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L’hypothèse du "capitalisme cognitif" : pertinences et limites

Le capitalisme n’est plus ce qu’il était. Il évolue comme tout système économique et social. En ce début du XXe siècle, le capitalisme industriel qui a succédé au capitalisme mercantiliste (et esclavagiste) a subi de nombreuses transformations. Le travail matériel perd progressivement son rôle central. Le secteur tertiaire (les services) cherche à s’imposer. On avance vers une financiarisation de ¨l’économie monde¨, pour utiliser une expression de Immanuel Wallerstein. La marchandisation, caractéristique essentielle du mode de production capitaliste, atteint intégralement le monde de la connaissance et du savoir, notamment l’Université. Les classes laborieuses deviennent de plus en plus multiples et plurielles. Elles dépassent à présent l’horizon prolétarien.
Ces différents basculements au sein de la société mondiale contemporaine suscitent de nouvelles tentatives d’explication se voulant prendre en compte ces événements.

L’hypothèse du capitalisme cognitif¨ en est une parmi d’autres.

Dans ce cas, on peut citer le "capitalisme tardif"¨ de Frédéric Jameson, le "capitalisme émotionnel" d’Arlie Hochschild, le "capitalisme fossile" d’Alvater Elmar, le "capitalisme monopolitiste d’État" de Paul Boccara et le "servo-capitalisme" d’Anil Louis-Juste. Le Nouvel Esprit du capitalisme d’Eve Chiapello et Luc Boltanski s’inscrit dans cette même démarche, tout comme la théorie "des ondes longues" de Brenner Robert.

Toutes ces approches partent de l’idée selon laquelle il est apparu dans la deuxième moitié du XXe siècle un "troisième âge" du capitalisme.

Ainsi, le "capitalisme cognitif" est une manière singulière de saisir la dynamique évolutive du capitalisme. Cette hypothèse dérive de la théorie de l’Empire et de la Multitude de Tony Négri et Michael Hardt qui ont réussi à soumettre les mouvements sociaux concrets à des analyses philosophiques cohérentes. La caractérisation du "capitalisme cognitif" est à retrouver chez Yann Moulier Boutang dans Le capitalisme cognitif, la nouvelle grande transformation. L’objectif de cet article se résume à une tentative d’analyser les grandes thèses du "capitalisme cognitif" qui représente, selon Razmig Kuecheyan, l’une des pensées critiques les plus discutées depuis la chute du mur de Berlin.

Le contexte d’apparition de l’expression "capitalisme cognitif" est bien signalé par Yann Moulier Boutang lorsqu’il évoque les travaux collectifs réalisés en 2001 par l’équipe ISYS au sein du laboratoire Matisse de l’université de Paris 1. Selon lui, cette expression est le résultat d’un travail de recherche qui reste encore ouvert. C’est pourquoi, afin de combattre toute velléité de lui accorder une valeur de vérité, elle reste une hypothèse. Cette dimension hypothétique facilite aussi les discussions indispensables à toutes approches conceptuelles.

L’un des postulats de la catégorie de "capitalisme cognitif" est le suivant : on est toujours dans une société capitaliste. En d’autres termes, le capitalisme domine le système économique mondial et détermine la nature de la société. Cette vérité incontestable fait appel à la problématique de la définition du capitalisme. Contrairement à Fernand Braudel qui le définit comme un ensemble de pratiques présentes dans de multiples sociétés, à de multiples époques, Karl Marx insistait davantage sur la singularité du capitalisme. Selon l’auteur du "Capital", le capitalisme est un mode d’organisation économique né en Europe entre le XVIe siècle et le XIXe siècle, caractérisé par la propriété privée des moyens de production et par le profit. L’exploitation, la quête rationnelle du profit (Weber) et la concurrence sont les maitre-mots de ce système économique en pleine transformation.

L’hypothèse du "capitalisme cognitif" part de la vision marxiste du capitalisme pour montrer sa nature cognitive. Dans Le capitalisme cognitif, La nouvelle grande Transformation, Yann Moulier Boutang garde les bases de ce système tout en pointant ses multiples évolutions. L’idée de ¨rupture¨ avancée par cette théorie pour marquer l’avènement du "capitalisme cognitif" montre des transformations se sont opérées, comme le capitalisme industriel l’avait fait pour marquer l’abandon du capitalisme mercantiliste et esclavagiste.

La première transformation observée est la financiarisation mondiale. Les activités financières telles que les services de banque et d’assurance s’imposent dans les dynamiques économiques et sociales. Les opérations financières subissent une montée spectaculaire favorisant l’émergence d’un certain capital intangible. ¨La financiarisation de l’économie constitue la forme à travers laquelle s’opère la mue du capitalisme vers sa troisième forme¨ déclare-t-il.

L’autre transformation est la révolution numérique et technique, à savoir les NTIC. Avec l’arrivée du multimédia, notamment de l’audiovisuel et d’Internet, les formes de production et de transmission de l’information sont bouleversées. Toutes les données sont numérisées et les réseaux sociaux sont de plus en plus utilisés par la population. Ces nouvelles technologies de l’information auraient fondé, selon Yann Moulier Boutang, le passage du capitalisme industriel au capitalisme cognitif.

Ces événements s’inscrivent dans ce que Karl Polanyi appelle "la Grande Transformation" qui va donner naissance au "capitalisme cognitif". Ils sont aussi la source de légitimation des grandes thèses de ce programme de recherche. La financiarisation de l’économie et la révolution numérique déterminent les grandes thèses du "capitalisme cognitif".

La plus grande thèse du "capitalisme cognitif" est l’immatérialisation du travail. L’immatériel devient le critère privilégié d’évaluation du travail humain. Il se réfère ici au savoir, à la création et à l’invention. De nos jours, un bien ou un service est évalué en fonction de l’un de ces critères cités. "L’essentiel n’est plus la dépense de la force humaine de travail, mais la force-invention (M. Lazzarato), le savoir vivant non réductibles à des machines ainsi que l’opinion partagée en commun par le plus grand nombre d’êtres humains", affirme Yann Moulier Boutang pour montrer comment le capitalisme s’approprie la dimension intellectuelle des salariés.

En ce qui concerne les critères d’invention et de créativité, on peut prendre le cas des stylistes ou des designers. On peut aussi y ajouter la paire de chaussures dont la valeur d’échange est déterminée par sa marque.

La forme la plus expressive de cette immatérialisation du travail est la valeur-savoir. Cette dernière aurait, selon ses défenseurs, remplacé la valeur-travail qui stipule que la valeur d’une marchandise se mesure par le temps de travail nécessaire à sa production. À l’heure actuelle, les marchandises ou services sont évalués par le nombre de savoirs mobilisés dans leur production. L’Université et les Centres de recherche peuvent confirmer cette valorisation croissante de la valeur-savoir. Reste à savoir comment mesurer le travail d’un professeur à l’Université ou d’un chercheur au CNRS ? En fonction de quels critères d’évaluation décide-t-on de rémunérer un enseignant-chercheur ? Comment évaluer le travail dans le domaine cognitif ?

Ces interrogations soulignent les limites du "capitalisme cognitif". Certains rejettent la thèse de la disparition de la valeur-travail, signalant que la valeur-savoir est déjà contenue dans celle-ci. Il y a toujours une dimension cognitive dans le travail d’un ouvrier. Par ailleurs, cette immatérialisation croissante du travail s’est grandement inspirée du ¨travail abstrait¨ dégagé par Karl Marx, l’un des théoriciens de la valeur-travail.

L’autre grande thèse du ¨capitalisme cognitif¨ est la passion hédoniste de l’activité libre. Les gens auraient tendance à créer leur propre ¨travail¨ dans lequel ils peuvent se réjouir et s’en sentir maîtres. Par là, ils espèrent rapidement échapper aux structures dominatrices du travail dans sa forme classique. Ils peuvent décider de travailler quand ils veulent en n’étant pas contraints de le faire.

Donc, toutes souffrances au travail disparaitraient dans la mesure où ils prennent plaisir à ce qu’ils font et se sentent attachés aux résultats du travail. La dissociation entre le producteur et le consommateur est supprimée. Le sentiment de jouir de leur création dissipe tout éventuel sentiment d’aliénation.

L’art est, selon les tenants de cette thèse, le secteur le plus illustratif de cette absence de dépossession chez le créateur qui est aussi consommateur. Ainsi, toutes les activités librement créatrices seront valorisées et activement recherchées par les groupes dominants de la société.

On peut comprendre pourquoi l’entreprenariat et l’esprit créatif sont encouragés pendant aujourd’hui. Cette démarche n’est pas obligatoirement négative. Cependant, considérant son orientation marchande, nous pouvons constater qu’elle mène au cœur de l’extension du capitalisme. Ce dernier se répercute dans la superstructure idéologique et politique de la société en donnant une valeur d’échange à l’intelligence humaine. Toutes les idées ont un prix et sont aptes à produire de la richesse. Elles sont rapidement devenues des marchandises en perdant leur valeur d’usage.

Les classes dominantes, avides de profit, vont tout faire pour accaparer tout sujet susceptible d’innover, de créer ou de réfléchir. L’Internet dans sa forme de mise en réseaux sera instrumentalisé à ces fins.

L’hypothèse du ¨capitalisme cognitif¨ nous permet de comprendre comment l’économie s’empare de la connaissance, de toutes les productions intellectuelles en général. Économie qui ne repose pas sur la connaissance, signale Yann Moulier Boutang, mais sur son exploitation. La connaissance, de même que l’information, sont devenues des biens à part entière. La connaissance comme "bien immatériel" sera élevée au rang de propriété privée. L’idée même de "droit de propriété intellectuelle" ou "droit d’auteur" trouve son explication ici.

Sa valorisation extrême risque de provoquer de nouvelles formes d’exclusions sociales. De là le retour en vogue du concept de "capital intellectuel" qui n’est pas sans rapport avec le ¨capitalisme cognitif¨. En dépit des limites, l’hypothèse du "capitalisme cognitif" reste, dans sa rupture avec le capitalisme industriel, un pas décisif pour une certaine compréhension de la société actuelle et sa transformation.

Yann Moulier Boutang l’exprime en ces termes :

"Se représenter le capitalisme actuel sous les vieux habits du capitalisme industriel ne nous aide en rien à construire un futur plus juste et plus satisfaisant".

Jean-Jacques Cadet, le 13 décembre 2013.

Doctorant en philosophie EA 4008, LLCP, ED 31, Pratiques et Théories du sens.

Bibliographie :

  • F. Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme. (XVe – XVIIIe siècle), 3 vol, 1979.
  • Immanuel Wallerstein, Capitalisme historique, Paris, La Découverte, 2007.
  • Jean-Jacques Cadet, Vers une philosophie du capitalisme ; une lecture de Gilles Deleuze. Le Grand Soir. 7 septembre 2013. (En ligne)
  • K. Polanyi, La Grande Transformation, aux origines politiques et économiques de notre temps, 1944, Gallimard.
  • Yann Moulier Boutang, Le capitalisme cognitif, La Nouvelle Grande Transformation.
  • La grande histoire du capitalisme, Revue Sciences Humaines, mai-juin 2010, hors-série spécial, no 11.

COMMENTAIRES  

15/12/2013 14:26 par Dwaabala

Il y a fort à parier que les mêmes« théoriciens », ou leurs cousins germains, sont les tenants de l’origine anthropique du réchauffement climatique. Que dans un même constat ils établissent donc et la fin du capitalisme industriel et les méfaits de la croissance de ce capitalisme industriel.

15/12/2013 15:26 par desobeissant

Il n’y a pas de travailleur producteur libre sous le capitalisme qu’il soit a dominante industriel ou cognitif.

Les contraintes et servitudes face a la société capitaliste marchande sont aussi le lot des artistes,createurs ,autoentrepreneurs etc ; l’illusion de la “liberté” et d’un statut different des salariés ,est une division de plus....dans travail autonome il y a le terme travail qui est une pure realité capitaliste presente partout.

Nous sommes tous a subir le commandement du capital dont la derniere directive visant a accelerer la circulation monétaire et a intensifier le travail cognitif de ceux qui l’assurent) s’impose a tous :

SEPA

Le virement et le prélèvement SEPA nécessitent l’utilisation de nouvelles coordonnées bancaires harmonisées à l’échelle européenne : l’IBAN et le BIC. Celles-ci figurent depuis 2001 sur les relevés d’identité bancaire (RIB).

L’identifiant du compte bancaire est l’IBAN, composé de 27 caractères pour les comptes tenus en France et 34 au maximum pour les comptes tenus dans les autres pays européens. Il comprend le code pays (FR pour la France), la clé de contrôle et l’identifiant du compte national.

L’identifiant de la banque est le BIC, qui se compose de 8 ou 11 caractères.

L’espace SEPA couvre les 28 pays de l’Union Européenne ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, Monaco, la Norvège et la Suisse. La migration au 1er février 2014 concerne les 18 pays dont la monnaie est l’euro à cette date, les autres disposant d’un délai supplémentaire jusqu’au 31 octobre 2016 pour migrer...

https://www.banque-france.fr/urgence-sepa/

16/12/2013 01:28 par Dominique

Lénine avait déjà décrit le "troisième âge" du capitalisme, il l’avait appelé sa décadence. - :)

Ce texte oublie un point fondamental : si le secteur financier est atrophié, il n’en est pas moins dépendant de l’économie réelle. Quand l’économie va bien, les spéculateurs spéculent, atquand l’économie tousse, les bulles éclatent et on mets en prison quelques spéculateurs pour l’exemple. De plus, alors que le capitalisme s’est développé avec les colonisations, il a aujourd’hui non seulement tout conquis, mais en plus il commence à être en but avec la finitudes des ressources naturelles non renouvelables de la planète. C’est cette finitude qui a causé l’augmentation des prix de pétrole qui a causé le ralentissement de l’économie réelle qui a fait pété les bulles, ce qui a fait ralentir encore plus l’économie jusqu’au moment où la demande en pétrole a eu suffisamment baissé pour que l’économie réelle commence à repartir.

Pour contrer cette finitude des ressources de la planète, le capitalisme n’a pas d’autre choix que le crédit, autrement dit de doper le secteur financier. Et comme au rythme de leur exploitation, les réserves de ressources non renouvelables ne peuvent que décroître rapidement, la crise actuelle n’est rien à côté de celles de demain.

Quand à la marchandisation du savoir, le père du projet GNU, Richard Stallman, avait bien compris en 2001 que la société informatique permettait de passer d’une société où l’important est de posséder les moyens de production à une société où l’important est de posséder les droits sur les produits : Copyright et mondialisation à l’âge des réseaux informatiques, et il mettait en garde contre le fait que non seulement ils allaient nous interdire de copier un livre, mais qu’ils allaient tout faire pour nous faire payer pour relire un livre que nous avons déjà lu, ou écouter une chanson que nous avons déjà écoutée.

Le fait de passer à côté de la confrontation du capitalisme avec la finitude des ressources de la planète fait passer cet article à côté d’une autre fondamental du capitalisme d’aujourd’hui : la matrix est déjà branchée et il ne lui manque pas grand chose pour finir de transformer le capitalisme en une dictature absolue de la technologie et des sociétés qui contrôlent cette technologie.

L’affaire Snowden nous démontre en plus qu’internet permet de mettre en place une société basée sur l’auto délation dans laquelle il y a autant de flics que d’appareils branchés sur Internet. Les spy files de wikileaks nous montrent que tous les états des pays riches et une bonne partie des états des pays émergents, ainsi que les multinationales de tous ces états sont complices sans exception dans ce système de goulag universel.

Enfin, l’étude des technologies convergentes nous montre quels sont les buts des maîtres actuels du monde. Dans un rapport du plus grand symposium sur le sujet, Converging Technologies for Improving Human Performance, sous le prétexte d’améliorer les performances humaines, le surhomme de Nietsche en version hi-tech, sorte de monstre mélangeant humain, mécanique, électronique, informatiques et sciences cognitives, il est en fait question de :

« Technology will increasingly dominate the world, as population, resource exploitation, and potential social conflict grow. Therefore, the success of this convergent technologies priority area is essential to the future of humanity. »

En deux petites phrases ces gens nous disent qu’ils sont bien conscient de la situation du monde : la population, l’exploitation des ressources et le potentiel de conflits sociaux ne cesse d’augmenter, et que la clef du future de l’humanité est que la technologie domine le monde. En d’autres termes, que la technologie nous domine. Ce rapport permet de mettre en perspective la surveillance étatique dont nous faisons tous l’objet dans un projet plus global d’asservissement total de l’humain, la dictature technologique contrôlée par les sociétés qui contrôlent la technologie, c’est à dire les services secrets comme la NSA, chaque pays a le sien, et des multinationales comme Google, qui viens de racheter Boston Dynamics, une société spécialisée dans la fabrication de robots ressemblant étrangement à des terminators sans la peau, ou Intel, ces spécialistes de la planète intelligente qui sont en train de mettre en place l’internet des choses. Il ne manquent plus que les toubibs pour nous greffer une puce informatique à la naissance et les choses, ce sera nous. Collabos comme sont beaucoup de toubibs, ça ne saurait tarder. La matrix, c’est aujourd’hui, elle est déjà branchée et opérationnelle comme nous le montre l’affaire Snowden. Elle n’attends plus que l’on nous greffe des puces pour être 100% opérationnelle.

16/12/2013 09:03 par rouge de honte

Absolument Dominique, sans oublier que des "puces" chimiques existent déjà. Les médecins en donnent à la pelle, pour dormir et se reveiller aux heures demandées, pour être productif sans angoisses et pour donner l’illusion du bonheur. Aujourd’hui c’est déjà demain !

16/12/2013 10:45 par Dwaabala

La réflexion de @ Dominique est très intéressante.
D’accord sur l’hypertrophie du secteur financier et de son caractère spéculatif qui doit s’ajuster à "l’économie réelle" à travers les crises.
D’accord avec son constat sur la marchandisation, ici du savoir, mais ce n’est pas une première dans l’histoire du capitalisme : la terre par exemple n’est pas une marchandise, mais elle est pourtant traitée comme telle, elle a "une valeur" (une pseudo valeur), qui fructifie sous la forme de la rente foncière, ce qui est le résultat du monopole de sa propriété.
Moins d’accord avec le constat de la limitation des ressources naturelles : "l’esprit capitaliste" est suffisamment optimiste et entreprenant pour compter et spéculer sur de nouvelles sources de richesse naturelles et de nouvelles formes d’exploitation dans la nature.
Enfin, il s’agirait de nuancer le côté négatif de l’analyse en voyant plutôt dans la possibilité de contrôle et de gestion globaux développés par le capitalisme actuel les prémisses de la nouvelle forme de la société
qui sera maîtresse de ses moyens, de ses formes de production et d’échange.
Même si, à l’heure actuelle ils se développent sous les formes traditionnelles de l’exploitation capitaliste, c’est-à-dire de la recherche du profit.
Après tout le capitalisme lui-même s’est développé au sein de la société féodale, dont il a fini par faire éclater les cadres trop étroits pour lui.
La difficulté majeure aujourd’hui étant que les transformations à venir font appel à la conscience des masses ainsi qu’à la science, la théorie de l’histoire, au lieu de développer des forces qui ont jusqu’à présent mené l’humanité en partie à son insu.

16/12/2013 16:38 par desobeissant

L’alerte SEPA Banque de France :

pleine page publicitaire dans les quotidiens regionaux ?,dont Var Matin du 10 Decembre 2013,page 34, ainsi redigée :

Plus de temps a perdre

Vous avez moins de deux mois pour passer au systeme europeen de paiement

le 1er fevrier 2014 vous ne pourrez utiliser que les virements et les prelevements SEPA.

les systemes nationaux ne pourront plus etre utilisés,ni en France ni a l’etranger...

La rupture de la zone euro anticipée ?,de multiples bugs en préparation ? :

Aucune longueur uniforme n’a été établie pour les pays SEPA, mais l’IBAN ne peut excéder 34 caractères. Des longueurs fixes ont cependant été convenues par pays. En France, un IBAN se compose par exemple de 27 caractères, contre 22 pour un IBAN allemand.

https://www.bnpparibasfortis.be/portal/start.asp

16/12/2013 18:52 par Dwaabala

À propos de ce que dit @ désobeissant, les versements automatiques à LGS doivent-il être modifiés ?
Si oui, vous devriez peut-être passer une annonce.

17/12/2013 09:00 par babelouest

Ces sombres perspectives, qui avaient certainement été esquissées dans l’esprit de ceux qui ont un peu réfléchi, ne peuvent que confirmer cette évidence : la seule façon de sortir de ce piège à l’échelle planétaire, c’est de tuer le PROFIT en court-circuitant les chaînes capitalistes, en réfléchissant et appliquant partout - ou du moins le plus possible - à propos des échanges de biens d’usage indépendamment d’une pseudo-valeur d’échange inventée par les accapareurs à leur seul usage.

Cette extension, de toutes les manières possibles, des échanges non monétaires, y compris de services aurait plusieurs effets positifs.

(1) £€ $¥$T€M€ deviendrait inutile, et tomberait de lui-même

(2) la monnaie deviendrait progressivement caduque

(3) le souci de la pollution et de l’accaparement des ressources du sous-sol deviendrait secondaire, parce qu’il n’y aurait plus que le renouvellement des outils essentiels, sans effet d’addiction sous l’influence de la Propaganda (y compris la PUB), et les transports se limiteraient à une zone relativement locale

Quelle parade pourrait-il y avoir à ces cercles redevenus vertueux ? Avant d’être balayées par leur inutilité grandissante, les structures étatiques pourraient imposer des prélèvements arbitraires, du genre de la gabelle sous l’ancien régime. Il est permis de penser que ces mesures autoritaires rendraient les tyrans nouvelle manière tellement impopulaires, qu’ils en subiraient physiquement les conséquences malgré des forces de l’Ordre de plus en plus brutales et armées.

17/12/2013 14:30 par Dominique

Dwaabala,
L’épuisement des ressources naturelles non renouvelables est une réalité. Nous assistons depuis le début de la révolution industrielle à une explosion exponentielle de l’exploitation de ses ressources. Si au lieu de considérer cette explosion exponentielle sur une période de deux siècles, nous la considérons sur les quelques millions d’années qu’à duré l’humanité, cela donne une fonction de Dirac, c’est à dire une droite presque horizontale avec aujourd’hui une autre droite, mais verticale celle-ci. Et demain, nous serons de nouveau en bas de la courbe sur une droite horizontale, ceci pas en raison d’un faible niveau technologique, mais bel et bien parce que nous aurons épuisé les ressources et que dans de telles conditions, une bonne partie de notre technologie ne nous servira plus à rien. C’est imparable et mathématique.

Quand aux nouvelles technologies dont les ressources renouvelables, elles ne résolvent pas grand chose. Quand il n’y aura plus de pétrole, nous pourrons faire de l’énergie avec du vent, les marées et le soleil, mais il n’y aura plus de pétrochimie, et donc plus d’engrais, plus de pesticide, plus de plastics, etc. Quand il n’y aura plus de zinc, et au rythme actu il n’y pas pour plus longtemps que le pétrole, il n’y aura plus d’acier galvanisé. Et nous pouvons rajouter etc pour chaque matière première qui sera épuisée, et ce n’est qu’une question de temps pour qu’elles le soient presque toutes. Et nous n’avons pas de millions d’années devant nous, tout au plus un délai variant de quelques années à quelques siècles suivant la ressource considérée, ce qui n’est rien en comparaison des cycles géologiques qui ont créés ces ressources.

De plus, les nouvelles technologies ne font qu’empirer la situation écologique, car actuellement la majorité des habitants de la planète n’y ont pas accès et continuent d’utiliser les anciennes, et que les nouvelles produisent aussi leur lot de pollutions diverses.

Une bonne partie de la solution de ces deux problèmes est la même : le recyclage systématique de toutes les matières premières de tous les biens de consommation. Et cela, si les capitalistes en voulait, il y a longtemps que ce serait fait. Alors quand tu dis « "l’esprit capitaliste" est suffisamment optimiste et entreprenant pour compter et spéculer sur de nouvelles sources de richesse naturelles et de nouvelles formes d’exploitation dans la nature. », tu te trompes doublement.

D’abord, le capitalisme n’exploite pas dans la nature, il exploite la nature. Et ceci sans la respecter aucunement. Rien que cela finira par nous conduire au suicide, c’est déjà bien parti pour quand on voit la façon dont les espèces animales et végétales sur terre comme dans les océans et les mers disparaissent. Ensuite, l’esprit capitalisme est entreprenant, mais ce qu’il appelle optimisme est une course au suicide. Depuis sa naissance, le capitalisme n’a fait qu’accumuler les problèmes, et nous sommes aujourd’hui à un point où même sans troisième guerre mondiale, l’environnement est déjà en train de crever de partout.

Il faut aussi voir que le capitalisme n’est pas tombé du ciel. Il s’est développé dans le féodalisme et l’a remplacé. En pratique, il est encore pire que le féodalisme. Rien que la traite des noirs a fait 250 millions de morts (estimation moyenne), Hitler fait presque figure d’amateur en comparaison, et aujourd’hui, un holocauste encore plus grand se déroule dans le silence assourdissant des médias, celui de la faim dans le monde qui tue chaque année 35 millions de personnes, soit 350 millions tous les dix ans (estimation conservatrice du PNUD), et ceci pour la seule raison que cette multitude est trop pauvre pour se payer la nourriture existant en quantité suffisante pour tous et pour chacun (autre donnée têtue du PNUD). Ces deux seul chiffres suffisent pour dénoncer le capitalisme comme un système encore bien pire que la féodalité. L’Inde était un système féodal quand l’anglais y a débarqué. Il n’y avait jamais eu de famine en Inde. L’anglais a fait en toute connaissance de cause des réformes agraires en Inde. Bilan de ces réformes : plusieurs dizaines de millions de mots de famine. Quelques années avant l’anglais avait fait les mêmes réformes chez lui. Bilan : famine et des troubles sociaux si graves que la royauté avait failli être renversée. Voilà ce qu’est le capitalisme, un système du pire bâti sur un autre système du pire, et il est encore pire que le système sur lequel il s’est bâti.

Tout ceci implique que la seule façon de s’en débarrasser est par une révolution. Et là je te rejoint, cela passe par un mouvement de masse. Mais il ne faudra pas se leurrer, si celui-ci ne change pas le fond du problème qui est notre rapport avec la nature, seule la forme changera, ce qui reviendra à ne rien résoudre et à continuer à accumuler les problèmes sur la voie du pire.

À la base, c’est un problème religieux lié à notre rapport avec la nature. Des dogmes comme le conflit du bien et du mal en occident et la complémentarité du yin et du yang en Asie et dans le reste du monde sont en fait très similaires. Ils attribuent tous les deux des qualités superstitieuses aux choses. Ce qui permet de construire une première hiérarchie entre les dieux, les hommes et le reste de la création, de séparer l’homme de la nature, l’esprit de la chair et donc ultimement l’homme de sa nature. Ceci permet aussi de construire une deuxième hiérarchie, entre les hommes, certains se retrouvant plus près des dieux que les autres, plus riches que les autres ou plus égaux que les autres.

C’est de ce fatras superstitieux que sont nés autant la féodalité que le capitalisme. C’est ce fatras superstitieux qui justifie moralement autant l’exploitation de la nature (première hiérarchie superstitieuse) que celle de l’homme (deuxième hiérarchie), et qui justifie moralement la destruction et la pollution systématiques de la nature, le racisme et les guerres.

Les dégâts déjà causés à l’environnement sont tellement énormes que son collapse a déjà commencé. De plus, plus nous continuons à laisser faire, plus ce sera pire et moins il y aura de ressources naturelles pour essayer d’empêcher ce collapse de l’environnement. Ceci est plus grave que la seul fin du capitalisme. Il s’agit là, comme nous sommes le sommet de la chaîne alimentaire, de la fin de l’humanité. Le concept de civilisation comme nous l’entendons est né avec les théologies qui ont rendu moralement possible la féodalité et le capitalisme. Tout ceci implique que l’enjeu d’aujourd’hui n’est pas la seule fin du capitalisme, mais la fin de la civilisation, de son mépris pour la Nature, notre seule source de vie, et de son racisme institutionnel.

Pour cela, il sera nécessaire de repenser l’économie et de la soumettre non pas à la seule satisfaction des besoins humains, mais à la satisfaction prioritaire des besoin de la nature. Et là, quand je vois le nombre de parents, qui à la naissance d’un enfant, se paient une plus grosse voiture, alors que la seule certitude scientifique qu’ils peuvent avoir à 100% est qu’une grosse voiture, à technologie équivalente, pollue plus l’air de leurs enfants qu’une petite, j’ai un très gros doute sur les capacités de l’être humain à retrouver sa place dans la Nature, notre seule source de vie qui nous donne l’air, l’eau, la nourriture et tous les matériaux dont nous avons besoin pour nous habiller, nous loger, travailler et faire la fête.

L’avantage de notre époque est une grande simplification des problèmes. La situation de l’environnement au niveau mondial est tellement catastrophique que nous devons renouer avec nos fondamentaux et accepter de vivre en harmonie avec la Nature et avec nos semblables au lieu de les détruire de façon systématique. Certains marxistes vont crier à l’idéalisme, mais qu’ils m’expliquent comment, vu notre emprise technologique et notre omniprésence sur cette planète, il serait possible, sans croire au sain esprit du communisme ou des lois du marché, de créer une économie qui ne soit pas soumise à la satisfaction des besoins de la nature et qui puisse faire autre chose que de finir de la détruire.

P.S. : Vouloir créer une société sans classe est une chose, mais croire que cela peut être possible dans un monde où toute l’humanité est en lutte avec sa seule source de vie, la nature, est la plus grosse connerie qui n’ait jamais été écrite par un marxiste (Plekhanov).

Marx a écrit : « l’identité de l’homme et de la nature apparaît aussi sous cette forme, que le comportement borné des hommes en face de la nature conditionne leur comportement borné entre eux, et que leur comportement borné entre eux conditionne à son tour leurs rapports bornés avec la nature. »

Si nous voulons changer le monde, il faudra que demain nos enfants puissent écrire : « l’identité de l’homme et de la nature apparaît aussi sous cette forme, que le comportement harmonieux des hommes en face de la nature conditionne leur comportement harmonieux entre eux, et que leur comportement harmonieux entre eux conditionne à son tour leurs rapports harmonieux avec la nature. »

Cela passe par la subordination de l’économie non seulement à la satisfaction des besoins humains, mais aussi à sa subordination de l’économie à la satisfaction des besoins de la nature. Nous devons réapprendre à travailler avec la nature au lieu de travailler contre elle.

17/12/2013 17:32 par manant

Pour prendre la mesure de l’imbécillité de cette théorie du « capitalisme cognitif » et rejoindre les remarques judicieuses et fondées de Dominique, il faut lire la très riche réflexion philosophique de Michel Henry dans son essai, Du communisme au capitalisme, théorie d’une catastrophe ; ed. Odile Jacob 1990, réédité en 2008 (Librairie l’Age d’homme). Dans cet essai, l’auteur différencie entre Marx et le marxisme (l’idéologie qui a conduit au communisme réel comme aux fumisteries du « capitalisme cognitif ») ; différence qui tient que les marxistes ignoraient, jusqu’aux années 1927-1933 les fondements philosophiques de l’auteur du Capital.
« C’est le fait extraordinaire que les textes philosophiques dans lesquels Marx a élaboré ce fondement méta-économique de toute économie concevable sont restés inédits et inconnus jusqu’aux années 1927-1933, — inconnus donc de tous ceux qui ont construit la doctrine théorique et pratique du marxisme à la fin du siècle dernier et au début de celui-ci. Deux de ces trois textes, la Critique de la philosophie de l’État de Hegel, L’idéologie allemande, écrits respectivement durant les années 1842-1843 et 1845-1846, non publiés à l’époque parce qu’aucun éditeur n’en avait voulu, constituent, de façon directe ou indirecte, une analyse philosophique rigoureuse de ce que Marx considère d’une part comme la seule réalité véritable, et, d’autre part, comme le fondement de l’univers économique. Celui-ci n’est donc pas autonome, il ne subsiste pas par lui-même. S’il n’et intelligible qu’à partir d’une réalité plus profonde et qui n’est pas elle-même d’ordre économique, c’est parce que celle-ci le produit et ne cesse de le produire à chaque instant.
Cette réalité, c’est celle de la vie au sens où tout le monde l’entend. »
M. Henry précise sa pensée :
« Être n’est pas réductible à une signification posée par la conscience, à un sens, au sens d’être. L’être, ou si l’on préfère le langage de Marx, la réalité n’est pas réductible à la pensée.
Qu’est donc la réalité si elle n’est pas une représentation de la pensée, si celle-ci est incapable de la produire lors même qu’elle forme la signification « chose », « réalité », « être », si l’être n’est pas un « sens » ? Ici se dresse devant nous le contresens massif du marxisme — contresens qui ne lui est d’ailleurs pas propre mais se trouve partagé par tout objectivisme et d’abord par le sens commun, par d’autre philosophies plus orgueilleuses aussi peut-être. Puisque les représentations de la conscience ne peuvent prétendre définir la réalité, c’est que celle-ci leur préexiste, elle leur est à la fois antérieure et extérieure : c’est précisément la réalité extérieure, la réalité du « monde ». Celle-ci s’oppose doublement à la croyance qu’a Stirner de pouvoir la modifier ou en venir à bout en modifiant la représentation qu’il en fait ou, comme il le dit encore, son « point de vue » [Ansehen]. Elle s’y oppose en premier lieu comme réalité extérieure du monde matériel, monde que la conscience peut bien se représenter ou conceptualiser de diverses façons mais qui en lui-même précède ce travail de la pensée et en est donc indépendant. C’est précisément en tant qu’extérieur à la pensée et indépendant d’elle que le monde définit la réalité.
Cette réalité s’oppose en second lieu à celle de la conscience en tant que réalité sociale ayant, au même titre que la réalité matérielle, ses lois propres — lois que la pensée se révèle capable d’analyser et de reconnaître après coup, mais non de créer ou de modifier arbitrairement. C’est ainsi que Stirner (« saint Max » ou « saint Sancho » comme l’appelle Marx) peut bien modifier son point de vue sur les choses, elles ne changeront pas pour autant et les lois de la propriété qu’il « tient pour rien », continueront de lui interdire de s’approprier, autrement qu’en pensée, le bien d’autrui. La réalité sociale dont la propriété est l’un des caractères constitutifs n’est donc ni produite par la pensée ni explicable à partir d’elle.
Avant d’opposer les intuitions décisives de Marx à ce réalisme objectiviste défendu par le marxisme comme par la science du XIXe siècle avec laquelle celui-ci s’est voulu d’accord, remarquons son extrême faiblesse. Que la réalité ne soit pas réductible à une représentation ou à une production de la pensée, c’est la thèse que nous défendons dans cet essai et sur laquelle reposera toute notre critique du socialisme aussi bien que du capitalisme lui-même ».

17/12/2013 23:59 par ADSkippy

Les prolétaires d’aujourd’hui ne sont pas tous en "bleus de travail", mais le résultat est le même.
Il est tentant mais inutile de vouloir présenter le capitalisme sous d’emballages plus ou moins "humaine’, ou acceptable.
Le capitalisme, par définition, n’as pas et n’as jamais eue d’autre "vocation" sociale ou philosophique que, uniquement le profit pour une classe privilégié, a travers l’exploitation des hommes, ressources naturelles et intellectuelles..
Le seule aspect "cognitif" du capitalisme c’est de chercher et de vouloir créer l’environnement politique et sociale lui permettant de maximaliser le profit.

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