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Règles de déontologie journalistique applicables dans le cas de la Syrie

Le règlement politique de la crise syrienne semble avancer et c’est sans doute la meilleure solution aussi bien pour la population que pour le pouvoir en place ou pour la coalition d’opposition dont l’influence est sûrement plus grande du côté turc de la frontière que du côté syrien. Et qui a surtout une existence médiatique.

Justement, As’ad AbuKhalil, alias Angry Arab, nous explique ce qu’est la déontologie journalistique quand il s’agit de couvrir les troubles qui secouent la Syrie.

Des principes qu’il expose ici, découle une pratique du journalisme qui prétend nous renvoyer une image des événements correspondant peu ou prou à la réalité alors que cette image est surtout faite de faux semblants.

Sur le plan militaire d’abord, avec ces annonces régulières de prises « décisives » de routes, d’aérodromes et même d’un barrage. Des victoires qui s’avèrent sans lendemain, voire même purement imaginaires.

Sur le plan politique ensuite, avec une opposition en exil qui s’avère être de plus en plus une coquille vide, dont la composition est supposée refléter la diversité politique, ethnique et religieuse de la Syrie comme se la figurent les Occidentaux mais qui ne correspond pas à grand chose sur le terrain syrien. Un terrain où l’opposition militaire réelle au pouvoir est le fait de brigades islamistes, notamment celles qui sont liées aux Frères Musulmans.

Si ces forces aspirent à représenter une alternative au régime en place, il ne s’agit en aucun cas d’une alternative démocratique. Mais comme on l’a dit, la situation militaire fait que cette alternative au régime syrien ne semble pas sur le point de renverser ce dernier.

Ce qui nous amène au dernier point qui est, en dépit de quelques défections, la cohésion d’ensemble du régime, qui n’est pas un régime alaouite comme on le prétend, tant s’en faut.

Cette cohésion est un des facteurs de la résistance de ce pouvoir aux coups de boutoir qui lui sont assénés par des forces qui sont loin d’être toutes syriennes puisque des tueurs sont venus de l’ensemble du monde musulman et même non musulman pour participer à la curée.

L’autre facteur de la résistance de ce pouvoir, c’est l’absence d’insurrection populaire. En effet, partout où le pouvoir est resté présent, c’est-à -dire sur l’essentiel du territoire, la vie suit son cours avec bien sûr les souffrances qu’endure la population d’un pays mis sous embargo et dont l’économie a été en grande partie ravagée, voire pillée par les prétendus révolutionnaires comme on l’a vu à Alep.

Ce fait est d’autant plus remarquable que l’armée syrienne, il faut le rappeler, est constituée en grande majorité de conscrits et qu’on ne peut pas forcer bien longtemps des appelés à tirer sur leurs propres concitoyens. Un pays comme les États-Unis avait même pu s’apercevoir qu’il était difficile de forcer très longtemps des conscrits à tuer des étrangers, même quand ils n’ont pas la même couleur de peau.

http://mounadil.blogspot.fr/

Comment couvrir la Syrie depuis Beyrouth et le Liban

source : http://english.al-akhbar.com/print/15078

par As’ad AbuKhalil, Al-Akhbar (Liban) 25 février 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

En se fondant sur la couverture de la Syrie dans la presse des États-Unis, il est possible d’identifier certaines caractéristiques de cette couverture depuis Beyrouth.

1. Ecrivez les articles mais appuyez-vous sur des pigistes locaux sous payés qui peuvent assurer la traduction et l’interprétation pour vous.

2. Appelez le service de presse d’Hariri et les services de presse des organisations de Syriens en exil dès votre arrive dans la ville.

3. Vous n’avez pas besoin de sortir de chez vous : le travail nécessite d’utiliser abondamment Skype. Vous n’avez pas besoin de chercher des adresses Skype : les services de presse d’Hariri et ses alliés dans l’opposition syrienne en exil vous donneront des noms et pourront même en inventer pour vous.

4. C’est bien de montrer de la sympathie pour les organisations syriennes armées et de l’émotion dans vos reportages, exactement comme il n’est pas bien de montrer de l’émotion quand on couvre le côté arabe du conflit arabo-israélien.

5. Traitez largement de la souffrance humaine, sauf quand elle est causée par les groupes armés syriens eux-mêmes.

6. Ne citez pas les vrais chefs des organisations syriennes en exil qui sont dominées par les islamistes : citez par contre des Syriens qui résident dans des pays occidentaux afin de donner un visage occidentalisé à l’opposition syrienne en exil.

7. Essayez de minimiser le rôle de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie Saoudite aux côtés des organisations armées syriennes.

8. N’hésitez pas à vous engager dans des campagnes de collecte de fonds dans vos articles en faisant référence constamment à la pauvreté des groupes armés et à leurs carences en armes et en équipement.

9. Essayez de montrer l’humanité des groupes armés : des photos d’enfants soldats devraient souligner le fait que ce sont d’abord des enfants après tout et qu’ils représentent la face humaine des groupes armés [comme peut-être cet adolescent Libyen qui résidait en Irlande et qui a été tué au combat en Syrie à l’âge de 16 ans].

10. Ne parlez pas avec les deux parties au conflit. Un côté (celui qui est soutenu par le Qatar et l’Arabie Saoudite) est suffisant.

11.Rappelez-vous : les voitures bourrées d’explosifs ne sont pas une mauvaise chose quand elles sont utilisées par le camp soutenu par les États-Unis. Les voitures piégées ne sont des armes destructrices haineuses que quant elles sont utilisées par des ennemis des États-Unis.

12. Dans les articles sur une intervention étrangère en Syrie, rappelez-vous qu’une intervention par l’Arabie Saoudite, le Qatar, Bahreïn, la Turquie, la Jordanie, la Libye, l’OTAN, Israël, l’UE et les États-Unis n’est pas vraiment une intervention. C’est simplement un geste humanitaire et de bonne volonté. Intervention militaire renvoie seulement à la Russie, à l’Iran et au Hezbollah.

13. Quand vous traitez de l’intervention libanaise en Syrie, souvenez-vous qu’on ne parle que du Hezbollah. L’intervention (militaire ou autre) des organisations hariristes et salafistes ne compte pas et ne justifie pas une intervention [pour y mettre fin].

14. Rappelez-vous que l’étalon en matière de professionnalisme journalistique dans la couverture de la Syrie est représenté par les medias des princes Saoudiens et de la famille Hariri.

15. Les rumeurs et les inventions répandues par les médias saoudiens et d’Hariri sont « bonnes à imprimer » si elles servent les objectifs de la propagande de la coalition emmenée par les États-Unis.

16. Les préjugés contre les Alaouites et la lecture sectaire sont essentiels à la compréhension du conflit. SVP, parlez de tous les Alaouites, bébés compris, comme de Shabiha. Ce qui rendra plus facile de justifier leur assassinat par les groupes armés.

17. Faites de votre mieux pour dissimuler le poids d’un leadership islamiste fanatique et l’affiliation des groupes armés. Essayez plutôt de trouver quelqu’un qui porte des jeans et affirme parler au nom de l’unité militaire libérale et « laïque » [secular].

18. Toute histoire relative à la défection d’une personne, même un simple soldat ou le chauffeur d’un petit cadre d’une usine locale de traitement des déchets devra être couverte très largement.

19. Oublions SVP notre ancienne hostilité envers al-Jazeera. Al-Jazeera a changé maintenant et nous la considérons maintenant comme une télévision exemplaire qui représente la merveilleuse propagande de la famille royale du Qatar.

20. La famille Hariri vous fournira des noms et des numéros de téléphone de ses homes dans les services de sécurité intérieure du Liban et de ceux qui acceptant de livrer toute information ou rumeur qui va contre les intérêts du Hezbollah et vous pouvez citer ces personnes comme de « hauts responsables du gouvernement libanais en matière de sécurité. »

21. Les intérêts et la propagande d’Israël devront être fortement représentés dans la couverture du conflit, et Israël devra être présenté comme l’ami du peuple syrien, malgré son occupation [du Golan] et ses attaques en territoire syrien.

22. Exactement comme dans le cas de la couverture de presse de l’opposition irakien en exil avant 2003, souvenez-vous, SVP, que toutes les personnalités de l’opposition syrienne en exil sont intelligents, éloquents (même dans le cas de Cicéron de Syrie) et vraiment drôles.

23. En parlant des armes chimiques syriennes, ne mentionnez pas, SVP, l’arsenal israélien d’armes de destruction massive. Au contraire, pour que les Israéliens passent encore pour des victimes, choisissez des photos d’Israéliens posant avec des masques à gaz à chaque fois que vous écrivez sur l’armement chimique syrien.

24. Rappelez-vous, vous êtes là pour remonter le moral et pas seulement pour "couvrir" les évènements. Vous devez écrire chaque semaine quelque chose sur la chute imminente du régime de Bachar et sur les rebelles qui sont sur le point de contrôler le centre ville de Damas.

25. Il est important de rappeler aux lecteurs que 99 % de la population syrienne soutient l’action des États-Unis et d’Israël en Syrie et que 99 % d’entre elle s’oppose farouchement au régime. Seuls des scélérats et des voyous persistent à soutenir le régime.

26. A l’appui du succès de l’opposition syrienne à obtenir du soutien parmi toutes les minorités en Syrie, le service de presse d’Hariri à Beyrouth vous donnera les numéros de téléphone d’un Druze, d’un Chrétien, d’un Kurde et même d’un Alaouite qui sont contre le régime.

27. La connaissance de la langue arabe - comme toujours quand on traite du Moyen Orient - n’est pas nécessaire du moment que vous savez reconnaître un sandwich au falafel.

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