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Le projet des services secrets étatiques

Lorsque le Gouvernement considère sa propre population comme l’ennemi (Counterpunch)

Le débat public sur la surveillance étatique qui a été, sinon inauguré, en tous cas intensifié par la publication des documents fournis par Edward Snowden a été, à certains égards, surréaliste et trompeur.

Un camp affirme que la surveillance de masse de la NSA est nécessaire pour protéger le public du terrorisme et qu’en fait, elle a permis de déjouer de nombreux "actes terroristes potentiels." L’autre camp affirme, avec de meilleurs arguments, que la collecte de données tous azimut peu ou pas d’impact sur la protection des simples civils. Mais peu de commentateurs sont assez audacieux pour déduire de tout cela que le gouvernement n’a aucun intérêt à protéger ses citoyens (en tant que tels), en premier lieu. En fait, il a intérêt à faire exactement le contraire : exposer ses citoyens – à l’exception de certains privilégiés – au danger.

Vous trouvez cela absurde ? Alors penchez-vous sur l’actualité récente et vous verrez qu’elle ne corrobore pas du tout l’idée que le gouvernement étasunien se soucie de la protection de ses citoyens. La pièce à conviction n°1 est l’attaque du 11 septembre. C’est depuis longtemps devenu un lieu commun chez les gauchistes et les libéraux de citer le mémo de la Maison Blanche du 6 Août 2001, portant le titre "Ben Laden est déterminé à frapper les Etats-Unis," qui a apparemment été ignoré à l’époque par l’administration Bush. Peut-être plus accablant encore est le livre de 2006 de Lawrence Wright : The Looming Tower (La guerre cachée), qui montre on ne peut plus clairement que la lutte contre le terrorisme n’était pas la priorité de la CIA et du FBI même après les attentats du World Trade Center en 1993 et d’Oklahoma City en 1995.

Quelqu’un qui aurait l’esprit mal tourné pourrait penser que les institutions gouvernementales sont capables d’autre chose que d’attraper des voleurs et que, peut-être, l’organisation et les efforts ridiculement contre-productifs – du point de vue de la lutte contre le terrorisme – de la CIA et du FBI avant le 11 septembre avaient, par une logique institutionnelle pervertie, précisément pour but de rendre possible ce qui est arrivé : un acte terroriste de grande envergure.

C’est aussi un lieu commun que de dire que la guerre en Irak de George W. Bush, loin de diminuer le terrorisme, l’a augmenté substantiellement, le multipliant sans doute même par sept. C’était prévisible, et avait été prédit en 2003, ce qui signifie, en toute logique, que l’administration Bush, à tout le moins, n’avait aucun problème à exposer les civils étasuniens (et bien sûr étrangers) à de plus grands dangers. La même logique s’applique à la guerre de drones d’Obama dans le monde, qui a apparemment assassiné 50 civils pour chaque terroriste tué. Sans surprise, elle a alimenté le terrorisme, et donc amplifié la menace contre les Etasuniens. (En fait, la campagne de drones est en elle-même du terrorisme, mais, ici, je m’en tiens à la manière habituelle dont les Etasuniens utilisent ce mot, en l’appliquant uniquement aux gens que leur gouvernement n’aime pas.)

On pourrait allonger la liste indéfiniment. Par exemple, la sordide leçon à tirer de la débâcle de l’ouragan Katrina en 2005, c’est que la protection des Etasuniens contre une catastrophe naturelle n’était pas une priorité du gouvernement à quelque niveau que ce soit, du moins pas des gouvernements concernés.

Le comportement déplorable de la police dans les jours qui ont suivi l’ouragan confirme cette analyse. Les victimes ont été traitées comme des criminels, et pas comme des gens qui avaient besoin de protection et qui la méritaient.

En plus des nombreuses preuves factuelles, on peut aussi faire preuve de simple logique. Revenons à la surveillance de masse de la NSA : il ne devrait pas être difficile pour les officiels gouvernementaux de comprendre que plus ils consacrent de temps et de ressources à la surveillance des simples citoyens, moins ils ont de temps et de ressources à consacrer à la surveillance de possibles menaces terroristes. En fait, presque toutes les attaques terroristes majeures en Occident au cours des quinze dernières années ont été perpétrées par des gens qui étaient déjà connus de la police. Ce fut le cas, par exemple, de l’un des frères accusés des attentats du marathon de Boston en 2013. Mais le gouvernement était commodément trop occupé à espionner les Etasuniens ordinaires pour s’intéresser à lui, ce qui lui a permis de vaquer sans entrave à ses occupations terroristes.

Mais pourquoi, vous demandez-vous, serait-il dans l’intérêt du gouvernement d’exposer le public au danger ? Pour répondre à cette question, il faut considérer le contexte historique actuel, en l’occurrence, le capitalisme néolibéral. Dans une société qui connaît des inégalités de revenus stratosphériques, un chômage élevé, la stagnation économique sur le long terme, la réduction des programmes d’aide sociale, la menace réelle d’une catastrophe écologique, bref, un mécontentement et une instabilité sociale croissants, les centres de pouvoir institutionnels vont tout naturellement essayer d’augmenter leur contrôle sur la population. Comme un ploutocrate, fier de l’être, à lui-même mis en garde ses frères milliardaires : "Les fourches arrivent." Et les ploutocrates, ainsi que leurs représentants au gouvernement, s’y préparent.

La question est de savoir comment justifier l’expansion de la surveillance étatique et des pouvoirs de police nécessaires pour tenir la populace. De toute évidence, il faut trouver des prétextes. Et il n’y a pas de meilleurs prétextes que les attentats terroristes, surtout s’ils se produisent sur le sol étasunien. Cela peut paraître un truisme, mais on le dit rarement : il est dans l’intérêt du gouvernement et des "1%" les plus riches que les civils soient périodiquement victimes du terrorisme. Si la menace terroriste disparaissait, les prétextes dont ils ont besoin disparaitraient avec.

Le phénomène des "prétextes" a d’autres dimensions. Naomi Klein parle de l’un d’eux dans son célèbre livre La stratégie du choc, où elle démontre qu’au cours des quarante dernières années, les élites économiques ont profité de la désorientation et la désorganisation populaire engendrées par les catastrophes de toutes sortes, naturelles, militaires, terroristes, pour imposer à la population des vagues de privatisation.

Le "néolibéralisme à coup de blitzkrieg*" pourrait-on dire. On pourrait donner comme premier exemple ce qui est arrivé à la Nouvelle-Orléans après Katrina : profitant de l’amoindrissement de la capacité de résistance de la population, on a privatisé presque toutes les écoles publiques. Sous prétexte de réformer l’éducation, "des hommes d’affaire et des politiciens cupides se sont jetés sur les communautés noires, ne laissant derrière eux que ruines et confusion", explique le porte-parole d’une communauté de la Nouvelle-Orléans.

Ainsi donc, pour le noyau néolibéral entreprise-Etat, un cataclysme qui s’abat sur une communauté particulière, y compris sur le sol de la nation, peut se révéler éminemment profitable non seulement pour briser la résistance populaire contre le pouvoir, mais aussi pour permettre aux élites d’imposer des mesures qu’elles n’auraient jamais pu imposer autrement. On peut toujours trouver de bons prétextes.

C’est Noam Chomsky qui a le mieux résumé les choses : le principal ennemi de tous les gouvernements est (la majorité de) leur propre population. Car le peuple veut toujours plus de pouvoir et de sécurité économique qu’il en a, et il est prêt à se battre pour l’avoir (comme l’histoire du mouvement ouvrier le montre) – ce qui implique automatiquement la diminution relative du pouvoir des riches et de leurs sous-fifres politiques. C’est ce qui explique, bien sûr, la violence éhontée avec laquelle le gouvernement américain traite, de siècle en siècle, les travailleurs, les classes populaires, les militants de gauche, les Afro-Américains, les manifestants, les dissidents et les "gens ordinaires". Il faut qu’ils soient humiliés, blessés, tués, tabassés, utilisés pour faire des exemples à la moindre transgression, maintenus dans un état de peur et de soumission constant (même si cela est impossible). Le pouvoir n’a d’autre but que de se maintenir et de se développer ; c’est sa raison d’être**, et c’est la clé qui permet de comprendre ses moindres actions (au niveau institutionnel, pas au niveau personnel).

Par exemple, si les attaques du gouvernement contre sa propre population ne sont pas toujours aussi ouvertement agressives, ce n’est pas parce qu’il a de soudains scrupules ; c’est parce que cela pourrait menacer sa position en générant trop d’opposition. Il faut faire des concessions aux masses pour leur faire accepter la subordination sur le long terme. Il faut maintenir l’illusion, et dans une faible mesure même la réalité, de la protection de la population pour ne pas donner de grain à moudre aux empêcheurs de gouverner en rond.

Cela ne signifie pas que les décideurs politiques, les bureaucrates ou les membres de la "classe dirigeante" aient nécessairement ces intentions à l’esprit lorsqu’ils élaborent leurs politiques ou répriment la dissidence. Même s’il y en a sans doute quelques-uns d’assez lucides. Mais la logique des institutions auxquelles ils appartiennent – la logique bureaucratique expansionniste, capitaliste, totalitaire, Panopticonesque*** leur lave le cerveau et, par une sorte de mystérieuse alchimie subliminale, se transforme en rationalisations et en justifications dans lesquelles ils croient habituellement dur comme fer. Il n’est pas très difficile de trouver des prétextes et des justifications pour faire ce qui est dans votre intérêt de caste. Les êtres humains sont passés maîtres dans l’art de se mentir à eux-mêmes.

Alors, pourquoi ne pas se débarrasser de toute trace de sentimentalisme envers nos dirigeants ? Pourquoi ne pas dire la vérité toute crue : quand il se produit un attentat terroriste, il ne s’agit pas d’un échec du gouvernement, mais d’un succès ; parce que maintenant les centres de pouvoir ont une nouvelle excuse pour se développer, et pour attiser les peurs, et pour diaboliser l’Autre, et pour faire plus de profits en vendant de la technologie militaire et de surveillance, et pour réprimer encore plus leur population.

Et quand la police brutalise aveuglément des civils ou des manifestants innocents, ce n’est pas une erreur que le gouvernement doit corriger. C’est ce que la police est payée pour faire, et ce pourquoi elle existe d’abord et avant tout. Ce gouvernement agit en fait avec intelligence dans son propre intérêt et dans l’intérêt de ceux qui tirent les ficelles et dont il est la marionnette.

La population doit se protéger toute seule et se défendre toute seule, et se battre pour la liberté, le pouvoir et la sécurité. Parce que le gouvernement ne lui donnera rien de tout cela, bien au contraire.

Chris Wright

Chris Wright prépare une thèse de doctorat sur l’histoire du travail aux États-Unis. Il est l’auteur de Worker Cooperatives and Revolution : History and Possibilities in the United States

Traduction : Dominique Muselet

Notes :

* Le Blitzkrieg (signifiant en allemand « guerre éclair ») est une stratégie offensive visant à emporter une victoire décisive par l’engagement localisé et limité dans le temps d’un puissant ensemble de forces mécanisées, terrestres et aériennes dans l’optique de frapper en profondeur la capacité militaire, économique ou politique de l’ennemi.

** En français dans le texte

*** http://www.memoireonline.com/06/07/479/m_michel-foucault-psychiatrie-et-medecine28.html

 http://www.counterpunch.org/2015/04/03/when-the-government-views-its-own-population-as-the-enemy/

COMMENTAIRES  

08/04/2015 17:31 par Christophe

A partir du moment ou l’individu ne compte plus, répression, propagande, négociation ne sont plus que des paramètres matériels, quantifiables, plus ou moins coûteux. Les choix tactiques et politiques sont les mêmes que pour une campagne commerciale. Comme dans une entreprise, c’est le patron qui décide pour les cas sensibles.
Le totalitarisme commence là où l’homme devient inutile.

La population n’est pas l’ennemi, elle n’existe pas. Seul le capital existe et doit être protégé. Et ceux qui prévoient de gérer le capital ne feront pas mieux. Je ne sais plus qui montrait qu’au Brésil démocratique les escadrons de la mort effectuaient 1000 meurtres par an, alors que le régime totalitaire fascisant précédent ne tuait "que" 500 personnes par an.

L’état n’est peut être pas indispensable à la répression. L’avenir pourrait évoluer vers à la fois moins d’état et plus de répression. La protection ou le renforcement de l’état ne sont pas les premières raisons des répressions.

08/04/2015 19:56 par Dwaabala

Les services connaissent peut-être l’aphorisme de Mao :
«  Le rebelle vit dans la population comme un poisson dans l’eau.  »

09/04/2015 07:07 par Anton

Merci pour la traduction. Super article, très clair.
Bientôt la même chose en France avec une surveillance institutionalisée.

09/04/2015 08:00 par résistant

C’est encore une fois l’arbre qui cache la forêt : ce n’est pas le gouvernement qui est notre ennemi, c’est ceux qui nous l’ont confisqué.
L’état c’est nous. Arrêtons de nous tromper tout le temps d’ennemis, sinon nous nous condamnons à nous faire entuber éternellement.
Parlons des vrais ennemis : les gros banquiers et industriels qui pilotent les marionnettes qu’ils ont placées à la tête de NOTRE état.

09/04/2015 13:42 par Paul-Victor de Merode

Merci pour cet article.

Quelques notes

"par une logique institutionnelle pervertie, précisément pour but de rendre
possible ce qui est arrivé : un acte terroriste de grande envergure."

C’est en revenir à la théorie du complot. Les États-Unis (et tous les états en général) n’ont jamais attendu le 11 septembre pour mettre sur pieds des organisations de renseignements et d’espionnage. NSA, CIA, ou même de grands projets comme Échelon, existaient bien avant cela. Pas plus qu’ils ne sont l’apanage de régimes capitalistes (cf. STASI, KGB, etc.).

Le 9/11 fut bien un fiasco du renseignement qui démontre qu’à tout absorber on ne comprend rien (des milliards de messages par jour). Ils n’ont jamais eu besoin d’attentats pour justifier leurs nombreuses guerres et invasions depuis 1945, la lutte contre le communisme suffisait amplement, et pouvait se poursuivre de nos jours au nom de leur "leadership mondial", de leur hégémonie, du sentiment qu’ils ont d’accomplir une œuvre salutaire quasi messianique, ou encore de poursuive leur expansion au nom de la démocratie ou de la défense des droits de l’Homme. Donc un complot, non, mais plutôt un fiasco du renseignement dont ils ont su tiré profit afin d’amplifier leur emprise mondiale.

"La population doit se protéger toute seule et se défendre toute seule."

Concrètement, prônez-vous l’auto-défense et se faire justice ? En théorie, légalement, constitutionnellement, seul l’État a le monopole de la violence, non ses citoyens (ou ses sujets).

Qu’ajouter ? A terme, ce pays tombera, par implosion, ruiné par ses ambitions démesurées et la folie meurtrière de ses empereurs. Les vents ont commencé a changé de direction : l’Amérique Latine qu’ils ravagèrent pendant si longtemps pour s’imposer a très largement viré à gauche (hormis quelques fidèles vassaux comme la Colombie, etc.), de nouvelles alliances se forgent : Amérique Latine, Russie, Chine, etc. Tout espoir est encore permis.

Pour finir avec l’observation de masse : personne n’y échappe, y compris à l’intérieur du système. Posez la question à un certain Général David Petraeus...

09/04/2015 15:52 par Le fou d'ubu

@ Anton

" bientôt " est déjà là je le crains ... Comme je crains que toute terreur des populations émanent de gouvernements "profonds" ...

09/04/2015 16:17 par ver2taire

Que d’évidences qu’il faut dire et redire, et prendre en compte.

Un oubli pourtant, agiter les esprits. Tout est bon pour simplement trouver des occupations aux esprits, faire tomber les gens dans des préoccupations qui les occupent sans risquer de les voir se mettre à penser, à prendre du recul.

Depuis quelques années, plus personne ne peut être dupe de la réalité de la ploutocratie (le pouvoir par l’argent). Alors il faut trouver des antidotes, de nouveaux attracteurs : le sport reste efficace mais faiblit, les sujets clivants - la peine de mort, le genre, les monstres, les robots, (enfin tout sauf choisir son futur, sa société ) ..., la peur est un moyen très efficace, les émotions, les centres de parlotes, d’épanchement, les déversoir des indignations ; ce site en est un, un sincère merci à lui, au passage. La seule véritable préoccupation des élites (de nos brigands) au pouvoir (pouvoir réel, pas que les élus) est de maintenir l’atomisation des mouvements, des groupes, c’est de contrôler que dès qu’un groupe devient un peu plus puissant, il se scinde, disparaisse, au mieux s’affaiblisse, cela permet aux gens de s’y occuper sans aucun risque qu’ils trouvent plus d’audience.
ET ÇA MARCHE.
pour le moment...

La surveillance de la population pour mieux la contrôler est une trivialité.
Il y a aussi pour beaucoup l’espionnage économico-politico-financier. Favoriser des entreprises nationales (vrai pour chaque pays) donc en surveillant-achetant les politiques qui participent à l’économie.

Quand on publie de tels propos en France, on se fait immédiatement traité d’antiaméricaniste primaire.
Et bien-sûr, c’est l’injure suprême ; être anti xxiens vous classe parmi les intolérants, les complotistes, les fanatiques délirants qui voient des méchants partout, en un mot vous êtes atteint de paranoïa - exit. tellement simple.

Je trouve que l’auteur prend trop de précautions en suggérant que ceux qui font cela ne le font pas exprès se laissent entraîner etc tout ça pour ne pas risquer de prêter à la théorie du complot. C’est touchant. Il n’y a pas de complot, il y a une réelle lutte des classes, c’est aussi simple. Les plus riches défendent leur position dominante, c’est darwinien, je veux dire la simple logique du vivant.

En fait c’est une peu plus subtil, l’auteur parle de mystérieuse alchimie subliminale .
Il faut, je crois, prendre en compte le contexte. Si un ou quelques décideurs choisissaient une voie alternative, dans la plupart des cas ces derniers seraient rapidement exclus du système. On ne peut pas impunément changer la règle du plus fort. Financièrement, celui qui n’optimise pas ses gains disparaît. Politiquement, celui qui crache dans la soupe s’exclut du cercle des dominants, soit par violation des règles, soit par affaiblissement, mental, financier ... Comme on dit chez les fascistes, on est in ou on est out. L’empressement pour être in est une pathologie de survie très répandue dans nos sociétés faussement sécurisées.

Cette situation légèrement manichéenne bloque la situation au sens que son évolution est rendue difficile.
Le premier qui sort est exclu, dévoré par les autres. exemple actuels courants en France en ’politique’ : au PS, à EELV, à l’UMP .. même au FN, les aventuriers un peu trop solitaires disparaissent rapidement. Le troupeau reste attracteur, la sécurité. Il en est de même dans les entreprises (les vaches laitières de la finance), les originaux qui oseraient faire du social, se feraient dévorer par ceux qui restent plus puissants, quand la puissance est celle de l’argent.

Ce monde est donc contraint à l’effondrement. Le politique ne pouvant ramener la raison, la finance et les financiers hors d’atteinte, il reste les révolutions et les papillons.
On peut imaginer une révolution plaçant sur des piques quelques têtes de banquiers et autres emblèmes mais il faudrait un important événement déclencheur peu probable ; n’insultons pas l’avenir, tout est possible.
Par contre le papillon me semble plus sûr.

Un battement d’ailes pourrait par successions d’effets mettre à bas le fonctionnement de nos sociétés. On voit les fragilités, les impasses, les fractures, les brèches, les bulles prêtes à éclater .. et ironie, on ne fait que les voir et nos élites dirigeantes n’y font rien, normal, elles en profitent - et se croient vraiment à l’abri - beaucoup de fric donne vraiment beaucoup de pouvoir et de moyens, alors professeur Choron, le monde s’effondre, - qu’il crève.

Un peu de patience et ce sera la catastrophe que je ne souhaite à personne de vivre - quoique.
C’est bête de penser et dire cela j’en suis conscient mais tant d’indicateurs se rapprochent de limites physiques.
surpopulation versus ressources, folie dingue de la finance hors de toutes réalités économiques tout en n’étant toujours liées .. on le vit. enfin j’arrête,
désolé d’avoir été si long.

09/04/2015 22:39 par gérard

Bien qu’il y ait de nombreuses choses intéressantes dans cet article, je trouve comme ver2taire que « l’auteur prend trop de précautions », volontairement ou par ignorance ?
« les élites économiques ont profité de la désorientation et la désorganisation populaire engendrées par les catastrophes de toutes sortes, naturelles, militaires, terroristes, pour imposer à la population des vagues de privatisation. »
Pour les catastrophes naturelles, lorsqu’il ajoute que : « la protection des Étasuniens contre une catastrophe naturelle n’était pas une priorité du gouvernement », c’est entendu, mais le fait d’avoir précédemment amalgamé ces événements "naturels" avec les catastrophes « militaires » et « terroristes » sous entend que ces dernières "catastrophes" sont elles aussi indépendantes du Pouvoir de l’État.
À partir de là une grande partie de son article devient des plus conformistes qui soient.
Incompétence profonde :
« plus ils [les officiels gouvernementaux] consacrent de temps et de ressources à la surveillance des simples citoyens, moins ils ont de temps et de ressources à consacrer à la surveillance de possibles menaces terroristes. »
Re-incompétence :
« l’organisation et les efforts ridiculement contre-productifs – du point de vue de la lutte contre le terrorisme – de la CIA et du FBI avant le 11 septembre avaient, par une logique institutionnelle pervertie [qu’est-ce à dire ?], précisément pour but de rendre possible ce qui est arrivé : un acte terroriste de grande envergure »
Conclusion : il n’y aurait donc jamais de volonté prémédité de la part du Gouvernement de nuire à sa Population, mais il profiterait pour ce faire "d’événements" tous indépendants de sa volonté (!).
De plus :
« Cela ne signifie pas que les décideurs politiques, les bureaucrates ou les membres de la "classe dirigeante" aient nécessairement ces intentions à l’esprit lorsqu’ils élaborent leurs politiques ou répriment la dissidence »
Dans le fond, ils ne sont pas si mauvais que ça....
Article vraiment bancal...

10/04/2015 22:33 par depassage

Mais peu de commentateurs sont assez audacieux pour déduire de tout cela que le gouvernement n’a aucun intérêt à protéger ses citoyens …

L’article est une ébauche d’une réflexion très intéressante qui demande à être menée à terme. Pour une fois qu’il y ait quelqu’un qui essaye de sortir des sentiers battus et de faire différent en touchant à l’essentiel, est en soi un exploit même si l’argumentaire prêche par défaut par manque de soutien. Ce défaut bien répondu nous met en situation de questionnement en allant jusqu’à se demander : si on s’entend parler ou on se lit même par soi-même ? La réponse ne peut être ni négative ni positive, parce que, dans les deux cas, interviennent des poncifs plus aux moins accentués, envahissants et insurmontables. C’est qu’on essaye de surmonter par les débats et les échanges pour le moins qu’ils soient sincères, sans trop de préconçus et de dérives intéressées se mêlant à des généralités imbibées de bonnes intentions qui cherchent plus à séduire, à attirer ou à détourner l’attention de l’autre de l’important qu’ à donner à comprendre et à instruire. Il n’y a aucune malice à y voir, mais un conditionnement des plus primaires ou primitifs.

Commençons par dézinguer le mot théorie qui commence à faire florès en le délogeant de sans contexte scientifique pour le mettre sur n’importe quel toussotement d’un hurluberlu. Une théorie est une théorie scientifique sur laquelle on peut être en accord ou en désaccord selon des critères précis, ou ne l’est pas. Une observation ou un amas d’observations aussi rigoureuses soient-elles ne peuvent jamais constituer une théorie s’il s’en dégage pas un principe qui reste vrai jusqu’à preuve du contraire. La théorie des chocs n’est pas une théorie mais une observation plus que judicieuse qui admet intrinsèquement l’existence de corps séparés ou autonomes jusqu’à un certain degré qui puisse leur permettre de s’entrechoquer. Dans un liquide, les molécules se glissent les unes par rapport aux autres, mais ne s’entrechoquent pas, au contraire des molécules de l’air.

Pour quelqu’un qui s’est envoyé se charabia, peut maintenant comprendre ce que l’auteur veut dire sans l’expliciter. Tous les systèmes de vies sont constitués de corps individuels à la base avant de se constituer en corps ou groupe d’individus pour leur survie par nécessité le plus souvent ou autres affinités. Une horde, une tribu, une famille, un essaim, une fourmilière constituent des corps formés par la nécessité de collaborer pour leur survie en tant que corps et en tant qu’individus séparés. Les civilisations humaines ne font pas une exception, elles s’organisent en corps par affinité et par opposition selon leurs intérêts, les conjonctures, les opportunités et un et mille menus facteurs. Les institutions en sont l’exemple le meilleur qui, si elles se créent comme réponses à des demandes quelles qu’elles soient, elles peuvent facilement virer en corps plus au moins autonomes et en faire de leur existence un corps en soi luttant pour sa propre survie et celles de ses membres élargis ou restreints dépendamment de conjonctures et des adversités réelles, supposées ou inventées.
Une armée est un corps superbe dont le rôle ne souffre pas de contestation et est conditionnée par sa mission qui est celle de protéger et de défendre un pays donné. Mais cette armée a besoin d’armes, donc il lui faut collaborer avec un autre corps pour s’armer, le corps des fabricants d’armes et de leurs acolytes politiques et financiers. Les politiques y sont intéressés parce que ça procure du travail à leurs citoyens, les financiers et les fabricants sont intéressés pour ne pas mettre la clé sous le paillasson et sauver leurs intérêts.

Imaginons maintenant une armée qui s’est constituée par opposition à un ennemi qu’elle avait surdimensionné pour continuellement se renforcer et répondre aux besoins de ses soutiens, politiques, financiers, industriels et plus. Imaginons que cette armée s’est trouvée dépossédée par son ennemi par un accroc de l’histoire et se retrouve du jour au lendemain sans un ennemi de sa taille. Ne lui faudra-t-il pas en inventer un si elle tient à se maintenir et maintenir ses soutiens qui ont prééminence sur elle et la justifient en se justifiant, ce qui peut les amener à comploter pour arriver à leurs fins ou à profiter des hasards quand on ne peut pas les provoquer comme les catastrophes naturelles.
Et ceci n’est pas une théorie mais une observation aux conséquences possibles pouvant s’avérer justes dans beaucoup de cas concrets

11/04/2015 02:49 par alain harrison

Bonjour.

Excellent article, bien que des défauts soint ressorties dans certains commentaires, merci à eux, qui me met sur la perspective du questionnement.

Cela étant dit, je conseille la lecture de ces trois articles pour une vision d’ensemble :

Chapitre 49 — L’histoire du contrôle
bancaire aux Etats-Unis
(Article d’Alain Pilote, paru dans Vers Demain de juillet-août 1985.)
http://www.michaeljournal.org/sign49.htm

Crimes contre l’humanité : L’ultime retour des barbares
Par Fethi Gharbi
Mondialisation.ca, 06 août 2014
« « « En juillet 1953 alors que la guerre froide battait son plein,....
http://www.mondialisation.ca/lultime-retour-des-barbares/5394869

Afin d’illustration : (ce modus operandi qui se perpétue à l’heure actuelle ! ?)

Extrait du « Manuel d’histoire critique »

« « Et le Paraguay découvrit le libre-échange...
Quand il trouve porte close, le libre-échange sait s’imposer...
http://www.monde-diplomatique.fr/communiques/141016.html

Il me semble que nous sommes, tous pour la pluspart, dans un méta-conditionnement « « du conflit » ».
Un regard sur l’histoire semble bien le corroborer.

Le néo-libéralisme ne fait que, et il le fait très bien, qu’exploiter nos vieux atavismes bien ancrés dans les moeurs, à des degrés relatifs selon les cultures et surtout conditionnés par les conjonctures : la révolte risque plus de survenir dans un pays où la population est maltraitée que dans un pays où la population jouit du consumérisme, n’est-ce pas.

Mais avec le plan d’affaire, accéléré, de l’austérité, le jeu politico-social-économique peut changer.
Tout est dans le rapport de force et de la conscience de la population.
Ici, je conseille la lecture du chapitre 1 du livre de Jean-Marie Abgrall, tous manipulés tous manipulateurs.
Le principe de la manipulation et du conditionnement y est bien établi.

Si les citoyens se rassemblent autour de solutions reconnus par tous, le rapport de force change.

Avons-nous des solutions....

11/04/2015 10:11 par Dwaabala

@ depassage
Une théorie sur la théorie.
Il faut bien admettre que le mot théorie a plusieurs sens possibles. Le Larousse en ligne en donne cinq, parmi lesquels celui-ci :
- Système d’hypothèses sous-tendant les interprétations des évènements : C’est votre théorie, mais ce n’est pas sûr.

11/04/2015 16:45 par depassage

@) Dwaabala
Vous faites dans l’ironie, et l’ironie sert à dégonfler une atmosphère tendue ou déstabiliser quelqu’un en le rendant ridicule. Si d’aucuns veulent tout mettre dans la théorie, il est tout à leur aise de le faire et c’est mon dernier souci.

Beaucoup se sont essayés à théoriser la théorie et se sont mordu la langue parce qu’il n’existe pas de théorie de la théorie mais seulement des explications plus ou moins pertinentes dépendamment des auteurs de ces explications et du domaine d’étude. Une explication, un roman, un récit, une idéologie, une observation, un conte, une fiction… ne sont pas des théories et ne peuvent jamais l’être.
Par contre, ils peuvent être proche ou loin de la réalité communément admise telle du moins qu’elle se présente par la langue dont on use comme langage de communication. Si vous me dites que les hommes marchent sur la tête, je vous croirai dans la mesure où je comprends que vous voulez dire que les hommes n’ont pas leurs têtes à sa place parce que vous avez constaté que par leurs actions, ils donnaient l’impression de ne pas l’avoir sur les épaules, mais à leurs pieds. Si je prends ce que vous dites au pied de la lettre, je ne pourrais que vous désavouer.

Vous voulez des exemples de théories pour vous familiariser avec le mot théorie, en voici.
1) Le réchauffement climatique est une théorie qui débouche sur le principe formulant une tendance du climat de la terre allant dans le sens d’un réchauffement graduel pour une raison anthropique et non naturelle.
2) Les théories de la physique et autres sciences sont des théories.
3) Les antagonismes des classes sociales comme moteur de l’histoire et la loi de la baisse tendancielle du taux de profits sont des théories
4) Etc.
Quand à moi, je n’ai formulé aucune théorie, à part présenter une lecture qui vaut une autre pouvant rendre notre monde plus intelligible et éviter ses écueils. Pour les absurdités, on nage dedans et tout le monde peut en produire. De qui va survivre sur cette terre, ne serait-ce un moustique que je serais heureux à l’idée seulement de le savoir.

11/04/2015 20:48 par Dwaabala

@ depassage
Vous vous méprenez, il n’y a strictement aucune ironie. Vous preniez le mot théorie dans le seul sens que j’apprécie, l’autre, qui existe cependant, et que je rappelle, je le laisse à mes contradicteurs qui envoient en l’air ce que je leur dis.

12/04/2015 13:49 par depassage

@Dwaabala.
Cher ami, nos réactions dépendent de nos humeurs qui ne sont pas toujours calmes et mesurées. D’abord, je m’excuse si je vous ai offensé. Votre commentaire et celui d’un autre ne sont pour moi que des excuses pour dire et échanger des points de vue et rien d’autre. Les incompréhensions sont légion, il suffit de ne pas en faire un problème. Je réitère mes excuses, et j’essayerai d’être plus souple dorénavant. J’entends tellement d’absurdité en comparaison vos commentaires sont du miel et donnent envie de réagir, ce qui, en soi, est un label de qualité.

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