les opérations terrestres en Syrie et les projets de sa partition seront préférées.
Estimations sur la perspective des développements
Le cadre dans lequel ces contradictions sont formées, en ayant cette expression polémique, c’est la concurrence capitaliste pour la profitabilité, le partage de la richesse naturelle et produite. Alors, une confrontation gigantesque des forces se concentre sur le sujet syrien, cela ne signifiant pas que ces forces seront opposées. Il y a beaucoup de possibilités, qui sont influencées par des dizaines de facteurs, dont nous n’arrivons pas à mesurer l’importance ou la dynamique exacte. Un facteur important c’est l’intervention ouvrière-populaire, laquelle jusqu’à maintenant n’a pas l’orientation de la libération des poursuites bourgeoises locales et étrangères.
Sur la base du rapport de forces d’aujourd’hui, des développements vers les directions suivantes peuvent émerger, sans les présenter classifiées :
a) Continuation de l’usure longue d’Asad et de ses alliés, avec « la mise à feu » d’autres foyers, come choix principalement des États-Unis et de ses alliés, p.ex. de la Turquie, d’Israël, des monarchies du Golfe, dans le but du « saignement » long financier, et l’usure politique militaire de la Russie en Syrie. En donnant des armes (p.ex. des missiles « Stinger » à l’opposition, lesquels elle aurait déjà demandé et les États-Unis ont officiellement refusé) (26), mais ouvrant d’autres « fronts » en l’Ukraine Orientale aussi, en ouvrant de nouvelles plaies en Asie Centrale, au Caucase et ailleurs. Certes, une telle possibilité peut aboutir aux conséquences incontrôlées, en dépit des forces qui les planifient, p.ex. une guerre d’ampleur. Il y déjà des états-majors et des groupes politiques parlant d’une guerre d’ampleur entre l’OTAN et la Russie, lesquels poussent à l’augmentation des dépenses de l’OTAN (27).
b) Solution de compromis de la crise syrienne. Le compromis concerne en premier lieu les forces étrangères et par extension les forces locales en conflit. Et la forme d’expression du compromis peut avoir des possibilités différentes, dont la plus dominante est la partition de Syrie, vu que l’intervention militaire directe des forces impérialistes a des aspects géographiques. Par exemple la Russie semble plus intéressée à la zone littorale de la Syrie, les États-Unis à la partie nord et nord-est, où ils ont envoyé des « consultants » militaires aux équipes kurdes armées etc. C’est-à-dire, chaque force étrangère, en soutenant des forces locales de la bourgeoisie, veut séparer la Syrie en « zones », en protectorats.
En tous cas, les intérêts en conflit continueront la lutte, il s’agira d’une fausse paix impérialiste, d’une paix avec le pistolet sur la tempe.
Le scénario du retour du rapport de force intérieur et extérieur à la situation il y a dix ans paraît moins possible, c’est-à-dire qu’il est peu probable que la Russie arrive à maintenir en même temps ses positions et le régime Asad, et « supprimer » les « terroristes » lesquels, comme Poutine a souligné, a du mal à les distinguer entre « opposition modérée » et « opposition ».
D’autre part, un compromis et un « dégagement » du conflit faciliterait d’autres puissances impérialistes aussi à se concentrer sur d’autres foyers de tension, comme par exemple la Mer de Chine Méridional, où la confrontation s’intensifie depuis longtemps, premièrement entre la Chine et le Japon – les États-Unis mais entre la Chine et d’autres pays de la région aussi.
Les idées trompeuses justifiant la guerre impérialiste
L’implication ouverte de la Russie dans la crise syrienne ainsi que les attentats à Paris ont provoqué un “recyclage” des confusions idéologiques, neuves ou pas, que l’on doit analyser. Ainsi, tandis que, par exemple, on ne se pose pas de questions sur la nature de classe de la Russie capitaliste d’aujourd’hui, les visées du capital russe, et que l’on reconnaît même que la Russie moderne est autre chose que l’Union Soviétique, dans la pratique, des idées trompeuses sont mises en avant. De plus, on constate le retour dynamique des théories qui perçoivent les relations et les développements internationaux hors d’un cadre d’analyse de classe. Il s’agit des questions qui méritent une réponse, puisqu’elles mènent les travailleurs à choisir et à se ranger derrière une force impérialiste, dans une guerre qui se déroule pour des intérêts totalement étrangers à eux mais très concrets pour le capital.
Le “monde multipolaire”, en opposition avec l’“Empire des Etats-Unis”
Certaines forces, qui ne voient l’impérialisme que dans l’“empire” étasunien, saluent l’apparition de nouvelles puissances capitalistes émergentes dans les affaires mondiales et de nouvelles unions inter-étatiques (BRICS, Organisation de Coopération de Shanghai, Organisation du traité de sécurité collective, ALBA etc.) formées par des états capitalistes sur des bases économique-politique et militaire. Ces développements sont salués comme le début de l’émergence d’un monde “multipolaire”, qui “reformera” et qui donnera une “nouvelle souffle” à l’ONU et aux autres organismes internationaux, qui s’échapperont de l’“hégémonie” étasunienne. On va jusqu’à dire que la paix pourrait être garantie de cette manière. À travers ce “prisme”, on salue l’implication militaire russe en Syrie comme un “pas” vers cette direction.
On affirme que les nouvelles contradictions intra-impérialistes et le reclassement se profilant au sein du système mondial peuvent conduire à la “démocratisation” des relations internationales, puisqu’on voit émerger un monde à plusieurs “pôles” avec le renforcement de l’Allemagne, de la Russie, de la Chine, du Brésil et d’autres états, et le recul respectif des États-Unis.
On entend aussi des propositions dans ce sens comme celle de l’élargissement du Conseil de Sécurité de l’ONU avec d’autres pays.
Alors, la question qui se pose est la suivante : un rôle mondial plus important de l’UE ou encore le rôle élargi de la Russie et de la Chine, peuvent-ils mettre les développements internationaux sur d’autres rails, des rails “pro-paix”, comme SYRIZA ou le soi-disant “Parti de Gauche Européenne” affirment ?
D’après nous, pas du tout ! Et cela parce que ce n’est pas le rapport de force concret entre états capitalistes à un moment donné qui cause la guerre impérialiste, mais ce sont bien les lois scientifiques capitalistes : le développement capitaliste inégale, la concurrence, la tendance à acquérir plus de profit. Sur cette base, sont nées et reproduites, sont modifiées les contradictions intra-impérialistes, qui concernent, avant tout, les matières premières, l’énergie et les réseaux de transports, la bataille pour les parts de marché. C’est bien la concurrence monopoliste qui mène à des interventions militaires et des guerres localisées ou de grande ampleur. Cette concurrence se déroule par tous les moyens dont disposent les monopoles et les états capitalistes qui expriment leurs intérêts et elle se reflète dans les accords entre états qui sont constamment mis en cause en raison du développement inégale capitaliste. C’est ce que c’est l’impérialisme, une source des agressions guerriers de petite ou de plus grande ampleur.
C’est pourquoi tout ce baratin sur la “nouvelle gouvernance démocratique mondiale” mis en avant par les forces jadis socialistes devenus bourgeoises et les forces opportunistes contemporaines, ont pour but d’enjoliver idéologiquement les nouveaux rapports de force au sein de la barbarie capitaliste, impérialiste, pour tromper les travailleurs.
Au cours de l’Histoire, des guerres comme la Deuxième Guerre mondiale ont été lancées au nom de la réparation d’accords injustes ou de la prévention de nouvelles guerres. Il est urgent que les travailleurs s’émancipent de telles supercheries, des pièges de “démocratisation” du capitalisme et des relations internationales, qui les rangent derrière des intérêts étrangers.
Le “monde multipolaire” comme moyen de garantie de la paix et des intérêts des couches populaires est une supercherie. En réalité, cette approche considère l’adversaire comme un allié, elle contraint des forces populaires à choisir entre les impérialistes ou les unions impérialistes et paralyse le mouvement ouvrier.
“Si l’attitude russe englobe le danger d’un embrasement général, elle facilite la lutte anti-impérialiste”
Ce point de vue va souvent de paire avec la position que la Russie est une “force anti-impérialiste”. Ces dernières années en Russie, un courant politique est apparu qui, sous le nom de “poutinistes rouges”, donnait un soutien politique de “gauche” au Président actuel du pays, Vladimir Poutine. Il s’agit ici d’une forme modifiée de l’idée du “monde multipolaire”, autant trompeuse et paralysante pour le mouvement ouvrier, parce qu’elle met de côté le caractère social-de classe du pouvoir actuel en Russie. Qui a entre ses mains les moyens de production et le pouvoir en Russie ? La réponse, à savoir que c’est la classe bourgeoise qui est la classe dominante en Russie où règnent les monopoles, alors que la grande majorité du peuple fait face à toute la gamme d’impasses économiques et sociales du capitalisme, est ignorée par ceux qui tiennent lesdits points de vue. Ils se concentrent sur les disputes entre la Russie et les États-Unis et les autres forces impérialistes. Or, ces disputes concernent les intérêts des monopoles russes et pas ceux du peuple russe.
De plus, c’est important à ce point de clarifier ce qu’est l’“impérialisme”. Si on comprend cette notion en se basant sur les critères scientifiques que Lénine a donné dans son œuvre, selon lesquels l’impérialisme est le capitalisme dans son niveau suprême, monopoliste, alors il devient évident qu’une force capitaliste, telle que la Russie, où règnent les monopoles, ne peut pas être caractérisée comme une “force anti-impérialiste”.
Des forces, même communistes, qui abandonnent l’analyse léniniste de l’impérialisme et le traitent comme une “politique extérieure agressive” ou l’assimilent aux États-Unis et à la thèse sur l’“empire” des États-Unis, peuvent être conduites à de graves erreurs politiques. Typiquement, de telles forces considéraient la Turquie comme étant une “force anti-impérialiste” il y a quelques années quand Erdogan avait intensifié la confrontation avec Israël et soutenait l’Iran. Dans le même temps, la Turquie était membre de l’alliance militaire impérialiste de l’OTAN, elle occupait militairement un 40% du Chypre et menaçait la Grèce avec le “casus belli” (acte de guerre), dans le cas où cette dernière appliquerait le droit international de la Mer dans la Mer Égée.
Certes, l’aggravation des contradictions intra-impérialistes, la guerre impérialiste en soi ne mène pas à un changement du rapport de force en faveur des forces ouvrières, populaires, comme le démontrent les développements en Syrie, en Ukraine et à d’autres pays. La condition préalable est l’existence des Partis Communistes forts ayant une stratégie révolutionnaire élaborée et des racines dans le mouvement ouvrier, populaire, pour diriger des masses révoltées vers l’objectif du renversement de la barbarie capitaliste.
Des interprétations du droit international privées d’une analyse de classe
Dans le cas que nous examinons, plusieurs forces (même communistes) affirment que la Russie agit dans “le cadre du droit international”, ce que ne font pas, d’après eux, les États-Unis et les autres puissances. De ce point de vue, elles font la différence entre l’ingérence militaire russe en Syrie suivant l’invitation du gouvernement syrien et les interventions d’ autres états capitalistes, justifiant la première.
Toutefois, le “droit international” moderne prévoit trois cas où des opérations militaires sur le sol d’un état étranger sont permises : 1) suivant une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU, comme il a été le cas pour la Libye, 2) suivant une invitation de l’état en question, comme c’est le cas avec la Russie en Syrie et 3) pour des raisons de légitime défense.
Les États-Unis ont parlé dès le départ de légitime défense pour mener leurs raids aériens en Syrie. Mais le gouvernement turc aussi, par sa lettre au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, et au Conseil de Sécurité, fait référence à “l’article 51” de la Charte de l’ONU. L’envoyé permanent adjoint de la Turquie à l’ONU, Levente Eler, écrit dans une lettre :
“Il est évident que le régime en Syrie n’est pas en position ou n’a pas l’intention de stopper les menaces venant du sol de son pays et mettant clairement en danger la sécurité de la Turquie et de ses civils [...] La Syrie est devenue un refuge (pour l’État Islamique). Cette région est utilisée (par l’EI) pour l’entraînement, la planification, le financement et la réalisation d’attentats au-delà des frontières syriennes, sur le sol turque” (28).
Il convient de noter que l’Article 51 de la Charte de l’ONU, concernant le droit d’un pays à la légitime défense contre une attaque armée, n’a pas toujours eu sa forme actuelle. Initialement, l’article s’appliquait dans le cas d’une “invasion d’une armée étrangère” à un état-membre de l’ONU et lui donnait le droit, en attendant la résolution du Conseil de Sécurité, de pouvoir riposter à cette agression, en frappant pour des raisons de légitime défense même hors de ses frontières, à savoir en ciblant l’état-agresseur.
Or, après le 11 septembre 2001, les États-Unis se sont adressés au Conseil de Sécurité de l’ONU et ont demandé une “interprétation élargie” de cet article, pour qu’ils puissent l’utiliser pour l’invasion et l’occupation de l’Afghanistan contre les talibans. À l’époque, le Conseil de Sécurité (la Russie incluse) avait accepté la demande américaine et depuis, la légitime défense ne concerne plus la riposte à une agression (invasion militaire) d’un autre état, mais plutôt une agression armée en général, ce qui, manifestement, est interprété à volonté.
Le 18 novembre 2015 la Russie a, elle aussi, déclaré que désormais, elle agirait sur la base de l’article 51, considérant qu’elle exerce ainsi ses droits de “légitime défense”. Cette position a mis fin, de fait, à la discussion au sein du mouvement communiste international sur “si on devrait soutenir celui qui respecte le droit international contre les autres qui ne le respectent pas”.
Cependant, il faut noter que le droit international fait lui aussi partie du droit bourgeois. Tant que l’URSS et les autres pays socialistes existaient encore, il était déterminé par le rapport de force entre les forces capitalistes et socialistes, qui demeurait négatif ; des crimes impérialistes, on en avait aussi à ce temps-là. Depuis le renversement du socialisme, le droit international est déterminé exclusivement par le rapport de force entre états capitalistes, il devient davantage réactionnaire et il est utilisé par les forces impérialistes à volonté, dans le cadre de leurs antagonismes et au dépens des peuples.
Dès lors qu’un conflit impérialiste éclate, la discussion sur qui a agressé l’autre le premier ou qui respecte le droit international, devenu plus réactionnaire mais aussi plus flexible pour que toutes les forces impérialistes puissent y recourir, est trompeuse. L’essentiel, sur lequel nous devons insister nous, communistes, c’est la base sur laquelle cette guerre se déroule, à savoir les intérêts des monopoles. L’essentiel est d’examiner quelles sont les forces qui se confrontent, des forces ayant un contenu de classe concret.
La caractérisation des États-Unis comme puissance internationale “fasciste” et de la Russie comme puissance internationale “démocratique”
Cette idée aussi repose sur une analyse sans-classe du droit international, qui dit que, généralement, lorsque la classe bourgeoise de la Russie promeut ses intérêts, elle agit dans le cadre du droit international actuel, tandis que les États-Unis, le viole constamment et donc agissent de manière égoïste, fasciste. Il est ainsi affirmé que si les États-Unis gardent certaines normes démocratiques à l’intérieur, elles agissent de manière fasciste dans leur politique extérieure, résultant à un fascisme exporté. D’où viennent des appels pour la formation des fronts antifascistes.
Cette affirmation contourne, consciemment ou pas, le caractère de classe commun de la politique intérieure et extérieure d’un état et désoriente le mouvement ouvrier. La nature de classe du système en tant que critère essentiel est contourné. Les intérêts des monopoles sont satisfaits d’un côté, à l’intérieur des états capitalistes avec la politique antipopulaire et d’un autre côté, avec les interventions et les guerres impérialistes pour le contrôle des marchés. Sur cette question, Lénine soulignait : “Il n’est pas d’idée plus erronée et plus nuisible que celle qui consiste à séparer la politique extérieure de la politique intérieure. Et en temps de guerre ce mensonge monstrueux devient encore plus monstrueux”[i] (29). Dans plusieurs de ses œuvres, Lénine soulignait que “ (...) la classe ouvrière, si elle est consciente, ne puisse être pour aucun des deux groupes de rapaces impérialistes” (30).
L’erreur grave de séparer les états en états “fascistes” et “démocratiques” conduit le mouvement communiste, le mouvement ouvrier à choisir entre des impérialistes dans le cadre d’une guerre régionale ou générale.
Concernant les références à la lutte antifasciste dans la période de la Deuxième Guerre mondiale, il faudra rappeler qu’il existe aujourd’hui des preuves concluantes que la puissance économique et militaire considérable de l’Allemagne fasciste a été obtenue, entre autres, grâce au soutien direct des états bourgeois “démocratiques” : les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne se montraient tolérantes lors de ses premières agressions. Par ailleurs, après la fin de la guerre, des criminels de guerre allemands ont rejoint l’OTAN et des services secrets des états capitalistes “démocratiques”. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que des crimes contre l’humanité n’ont pas été commis uniquement par les nazis et les pays de l’Axe, mais aussi par les gouvernements des états capitalistes “démocratiques”. Un crime horrifiant de grande ampleur et de masse a été commis par les États-Unis quand, sans raison militaire, ils ont lancé la bombe atomique à Hiroshima et à Nagasaki (le 6 et 9 août 1945).
Le soutien à la force la moins puissante
Certains camarades d’autres partis communistes estiment que la Russie est, certes, un état capitaliste, mais plutôt une puissance régionale dans le système impérialiste international qui, comme d’autres états des BRICS (Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud), respecte les règles du droit international et ne fait pas partie de l’impérialisme mondial” qui est considéré comme le noyau du capital financier.
Or, ce point de vue fait détacher l’économie de la politique, puisque, de nos jours, le capital financier, à savoir la fusion du capital industriel et bancaire, règne dans tous les pays capitalistes. Tant aux plus riches qu’aux plus pauvres pays capitalistes sont dominants les grands groupes qui concentrent des sociétés par actions, ce qui est un trait essentiel du capitalisme monopoliste, à savoir de l’impérialisme.
La division des pays capitalistes en “métropoles”, appelés aussi les “milliards d’or” [de la population mondiale, NDLR], et en “périphéries”, limite la notion de l’impérialisme, la réduisant à des questions de dépendance et d’exploitation de la part des “métropoles” capitalistes. La théorie léniniste de l’impérialisme, qui s’est basée sur le développement du capitalisme monopoliste à l’époque de son élaboration, a posé correctement la question de l’existence d’une “poignée” de puissances impérialistes exploitant le reste de la planète. Le transfert schématique à notre époque d’une pareille différentiation entre des pays dans la pyramide capitaliste mondiale, en ignorant les niveaux actuels de développement du capitalisme monopoliste dans beaucoup plus de pays, n’est qu’une caricature du léninisme. Il conduit finalement à la collaboration avec la classe bourgeoise des pays capitalistes les moins développés, ou avec une fraction d’elle considérée comme étant “patriotique”, “non monopoliste”, “agissant sur la base des intérêts de la nation”. Il s’agit d’une position catastrophique pour le mouvement populaire, surtout quand on parle des questions liées à la guerre impérialiste.
Par ailleurs, il faut souligner que la Russie ne peut pas être considérée comme un pays de la “périphérie” simplement parce qu’elle exporte des matières premières. Les États-Unis non plus, même s’il est aujourd’hui le pays le plus endetté du monde. Il est aussi bien connu que l’Europe et la Chine ont une dépendance énergétique importante vis-à-vis de la Russie, qui, mises à part les inépuisables matières premières, dispose d’un arsenal nucléaire capable de riposter aux États-Unis, du savoir-faire, d’un force de travail hautement qualifié et exporte des capitaux. De ce point de vue, elle se trouve parmi cette “poignée” des états qui se démarque dans la “pyramide impérialiste”. Ce n’est pas un hasard si elle est la “locomotive” pour toutes les unions des pays capitalistes en Eurasie et pour le rôle qu’elle joue dans les développements mondiaux.
La puissance économique de la bourgeoisie de la Russie est, certes, clairement plus limitée que celle des États-Unis, mais ça ne veut pas dire qu’il faudrait la choisir comme alliée du mouvement ouvrier. Il est important de nous référer à la méthodologie suivie par Lénine, la façon avec laquelle il examinait cette question :
« le premier des pays dominants détient, disons, le 3/4 de l’Afrique et le deuxième, le 1/4. Le contenu objectif de leur guerre est la redistribution de l’Afrique. Dans quel camp nous nous situerons ? La manière dont le problème s’exprimait au passé, a changé et est désormais illogique : il ne s’agit pas ni d’un développement pluriannuelle d’un mouvement bourgeois de libération, ni du processus pluriannuel d’effondrement du féodalisme. Ce n’est pas la tâche de la démocratie contemporaine ni d’aider le premier pays à consolider son « droit » sur le 3/4 de l’Afrique, ni d’aider le deuxième (même si ce dernier se développe économiquement plus rapidement que le premier) à gagner ce 3/4.
La démocratie contemporaine sera fidèle à elle même dans la mesure où elle n’adhérera à aucune classe bourgeoise impérialiste ; dans la mesure où elle affirmera que « toutes les deux sont l’une pire que l’autre » et dans la mesure que dans chaque pays, elle souhaitera l’échec de la classe bourgeoise impérialiste. Toute autre solution, sera un acte national-libéral et n’aura rien de commun avec le vrai internationalisme . En effet, aujourd’hui il est indéniable que la démocratie contemporaine ne peut être à la traîne de la classe bourgeoise impérialiste et réactionnaire - peu importe la « couleur » de cette classe bourgeoise (...) ».
“L’attitude russe cache des arrieres-pensées et des objectifs de satisfaction des intérêts des monopoles, mais elle soutient un régime ’patriotique’, qui mene de son côté une ’guerre juste’, c’est pourquoi cette attitude est positive et peut être utilisée par le mouvement anti-impérialiste”.
Pour renforcer ce point de vue, on fait souvent référence aux relations de l’URSS avec la Syrie, contournant le problème du caractère de classe de la Syrie et le fait que les moyens de productions sont entre les mains de la bourgeoisie. Le régime baathiste, en gouvernement depuis 1963, a été établi après la Deuxième Guerre mondiale quand des développements positifs ont vu le jour grâce à l’influence de l’URSS, à sa contribution à la victoire antifasciste, à la création des régimes socialistes dans l’Europe de l’Est, à l’implosion du colonialisme. À ce moment, en Syrie mais aussi dans la ligne générale du mouvement communiste international, la question de l’indépendance nationale comme première condition préalable au dépassement du retard pris dans tous les aspects de la vie sociale, est devenue la question primordiale. L’URSS et les autres pays socialistes ont élaboré une politique de soutien et de coopération économique et d’autres formes avec ces nouveaux régimes, entre autres le régime syrien, dans le but de ne pas les voir s’intégrer dans le marché capitaliste international et dans les unions impérialistes, mais aussi pour consolider les forces au sein du front gouvernemental qui se positionnaient pour l’orientation socialiste.
La tentative de l’URSS de développer des relations économiques, voire des alliances, avec certains états capitalistes, contre de plus grandes puissances impérialistes, a été légitime et compréhensible, puisqu’elle visait à affaiblir le front commun des états capitalistes les plus puissants, elle en détachait des forces, même temporairement et elle profitait des contradictions au sein du camp impérialiste. Le problème était que ce choix conjoncturel (de l’État) de l’URSS, qui s’exprimait avec certains pays sur le plan économique, diplomatique ou autre, était considéré comme un principe, il a été théorisé et on parlait alors du soi-disant “voie de développement non capitaliste” dans ces pays, ce qui était en lien avec la position sur le “passage pacifique” au socialisme et qui a, enfin, conduit des forces communistes et le mouvement ouvrier à se montrer tolérants ou même à participer dans des gouvernements de gestion bourgeoise.
Par ailleurs, à ce jour, des forces communistes comprennent erronément la thèse léniniste que “le capitalisme monopoliste d’État est la préparation matérielle la plus complète du socialisme, l’antichambre du socialisme, l’étape de l’histoire qu’aucune autre étape intermédiaire ne sépare du socialisme” (32). C’est sur la base de l’objectif prétendu de maturation des conditions matérielles que le soutien actif et la participation des communistes à la gestion bourgeoise en Syrie sont justifiés. Mis à part le fait que le capitalisme monopoliste d’État est perçu simplement comme l’existence d’un puissant secteur d’État dans l’économie, et pas comme l’impérialisme, le stade suprême du capitalisme, comme Lénine l’a décrit, il faut souligner encore un point : jamais n’a Lénine appelé les communistes à contribuer par des postes gouvernementaux ou autres à la direction et au renforcement du capitalisme monopoliste d’État. Par conséquent, il s’agit d’une interprétation erronée des thèses léninistes pour justifier la participation des communistes aux gouvernements bourgeois, “de gauche”, “patriotiques” etc. Quelques lignes avant la citation ci-dessus, Lénine écrivait que “La guerre impérialiste marque la veille de la révolution socialiste” (33), or, cela ne veut pas dire que nous, communistes, devons saluer la guerre impérialiste et d’y participer aux côtés de la bourgeoisie de notre pays. La vie a montré que Lénine a été celui qui a brandi le drapeau de l’internationalisme prolétarien contre la participation à la Première Guerre mondiale impérialiste, un drapeau abandonné par la Deuxième Internationale.
Ainsi, la séparation erronée de la bourgeoisie en une partie « patriotique » et en une autre « servile aux étrangers », la participation à des gouvernements bourgeois, peuvent amener le PC et les travailleurs à se battre « sous un faux drapeau », un danger dont Lénine avait bien prévenu (34). D’autant plus qu’il a été prouvé dans les faits que la « troisième voie vers le socialisme » n’existe pas, comme d’ailleurs n’existent pas des étapes intermédiaires entre le capitalisme et le socialisme, ce qui est évident dans le cas syrien entre autres.
Après la conte-révolution et le renversement du socialisme dans l’Union Soviétique, l’état syrien a favorisé la centralisation du capital, il a développé davantage les relations avec des intérêts monopolistes et il a appliqué une politique de restructurations avec des mesures antipopulaires.
L’objectif de la bourgeoisie de tout pays capitaliste, en fonction de sa puissance économique, politique et militaire, est la recherche d’une meilleure position dans la concurrence pour le contrôle et l’exploitation des sources de richesse, du pétrole, du gaz, de l’eau, des gazoducs et oléoducs et des “artères” de transport, afin que les monopoles gagnent plus en conquérant des parts plus importants de marché, en intensifiant l’exploitation de la classe ouvrière et des autres couches populaires. La Syrie n’ échappe à cette “règle” générale. Elle avait fait d’Erdogan et de la Turquie un “allié stratégique” suivant le changement d’attitude envers le PKK (il ne faut pas oublier d’où l’”Odyssée” d’Oçalan a commencé pour arriver sur l’île-prison d’Imrali). La Syrie votait des lois, malgré les réactions des communistes, en faveur du soi-disant “libéralisation du marché”, avec des changements négatifs importants pour les travailleurs (par exemple, détérioration des relations de travail, libéralisation des licenciements entre autres, augmentation des prix dans des produits de consommation populaire etc.). Ainsi, avant 2011 et surtout en début de cette année-là, des manifestations ont eu lieu exprimant le désarroi populaire contre la politique des privatisations et d’austérité suivie par le gouvernement Assad. Un mouvement a été développé revendiquant des augmentations des salaires, un élargissement des droits démocratiques et des réformes à la Constitution. Dans une certaine mesure, plusieurs de ces revendications ont été satisfaits, mais un plan d’intervention extérieure était déjà en cours, dans le cadre du projet plus large sur le “Nouveau Moyen-Orient”. Ce projet a été promu pour apporter des changements visant à dissuader et à annuler des tendances se profilant contre les intérêts économiques des États-Unis et d’autres puissances impérialistes, telles que la France, du moment où des états de la région ont fait des choix différents, se tournant vers la Chine, la Russie et l’Inde, des pays ayant amélioré leur place dans la concurrence intra-impérialiste et constituant des menaces à la position de premier plan des États-Unis dans la “pyramide impérialiste”.
Par conséquent, pour faire bref sur cette question, on peut dire que le caractère d’un pouvoir ne se définit pas à partir des épithètes cosmétiques “servile aux étrangers” ou “patriotique” que quelqu’un ou lui-même utilise, mais à partir de la classe ayant le pouvoir, la classe à laquelle appartiennent les moyens de production. La Syrie n’en est pas une exception. Il s’agit d’un état capitaliste où le pouvoir se trouve entre les mains de la classe bourgeoise, l’attitude de laquelle, surtout après le renversement du socialisme dans l’URSS, a préparé entre autres le “terrain” pour les développements actuels, dans le sens que la Syrie participait dans le système impérialiste mondial, qu’elle a implémenté des réformes structurelles dans le but de mieux s’intégrer dans l’économie capitaliste internationale, d’ailleurs sans hésiter à s’attaquer à des conquêtes des couches ouvrières, populaires et qu’elle s’est, enfin, mêlée dans les contradictions monopolistes pour le partage des marchés capitalistes.
Bien sûr, il ne nous échappe pas de vue que, en développant lors de dernières décennies les relations économiques et politiques avec l’Union Soviétique, sans être coupé de la coopération avec des pays capitalistes, le régime syrien s’est opposé de temps en temps, à des plans impérialistes dans la région, qu’il a soutenu la cause juste du peuple palestinien, qu’il a confronté Israël, qui occupe d’ailleurs toujours des terres syriennes depuis la guerre de six jours en 1967. Nous comprenons parfaitement que, aujourd’hui, l’affaiblissement de ces forces politiques dont le Président Assad a dirigé, ou même son renversement, pourraient conduire à de nouvelles guerres et interventions impérialistes.
Nous sommes contre la guerre impérialiste, nous appelons à l’organisation de la lutte du peuple contre l’implication du pays dans cette guerre, contre l’utilisation du sol, de la mer et de l’air de notre pays comme une “rampe de lancement” pour l’agression contre des terrains étrangers et contre la participation des forces armées grecques. Pour cette raison, nous nous opposons aux choix et aux plans de la classe bourgeoise de notre pays, que le gouvernement sert quand il se déclare prêt de pousser la Grèce dans la guerre impérialiste sous le prétexte de vouloir “combattre le terrorisme”.
Nous exprimons notre solidarité au mouvement communiste en Syrie, qui, clairement, ne pourrait pas rester indifférent face à l’intervention impérialiste étrangère qui se déroule dans son pays actuellement ni face aux projets d’occupation et de scission du pays. En analysant l’expérience historique des mouvements ouvrier et communiste, grec et international, nous croyons, par ailleurs, que la lutte de chaque peuple peut avoir un résultat substantiel dans la mesure où elle sera liée à la lutte pour une patrie sans les capitalistes, hors de toute coalition impérialiste, une patrie où la classe ouvrière sera au pouvoir, le propriétaire des moyens de production et de la richesse qu’elle produit. C’est la seule voie pour mettre fin à ces causes socio-économiques et politiques qui sont responsables pour les formes les plus répugnantes de la gestion capitaliste, telles que le fascisme et les assassins de l’État Islamique.
"La guerre commune contre le terrorisme"
L’abattement d’un avion militaire russe par la Turquie a fait dissoudre temporairement l’euphorie des médias bourgeois et de plusieurs forces opportunistes sur la prétendue formation d’une “grande coalition” dans une “guerre commune contre le terrorisme” et les criminels de l’État Islamique. On ressasse ici des arguments comme celui concernant l’unanimité aux niveaux “national” ou “européen” qui serait nécessaire à ce moment, puisque l’Europe (et le monde) se trouvent attaqués par le “terrorisme”. Des forces politiques bourgeoises, de l’Aube Dorée fasciste à la “Gauche” au pouvoir de SYRIZA, ont soutenu l’implication militaire encore plus ouverte en Syrie. Ainsi, par exemple , le PC français s’est positionné, après les attentats de Paris, pour une “ "Il faut construire une coalition internationale sous mandat de l’ONU (...) parce qu’aujourd’hui les Etats-Unis, la Russie, la France et d’autres sont engagés dans des opérations militaires et manifestement elles n’obtiennent pas les résultats souhaitables"”. (35)
Des positions similaires ont été exprimées après les attentats de Paris par certaines forces politiques dirigeantes des états, comme la Russie et la France. De leur côté, ces forces visent à établir leur position dans les développements politiques qui s’en suivront en Syrie, après l’”affaiblissement” de l’État Islamique, dans le but de garder ou gagner des parts pour leurs monopoles.
Or, les travailleurs en Europe n’ont aucun intérêt à ces appels trompeurs, qui tentent de cacher les véritables visées, les véritables intérêts et projets de ces forces.
Encore une fois, il est prouvé que les forces opportunistes et social-démocrates sont le “chanteur de gauche” du système et des guerres impérialistes.
Comme cela a été démontré de façon magistrale par l’intervention impérialiste et l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak, la réaction obscurantiste islamiste et l’obscurantisme, le problème des migrants et des réfugiés n’est pas résolu par les guerres impérialistes, les interventions et l’occupation des terres, bien au contraire !
La ligne stratégique que le mouvement communiste devra tracer doit être indépendante de tout projet porté par n’importe quelle fraction de la bourgeoisie. Elle ne doit pas permettre de rendre les travailleurs “de la viande pour les canons” des guerres impérialistes. Elle doit viser les causes de la barbarie capitaliste et pas uniquement ses quelconques expressions extrêmes.
La lutte contre la guerre impérialiste peut avoir des résultats et des perspectives
En parlant d’une “politique extérieure multidimensionnelle”, le gouvernement SYRIZA-ANEL, dans sa tentative d’avoir le meilleur résultat possible pour le compte des intérêts de la bourgeoisie de notre pays, a fait clair qu’il agit avec les engagements du pays envers l’OTAN et l’UE comme boussole.
Il ne s’agit pas d’une politique laquelle le gouvernement est amené à servir à cause de son manque de volonté, mais d’une ligne politique consciente, qui s’impose par les intérêts stratégiques de la bourgeoisie du pays (ou de sa fraction dominante), estimant qu’elle pourrait, à travers ces unions, augmenter ses profits. Ainsi, le gouvernement SYRIZA-ANEL se montre disposée d’offrir des infrastructures militaires et des moyens pour l’intervention militaire de l’UE et de l’OTAN en Syrie, au nom de la “protection des populations chrétiennes” du Moyen Orient, de l’”éradication du terrorisme” et de l’”inversion des courants de migration”. La seule préoccupation qui serait exprimée à ce moment concerne l’implication de la Grèce avec des forces au sol, ce que ni les États-Unis ni l’OTAN ne mettent en avant dans leurs déclarations (mais non dans leurs projets). Cependant, l’accord du gouvernement avec l’activation de l’article 42, alinéa 7, prévoyant “une aide et un apport par tous les moyens dont on dispose”, le met à nu !
Dans ces conditions, plusieurs travailleurs se demandent : “Notre lutte pour le désengagement de la Grèce des projets impérialistes, peut-elle avoir des résultats, à partir du moment où le pays demeure dans le carcan de l’OTAN et de l’UE ?”
La lutte ouvrière, populaire, pour avoir une perspective, des résultats, doit être menée simultanément contre les forces capitalistes du pays et étrangères, tant contre les résolutions du gouvernement que contre celles de l’OTAN et de l’UE. Plus puissante que cette lutte sera, plus elle touchera des forces de la classe ouvrière et d’autres couches populaires, plus sont les chances de lever un “barrage” à l’envoi des forces militaires grecques à la guerre impérialiste au côté de l’OTAN-UE-États-Unis. Plus le mouvement contre la guerre impérialiste sera fort, plus d’entraves on pourra mettre à l’utilisation des infrastructures militaires du pays par les impérialistes de l’OTAN-UE-États-Unis. La lutte contre la guerre impérialiste peut devenir le « torchon » pour le désengagement du pays des unions impérialistes, pour le renversement du pouvoir capitaliste, puisque uniquement le pouvoir ouvrier peut garantir le véritable désengagement de celles-ci et de toute autre union du genre.
Nous, communistes, nous basant sur nos analyses, sur notre théorie du socialisme scientifique, nous connaissons très bien que la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens, des moyens violents ! Elle est née sur la base de l’opposition de différents intérêts économiques traversant le système capitaliste tout entier. C’est pourquoi, si la guerre est inéluctable dans le capitalisme (comme le sont la crise économique, le chômage, la pauvreté etc.), elle est, dans le même temps, un phénomène social qui reflète la crise du capitalisme, pouvant conduire à une crise politique générale, à une situation révolutionnaire, et développer les conditions de sortie de la guerre avec le renversement révolutionnaire du pouvoir capitaliste, avec la conquête du pouvoir ouvrier.
En conclusion, notre lutte pour la société socialiste communiste, où les moyens de production seront de la propriété sociale (et pas d’une poignée), où l’économie fonctionnera avec de façon planifiée, centralisée et contrôlée par les travailleurs eux-mêmes, ayant comme but la satisfaction des besoins populaires (et pas l’augmentation des profits des capitalistes), c’est inextricablement liée à la lutte contre la guerre impérialistes, contre la “paix” qui s’impose par les impérialistes avec le “pistolet sur la tempe” et qui ne fait que préparer les nouvelles guerres impérialistes.
Elissaios Vagenas, Membre du CC du KKE, Responsable du Département de Relations Internationales.
(Larges extraits de l’article publié dans la « Kommounistiki Epitheorisi », organe politique et théorique du CC du KKE, dans le premier numéro de 2016).
SOURCE DE L’ARTICLE : http://solidnet.org/greece-communist-party-of-greece/cp-of-greece-the-military-political-equation-in-syria-en-ru-ar#Fr