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Plaidoyer pour la prédominance progressive des énergies renouvelables. (Jeventud Rebelde)

Le bouquet énergétique cubain est fondé sur l’emploi des combustibles fossiles. Accélérer le passage aux sources d’énergies renouvelables est un défi.

Selon les données fournies par le Bureau National des Statistiques et de l’Information, en 1970, Cuba produisait 18% de son électricité à partir des énergies renouvelables. Aujourd’hui, nous produisons seulement 3,8% de notre électricité totale à partir de ces mêmes sources. Tous nos moyens de transport utilisent des dérivés de l’« or noir ». Seule une partie de l’énergie thermique utilisée dans les processus industriels est obtenue à partir de sources renouvelables, principalement dans l’industrie sucrière.

Nul besoin d’être un expert pour conclure que nous devons nous atteler à la tâche de faire évoluer progressivement le mix énergétique cubain.

Conditions particulières.

Le rayonnement solaire est utilisable sur le territoire cubain, dans ses diverses manifestations, tout au long de l’année : biomasse, énergie hydraulique, éolienne ou directement convertie en énergie thermique ou en électricité. Cuba jouit des conditions naturelles, sociales et technologiques nécessaires pour pouvoir disposer d’un bouquet énergétique basé sur les énergies renouvelables. Notre situation géographique est telle que chaque mètre carré de notre territoire national reçoit 1.800 KWh (kilowatt-heure) d’énergie solaire par an, en moyenne. Tout autour de notre archipel, il existe des courants marins et des différences de température entre les eaux profondes et les eaux de surface qui permettent de générer de l’électricité. Les vents alizés et l’anticyclone de l’Atlantique-Nord sont favorables pour le développement de l’énergie éolienne. L’extension continue du couvert forestier favorise également le développement énergétique durable à partir du recycalge des déchets forestiers. Tout cela nous permet d’avoir un potentiel élevé de sources d’énergies renouvelables.

A Cuba, il existe la volonté politique de faire avancer les énergies renouvelables. Nous disposons d’une population instruite et l’accès à l’éducation est, chez nous, universel et gratuit. Il existe un réseau national d’écoles et d’universités, de centres de recherche et nous avons formé des milliers de diplômés de l’enseignement supérieur dans des filières en rapport avec les problèmes énergétiques. Les médias de masse ne propagent pas de publicité commerciale, ne prônent pas la consommation à outrance et mettent à l’honneur les aspects éducatifs sur l’énergie. CUBASOLAR, en tant que partie intégrante de la société civile, développe la culture de l’énergie et met en oeuvre des projets au niveau local.

98 % de la population cubaine ont accès à l’électricité ; il existe un Réseau National d’Électricité (SEN) qui couvre la totalité du pays avec des lignes à 110 et 220 KV (kilovolts) et 25 % de toute l’électricité produite sont produits de manière distribuée, ce qui est un facteur essentiel pour une pénétration élevée des sources d’énergie renouvelable offertes par la nature.

Pourquoi des énergies renouvelables ?

Pour avancer dans son développement, le pays a besoin de plus d’énergie. L’énergie est un élément central dans l’économie. Elle est au coeur de toutes les chaînes productives, dans l’industrie, dans les services, dans les transports… A court et à moyen terme, nous aurons à notre disposition davantage d’énergie en combinant l’efficacité énergétique, les combustibles fossiles et un apport plus important des énergies renouvelables qui doivent progressivement devenir prédominantes dans le bouquet énergétique national.

Selon Manuel Menéndez Castellanos, directeur du secteur «  Energies Renouvelables » au MINBAS, « ... le recours aux énergies renouvelables est désormais une priorité pour le monde... et, naturellement, c’est une priorité pour Cuba ... (et) cette priorité continuera de croître de jour en jour. » « Le pétrole est destiné à disparaître ... (et) d’autres sources d’énergie telles que le nucléaire inspirent encore certaines controverses," même s’il est vrai que cette énergie n’émet pas de gaz à effet de serre dans sa phase génératrice d’électricité. "C’est pourquoi l’utilisation des énergies renouvelables est un objectif stratégique ... et celles-ci signifient la sécurité et l’indépendance énergétiques."

Les émissions provenant des combustibles fossiles sont source de graves dommages pour la santé humaine et la planète. S’il est vrai que les émissions de ce type, à Cuba, sont insignifiantes à l’échelle mondiale et, même, ont chuté de plus de 20% depuis 1990, selon l’Agence Internationale de l’Énergie, elles polluent localement l’atmosphère et diminuent la qualité de l’air.

Nous ne partons pas de zéro

A Cuba, il existe environ 30.000 installations qui utilisent des sources d’énergie renouvelable ; plus de 10.000 éoliennes ; quelque 500 installations produisent du biogaz ; 9.000 dispositifs de chauffage à partir de l’énergie solaire et un nombre équivalent d’installations photovoltaïques.

Au cours de l’année écoulée et jusqu’à ce jour de 2012, les turbines éoliennes et hydroélectriques ont permis d’économiser 43.000 tonnes de carburant et d’éviter le dégagement dans l’atmosphère de 139.000 tonnes de CO2. Avec ses 163 installations hydroélectriques, Cuba dispose d’une capacité installée de 64 MW (mégawatts). Avec la Révolution Énergétique on a mis en évidence le potentiel éolien du pays ; on a installé 3 parcs éoliens et aujourd’hui Cuba occupe le 58º rang mondial pour l’utilisation de l’énergie éolienne avec 11,7 MW générés. Nous avons construit une usine d’appareils de chauffage solaire à tubes de verre sous vide qui peut produire 4.400 unités par an et nous avons porté à 10 MW la production de l’usine de panneaux photovoltaïques de Piner del Rà­o. Il existe en outre une usine de «  turbines éoliennes » qui peut fournir 1.300 unités par an.

En ce qui concerne l’utilisation de la biomasse pour produire chaleur et électricité dans l’industrie sucrière, les centrales opérationnelles sont interconnectées au SEN et en 2012 elles ont généré 489 GWh. Les plus efficients ont généré 40 KWh par tonne de canne malaxée, bien en deçà de ce qu’il serait possible d’obtenir si nous disposions des technologies les plus avancées actuellement existantes.

Dans les transports, nous avons testé l’utlisation de combustibles alternatifs renouvelables. Depuis 2000, nous étudions l’emploi de l’alcool comme combustible et nous testons l’utilisation d’alcools hydratés à 25% mélangés à du diesel. Nous étudions la production de biodiesel à partir de la Jatropha Curcas, plante dont les fruits ne sont pas comestibles et dont la culture ne menace donc pas la production alimentaire ; l’utilisation de ce carburant a été testé avec succès. Nous avons également expérimenté l’utilisation de systèmes photovoltaïques et de petites éoliennes installées sur des embarcations destinées au tourisme. C’est l’étude de toutes ces questions très importantes qu’il faut accélérer.

Avenir proche.

En ce qui concerne la production d’électricité, Cuba a l’intention de développer rapidement l’utilisation des énergies renouvelables. Il n’y a pas encore de décisions de cet ordre prises pour le secteur des transports. En continuant de s’écarter de son parcours traditionnellement associé aux combustibles fossiles, la UNE connectera au SEN sa première Centrale à Énergie Solaire Photovoltaïque en 2012. Celle-ci produira 1.500 MWh (mégawatt/heure) d’électricité par an sous le schéma de production distribuée, sans recourir à la moindre goutte de pétrole, ce qui évitera le rejet dans l’atmosphère d’environ 1.000 tonnes de CO2. En 2013, la UNE prévoit d’installer une autre tranche de 10 MW. Dans l’hydroélectricité, on aspire à disposer de 100 MW installés, dans les années à venir, même si le potentiel est plus important. En 2013, on commencera la construction d’un parc d’éolienes de 50 MW dans la province de Las Tunas. Selon Les études techniques réalisées, il apparaît qu’en fonction du réseau électrique dont nous disposons aujourd’hui on peut installer jusqu’à 600 MW d’énergie éolienne sur les 2.000 MW, environ, possibles au total. Pour une pénétration plus élevée des sources d’énergie renouvelable il faudra améliorer le réseau électrique et mettre en oeuvre des technologies de stockage de l’énergie.

Pour libérer l’économie d’une partie de la lourde contrainte des combustibles fossiles qui la plombent actuellement, on prévoit d’exploiter le potentiel " nullement négligeable " de la bioénergie : biomasse des résidus de l’industrie sucrière et des déchets forestiers, de l’élevage, porcin et bovin, et de l’agriculture en général. On pourrait construire des milliers d’installations de biogaz pour la cuisson, la réfrigération, l’éclairage et la production d’électricité. On projette de construire des unités génératrices biothermoeléctriques dans les sucreries qui utiliseront la biomasse issue de la canne à sucre comme combustible ainsi que les déchets issus de l’exploitation forestière et de l’exploitation du «  marabú »(1). Ces centrales fonctionneront jusqu’à 290 jours par an avec plus d’efficacité et de meilleurs paramètres que les schémas de production des centrales existantes, et elles pourront éviter le rejet de pas moins de 3 millions de tonnes de CO2 jusqu’en 2020.

On prévoit également d’intégrer les technologies énergétiques renouvelables et l’utilisation passive de l’énergie solaire dans toutes les constructions où cela sera possible et en particulier dans les constructions nouvelles. Cela permettra d’assurer une plus grande efficacité énergétique et d’économiser les combustibles fossiles.

Un sujet culturel

Modifier le bouquet énergétique ce n’est pas seulement une question de normes, de législation, de technologie, de financement et de volonté politique. C’est également un sujet culturel, car il faut corriger les idées négatives que la population se fait de l’énergie renouvelable et changer les comportements des gens en ce qui concerne la consommation d’énergie. Cela nécessite une éducation, des informations, des connaissances, la diffusion de cette connaisance et la sensibilisation aux questions énergétique pour parvenir à un comportement respectueux de l’environnement à tous les niveaux.

Nous devons impliquer la société tout entière, les travailleurs, techniciens, décideurs, usagers en bout de chaine et, en particulier, les enfants et les jeunes. Il ne suffit pas seulement de diffuser des spots télévisés et des messages-radio sur les économies d’énergie et d’écrire des articles comme celui-ci. Nous devons trouver les voies pour marquer profondément la conscience des gens parce que, comme l’a dit Daymaris Martà­nez Rubio dans son article : «  Les défis d’une culture nouvelle », "la recherche sociale de solutions alternatives pour résoudre le problème du développement énergétique doit passer par une culture de la population pour qu’elle sache, d’une part, assimiler les décisions prises, les appliquer réellement, mais aussi pour qu’elle puisse les mettre en oeuvre efficacement et être en mesure d’imaginer et de proposer des alternatives, de participer et d’influer dans les prises de décisions... ».

Nous devons favoriser la participation démocratique au niveau local dans les prises de décision pour l’acceptation et la mise en oeuvre des énergies renouvelables. Ce qui a été fait à ce jour pour développer les énergies renouvelables n’a pas changé notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles. Un vaste programme national global pourrait contribuer à accélérer la transition vers un mix énergétique durable.

Mario Alberto Arrastà­a à vila
Juventud Rebelde
Cuba

http://www.juventudrebelde.cu/ciencia-tecnica/2012-08-07/por-el-predom...

Mario Alberto à vila est un spécialiste de CUBAENERGà A, membre du CUBASOLAR.

Traduit par Manuel Colinas pour Le Grand Soir, avec les approximations, erreurs et maladresses habituelles… pour plagier respectueusement notre ami Viktor Dedaj.

(1) - "Marabú » nom donné, à Cuba, au Dichrostachys cinerea, arbuste ou petit arbre atteignant des hauteurs maximales de 4 à 5 m. Son tronc est assez tortueux, avec de nombreuses branches épaisses et minces, très épineuses… Il prolifère en formant des fourrés souvent impénétrable. A Cuba et dans d’autres îles des Caraïbes c’est un fléau. Il est la plus importante des plantes envahissantes et indésirables à Cuba… Au début du XXIº siècle, on estime à 1.141.550 ha. les surfaces envahies, soit 10% du territoire cubain ou environ 18% des terres agricoles et 56% des zones d’élevage. Beaucoup de sites naturels et semi-naturels sont occupés majoritairement par le «  marabú » et ont perdu leur végétation indigène. (d’après Wikipédia)

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