Le Nobel, rationalité monstrueuse et morale de singe.

Avec ce prix Nobel surprise délivré à Obama, je ne peux m’empêcher de regarder les manipulations de la raison dans notre société postmoderne.

En effet, il est deux formes d’effritement de la raison : la pathologique et l’idéologique. Nous savons déjà que la psychose, la schizophrénie et ses pics extrêmes de démence sont des illustrations ultimes, pathologiques de la « déraison » par l’altération de la personnalité des individus. Mais nous oublions souvent le miroitement de fausses valeurs dans l’idéologie morale d’un système social du mal, qui est quant à lui, la déraison programmée par une société autoproclamée rationnelle, l’altération de la conscience collective par le mensonge officiel qui atteint ses bas-fonds dans des sortes d’acting out étatico-sociaux comme l’invasion d’ « états voyous » au nom du système jugé juste et bon, le lancement d’un mode de crédits exponentiels, la consommation sans borne satisfaisant des besoins sans limites dans un monde aux ressources pourtant limitées près de la saturation...

L’indécence de l’institution sociale est d’arguer de bien et de justice lors même où elle méduse les masses par des hallucinations du mérite voire de la pureté.

L’idéologie morale de la société est donc l’hallucinogène d’une certaine humanité en déroute de sens. La désignification sociale, en somme, n’est pas la mort du sens mais l’appel à un semblant de sens fondé sur les pires excentricités des « élites » économiques, politiques et morales dont la mégalomanie et la domination peuvent se permettre toutes sortes de destructions du sens collectif et social pour les restituer sous formes de reflets par des symboles et des icônes aux cohues médiatiques, suspendues aux basques et matoiseries des médias du système.

Entre la percée néolibérale, la politique-spectacle et la désignation plus ou moins scandaleuse aux prix Nobel, le monde contemporain ressemble à une vaste farce où les histrions investis de l’ordre dominant se moquent du sens en mimant son institution par la force de la manipulation structurelle. Idéologisé, le sens se dilue en son contraire et la raison collective s’efface dans la raison unique de la propagande officielle. Le mérite, l’honneur en deviennent l’ironie de la vérité. Ironie qui masque la réalité exactement contraire de ce qui est projeté artificiellement. La désignification de l’action politique publique est justement toute cette mise en scène pour voiler l’horreur de l’ordre socioéconomique violent, belliciste intronisé par la politique des ploutocrates au pouvoir.

Le Nobel, institution morale démoralisatrice…

La morale sociale n’est que l’argutie du bien-alibi faussement transcendant pour faire croire à une pureté possible au coeur d’un système socioéconomique et politique d’exploitation des richesses du monde par quelques familles. CLM

Le cas d’Obama, prix Nobel de la paix, prix dont une horreur incarnée comme Kissinger fut d’ailleurs lauréat en ses heures de monstruosité, est sans conteste la plus méchante nique, la plus ironique singerie dédiée par cette institution présumée « gardienne du mérite » au monde entier. Car depuis son accession au pouvoir qu’a fait Obama pour la paix et pour l’humanité ? Et, que peut le président d’un empire belliciste - dénaturant de l’économie mondiale, pollueur à l’extrême et bêtement arrogant - pour la paix qu’il détruit en attisant les clivages et violences sous toutes formes et de toutes sortes ? Hormis les banques, les compagnies automobiles, qu’est-ce que le monde mis en crise par quelque banquiers étasuniens, a-t-il jusque-là obtenu d’Obama et de l’empire dont il est le figurant dans cette iconographie figurative que se joue le système en crise. Et enfin, mis à part sa rhétorique contre l’Iran, son attitude démagogique face au coup d’État au Honduras et le renforcement de la guerre en Afghanistan, quelle paix poursuit la politique obamaïque ?

L’establishment mondial, via le comité Nobel, a réussi un coup de maître en intronisant un singe politique, dieu de paix pour la jungle planétaire exterminatrice de l’humanité potentielle des hommes.

Ah ! honorable comité du prix Nobel, autorité morale planétaire s’il en est, votre morale de cirque a le cinglant mérite de réinventer le Bien - cette essence et quête idéale de la morale - en esbroufe politique rendue vertu cardinale par votre institution-icône ! Vous, de véritables démiurges de l’improbable aux dépens de la naïveté désarmante des cohues de la désinformation !

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

COMMENTAIRES  

11/10/2009 11:11 par vladimir

La photo qui illustre l’article est significative,l’attribution du "Nobel" est
un signe de plus de la desagregation de l’Empire que des elites divisées cherchent a
contenir :

Tensions entre la Maison-Blanche et l’armée à propos de l’Afghanistan

Par Patrick Martin
10 octobre 2009

Les tensions croissantes entre des sections de l’état-major et l’administration Obama ont éclaté au grand jour dans le conflit opposant le commandant en chef en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, et la Maison-Blanche.

Les demandes de plus en plus acharnées de McChrystal pour l’envoi de 40 000 soldats supplémentaires, couronnées par son discours la semaine dernière à Londres devant l’Institut international pour les études stratégiques (IISS), ont provoqué des réprimandes de la part du conseiller d’Obama à la sécurité nationale, le marine à la retraite, général James L. Jones, et de la part aussi du secrétaire à la Défense, Robert Gates.

Bien qu’aucun des deux officiels n’aient mentionné le nom de McChrystal, ils ont clairement souligné que sa campagne publique pour l’envoi de troupes additionnelles, avant même une prise de décision du président Obama, était en violation des règles de subordination des officiers militaires en service au commandant en chef civil.

Dimanche, lorsque CNN lui a posé la question s’il était approprié pour un officier en uniforme de faire campagne publiquement pour un choix spécifique de politique de guerre, Jones a déclaré que, «  Idéalement, les conseils militaires devraient passer par la hiérarchie de commandements. »

Gates a fait une déclaration encore plus catégorique lundi, affirmant devant une convention de l’armée à Washington que les officiels civils et militaires avaient l’obligation de maintenir leurs opinions privées lorsqu’ils tentent de conseiller le président.

«  Je crois que les décisions que va prendre le président pour la prochaine étape de la campagne afghane seront parmi les plus importante de sa présidence », a-t-il dit. «  Il est donc important de prendre notre temps pour faire en sorte que ce soit les bonnes décisions. Et dans ce processus, il est impératif que tous ceux d’entre nous qui prennent part à ces délibérations (les civils tout comme les militaires) offrent leurs meilleurs conseils au président, franchement mais en privé. »

Il a ensuite ajouté : «  Et parlant au nom du département de la Défense, une fois que le commandant en chef prendra ses décisions, nous allons saluer et exécuter fidèlement ces décisions au meilleur de nos capacités. »

Le 31 août, McChrystal a rendu un long rapport au Pentagone sur la position de l’armée en Afghanistan, qui a été suivi d’un appel officiel pour plus de troupes. Il a mis en garde sur le fait que le délai pour une victoire militaire américaine en Afghanistan se rétrécissait. Il a évalué ce délai à aussi peu que 12 mois, parce que les Talibans et d’autres insurgés gagnent en force et parce que l’appui populaire pour la guerre est en chute.

Il a appelé à une stratégie de contre-insurrection, impliquant beaucoup plus de troupes américaines que celles présentement déployées. Le rapport été approuvé par le général David H. Petraeus, le chef du CENTCOM américain ainsi que par l’amiral Mike Mullen, le chef d’état-major interarmées.

Selon plusieurs reportages médiatiques, des éléments de l’administration Obama, ainsi que de l’armée elle-même, sont sceptiques face à la proposition de McChrystal et soutiennent des alternatives, comme l’escalade des opérations militaires américaines ciblant les refuges talibans et les insurgés anti-américains au Pakistan.

Lundi, le Daily Telegraph britannique a publié un rapport intitulé «  Barack Obama furieux contre le discours du général Stanley McChrystal en Afghanistan ». Dans son discours à Londres, McChrystal a référé à une autre stratégie «  contre-terroriste » attribuée au vice-président Joseph Biden, la comparant à la stratégie du «  chaosistan », dans laquelle on laisserait le pays sombrer dans le chaos pour ensuite s’en occuper «  de l’extérieur ».

Lorsque quelques journalistes de l’auditoire lui ont demandé s’il croyait que la stratégie attribuée à Biden pourrait fonctionner, McChrystal a répondu : «  La réponse courte et facile est non. »

Le Telegraph a noté que seulement un jour après le discours, McChrystal «  fut convoqué à une réunion embarrassante de 25 minutes à bord d’Air Force One sur le tarmac de Copenhague, lors d’un entretien privé avec le président, où ce dernier était venu vendre, sans succès, la candidature de Chicago pour les Jeux olympiques ».

Il n’y a pas d’aile «  pacifique » dans les discussions sur la politique en Afghanistan à l’intérieur du Pentagone ou de la Maison-Blanche. Cela a été mis en évidence dans une déclaration faite lundi par le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, qui a dit que l’«  option » qui ne serait pas considérée dans l’examen des politiques était le retrait des troupes américaines du pays occupé.

Bien que toutes les parties dans le débat à Washington s’opposent à tout retrait de l’Afghanistan, cette politique est de plus en plus favorisée par la population américaine. De récents sondages ont confirmé qu’une claire majorité était opposée à la guerre.

L’intervention de commandants en uniforme dans la discussion sur la politique en Afghanistan est l’expression claire du rôle de plus en plus sûr de soi qu’adopte l’état-major militaire dans la vie politique américaine. Le Pentagone accapare actuellement la part du lion des dépenses discrétionnaires fédérales, soit plus de 700 milliards de dollars en dépenses militaires pour l’année fiscale en cours, incluant les deux guerres et la maintenance de l’énorme stock d’armes nucléaires des Etats-Unis.

L’an dernier, en pleine campagne électorale, l’amiral Mullen, le chef d’état-major interarmées, avait attaqué publiquement la politique irakienne défendue par Obama durant la campagne présidentielle. Il alla jusqu’à se présenter au réseau Fox, un organe des républicains, pour critiquer le candidat démocrate à la présidence.

Le fait que le secrétaire à la Défense Gates s’est senti obligé de rappeler publiquement au corps d’officiers qu’il est subordonné aux dirigeants civils élus est en soi une démonstration de l’immense développement, sur de nombreuses années, du pouvoir et de l’indépendance de l’appareil militaire et de sécurité. On ne peut que présumer, avec l’immense crise des Etats-Unis en Afghanistan, que des éléments au sein de l’armée menacent de défier ouvertement l’autorité civile.

Les travailleurs doivent considérer cela comme une mise en garde contre la profonde érosion des procédures démocratiques et la menace croissante de dictature. La combinaison de la crise militaire à l’étranger, la plus profonde crise économique depuis la Grande Dépression et le développement de la misère sociale et de l’inégalité économique pousse inévitablement la classe dirigeante vers des formes de pouvoir autoritaires et répressives.

La source fondamentale de la désintégration de la démocratie américaine se trouve dans la crise du système de profit. Il est impossible de maintenir des procédures démocratiques dans une société où tout le pouvoir est entre les mains d’une minuscule couche de super riches, qui contrôle le gros de la richesse et a à sa disposition l’énorme appareil militaire et de renseignement basé à Washington.

http://www.wsws.org/francais/News/2009/oct2009/afgh-o10.shtml

Mais les illusions du pouvoir du Nobel semblent encore operer :

Le Nobel de la paix au président Obama, un défi à la Pax Americana ?

Par Jules Dufour

Le 10 octobre 2009

La remise du Prix Nobel de la Paix au Président Obama en 2009 s’avère l’expression d’un défi lancé aux États-Unis et à leurs alliés regroupés au sein de l’OTAN. Cet honneur de très haut prestige place le président dans une situation intenable en tant que chef de l’armée la plus puissante du monde. Il lui est demandé, dans un message planétaire, de mettre fin aux agressions guerrières de son pays dans le cadre de la guerre mondiale contre le terrorisme et de faire la lumière sur les événements qui l’ont enclenchée. C’est le prix que le nouveau président doit payer pour mériter cette reconnaissance. Réussira-t-il à renverser le courant général qui le pousse vers une guerre mondiale de grande ampleur ou empruntera-t-il la voie de la justice distributive et de la diplomatie préventive ?

Ce prix s’avère un cadeau « empoisonné » pour l’administration américaine, car il se présente carrément à l’intérieur du processus de mise en place d’une nouvelle politique étrangère et de diverses réformes à l’intérieur des États-Unis eux-mêmes. C’est la raison pour laquelle les grands médias de droite des États-Unis ont qualifié le prix de « prématuré » et de « risqué », car ils craignent qu’il ait des conséquences négatives sur leurs intérêts. Il pose, en effet, pour les tenants de la poursuite des guerres, un frein réel et surtout il se présente au moment où celle qui sévit en Afghanistan est entrée dans une phase où des décisions aux conséquences majeures doivent être prises. Ce prix exercera-t-il un effet sur l’orientation de ces décisions ? Il est plus que probable que l’on cherchera, dans ce contexte, à lui accorder une valeur plutôt symbolique en faisant triompher le concept du proverbe latin « Si vis pacem para bellum ».

Pour d’autres analystes comme Paul Rogers cette nomination constitue « un affront tacite à l’ex-administration de G.W. Bush, à la fois en termes de sa réticence à négocier sur les questions nucléaires, son retrait du traité anti-missiles balistiques, et aussi de sa vision du monde islamique et du changement climatique » (Obama : un prix Nobel controversé et risqué).

Pour une « paix sans armes »

La population mondiale se tourne ainsi vers l’Amérique pour lui demander de mettre fin à ses actes d’agression et à ses ambitions de conquêtes. C’est ce message que sous-tend cette nomination. Pour la plus grande puissance de cette planète ce message sera-t-il interprété comme étant la consécration du rôle de gendarme qu’elle s’est évertué à jouer au cours des dernières décennies ou l’entrée dans une ère de coopération pour le développement équitable pour tous ?

Transformera-t-elle la vision du monde qu’elle a développée ou participera-t-elle plutôt activement et réellement à l’entreprise du désarmement et à l’instauration de la paix par le triomphe de la justice économique et sociale ?

Références

AFP. 2009. La nomination d’Obama « n’est pas prématurée », affirme le comité Nobel. En ligne : http://www.cyberpresse.ca/dossiers/prix-nobel-2009/200910/09/01-909988-la-nomination-dobama-nest-pas-prematuree-affirme-le-comite-nobel.php

AFP. 2009. Nobel : fierté à Harlem, scepticisme à Wall Street. Cyberpresse. Le 9 octobre 2009. En ligne : http://www.cyberpresse.ca/international/etats-unis/200910/09/01-910091-nobel-fierte-a-harlem-scepticisme-a-wall-street.php

BELAND, Cyril. 2009. Obama : un prix Nobel controversé et risqué. Agence France-Presse. Cyberpresse. Le 9 octobre 2009.

En ligne : http://www.cyberpresse.ca/international/etats-unis/200910/09/01-910046-obama-un-prix-nobel-controverse-et-risque.php

DUFOUR, Jules. 2009. G.W. Bush : Post mortem d’un régime politique odieux pour l’humanité. Une autopsie de l’administration de G.W. Bush. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 26 mai 2009. En ligne : http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=13735

Jules Dufour, Ph.D., est président de l’Association canadienne pour les Nations Unies (ACNU) /Section Saguenay-Lac-Saint-Jean, professeur émérite à l’Université du Québec à Chicoutimi,  membre du cercle universel des Ambassadeurs de la Paix, membre chevalier de l’Ordre national du Québec.

www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=DUF20091010&articleId=15613

11/10/2009 14:54 par Kazimir

"La guerre, c’est la paix"

11/10/2009 22:29 par Rimizac

Eh ben chêr Kazimir , vous préferez sûrement le
"Bhagavad Gita" des "Paroles de Bouddha"

12/10/2009 13:07 par Fethi

Cher Camille,

Si la figure de l’hyperbole caractérisait l’imaginaire des civilisations anciennes, l’antiphrase semble structurer l’imaginaire de notre époque mais sans effet ironique, sans distanciation, au point où imaginaire et réel finissent par se confondre...au point où mythe finit par signifier réalité et pacifier devient synonyme de massacrer...

12/10/2009 15:45 par Camille Loty MALEBRANCHE

Tout à fait cher Fethi,

Nous sommes en pleine farce idéologique où même les signes sont falsifiés. Or le signe est ce qui, émanant de la nature des êtres et situations, nous permet de comprendre le monde. Mais ici nous sommes souvent en présence de faux signes planifiés par les idéologues du social, signes subvertis fonctionnant un peu comme des symboles ; et il faut être très perspicaces pour appréhender les vrais signes et ne pas se perdre dans notre route vers le sens.

D’ailleurs, l’un de mes prochains articles déjà écrits, à publier, traitera de ce sujet en analysant la publicité.

12/10/2009 18:31 par Vania

Bien vu M.Loty et comme d’habitude très bien écrit !

12/10/2009 20:24 par Camille Loty MALEBRANCHE

Salut chère madame Vania et merci.

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