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Les vieilles recettes antisociales du FN

La perméabilité d’une partie des salariés aux discours du FN est inquiétante. Elle s’inscrit dans un contexte de crise économique, financière et politique. La précarité, le chômage, les défaites sociales sur les retraites, l’éducation, les délocalisations et les plans de licenciement en cours plongent de nombreux salariés dans l’angoisse.

Face à ces inquiétudes, le FN se présente comme le défenseur des petits contre les gros, se plaçant en champion de la défense de l’emploi et se battant contre les délocalisations. Pour le FN les principaux responsables sont la politique européenne et les étrangers. Dans son discours, quelques formules à connotations anticapitalistes ne sont là que pour essayer d’abuser retraités et autres salariés qui peuvent être séduits par les propos faussement « sociaux-radicaux » du FN ?

Pour les retraites par exemple, le FN est dans la continuité des réformes voulues par les gouvernements précédents (1993-2003-2010). Mais en plus, lui le pourfendeur de la finance, plaide pour une retraite par capitalisation ouverte à tous et gérée par des organismes financiers privés. Ceci est la porte ouverte à un système à deux vitesses, où les pauvres auront une retraite de misère, et leur épargne sera investie dans des circuits financiers, pour être utilisée sur des marchés spéculatifs, responsables de licenciements et délocalisations. De plus, si un krach boursier survient, leurs économies s’envolent…

Pour sauver l’emploi, le FN est partisan du protectionnisme : tous unis derrière les capitalistes français ! Car parallèlement au protectionnisme et à la préférence nationale, sont but est de libérer le travail et de donner des garanties au Medef dans la pure droite ligne des doctrines ultralibérales. La vie sociale (et la vie tout court), l’amélioration des conditions de travail et les valeurs collectives sont loin d’être sa préoccupation. Le FN préfère le corporatisme et l’individualisation des revenus, le FN comme la droite sarkozienne, prône le salaire au mérite et la mise en concurrence des salariés entre eux. La préoccupation du FN est le temps que le salarié passe au service de l’entreprise, livré à l’arbitraire et à la soumission au patronat et à ses petits chefs. D’ailleurs, le Medef n’a rien à redire sur la vision « entreprenariale » du FN, bien au contraire !

Le FN reprend une vieille vision patronale : l’entreprise française ne serait pas compétitive, au niveau mondial, à cause des résistances syndicales contre toute tentative de démanteler les statuts sociaux, des combats pour l’emploi ou l’augmentation des salaires. Le programme du FN, contrairement aux idées qu’il voudrait diffuser auprès des salariés, est en fait l’allégeance aux entreprises et au patronat, cassant les droits collectifs acquis de hautes luttes, au profit d’une régulation qui lie de manière irréversible chaque salarié à son entreprise ou à sa branche professionnelle. C’est aussi la préférence aux patrons et à la libéralisation du travail…, ce qui n’a rien d’étonnant lorsque l’on prend le temps de lire le programme du FN.

Non seulement le FN n’est jamais présent pour défendre les salariés, mais l’on retrouve ses vieux reflexes réactionnaires lorsqu’il s’agit de condamner les mouvements de grève. Dans ces cas là il sait dénoncer les « prises d’otages » à l’unisson avec les discours ultra libéraux du Medef et des médias à leurs bottes. Pour donner le change, le FN précise qu’il est favorable au droit de grève, mais fondé sur des revendications réalistes et justes ??? Reste à savoir qui jugera de savoir si les revendications sont réalistes et justes ? Le Medef ?

Le discours actuel du FN sur l’ »Etat vampire » et sa haine des fonctionnaires est dans la ligne directe des doctrines véhiculées par le FMI et les différents organismes officiels et officieux, responsables de la dégradation de vie de millions d’êtres humains ; son programme est parfaitement libéralo-compatible. Sa différence avec la droite libérale vient de ce qu’il a fait de la haine de l’Islam son fond de commerce, et de la stigmatisation des immigrés son cheval de bataille. Le FN reste bien économiquement ultralibéral, lorsqu’il parle de Schengen par exemple, ce n’est pas pour remettre en cause les mouvements de biens et de capitaux. La vraie question est de savoir : quel soutien est-ce que le FN offre aux travailleurs en danger ? En dehors des périodes électorales, elle est où, Marine ?

Sur Conscience Citoyenne Responsable
http://2ccr.unblog.fr/2013/05/30/les-vieilles-recettes-antisociales-du-fn/

COMMENTAIRES  

30/05/2013 23:29 par Dwaabala

Il s’agit ici de l’analyse de la façade présentable du FN, considéré en tant que parti politique comme les autres.
Il est à craindre qu’il nourrisse en son sein des tendances moins intellectualistes et recèle des affinités cachées avec des groupes peu engageants.

30/05/2013 23:45 par Babylon Fighter

J’espère que ça va ouvrir les yeux des quelques illumines
qui croient encore aux chants de sirène des fachos.

31/05/2013 07:03 par Cunégonde Godot

A quelques nuances près, dans cette bonne analyse on peut remplacer le "FN" par n’importe quel parti du système européiste actuel. N’importe lequel. Le "FN" ne veut pas, comme eux, quitter l’UE pour se donner les moyens d’une politique réellement indépendante. Le "FN" n’est pas plus national que le "PS" n’est socialiste. Combattre le capital et la grande finance sur son terrain (l’Union européenne) et à partir de ses règles (l’euro, la désintégration des Etats et de leurs services publics, l’OTAN, etc.) revient à rentrer sur un ring habillés d’une camisole, en plus de prendre sont électorat pour des imbéciles. C’est à cet endroit que le Front "national" (aidé par les médias ouvertement ou discrètement) fait illusion auprès des masses : dans le champ national de l’indépendance et de la souveraineté laissé en jachère par l’extrême gauche qui, entre deux gémissements impuissants, se plie dans les faits aux règles et donc aux directives européennes, à la grande finance et au Medef. Dès lors, les Mélenchon et autres Montebourg peuvent bien continuer à pisser dans leurs violons (made in China)... Pour paraphraser les deux dernières phrases de cet article : La vraie question est celle-ci : dès lors qu’il a accepté les règles européistes, quel réel soutien le FDG offre-t-il aux travailleurs en danger ? En dehors des périodes électorales, il sont où, les leaders de l’extrême-gauche ?
Une question subsidiaire entre mille autres : sur la question de la désintégration des Etats européens (le corporatisme fascisant du FN, le régionalisme de l’extrême-gauche au nom de l’internationalisme), qui est le plus utile au Capital ? Les deux mon capitaine...

31/05/2013 08:50 par CN46400

On ne dira jamais assez que la politique économique et sociale du FN est celle de la droite et du Médef réunis. C’est d’ailleurs pour cela que, jamais, le FN, comme le reste de la droite, ne parle du niveau des salaires, des pensions, des retraites etc sauf pour en rendre responsables les immigrés. Et, comme le reste de la droite, il ne dit rien de la finance, ni des financiers (s’ils ne sont ni juifs, ni métèques) et espère leur appui, qui serait décisif, pour avancer encore son ambition politique.

31/05/2013 09:14 par kabouli

Le succès du FN auprès des salariés est dû simplement au fait que le FN est le seul parti réellment d’opposition et qu’il draine ainsi le dégoût croissant des salariés envers la classe politique actuelle. Le seul trot du FN est de revendiquer ce que les autres font hypocritement.Par exemple le PS bien que pacifiste n’en poursuit pas moins plusieurs guerre et bien qu’ aussi favorable à l’immigration n’en pourchasse pas moins les clandestins.
L’extrême gauche ne peut être d’aucun recours puisqu’elle demande de voter au second tour pour cette même classe politique déconsidérée mais auprès de laquelle elle veut faire croire aux salariés qu’ils seront un peu moins mal entendu ( quel ambition n’est ce pas ?...).
Ce ralliement des salariés à un parti tout autant raciste que le autres mais ne le cachant pas doit être vu comme une adhésion ironique des salariés à son programme qui n’est pas moins libéral que celui de socialistes. Les salariés sont des gens intelligents qui usent du bulletin de vote de la seul manière possible : ils manifestent leur opposition en votant pour le parti qui suscite le plus d’horreur chez ceux qui quotidiennement liquident leurs acquis sociaux.

31/05/2013 11:33 par Esteban

Il y a du vrai dans le commentaire de kabouli mais si "les salariés (...) usent du bulletin de vote" pour manifester "leur opposition en votant pour le parti qui suscite le plus d’horreur chez ceux qui quotidiennement liquident leurs acquis sociaux", là, à mon avis, ils font fausse route parce que le FN -et comme c’est démontré dans l’article avec sa politique en général indentique- ne terrorise aucun des autres partis cités. Pour eux il ne représente tout au plus qu’un concurrent à l’accession au pouvoir. Leurs vociférations médiatiques ne sont que du cinéma.

31/05/2013 19:35 par kabouli

Le FN est effectivement un concurrent comme un autre pour la mafia qui dirige actuellement notre pays. Ce que craignent par dessus tout cette mafia c’est d’être privé du pouvoir et non pas que le FN réalise un programme qui est en tout point semblable au leur. Cela fait quarante ans que l’on terrorise le pauvre peuple avec le danger d’un facisme imaginaire ou d’un retour d’Hitler pour masquer les politiques collaborationnistes de la mafia au pouvoir.Peut-il exister pire que le PS au pouvoir actuellement. Le FN n’est d’aucun danger sauf celui de perpétuer les nauséabondes politiques actuelles. Le danger de la mafia actuelle c’est qu’elle est d’une médiocrité sans pareille, médiocrité qu’elle justifie et qui lui apparaît comme la seule issue possible de la réalité humaine.

31/05/2013 22:26 par Archirouge

La perméabilité d’une partie des salariés aux discours du FN est inquiétante.

Certes mais avant analyse des mensonges du FN ( justes et précis au demeurant), il conviendrait de porter la critique sur nos propres carences. Nous militants syndicaux et/ou communistes portons lourde responsabilité quand à la perméabilité de certains salariés aux sirènes frontistes. Elle signe même à mon sens notre plus grand échec.

01/06/2013 00:46 par Dwaabala

@ Archirouge

Il ne faut pas se culpabiliser : tout cela remonte à très loin, à un temps que les moins de vingt ans...

01/06/2013 08:47 par Archirouge

Simple constat que de loup en chienne nous n’avons toujours pas réussi à lui casser définitivement les pattes.

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