La liberté d’expression aux Jeux Olympiques : toute médaille a son revers

Walter BRASCH

Le président Bush parlait exactement comme un progressiste.

Ouais, vous avez bien lu. Bush. Progressiste. Dans la même phrase.

A la nouvelle ambassade américaine de Beijing, le jour d’ouverture des Jeux olympiques, il a déclaré :

"Chacun devrait avoir la liberté de dire ce qu’il pense". Sans même battre un cil, il a également dit à la planète entière, en s’adressant aux Chinois : "Nous avons la conviction que les sociétés qui permettent la libre expression des opinions tendent à être les plus prospères et les plus pacifiques".

La veille, au Tibet, il avait affirmé courageusement : "L’Amérique est fermement opposée à la détention de dissidents politiques, de défenseurs des droits de l’homme et de militants religieux".

Il a déclaré qu’il se prononçait "en faveur de la liberté de la presse, de la liberté de réunion et des doits des travailleurs, non pas par provocation vis-à -vis des dirigeants chinois mais parce que donner plus de liberté à son peuple, c’était la seule façon pour que la Chine puisse développer tout son potentiel".

Il y a toutefois un petit problème avec les paroles prononcées par le président. Le bilan des 7 années de son mandat montre qu’il ne croyait pas un mot de ce que l’auteur de son discours lui faisait dire.

A Charleston, Virginie Occidentale, lors d’un discours de Bush le 4 juillet 2004, des manifestants non-violents ont été menottés et arrêtés.

A Pittsburgh, un métallurgiste à la retraite était arrêté parce qu’il portait une pancarte.
Dans le Michigan, même chose pour un étudiant.

A Hamilton, New Jersey, c’est la mère d’un soldat tué en Irak qui n’avait pas posé la bonne question à Laura Bush.

Près de 2000 manifestants pacifiques à la convention républicaine de New York en 2004 ont été arrêtés et soumis pendant plusieurs jours à ce qu’on ne peut que qualifier de conditions d’emprisonnement "primitives" - jusqu’à ce que les tribunaux rejettent pratiquement tous les mandats d’arrêt.

Quand il était gouverneur du Texas, les manifestants avaient reçu l’ordre de ne pas s’approcher de la résidence du gouverneur. Une fois président, il a décrété que ceux qui contestaient sa politique devaient être parqués dans des zones situées jusqu’à 700m de distance du passage du cortège présidentiel ou du site du meeting. Ceux qui refusent de rester dans ces zones de "liberté d’expression", à l’écart et généralement à l’abri des regards, sont arrêtés par la police pour non-respect des limites autorisées ou pour comportement agité, et sont détenus jusqu’au départ du président, ou du vice président, et des médias.

A ceux qui protestent contre ces mesures, les responsables de l’ordre public répondent que cette séparation est nécessaire pour des raisons de sécurité.

Ceux qui portent des pancartes progouvernementales ont le droit d’être dans le champ de vision du président ou du VP.

Quelqu’un qui voudrait agresser le président n’aurait donc qu’à exhiber une pancarte chantant ses louanges ou ne rien avoir du tout.

En créant ces zones de contestation à des centaines de mètres de distance, le gouvernement Bush-Cheney vise non pas tant à protéger le président qu’à donner l’illusion de sa "popularité". Les médias, en particulier la presse audiovisuelle, montrent le président et les foules soigneusement sélectionnées et habilement manipulées pour témoigner de l’élan d’enthousiasme suscité par Bush et sa politique. Parce qu’ils sont persuadés que "l’événement" c’est le président, ils ne s’intéressent généralement pas aux manifestants, surtout s’ils sont loin du lieu où se tient le président. Cela donne une fausse idée de la réalité, mais c’est habile politiquement.

Avec le Patriot Act (*), la vie privée des Américains, y compris leurs lectures, peut faire l’objet d’une enquête par le FBI. Les manifestants (même pacifiques) peuvent se retrouver accusés de terrorisme. Les opposants politiques n’ont souvent pas le droit de prendre l’avion sur les compagnies aériennes privées.

Dans la ligne de mire de Bush, il y a eu, par exemple, Greenpeace et les Quakers.
Comme les dirigeants chinois, les dirigeants américains expliquent que ces mesures sont nécessaires pour protéger le pays.

Les Américains ont raison de condamner la Chine pour la répression despotique exercée sur ses dissidents, pour la manipulation de l’information, et pour la création d’"enclos de contestation" à Beijing destinés à tenir les manifestants bien à l’écart d’un événement sportif international.

Les Américains auraient dû également s’élever contre les "enclos de contestation" aux Jeux Olympiques de Salt Lake City en 2002.

Plus important encore, les Américains auraient dû passer ces 7 dernières années à condamner le gouvernement Bush-Cheney pour les violations systématiques de 6 amendements de la Constitution, parmi lesquels le 1° Amendement qui garantit la liberté d’expression.

(*) Patriot Act http://www.quebecoislibre.org/07/07...

Walter Brasch est auteur de livres d’articles sur les questions sociales, et professeur de journalisme à Bloomsburg University.

Il a écrit, entre autres :" America’s Unpatriotic Acts : The Federal Government’s Violation of Constitutional and Civil Rights" ; "Unacceptable : The Federal Response to Hurricane Katrina" ; et "Sex and the Single Beer Can : Probing the Media and American Culture".

Son site : http://www.walterbrasch.com/

Source :
http://www.dissidentvoice.org/2008/...

Traduction Le Grand Soir

COMMENTAIRES  

21/08/2008 06:17 par eric faget

Pour l’heure la liberté reste l’appât le plus et le mieux utilisé par les états qu’ils soient totalitaires ou non. Il n’y a pas besoin d’y accoler le terme expression : soit on est libre soit on ne l’est pas. Cela ramène en mémoire cette phrase grinçante : "la dictature, c’est ferme ta gueule ; la démocratie, cause toujours". A celles là , on peut aussi ajouter "parle et on verra bien comment utiliser tes propos tes actes ou n’importe quoi à l’avantage de la coercition et de l’oppression". La plus grande des erreurs qu’est commise nos anciens c’est d’avoir pris Hitler pour un cretin... Aujourd’hui, dire "c’est Bush le con" c’est oublier qu’il n’est pas là par hasard et que surtout un homme ne commande jamais seul. L’hypocrisie collective qui consiste à dire « regardez en Chine, en Irak ou même chez le voisin d’à coté » permet d’adoucir le cocu et de permettre aux cornes de passer sous le linteau. Jolis commentaires polis et biens léchés analyses courtoises mais "objectives" ne peuvent plus faire oublier qu’ici comme ailleurs seule une partie de la population détient les rouages de l’économie(et donc de la politique de la justice de l’armée...) et que si, par malheur, une nouvelle guerre très très internationale se déclenche nous, le peuple, irons remplir les fosses communes et les camps de prisonniers pendant que, comme en 1914 ou 1945, ceux qui sont les enfants de ceux qui comptent continueront à bruncher entre Megeve et la Suede. Krupp IG Farben sont, comme Monsanto, des cibles idéales pour les journalistes et focalisent tres bien le mécontentement. Pendant ce temps là , la manipulation continue. Savez vous qu’aujourd’hui, aux États-Unis, certains champs sont entièrement contrôlés par ordinateurs l’ensemble des travaux agricoles guidés par satellite. Savez vous que des hommes et des femmes sont déjà reliés en permanence à Internet sur les sites de productions et de distributions. Savez vous qu’il est tout à fait possible que vos enfants en jouant en ligne à des jeux "innocents" soient en train de détruire des vies dans un état "voyou" . Évidement de telles pensées sont celles d’un paranoïaque qui a mal assimilé les enseignements reçus dans les écoles d’état aux programmes justes équilibrés et épanouissants ainsi que d’une grande qualité spatiale et temporelle. Réfléchissons un peu plus loin. Nous sommes agriculteurs et éleveurs depuis environ 7000 ans et nous sommes urbains depuis 200 ans ( à la louche les estimations)comment peut on décemment enfermer des enfants pendant six heures dans des salles de classes et leur laisser une heure de récréation alors que nous devrions faire l’inverse. Nous apprenons très tôt à être du bétail et la scolastique s’est exportée sur les cinq continents parce que, justement, sous le couvert de cette éducation qui nous est présenté comme idéale et démocratique, on fabrique des éléments interchangeables à peu de frais. Même la révolte s’organise. N’avez vous pas remarqué que tout les quatre ou cinq une reforme scolaire met le "feu" aux universités ou aux lycées. Les manifestations sont gentiment encadrées et les lideureuuux sont ceux qui à l’usage intègrent les cadres des parties politiques. Rien à voir avec le crash des ban-lieux où, là , les bigorneaux sont armés jusqu’aux dents et même plus si animosités. L’école s’est aussi le lieu où l’on apprend la compétition, la victoire la récompense : le sususcre et le nonos, les jeux zolypiques piques et piquet et alcools aux grammes et encore des médailles feux d’artifices et flons flons, marches de podium, gros zizis et nichons aux balcons. L’admiration que l’on voue aux sportifs de la cours de récréation, ce désir, se transforme en soumission sous les coups répétés des mesquineries et rebuffades d’enseignants stressés par la réussite rectorale et pressurés par des politiques lourdes et orientés. Il y a dix ans l’informatique était loin des écoles aujourd’hui plus rien ne se fait sans elle le sport lui fait parti du programme depuis longtemps et, prenons l’exemple des USA, permet un dépistage précoce des futurs champions qui seront la gloire future de leurs nations. Car c’est cela le sport : des héros façonnés pour les masses par les dirigeants, le triomphe de la volonté…Aujourd’hui les chefs du monde libre pérorent en Chine devant les cameras des stades et rendent gloire à leurs champions à Pékin ou Beijing mais derrière les pantalons sont baissés et les doigts sur la couture il se passe des contrats mirobolants avec l’industrie chinoise. Car qui voudrait voir la Chine exploser comme l’a fait l’URSS. Personne dans la sphère économique personne dans la sphère politique personne dans la sphère militaire, une histoire de boules, somme toute très vulgaire. Alors vulgarité pour vulgarité, pourquoi et comment s’étonner des mensonges, arrangements et autres lâchetés dont nous assaisonnent, depuis des lustres, nos soit disants sages ? L’information n’a plus comme but d’instruire mais de noyer.
Eric Faget clown pathetique

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