15 

Macron, vers une dérive autoritaire du pouvoir ?

RÉPUBLIQUE SOCIALE

Et si, petit à petit, les prémices d’un régime autoritaire commençaient à pointer le bout de leur nez ? Et si Macron, malgré son jeune âge, et son sourire, ne nous réservait pas de biens mauvaises surprises ?

Il faut l’avouer, il y a de quoi s’inquiéter. Outre l’omniprésence de caméras de surveillances dans les grandes villes, qui, tôt ou tard seront un frein à nos libertés, et le discours unitaire des médias, il y a maintenant la répression depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes. Des milliers d’arrestations et de gardes à vue, des centaines de blessés- y compris du côté policier – des éborgnés, des mains arrachés, et puis, chose que semble souvent oublier les médias, des morts. Certains sur les barrages, mais aussi une personne âgée, tuée alors qu’elle était chez elle par une grenade lacrymogène.

A cela s’est ajouté, lors de l’Acte XIX, la présence de l’armée voulue par le chef de l’Etat qui avait demandé aux militaires de l’opération sentinelle de protéger les lieux publics contre la manifestation. Quelle irresponsabilité ! Fort heureusement il n’y a eu aucune altercation entre des manifestants et des militaires. Sans doute aussi parce que le gouvernement a effectué un léger pas en arrière, se rendant compte de la bêtise de réquisitionner les militaires pour le maintien de l’ordre.

Doit-on rappeler que ce n’est en aucun cas le but et le devoir d’une armée ? L’armée est censée protéger et défendre la patrie, la France, donc le peuple. L’armée n’est-elle d’ailleurs pas composée d’hommes et de femmes du peuple ? Donc sauf à considérer que le peuple qui manifeste est un ennemi de la Nation, il n’y a aucun argument à utiliser l’opération Sentinelle contre les Gilets Jaunes. Et même certains militaires eux-mêmes, déclaraient qu’ils ne savaient pas faire du maintien de l’ordre. Et, que dire des propos du gouverneur militaire de Paris, le général Bruno Leray, qui déclarait à ce sujet que les militaires pourraient aller « jusqu’à l’ouverture du feu si leur vie est menacée ».

Alors, doit-on vraiment s’inquiéter d’une dérive autoritaire ?

Il est clair que l’on assiste à une remise en cause générale d’un ordre économique établi. Et pour une fois qui ne vient pas seulement des partis politiques de gauche ou de syndicats, mais de secteurs divers et variés de la société. Il ne fait nul doute que l’oligarchie voit et sent cette menace et qu’elle usera de tous les moyens dont elle dispose pour ne pas lâcher le pouvoir.

Finalement, on en revient toujours à la théorie marxiste. « L’histoire de toute société, jusqu’à nos jours, n’a été que l’histoire de la lutte des classes » écrivait Karl Marx. Et le mouvement des Gilets Jaunes s’inscrit lui aussi, parfaitement, dans cette lutte des classes.

La violence, ou les violences ?

Sur les plateaux de télévisions on entend beaucoup de personnes s’insurger contre les violences des casseurs lors des manifestations. Des violences condamnables et qui, à mon sens, peuvent desservir le mouvement plus qu’autre chose. Même si, force est de constater, que c’est peut-être à ce prix là que le gouvernement se décide à écouter le peuple. Mais qu’importe. Car, si tout le monde semble unanime sur ce point, d’autres violences ne sont, elles, jamais critiquées, ni remises en cause.

L’Archevêque brésilien Helder Camara (1909-1999) avait parfaitement résumé cette situation dans propos célèbre : « Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’Hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »

Pourtant, à la télévision se sont les mêmes images qui tournent en boucle. Avec des commentaires parfois aberrants où l’on s’indigne plus facilement de l’incendie du Fouquets que des 566 personnes mortes de misère dans la rue en 2018.

Il n’y a pas qu’une seule et unique violence, qui serait celle du peuple. En revanche il y a bien une violence étatique et institutionnelle qui est, malheureusement, de plus en plus visible. A Nice, lors de l’Acte XIX des Gilets Jaunes, ce samedi 23 mars, une militante d’Attac, Geneviève Legay a été gravement blessé lors d’une charge de la police. Son crime ? Avoir manifesté avec un drapeau floqué Paix. Mais défendre la justice sociale ne semble pas être une raison suffisante pour Emmanuel Macron qui, bien que lui souhaitant un « prompt rétablissement », lui a également conseillé d’acquérir « un peu de sagesse ». Sans doute devrions tous adopter la Sagesse présidentielle consistant à fermer des hôpitaux, des écoles, des maternités et à faire la sourde oreille à un peuple qui s’éveille et qui gronde.

L’avenir nous dira comment évoluera la situation. Mais chaque démocrate de ce pays, attaché aux valeurs de notre République ne peut qu’espérer que la présence de l’armée pour maintenir l’ordre dans des manifestations n’était qu’une folie passagère.

 https://wordpress.com/post/republiquesocialeblog.wordpress.com/3160

COMMENTAIRES  

11/04/2019 10:25 par Assimbonanga

L’armée n’est-elle d’ailleurs pas composée d’hommes et de femmes du peuple ?
Hé non. Ce temps-là est fini. Ce ne sont plus des appelés. Nous avons une armée de métier.

11/04/2019 13:44 par Dominique

Le système a besoin de l’armée et des guerres pour se maintenir. Le résultat est que le complexe militaro-industriel absorbe mondialement à lui seul 50 % des ressources naturelles utilisées par notre société de consommation, d’exploitation et de destruction de masse. Des colonisations à la globalisation, la guerre a toujours été ce qui a permi à cette double catastrophe sociale et environnementale de se développer et se maintenir. Il est frappant de constater que le non à la guerre des années 60 a totalement disparu des revendications politiques, personne, mis-à-part de minuscules groupuscules, n’en parle, alors que la seule disparition du complexe militaro-industriel suffirait pour mettre fin au capitalisme, lequel ne survivrait pas à la disparition d’un secteur économique et industriel aussi massif et important. Pour mémoire, c’était, avec "Non à la société de consommation", une des deux revendications centrales des tous premiers jours de Mai 68. Ce qui suffit à démontrer que verts et syndicats, déjà à cette époque, n’étaient que des collabos. La suite on connait, c’est Business as usual et No Future !

Une différence de taille entre les années 60 et aujourd’hui est que le plus timoré des militants écologistes d’avant la grande récupération initiée lors de Mai 68 était plus révolutionnaire que le plus révolutionnaire des militants d’aujourd’hui. Il faisait alors une dénonciation très claire de la catastrophe écologique et sociale qu’est notre société industrielle de consommation, il dénonçait par exemple le fait que le travail industriel étant hautement hiérarchisé, il constitue de fait un instrument de plus dans les mains des exploiteurs pour asservir les peuples et les aliéner. Il était alors possible de lire ces dénonciations dans la presse mainstream.

Aujourd’hui, un des seuls mouvements qui ne donne pas dans le greenwashing mais qui s’inscrit dans la continuité de cette perspective de lutte dénonçant la société industrielle pour ce qu’elle est, une catastrophe sociale et écologique, et proposant des solutions, une résistance globale à la barbarie industrielle afin de la stopper et la construction de sociétés multiples basées sur le local, DGR (Deep Green Resistance), mouvement qui en France est naissant, fait déjà l’objet de déformations relevant de la diffamation et du procès d’intention dans les milieux soit-disant progressistes ou libertaires, procédé favorisé par la sale manie séculaire de ces milieux à refuser le dialogue avec qui n’est pas à 110% sur la même ligne qu’eux, ainsi que d’une censure totale dans la presse mainstream.

11/04/2019 15:59 par Roger

Merci à l’auteur pour cette citation :

« Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’Hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »

Partout dans les pays d’oligarchie- démocratique (excusez l’oxymore, mais comment dire autrement ?), à commencer par les USA ( le plus en avance d’entre eux dans la dérive totalitaire), s’est mis en place une stratégie de contention du peuple : militarisation de la police, surveillance pointue de tous les citoyens grâce aux écrans et autres technologies de connexion généralisée et d’exploitation algorithmique des données, "massage" médiatique permanent de propagande psycho-comportementale, virtualisation de la monnaie qui suit à la seconde prêt chacune des transactions de la vie courante, divertissement-abrutissement des industries culturelles, destruction de l’éducation, malbouffe industrielle, acculturation des savoir-faire autonomes, assistanat addictif,...etc...
Et en effet, l’arrogance et l’assurance de la Macronie laisse facilement penser que le Président et ses hommes sont bien là pour faire le boulot pour lequel ils ont été choisi : consolider la victoire constatée par Warren Buffet (dans la lutte des classes c’est la mienne qui a gagné !). Il a suffit pour cela de mettre en oeuvre ce que Robert-Dany Dufour appel "le programme AGAGA : Apâter, Gaver, Addicter, GAspiller".

11/04/2019 17:41 par J.J.

Assimbonanga@ C’est d’ailleurs ce qui m’a fait tiquer lorsque le service militaire obligatoire a été supprimé. Je ne suis évidemment pas un grand partisan de cette institution, mais souvenons nous que c’est aux "appelés" que l’on doit en grande partie l’échec du "quarteron de généraux factieux"d’Alger. C’était un mal nécessaire, il est bon que parfois les citoyens soient armés.

Les militaires actuels, salariés, évoquent plus des mercenaires que les "Soldats de l’An Deux" .

11/04/2019 23:29 par juan

une dérive autoritaire du pouvoir ? des mots comme ça sonne vraiment creux !!!

12/04/2019 05:10 par babelouest

Bien d’accord, @ Juan
L’autoritarisme s’est montré sous son véritable jour dès la première seconde, DONC il n’y a pas dérive : quand on est déjà dans le fossé, on n’y va pas. Ah ces mots de novlangue !

N’ayons pas peur des mots : depuis longtemps nous sommes en dictature, elle continue à s’approfondir. Elle est déjà insupportable pour beaucoup de gens. Elle le sera à l’avenir pour encore plus de gens. Et on critiquait Staline : mais dans la France de 2019 c’est au moins aussi abominable. Seule différence : les médias omniprésents rendent une frange de la population ahurie et bêtement souriante. Seule consolation : un déclic, et cela peut changer. On ne sait pas quand.

12/04/2019 10:38 par Assimbonanga

Il y a parfois des signaux positifs, quoique rares. Je viens d’écouter Bruno Donnet, chez Sonia Devillers ( L’Instant M, France Inter). Ce mec est généralement réactionnaire. Or, il a rendu compte d’une émission de BFM sur les violences en manif. Fait rare : après une première partie dédiée aux souffrances subies par ces pauvres flics, le deuxième volet de l’émission se penche sur les violences policières, bien mises en évidence, rudement.
En conclusion, le ministère de l’Intérieur nie tout en bloc.
Pour une fois, BFM a fait oeuvre de journalisme et Bruno Donnet aussi. Mais ça relève de l’exception !
https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-de-bruno-donnet/la-chronique-de-bruno-donnet-12-avril-2019

12/04/2019 20:29 par Maxime Vivas

BFM "fait son travail de journaliste" avec 3 mois ou plus de retard, et parce que les réseaux sociaux alertent sans discontinuer sur des vidéos qui buzzent.
Les médias ne peuvent plus se taire sur les violences. BFM parle avant les autres, pour l’audimat et pour se dédouaner.

12/04/2019 23:33 par juan

@babalouest
oui le déclic , avant au cours d’un débat Marine Le Pen a glissée dans la boue en parlant de charge sociale sur les salaires et Cornant des verts a réagit immédiatement lui rappelant qu’il s’agissait de cotisations sociales , auparavant elle savait se tenir pour pour faire supporter aux migrants le poids de la dette on est bien sur des effets de vocabulaire entre Macron et le Pen et bien d’autres LR , c’est un théâtre de boulevard entre Wauquier , Macron ; le Pen , l’abstention aux élection du pain béni alors le déclic quand ? la masse silencieuse qui ne votent pas pas au premier tour , l’infantilisation des salariés avec de la Novlangue , le mercenariat des cadres
à gogo, la compétition à mort des salariés à travers la pyramide de kEOPS des éléments à prendre en compte hélas !
c’est à dire le pouvoir c’est mon patron qu’il le possède , c’est à lui que je dois ce que je possède , pourquoi aller voter ?
le déclic ? il y aura des élections municipales qui vont venir avec une nouvelle liste en marche , un grand bonneteau en perspective avec des affaires à faire...
Hollande a permis un grand coup de poker , avec son ministre Macron , faire croire à des non politisés qu’il produirait un changement à gauche , à mener une politique ultralibérale ! ce qui a été une grande préparation du terrain la 2 qui découvre que la loi Pinel continue d’enrichir les mêmes , un secret de polichinelle , loi qui a commencée tout doucement avec François Miterrand à gauche on continue de faire peur avec le Pen , qui sait si le PCF , la direction de la CGT entre autres n’appellera encore à voter Macron contre le Pen dans le cas ou , c’est bien ça le risque !
la liberté ou est elle ? au travail ? les chômeurs , les petites retraites encore moins , là ou l’on demeure un leurre , la liberté pour les riches , par le CICE qui accélère la fermetures d’entreprises le fossé c’est creusé d’une façon démentielle entre les riches et les pauvres notre modèle sociale se fissure chaque jour un peu plus quand à Staline il y a eu plusieurs période , parfois ça arrange bien de tout mélanger pour mieux manipuler ou refaire l’histoire

13/04/2019 14:24 par Assimbonanga

D’accord avec vous Maxime Vivas. Je précise que "exception" c’est au sens statistique, pas au sens admiratif.

14/04/2019 05:08 par alain harrison

Le titre de l’article me rappel :
Le document JPMorgan, réclame des états autoritaires en Europe
https://blogs.mediapart.fr/vivre-est-un-village/blog/200613/jpmorgan-reclame-des-regimes-autoritaires-en-europe
Un document qui intéresserait sans doute les Gilets jaunes. Après tout, il faut bien connaître l’environnement dans lequel on évolue.

Le système UE est un véritable fouilli de traités qui semblent de plus en plus ingouvernable, qui a ouvert la porte à la monté du fascisme* à l’EST et dans le bastion qu’est demeuré l’Italie (même sous le parti démocrate chrétien, la mafia prospérait, c’est tout dire).
Il y a deux poids deux mesures dans l’orchestration des demandes politiques, selon qu’elles coincides avec le cadre pré installé du système UE ou non. Me semble-t-il ?

En quoi réside la différence entre le fascisme et le nazisme ?
Dans l’organisation de la méthode.

14/04/2019 12:47 par babelouest

@ JJ
A propos de la guerre d’Algérie, je me permettrai de conseiller la lecture de cet ouvrage, qui fut auto-publié parmi beaucoup d’autres par un ami poète et militant aujourd’hui hélas ! disparu. Je l’avais aidé à finaliser son travail. Édifiant !

https://ti1ca.com/rwj3tf3h-le-Piege-le-Piege.zip.html

14/04/2019 13:09 par babelouest

@ Juan
Bien sûr, à part à la fin, où avec des "conseillers" terribles, Staline assuma très mal et autorisa beaucoup d’atrocités (moins que ce qu’on dit, la propagande "libérale" a fait beaucoup de mal), cet homme fut un génie.

On notera que les génies sont très mal vus par la bourgeoisie libérale, comme Robespierre par exemple, ou la Commune de Paris dans son ensemble. Le "libéral" (terme made in City of London ™) ne s’accommode que de ce qui fait gagner beaucoup d’argent, presque sans risque. Tant pis pour Danton, entre autres. Celui-là a raté une marche. Talleyrand, en revanche, plus cauteleux, réussit même à sembler se réconcilier avec le monde entier. Encore mieux qu’un autre ecclésiastique, Siéyès, pourtant adroit à défaut d’être honnête.

Avec le recul, tous ces gens sont des pourritures hormis Robespierre, ses amis proches et quelques autres, bien entendu oubliés. On notera que, parmi les pourritures, je place Voltaire qui s’opposa cauteleusement au droit Jean-Jacques Rousseau. Cela ne veut d’ailleurs pas dire que celui-là ne se trompa pas : en revanche ce ne fut pas volontaire.

14/04/2019 19:11 par Antar

’’ Avec des commentaires parfois aberrants où l’on s’indigne plus facilement de l’incendie du Bouquets...’’ Est-ce qu’il ne s’agit pas plutôt du Fouquet’s. Et pendant que nous y sommes : Avoir manifesté et non pas avoir manifester.

Cordialement

17/04/2019 15:17 par Antoine Block

Bonjour,

L’article est très juste, mais très partiel aussi.
Au-delà de la question (capitale) des violences policières, il omet le durcissement législatif constant en oeuvre depuis une vingtaine d’année : Vigipirate, Sentinelle, état d’urgence... Tous étaient conçus pour être temporaires et répondre à une crise circonstanciée. Pourtant, tous sont encore en oeuvre. Certes, l’état d’urgence a été levé... mais simplement parce que ses mesures ont été intégrées à la loi ordinaire !
De ce simple fait, la France est déjà sortie du cadre des démocraties.
D’ailleurs, elle a été critiquée par la Cour européenne des Droits de l’Homme et la réaction unanime du gouvernement et des médias a été de dénigrer les "dérives" de cette institution ! Comme dans n’importe quelle bonne vieille dictature.

(Commentaires désactivés)