D’abord, je suis bien d’accord qu’il ne faut pas prendre la montée du fascisme à la légère. Ensuite, il n’est pas prouvé que les villages n’ont pas un arabe ou un noir depuis 250 ans. Les pauvres ont tous la TV couleur comme le dit Plume Latraverse, ce qui nous amène à la responsabilité écrasante des médias dans cette montée de l’extrême-droite.
Ensuite où est la gauche ? Même le PC courtise le système en faisant des alliances avec le PS. Quand au reste de la gauche, une grande partie n’a toujours pas réalisé qui si l’extrême-droite a le vent en poupe, c’est aujourd’hui comme hier justement parce que ses messages simplistes s’adressent à ceux qui n’ont rien compris.
Si la gauche a du succès en Amérique Latine, c’est parce qu’elle a su s’organiser pour répondre de façon concrète aux préoccupations des gens. Via Campesina et le mouvement des sans terre les aident de façon concrète dans leurs multiples tracasseries administratives et leur combat pour la terre. Au Venezuela, le PSUV comme avant lui le Mouvement pour la Cinquième République sont devenus populaires parce que dés le début de ces mouvements, ils étaient présent dans les villages et dans les quartiers.
Remplir des amphithéâtres comme le fait par exemple Mélenchon est bien, mais cela ne sert qu’à galvaniser celles et ceux qui sont déjà convaincus. Pour l’essentiel, la partie visible de la gauche est en train de répéter la même erreur que celle qui dans les années 1920-1930 ne lui a pas permis de battre les fascistes : croire qu’un message rationnel peut battre le message simpliste et les fausses promesses de l’extrême-droite. Or, une des caractéristiques de l’aliénation est justement que l’esprit de quelqu’un d’aliéné ne fonctionne plus de façon rationnelle, et qu’il est donc totalement hermétique au discours rationnels.
De plus, la problématique d’aujourd’hui n’est plus la même que celle des années 1930. Il ne s’agit plus de communisme ou de barbarie mais de respect de la nature ou de suicide de l’humanité. Le progrès a continué depuis 1945, et avec lui la pollution et la destruction généralisée de l’environnement ainsi que le pillage des ressources non renouvelables. Ce qui fait qu’aujourd’hui, la raison principale de la crise est que le capitalisme, basé sur le pillage illimité de ressources finies, est confronté à la finitude des ressources de la planète, et que de plus le niveau de destruction de l’environnement est tel, que rien qu’à cause de cette destruction, je ne suis même pas sur que la Terre soit encore viable pour les formes de vie supérieure dont nous sommes.
Face à cette situation, les médias comme les partis politiques traditionnels sont le problème, et tous refusent de parler de la situation réelle de l’environnement et des ressources, alors que comme le montre certains mémos de la CIA, ils en ont parfaitement conscience. Cela implique que le public n’est pas informé de la situation réelle, que la crise économique actuelle ne peut que rebondir à la première tension sérieuse sur le marché des matières premières, et que mis à part l’extrême droite, les seuls qui ont un message qui parle encore aux gens sont des mouvements comme les indignés.
Et là que fait la gauche ? Dans sa majorité elle flippe parce qu’elle estime que ces mouvements lui font concurrence. Et plutôt que de s’allier avec eux, elle cherche soit à les phagocyter soit à les neutraliser, faisant dans les deux cas le jeu du système. Ces mouvements ont un autre défaut, à l’exception des décroissants, ils n’ont pas de revendication claire.
Quand à la gauche, même quelqu’un comme Mélenchon continue à croire dans le mythe du progrès technologique et à croire, comme les communistes des années 30, qu’un communiste basé sur la satisfaction des besoins humains permettra, en le saupoudrant d’écologie, de résoudre tous nos problèmes. Or un tel communisme ne ferait que continuer les pillage des ressources naturelles, et donc la course au suicide de notre société. Il s’agit aujourd’hui de rétablir la balance entre les humains et la nature. Et cela ne pourra être fait qu’un mettant un frein sérieux à l’exploitation de la nature comme à sa destruction. En refusant d’incorporer la décroissance dans sa lutte, une partie importante de la gauche ne fait que démontrer qu’elle n’est pas plus rationnelle que ceux qu’elle prétend combattre.
Pour cela il y a deux moyens. Laissez faire l’extrême droite et exterminer le 99 % de l’humanité, c’est leur plan. Ceux qui ne me croient pas n’ont qu’à se demander pourquoi des salauds comme Georges W. Bush se sont fait construire des bunkers sous terrains dans lesquels ils comptent pouvoir survivre à un hiver nucléaire. C’est leur plan.
De plus, même sans troisième guerre mondiale et suicide écologique, le sort de nos infrastructures est lié à celui des bourses. Vu que le pillage des ressources naturelles continue et que celle-ci sont finies, et que les bulles financières reposent toutes sur l’économie réelle, ce n’est qu’une question de peu de temps temps avant que d’autres bulles n’éclatent et que des bourses comme Wall-Street et la City ne fassent le grand plongeon. Ce jour là, ce ne sera pas des états endettés qui pourront les sauver et s’en sera fait de toutes nos banques et des budgets de tous nos états. Par conséquent, il n’y aura plus de sous pour entretenir les infrastructures.
L’autre solution consiste à dés aujourd’hui favoriser les luttes locales, à favoriser toutes les initiatives qui permettent d’apporter des solutions locales aux problèmes de tous les jours. Nous n’avons pas besoin de géant de l’agro-alimentaire mais de semences paysannes. Nous n’avons pas besoin de centrales électriques mais de productions d’énergie locales et respectueuses de l’environnement. Nous n’avons pas besoin d’autoroutes mais de crèches et de jobs de proximité. Nous n’avons pas besoin de gouvernance mondiale mais de communautés locales autosuffisantes. Etc.
C’est ce qu’ils ont fait à Cuba avec leur agriculture. Aujourd’hui, l’agriculture cubaine est à 99 % biodynamique et de proximité. Cela implique que les cubains n’ont jamais aussi bien mangé qu’aujourd’hui, et cela montre que la communauté comme le local sont l’avenir de l’humanité.
C’est une question de balance. La Genèse dans la bible prône l’asservissement de la nature par l’homme. Avec les progrès de l’industrialisation, nous voyons aujourd’hui où une telle folie nous mène : à la destruction de notre seule source de vie et au meurtre de la vie supérieure sur cette planète. Pour nous en sortir, nous devons faire table rase sur les idéologies du passé et construire le futur en ayant la balance entre l’humain et la nature comme gouverne. Et pour cela, tout comme il faut se débarrasser du dogme de la croissance infinie des marchés économiques, il faut aussi se débarrasser de celui de la satisfaction infinie de nos besoins.
Face à ce que je viens de dire il y a 3 attitudes possibles. Celle qui consiste à dire que comme le Titanic, le capitalisme est insubmersible. Celle qui consiste à dire que rien n’est prouvé (ce qui est faux) et à ne rien faire. Celle qui consiste à dire qu’est-ce-qu’on fait ? La seule qui est porteur d’avenir est la troisième. Et pour cela, la gauche a encore du chemin à faire. Qu’est-ce qui est le plus important, sauver des emplois capitalistes ou sauvez les conditions nécessaires à la vie ?