Qu’elle est jolie la République bourgeoise ! (acte 3)

Trafic d’influence, abus de faiblesse, favoritisme, escroquerie en bande organisée, corruption, enrichissement personnel, conflit d’intérêt, népotisme, malversation, fraudes en tout genre, achat de voix, etc. etc. Cette richesse dans le vocabulaire contraste violemment avec la misère morale et politique des dirigeants d’une République qualifiée pourtant « d’irréprochable » par les uns et « d’exemplaire » par les autres.

Le nombre d’hommes et de femmes politiques impliqués, à un degré ou à un autre, dans les affaires est impressionnant. Il est tout simplement impossible d’établir une quelconque liste exhaustive des scandales politico-financiers qui secouent régulièrement la tête de l’Etat. Sans remonter jusqu’aux diamants centrafricains de Giscard, on peut citer à titre d’exemples quelques noms de dirigeants
politiques empêtrés dans des affaires récentes : André Santini, Christine Boutin , Christian Blanc, Christian Estrosi, Alain Joyandet, Alain Juppé, Eric Woerth, Jérôme Cahuzac, Patrick Balkany, Claude Guéant, Serge Dassault, Jean-Michel Baylet, Jean-Noël Guérini, Jean-François Copé, Edouard Balladur, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy etc. etc.

Etrange démocratie où l’ex-président de la république, Nicolas Sarkozy, concentre à lui seul une demi douzaine d’affaires entre ses mains : l’affaire Tapie, l’affaire Karachi, l’affaire Bettencourt, l’affaire libyenne, l’affaire des sondages et l’affaire des écoutes téléphoniques. Malgré tous ces scandales, Sarkozy reste insaisissable par la justice. Et même ceux qui ont été condamnés, poursuivis ou inquiétés par la justice, se font régulièrement élire ! Alain Juppé reste un exemple éloquent. Mais Juppé n’est que l’arbre qui cache la forêt. Patrick Balkany, Jean-François Copé, Jean-Pierre Bechter, Maryse Joissains, Brigitte Barèges, André Santini, Gaston Flosse, Jacques Mellick, Pierre Bedier etc. ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres. Les institutions de la République, leur fonctionnement non seulement sont complices de ces agissements, mais permettent et favorisent la multiplication des possibilités de corruption et des scandales en tout genre. Que signifie dans ces conditions État de droit, démocratie, égalité, transparence, intérêt général etc. ?

Quel contraste entre les valeurs proclamées par la République et les pratiques réelles de ses dirigeants ! La corruption est au cœur même de la démocratie bourgeoise. Le cas Cahuzac est exemplaire à cet égard. C’est lui qui déclarait à l’Assemblée nationale et même « les yeux dans les yeux » devant le président de la République, « Je n’ai pas, et je n’ai jamais eu un compte à l’étranger, ni maintenant, ni avant » avant de reconnaître posséder un compte bancaire en Suisse et frauder le fisc quelques mois plus tard !

Aquilino Morelle, ce puissant conseiller de François Hollande et ami de Jospin, de Valls, de Montebourg et de bien d’autres hommes politiques se comportait selon le site Mediapart « comme un petit marquis au Palais de l’Elysée où il abuse des privilèges de la République ». A. Morelle se faisait par exemple« cirer ses 30 paires de souliers de luxe faites sur-mesure dans un salon de l’hôtel Marigny ». Il utilisait les deux chauffeurs officiels et les secrétaires pour ses affaires personnelles et familiales. En bourgeois qui se respecte, non seulement il utilisait et méprisait le « petit personnel de l’Elysée », mais il « le terrorisait » selon Mediapart.

Aquilino Morelle, « farouche adversaire » de l’industrie pharmaceutique, travaillait, toujours selon le même site, « en cachette pour des laboratoires pharmaceutiques, y compris à une époque où il était censé les contrôler ».

Jérôme Cahuzac, Aquilino Morelle, voilà les hommes avec lesquels le chef de l’Etat travaillait en étroite collaboration pour mener à bien une politique de classe dans le cadre de sa « République exemplaire » ! Cette politique n’est que le prolongement de celle imposée par Nicolas Sarkozy dans sa « République irréprochable ».

Que peuvent attendre encore les masses populaires de cette République corrompue dont les dirigeants possèdent de larges pouvoirs discrétionnaires qui leur procurent des privilèges matériels et symboliques pour leur propre compte ou pour celui de leur organisation politique ? Ces « bénéfices » sont en quelque sorte une récompense octroyée par la bourgeoisie à ses serviteurs zélés et dévoués.

Ce zèle et ce dévouement se traduisent concrètement par une politique de paupérisation systématique des classes populaires et par l’enrichissement d’une minorité de puissants. Le chômage et la précarité explosent comme les inégalités économiques et sociales. Et la destruction de l’économie de tout un pays se poursuit inlassablement. Même les retraités les plus pauvres qui survivent avec des pensions de misère doivent contribuer à cet effort gigantesque d’enrichir encore et encore industriels, banquiers et autres spéculateurs. Hollande, Valls, Montebourg et tout le Gouvernement au lieu de nationaliser les grandes entreprises (Safran, ArcelorMittal, Alstom etc. ) qui emploient des dizaines de milliers de travailleurs et préserver ainsi l’emploi, préfèrent les brader aux actionnaires dont le seul et unique objectif est de faire le maximum de profit avec le minimum de salariés possible. Et c’est Hollande lui-même qui disait « l’État n’a pas à se substituer à l’initiative privée, car ce sont les industriels qui connaissent les marchés, les clients, les technologies. Il lui revient de définir un cadre, d’accompagner et de stimuler » (1). Il aurait pu tout aussi bien dire que le gouvernement « n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise toute entière » (2) confirmant ainsi, sans le vouloir, ce que Marx et Engels avaient écrit il y a longtemps !

On peut adopter les lois que l’on veut contre la corruption, les affaires et les privilèges, mener toutes les enquêtes possibles, on peut même diminuer et limiter leur importance, mais on ne peut pas les éliminer. Car leur existence et celle du capitalisme sont tellement imbriquées l’une dans l’autre que l’on ne peut supprimer l’une sans éliminer l’autre. Les lois et les mesures prises pour lutter contre la corruption ne sont que des paravents derrière lesquels la bourgeoisie dissimule ses forfaits. Le problème n’est donc pas l’existence de la corruption, des scandales financiers, des affaires et autres privilèges, mais celle du capitalisme qui les engendre. Il y a eu dans le passé des scandales, il y a aujourd’hui des scandales et il y aura dans l’avenir d’autres scandales tant que ce système existe. Le véritable scandale, c’est le capitalisme lui-même.

Mohamed Belaali

(1) http://www.gouvernement.fr/gouvernement/34-plans-de-reconquete-pour-dessiner-la-france-industrielle-de-demain

(2) K. Marx et F. Engels dans " Le Manifeste du parti communiste ". Editions en langues étrangères, Pekin, page 35.

COMMENTAIRES  

05/05/2014 13:54 par Archer Gabrielle

Ce qui est bourgeois, capitaliste impérialiste, etc... ne peu-être républicain parce que (république ou res-publica) signifie les chose publiques ce qui appartient à l’état donc au peuple...
Ce qui constitue une république, c’est la destruction totale de ce qui lui est opposé.....!

05/05/2014 13:59 par Le fou d'ubu

" Le véritable scandale, c’est le capitalisme lui-même,"

Tout est dit ...

05/05/2014 16:04 par triaire

Tout est dit effectivement mais peu expliquent cela aux " gens d’en bas "ainsi nommés par nos "élites " qui d’ailleurs n’en sont pas .On n’entend plus le mot : République, l’employer serait dire que c’est la chose publique et nos " dites élites " ont plutôt fait des études les menant au pouvoir que du latin !
Ce sont plutôt des malades avec un rapport à l’argent démentiel qui les mène à tout un tas de besognes salaces, Freud déjà indiquait fort bien ce que signifiait le rapport aux deniers .
Il faudrait jeter tout ce monde et ceux qui les servent avec en rétablissant une vraie Res publica

05/05/2014 18:29 par tchoo

Je ne sais pas i c’est le capitalisme qui engendre corruption et privilèges, mais c’est surtout le pouvoir et l’être huamain qui est comme ça. Regardez Cahuzac qui regrette de ne pas avoir fermer son compte en Suisse assez vite (et ceux de Singapour ?) mais pas d’avoir fraudé son pays et nous avoir tous trompé.
Les valeurs de ces gens là sont à jeter
il faut des règles simples à mettre en place : tout homme politique condamné pour corruption, abus de biens sociaux, trafics d’influence, doit inéligible à vie
et tout homme politique élu doit être révocable par une assemblée citoyenne passé un délai d’exercice de son mandat et après avoir expliqué devant cette assemblée les actions entreprises ou pas.
La fonction politique doit être précaire (comme dirait la Parisot) et soumise à l’avis du peuple

05/05/2014 19:16 par Archer Gabrielle

À l’échelle universelle, « la civilisation » humaine terrestre n’en est qu’à ses premiers balbutiements, ce qui la rend extrêmement instable et dangereuse pour l’univers et pour elle-même..... !
Rétablir la Res-Publica dans ses vrais fondements pour le peuple c’est sortir de l’Europe, etc. et tout nationaliser.

06/05/2014 15:04 par Le fou d'ubu

@ "Tout est dit ..." "ou presque ..."
Le capitalisme comme vous le savez, n’est pas l’argent en lui même ...
Le capitalisme est l’idéologie qui à transformé un simple moyen d’échange de temps entre les hommes en paradigme "vertueux" de dépossession ... de son libre arbitre ... (et pas que cela, par voies de conséquences) ...
Le capitalisme est la seule idéologie qui instaure comme doxa dès la naissance le "gagner sa vie" ... Absurdité absolue sur laquelle tout un tas de crétins "digressent" depuis Aristote, sans imaginer une seule seconde, que cela soit déjà fait depuis la rencontre miraculeuse de deux gamètes mâle et femelle dans un moment ...d’amour ... Eh bien non, faut en chier mon vieux ... même après avoir passé le col de l’utérus, faut en chier ... Dixit le capitalisme ...
Eh oui ! Le capitalisme est la seule idéologie qui accepte l’inhumanité de laisser naitre encore au XXI siècle, des enfants dans les barrios, favelas et autres faubourgs de Mombaï sans aucune vergogne ...Ceux-là" aussi doivent "gagner" leur vie ...peu importe d’où ils partent, tout semble équitable au capitalisme ... même d’evacuer 10 litres d’eau potable à chaque "pissade" du côté nord pendant que le sud attend les pluies pour s’abreuver n’ébranle pas le capitalisme ... car il est la seule idéologie qui vend l’injustice, la corruption, la cupidité, l’égoïsme, l’égocentrisme et j’en passe comme une fatalité inamovible de la psyché humaine et insinue à l’inverse que l’altruisme, la générosité, la fraternité et j’en passe, est un but inatteignable au commun des mortels que chacun de nous est (pas vrai tchoo) ...
Le capitalisme est la seule idéologie qui promeut des valeurs morales aux peuples tout en s’en exonérant dans son application intrinsèque et structurelle (bonjour la schizophrénie à tous les étages) ...
Le capitalisme est la seule idéologie qui fabrique des sous idéologies qui lui sont antagonistes, car il à besoin d’ennemis en temps de guerre et de compétitions en temps de paix ...Pendant ces temps, il fonctionne ...
Le capitalisme est la seule idéologie dont la stratégie repose sur la division la plus profonde entre les peuples et à l’intérieur même de chaque individu si possible ... pour se faire,le capitalisme est la seule idéologie qui promeut des transports à deux "classes", des "soins" à deux classes, une "éducation" à deux classes, des "hébergements" à deux classes, ...cela va même jusqu’aux prostituées à deux classes ... car voyez-vous, le capitalisme est aussi malheureuement, la seule idéologie qui accepte, ... mieux pardon, encourage le fait de faire commerce d’un corps et d’un plaisir ... Le capitalisme et d’ailleurs la seule idéologie qui filme l’Amour comme une pornographie ...
Il accepte même légalement la vente d’un rein et alimente parfois le marché noir d’un foie ... oui, je sais, on parle toujours d’humains même si c’est dur à suivre ...
Le capitalisme est la seule idéologie qui nomme les hommes et les femmes, des "variables d’ajustements", sans que ce soit un délit !!! ...
Le capitalisme est la seule idéologie qui vend le "politique" comme un art et un métier destiné à quelques "élus" ... la preuve en est qu’il faut nous "l’expliquer" ... Triaire me le faisait remarquer à juste raison...
Le capitalisme est la seule idéologie qui exige la destruction de l’habitat humain tout entier pour se nourrir ... Hérésie pure qui là aussi nous est vendu comme un destin inexorable ...
Le capitalisme est contraire à une Ré-publique Démocratique, tout simplement car il est d’obédience privée ... Archer Gabrielle tire une bonne flèche ...
On pourrait "digresser" sur les vrais "valeurs" du capitalisme pendant des siècles, l’horreur qui s’en exposerais ne ferait vomir que les convaincus que ce n’est pas tant une idéologie qu’un " outil " séculaire de mise en esclavage des êtres ( par consentement où pas ), aux profits de quelques familles qui se pensent bénis de dieu ...
On ne vaincra pas le capitalisme en le combattant, mais en le désertant de nos propres idéologies ... en le vidant ainsi de sa substance, l’argent redeviendra le meilleur moyen d’échange de temps entre les peuples et individus ...
Mais pour le moment, nous " public ", sommes tous à des degrés divers certes ... ses humbles serviteurs ... Oui, nous le servons encore ....au lieu de nous servir de lui comme le font si bien les privés ...

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