La surprise Bernie Sanders

RÉPUBLIQUE SOCIALE

La course à la maison blanche est lancée aux Etats-Unis, comme d’ordinaires les deux grands partis le Parti démocrate et le Parti républicain vont s’affronter pour savoir lequel fournira le où la futur(e) président(e). En réalité que ce soit l’un où l’autre des candidats, les deux partis sont idéologiquement très proche. Au cours de leur histoire récente, jamais les Etats-Unis n’ont cessé les interventions militaires ou n’ont accordé de réels droits aux travailleurs.

Pourtant, cette année, une personnalité pourrait bouleverser l’ordre établi.

Perçu comme une simple attraction au début de la campagne, par les principaux médias, Bernie Sanders est aujourd’hui en passe de pouvoir prétendre devenir le candidat du Parti démocrate – dont il n’est membre que depuis 2015 – aux élections présidentielles étasuniennes.

Alors que sa principale concurrente au sein des démocrates, Hillary Clinton, bénéficiait d’une large avance en terme de points, les premiers caucus de l’Etat d’Iowa ont révélé une quasi-égalité entre les deux candidats. Avec 49,8% des suffrages exprimés Hillary Clinton dispose ainsi d’une courte avance sur Bernie Sanders qui recueille 49,6% des votes.

Selon les derniers sondages, il est le candidat favori des jeunes démocrates, et lorsqu’on regarde de plus près son programme, on comprend aisément pourquoi. Gratuité de l’université, couverture médicale universelle, revalorisation du salaire minimum, soutien à l’avortement et au mariage homosexuel, mais surtout opposition à l’omniprésence des banques et à la place prépondérante de Wall Street : le discours de Bernie Sanders tranche avec tout ce que les Etats-Unis ont connu jusqu’à présent.
Il est ainsi le seul sénateur à se dire ouvertement socialiste ; un mot qui est encore assimilé au mal absolu dans le pays le plus libéral au monde.

Toutefois l’appui populaire sera nécessaire, et cela Bernie Sanders le sait plus que quiconque, afin de concrétiser les changements en profondeur dont les Etats-Unis ont besoin.

De ses propres voeux, il appelle à une révolution politique qui apparaît plus que jamais nécessaire. Un homme seul, même président, ne peut changer les choses s’il n’a pas le soutien de millions de citoyens. La place de l’argent, des lobbies, des banques est tellement importante que seul un mouvement populaire d’ampleur, conscient politiquement et désireux de changer la société pourra faire pression sur les financiers.

Pour l’heure, l’important pour Bernie Sanders et ses soutiens sera d’essayer de récolter assez de fonds, afin d’avoir l’assurance de pouvoir mener des campagnes électorales similaires dans tous les états. Un pari risqué quant on sait qu’il ne bénéficie pas du soutien des grandes entreprises, à l’inverse de ses concurrents démocrates où républicains.

L’émergence de Bernie Sanders, tend à rappeler celle de Jeremy Corbyn au Royaume-Uni (voir : L’espoir en provenance d’Angleterre) qui est désormais à la tête du Labour Party (Parti travailliste) alors qu’une telle chose paraissait impossible il y a encore quelques mois.

Les idées novatrices de Bernie Sanders tranche avec celles de ses opposants républicains. Donald Trump et Ted Cruz se sont ainsi lancés dans un concours des propositions plus conservatrices et réactionnaires les unes que les autres. Entre opposition à l’avortement, rejet du mariage pour tous, stigmatisation de l’immigration, le milliardaire et le pasteur regorgent d’idées pour tenter de perpétuer un système qui arrive à bout de souffle.

C’est précisément pour cette raison qu’une personne comme Bernie Sanders, avec un discours radical et des propositions franches, peut désormais émerger et affirmer ses propositions.

Le peuple des Etats-Unis n’a pas besoin que son armée aille faire la guerre aux quatre coins du monde pour défendre les intérêts économiques de quelques privilégiés. Tout l’argent consacré aux dépenses militaires – ce qui représente des centaines de milliards de dollars – serait sans doute beaucoup plus utile au financement de l’éducation, d’une sécurité sociale, où d’une revalorisation salariale.

Les travailleurs étasuniens subissent l’exploitation patronale, les licenciements et le chômage, comme dans tout pays capitaliste. Ce ne sont ni la suppression de l’avortement, ni le maintien du droit de port d’arme qui permettront d’améliorer la situation économique et social du pays.

En réalité, parler de questions sociétales, d’armes, de rêve américain, permet bien souvent aux différents candidats d’esquiver les question économiques et les revendications salariales.

 http://unmilitant.blogspot.fr/2016/02/la-surprise-bernie-sanders.html

COMMENTAIRES  

07/02/2016 08:40 par résistant

Et quand il sera élu, les états-unis continueront à semer le chaos et la destruction dans le monde entier.
Aucun "responsable" politique ne peut changer quoi que ce soit dans un pays occidental. Ce ne sont que des marionnettes.
S’il était vraiment dangereux pour l’oligarchie, on ne le verrait pas dans les médias de masse. Arrêtez d’être aussi naifs.

08/02/2016 10:56 par assimbonanga

C’est bien qu’il le dise Bernie, même si ça ne va pas suffire. Je suppose que son discours est un écho du voisin Amérique Latine, ce gros tabou , le socialisme, dont nos médias ne veulent pas dire un seul mot. Nos médias préfèrent détourner notre attention vers le merveilleux bonhomme télégénique vêtu de blanc, le pape... Pour que les vérités de Bernie aboutissent à un résultat, il faudrait que des millions de gens prennent un piolet virtuel et s’attaquent pied à pied, au cas par cas, au monstre bancaire, tels des lilliputiens. Et ça... Il faudrait vachement s’organiser.

09/02/2016 10:56 par Sierra

Bernie Nobel de la paix !

10/02/2016 15:55 par DePassage

Chaque élection les zuniens se voient présenter un nouveau zéro. Cette fois-ci, crise oblige, zen ont deux pour le prix d’un, les chanceux…

19/02/2016 11:20 par Geb.

Même s’il n’en pense pas un mot, même s’il ne met jamais en place les réformes qu’il propose, même s’il meurt assassiné pour avoir désiré le faire... Et même s’il n’est jamais élu, le simple fait d’avoir publié et popularisé un tel programme dans un tel pays ou la population possède le niveau de désinformation et de dépolitisation que l’on connaît, et surtout d’avoir pu le faire plus ou moins bien passer dans les médias prostitués, rien que cela représente un progrès énorme.

Seuls ceux qui ne savent pas le niveau gigantesque d’ignorance des masses usaméricaines peuvent penser qu’il n’y a pas de progrès.

Et même si il avait été mis en place et gonflé par ceux qu’il prétend combattre afin de servir de soupape de sécurité, le simple fait qu’ils en soient venu jusque là démontre le niveau zéro marge de manoeuvre qu’il leur reste ;

Après ça il ne reste aux élites que la guerre civile sectaire induite concrètement pour tenter de sauver ceux qui sont aux commandes. C’est à dire la même stratégie employée par les élites dans leurs guerres colonialistes extérieures, mais à usage intérieur ;

Il n’est pas dit non plus que les épisodes de "Malheur Wildlife Refugee" ou du "Ranch de Bundy", et même cette constante de la police de cibler systématiquement les noirs et les handicapés sous le viseur des téléphones portables et de Facebook, ne soient pas des ballons d’essai en cas d’échec d’un nouvel enfumage.

La société américaine, qui vue de chez nous semble dynamique à ceux qui croient "suivre" dans les journaux mainstream est en réalité complètement bloquée au XIXème siècle au niveau du rapport politique, religieux, et social. L’ostracisme maccarthyste politique, racial, et religieux, les religions sectaires, les communautés cloisonnées rappelant les castes en Inde, et le rapport de collaboration avec le patronat et l’argent, ont rendu certain concepts, (Socialisme, communisme, athéisme, antiracisme affirmé au réel, libre parole sur tous les sujets vis à vis du politiquement correct, révolution progressiste, (ou non), pacifique ou armée), impensables au commun des citoyen.

Même si les phénomènes "Sanders", "Black Live Matter" et "Bundy" ont été initiés ou favorisé par le Pouvoir, (Peut-être), pour dégonfler la baudruche ou/et sauver de la crédibilité, le simple fait qu’il prennent autant d’ampleur et d’écho dans les populations sans distinction de communauté ne peut que représenter un signe de faiblesse pour ce même Pouvoir.

Donc, si Sanders, élu, trahit ou est empêché de mettre en oeuvre son programme et les concepts progressistes qu’il contient, celui-ci reste et restera comme le premier programme ad’hoc à avoir été popularisé et avoir dépassé les caucus et les primaires lors d’une course à la présidence des Etats-Unis depuis la chasse aux sorcières des années 50.

Et s’il n’est pas élu, son programme restera comme base future pour ceux qui voudront. en faire une base de changement.

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