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Grèce : privatisations, liquidations, assassinat de l’Etat

Une Europe de solidarités

J’ai mis quelque temps à écrire cet article, préoccupé par les événements que j’observais en silence, pour comprendre ce qui se passait, pour séparer l’information dans le nuage de spéculations et propos informatifs souvent diffamatoires lorsqu’ils ne sont pas exagérés. L’affaire grecque prend une tournure de gestation de quelque chose de terrible, quelle que soit l’issue.

Nous serons témoins. Actifs ? Passifs ? A chacun de voir malgré la véracité du dicton « l’union fait la force ». Ne rien dire, ne rien faire, c’est tuer l’espoir qu’un peuple nous apporte dans notre Europe matérialiste où l’humain n’a plus place. Ne rien dire, c’est se trahir soi-même, c’est trahir Hugo, Voltaire et Byron, et tous ceux qui ont compris l’importance de la liberté dans les constructions sociales et humaines.

Depuis toujours, l’espace européen a connu l’affrontement des uns et des autres, que ce soit pour des raisons de survie ou de pure vanité, même si le siècle dernier occulte sérieusement les siècles précédents, lorsqu’on parle de paix ou de guerre, de raison ou d’ambition, ou encore lorsqu’on essaie de trouver des identités ou des explications sur ce que nous vivons aujourd’hui. La civilisation pourtant nous a enseigné à travers l’Histoire, la vraie, celle qui est faite par les historiens de tous les jours, et non celle écrite par les vainqueurs, que les édifices doivent être pensés et adaptés pour qu’ils puissent remplir leur mission. Ni précipitation, ni force, ne sont nécessaires pour cela. L’Humanité est comme la nature, lorsque nous ne faisons pas les choses non seulement elle reprend ses droits mais elle réagit de façon insoupçonnée. Si la crise de l’Euro révèle des « imperfections » dans nos édifices, elle révèle aussi nos failles humains, notre incapacité à protéger ces édifices communs, avant qu’ils deviennent des armes contre nous.

C’est le rêve européen qui nous a été présenté, c’est celui qui a enchanté les Grecs pour soutenir l’adhésion en 1981. C’est aussi le discours qu’on peut entendre chez les « gauchistes » de Syriza. Un programme européen, guidé par une idéologie de gauche, une gauche solidaire du peuple. La tournure des événements montre combien cette vision a été anéantie par les techniciens érudits du capitalisme financier qui se disent pro-européens. Mais qui gouverne l’Europe ?

Sur Tsipras et la politique du parti
Ni Tsipras, ni ses amis du parti de Syriza n’avaient une expérience de gouvernement, lorsqu’ils ont été poussés au pouvoir par les élections. Il est de plus en plus clair maintenant, au bout de 6 mois d’exercice du pouvoir, qu’il n’y avait pas de plan de relance économique ou de gestion de la dette, d’abord parce qu’agir en dehors du contexte européen n’est pas de la politique de Syriza, et puis parce qu’ils ignoraient les dispositions de la Troïka. Mais surtout parce qu’il ne peut y avoir de plan sans le consentement de la Troïka, cette union de la BCE, de l’UE et du FMI, le capital au centre de l’architecture européenne. L’ultimatum était clair : soit se conformer au pouvoir des financiers, qui ont pouvoir à Bruxelles, soit sortir de l’Euro et de l’Europe, un bluff mis sur la table par l’Allemagne. Ce nouvel espace de stratégie, ainsi présenté, a stoppé net l’enthousiasme « gauchiste ». Une déformation des perspectives, associée à un manque de préparation pour représenter la volonté populaires face à toutes les options qui se présenteraient : toutes les options n’ont pas été analysées, des tactiques n’ont pas été élaborées, et ceci car la croyance était axée vers l’Europe, une Europe de solidarités, alors que les intérêts du peuple, un peuple qui a dit NON à l’austérité et au système de corruption établi par Bruxelles, méritaient plus de considération. Par contre, Bruxelles a démontré qu’elle n’avait pas non plus développé tous les scénarios, son seul effort étant orienté vers la capitulation rapide de la Grèce. La volonté politique de Bruxelles suffisait, même pour conduire un plan qui passerait par un Grexit provisoire, car provisoire pour Bruxelles, dans les limites du « on ne lâche pas la Grèce », signifie anéantissement jusqu’à soumission totale, quitte à lui imposer une dictature – l’exemple de l’Ukraine est frais. Pour Tsipras, maillon faible apparemment de la volonté de Syriza, la volonté politique a manqué, car le respect du mandat populaire était de dire NON jusqu’au bout et se préparer pour cela, surtout lorsque les masques tombent et les illusions sur une Europe des solidarités s’évaporent. Dans tous les cas de figure, il devait se battre contre les sentences avec lesquelles les medias européens ont condamné l’option « drachme », dans un but d’influencer les populations, car l’Europe collectionne les souverainetés et fera tout pour que celle de la Grèce ne lui échappe pas. La division au sein de Syriza en témoigne, -Tsipras pour rester au pouvoir, doit se contenter d’un parti amputé des Syrizains et rempli des anciens du Pasok, qui y avaient trouvé refuge politique lors de l’effondrement de leur parti. C’est dans cette voie que le NON grec est matérialisé, et les solutions existent car rien ne peut s’opposer à la volonté populaire….sauf la peur, celle répandue par les medias aux bottes allemandes – NON veut dire Grexit, - « NON veut dire Drachme et Drachme veut dire dévaluation, misère et destruction ». Il ne reste pas beaucoup de temps, juste quelques semaines avant des nouvelles élections qui confirmeront ou non un changement de l’opinion populaire face à l’austérité ou face à l’usurpation de son pays, informée plus que jamais sur les rapports de force et les véritables intentions européennes. En tout cas, il reste suffisamment de temps pour un discours droit, simple, informateur qui enflammerait encore une fois l’esprit du NON.

La stratégie du « je ne savais pas » allemand et du « il faut voir » français
C’est parce que tout concept divise, surtout lorsqu’il est flou, ainsi l’Europe ambiguë divise. La division est creusée par la propagande qui spécule sur les incertitudes induites par le concept ambigu. C’est ainsi que le 1er programme d’aide a été accepté, non parce que les dirigeants grecs y voyaient une solution, mais parce qu’ils ont préféré continuer à accorder leur confiance à Bruxelles. Ce premier programme de sauvetage a déjà fait beaucoup du mal à la Grèce, est malgré le fait qu’elle ait pu rembourser entièrement ce prêt avec tous les intérêts, le deuxième est resté inachevé, car l’Etat grec n’avait pas assez de recettes, ces entreprises les plus rentables ont été liquidés par la Troïka qui a voulu gérer à sa manière les actifs des Grecs. Il a fallu faire avaler la pilule aux Grecs en disant que c’était pour la bonne cause, pour l’Europe, une Europe des Nations et des peuples. Le deuxième plan d’aide a été conçu pour assurer la continuité de sa politique d’austérité, une politique tant désirée par l’Allemagne qui cachait ses intentions derrière la « rigueur budgétaire » ou la « discipline économique ». Le 2e plan a donc échoué de facto et ironie du sort, avec la Troïka au gouvernail. Il n’y avait aucune chance pour que cela réussisse. En 2010, la dette était déjà excessive. La stratégie du FMI fut de mettre en place une machine forte de remboursement de la dette, histoire d’affronter radicalement la crise. Résultat : la Grèce tombe dans une récession sans précédent. Que cachait cette stratégie ? Rien d’autre que de rembourser vite les créanciers et affaiblir la Grèce, pour qu’elle ne puisse pas s’opposer ou résister par la suite. Les recettes du pays diminuent rapidement, malgré des efforts exemplaires pour montrer une discipline selon les règles communautaires (réduction du déficit de 15,3% en 2010 de 3,5% en 2014, et même un excédent sur le service de la dette). Malgré tout ceci, le PIB a diminué et la dette a augmenté. Plus précisément, de de Avril 2010 à Mai 2014, la dette a augmenté de 47% et le PIB a chuté de 26%, et ceci avec le gouvernail de la Troïka ! Avec donc un 2e plan inachevé, car irréalisable, avec une dette énorme, car taux d’intérêts excessifs et plan de financement usurier et de ce fait foireux, on pousse la Grèce à consommer davantage du crédit, un 3e bail-out, pour payer le 2e qui n’a pas marché, un 3e bail-out qui enfoncerait le clou de la soumission, emmenant la dette à un niveau jamais atteint en temps de paix et un PIB au plus bas, exposant le peuple à une misère de type « Biafra des années 70 » et d’un caractère chronique. En apparence c’est de la pure irresponsabilité. Au fond ce sont des tentatives d’usurpation et d’enrichissement aux dépens des Grecs, et ceci en violation de toute règle de droit international ou communautaire.

Encore des erreurs ou encore des hold-ups
Que peut-il sortir d’une stratégie qui dicte : pas d’allégement de la dette, davantage de contraction budgétaire ? D’après les spécialistes économiques, -dont nombreux parmi eux sont des prix Nobel-, absolument rien, juste davantage de pauvreté pour ce qui concerne la Grèce, et davantage des richesses pour ce qui concerne les maîtres de ce jeu stupide. Aujourd’hui, à la dette insoutenable actuelle de la Grèce, qui ne fait que croître ( en tout cas le remboursement de ses intérêts apporte la pauvreté tout en asphyxiant la population), il faut ajouter une dette de plus de 25%, ce qui permet d’accroître les exigences des créanciers, et pourquoi pas avec une attitude plus libéré après la constitution de ce premier fond de garantie ?

Pourquoi un crédit forcé ?
Il semblerait que les lois sur le surendettement qui protègent le consommateur ne sont pas les mêmes que celles qui protègent les peuples. Comment la France, avec son Président ont pu soutenir la politique allemande au seul bénéfice hypothétique d’une petite amélioration de la gouvernance de la zone euro, dont la mise en place ne pourrait pas faire grand-chose pour le sort de la Grèce ? Comment au nom de la survie de l’Europe, - et pourquoi pas de l’espèce, tant qu’à faire, la Grèce pèse moins de 2% des enjeux européens – la France a accepté le plan allemand pour un 3e plan d’aide, un plan dont les seuls bénéficiaires sont les financiers privés ? Comment le sacrifice des dirigeants grecs n’a pas été apprécié au nom de l’intérêt général européen au point de laisser place à la seule expression de l’hubris allemand ?

L’explication avancé par les spécialistes économistes, est que la crise financière, c’est-à-dire le marché des capitaux ne se porte pas très bien et le marché du crédit est en baisse et ceci depuis presque dix ans. Le marasme économique, plus visible dans les pays du Sud, car plus dépendants du système monétaire européen, a donné l’appauvrissement général, ce qui permet de formuler que, d’abord, le crédit est pour les plus riches et que dans des situations moroses la dette souveraine est une niche de profit intéressante. La complicité donc du secteur privé, -PSI-, et les Institutions est logique, évidente, opérationnelle. Le PSI a besoin de la garantie des Institutions pour accéder aux niches de la dette souveraine, et les Institutions parce que leur action est limitée sans le PSI.

Tous les économistes alertent la communauté internationale à propos de l’échec certain du « plan de sauvetage » grec, mais les Institutions Européennes montrent préférer cet échec. Mais pourquoi ? Nous savons maintenant que le Grexit c’était pour faire peur aux dirigeants grecs, et que la stratégie du couple franco-allemand est de tenir muselée et faible la Grèce au sein de l’Union monétaire. Si le Grexit, comme les Allemands avait qualifié la sortie de la Grèce de la zone euro, est la « solution », celui-ci est juste retardé par ce 3e plan. Il reste à conclure que l’intérêt réside dans le prochain pillage de la Grèce. Des valeurs ou « assets » à la hauteur de 50 Milliards, dans un premier temps, et si le plan échoue, ce qui est certain, alors il faudra donner aux liquidateurs un autre chèque en blanc pour se servir. C’est justement cette musique qui s’entend clairement puisque tous ; ils sont synchronisés sur cet objectif.

Que restera-t-il ?
L’africanisation de la Grèce est une préparation pour la mondialisation des Etats, et sur ce point France et Allemagne s’accordent parfaitement, - les loups entre eux ne se mangent pas. D’après les spécialistes, il y a plusieurs scénarios, dont un c’est la programmation d’un autre referendum sur la sortie de l’Europe et le rejet de la colonisation. L’enjeu est important pour les Grecs car ils doivent se réveiller et prendre leur destin en main, hors zone euro et hors Europe. D’autres scénarios sont convergents, et toujours dans le scénario du Grexit, les plus optimistes racontent une remontée lente d’un Etat qui, pour ce faire, fera encore beaucoup de sacrifices mais en pleine souveraineté pour retrouver sa croissance à l’écart des appétits européens. D’autres, plus pessimistes, prévoient la fin d’une Nation construite autour d’un Etat en faillite, qui sera diluée dans une Europe de plus en plus intégrée au profit des pays les plus forts ou au profit de l’oligarchie aristocratique, scénario soumis aux conditions de réalisation de multiples changement en Europe et une cascade de capitulations nationales de notre gouvernance financière.

L’argument de Tsipras est de taille, à condition qu’il veuille en faire usage. Cela concerne la révocation de la coopération européenne pour attitude non amicale, hostile et prétentieuse de la part des pays influents. Regardons le fond des opérations, car il ne s’agit pas seulement d’argent. La valeur actuelle nette de la dette grecque est d’environ la moitié de sa valeur nominale, à terme échu, c’est-à-dire en 2057. Le seul objectif de ces prêts forcés ou « programme d’aide », -appellation de poudre aux yeux et qui est aussi le seul motif compatible avec le jargon scientifique-, est de « permettre à un pays d’accéder aux marchés des capitaux », marchés tenu par les financiers privés, notamment par les banques. Un tel marché, comme tous les marchés, ne peut survivre – en tout cas il ne peut conserver une certaine taille - qu’en prêtant, et pour cela il faut des clients. Mais quand on ne veut pas être client, on vous force quand même à emprunter. La bulle européenne du crédit toxique va apparaître et exploser si le marché ne peut pas la cacher par un volume de participants idéalement optimistes voire enthousiastes. C’est sous cet angle qu’il faut voir les choses car l’argument selon lequel « il faut rembourser ses dettes, » ne tient pas car la dette croît et le remboursement ne peut avoir lieu. Jamais ceci n’a été une règle ou une pratique dans toute gestion monétaire. Le fait que nos gouvernants en fassent allusion, c’est tout simplement du fait de la marge très étroite de discours : Comment parler de ce qu’on a occulté depuis toujours ? L’accès au marché des capitaux est important pour tous, y compris pour les Etats. Cela peut se faire en gros de deux façons, dette interne ou dette externe, (- une voie particulièrement habile est la mixte, qui combine effort national et usage modéré des relations internationales). Dans le premier cas, le peuple tout seul capitalise en aidant son Etat. Dans le deuxième cas, les créanciers à qui on fait appel doivent évaluer la capacité d’emprunter et la capacité de rembourser, alors que dans le premier cas il n’y en a pas besoin. Autrefois, un Etat s’arrangeait avec un autre Etat, mais ceci c’était avant que la finance s’internationalise et devient la Finance Internationale, celle sans pays, sans religion, au-dessus des lois.
Dans notre chère Europe on a trouvé un mécanisme, afin de neutraliser les relations financières bilatérales entre pays. A qui profite le crime ? A qui profite cette intégration européenne qui vise avant tout l’affaiblissement de ses membres ? On vous dira que c’est « pour le bien de tous ».Il reste à prouver que nous avons tous la même vision à propos de ce « bien commun ».

La Grèce va tout droit vers un 3e bail-out, ou renflouement des banques. Encore de l’argent qui est destiné aux banques et qu’on mettra sur le dos du peuple. Ce 3e plan n’a pas été évalué. Regardons comment les marchés évaluent la capacité d’un pays à emprunter. C’est comme toute affaire de crédit : Chaque paramètre a son importance et est considéré en fonction d’éléments secondaires mais aussi importants. En contexte de risques, il vaut mieux récupérer les intérêts tout de suite. Ainsi, la VAN (valeur actuelle nette), le taux d’intérêts et le pays back (temps pour récupérer sa mise) sont les critères qui sont le plus souvent utilisés. En réalité, on regarde les risques. Sont-ils élevés ? Ou combien ça rapporte ? Etc. Dans le cas grec, avec un PIB de 170 milliards environ et une dette environ de 320 Milliards, soit 180% du PIB à échéance, la VAN de la dette grecque est de 110 Milliards. C’est-à-dire que si elle remboursait tout de suite, elle devrait payer 110 Milliards, le montant utilisé pour renflouer les banques (pour mémoire, cela a profité notamment aux françaises et allemandes). On regarde aussi les « assets », qui peuvent servir éventuellement d’hypothèque.

Déni de démocratie
Avec la dette actuelle, le risque que la Grèce ne puisse pas payer était de 100%, souvenez-vous des difficultés de paiement auprès du FMI ou de la BCE. Avec 86 Milliards supplémentaires, prévus par le « 3e plan d’aide » le risque que fait miroiter la Troïka est de 0% si la Grèce reste dans l’euro, puisque la Troïka même s’arrangera pour obliger la Grèce à liquider ses bijoux de famille pour rembourser les financiers – îles, sources thermales, sites touristiques, etc. En plus elle se substituera, au nom de la « méfiance » aux postes-clés du gouvernement, sans oublier que le gouvernement grec doit faire approuver toute loi avant que celle-ci passe par le parlement. Une façon de dire que « la démocratie c’est un jeu auquel vous pouvez jouer, sans compromettre la bonne marche des affaires ». Avec une dette donc de plus de 200%, suite au nouvel accord, toutes les hypothèses, comme la maturité de la dette ou introduire une période de grâce, ne pourront pas fonctionner, mais ce risque est occulté, et pour de raisons de prestige européen, on n’en parle pas, comme c’est le cas de l’option où une révolte grecque se manifesterait encore plus fortement.

La recapitalisation des banques
Face à cette augmentation de la dette, et selon les règles de la bonne finance, l’Allemagne demande à la Troïka de mettre en place un fond de garantie, sorte d’hypothèque pour que la Grèce puisse recevoir le « 3e plan d’aide ». Il s’agit d’une valeur de 50 Milliards. En échange de ce dépôt de garantie, la Troïka versera 10 Milliards d’euros pour « recapitaliser » le système bancaire, une goutte d’eau dans un système dont les besoins de fonctionnement dépassent les 10 Milliards par trimestre. Valeurs arbitraires ? Proposition d’humiliation ? De destruction ? Toutes les hypothèses sont à retenir, car l’absurdité du calcul de ces montants dépasse tout entendement scientifique. Il ne s’agit plus d’économie, mais de politique. Et la question qu’on peut se poser en toute légitimité, c’est : la politique de qui ? Revenons un peu en arrière, lorsque face à un éventuel défaut de paiement grec, la BCE décide de racheter la dette grecque détenue par les financiers et de la redistribuer au pays-membres. Une distribution faite au prorata…. Ce qui fait que la dette due par la Grèce pour le 2e plan est détenue pour 50% environ par le couple franco-allemand. Vingt-huit pays membres, avec des vécus importants en économie et politique assistent à ce montage d’opérations sans parler, sans commenter, un silence qui aux yeux des naïfs, renforce l’espace d’action de la Troïka. Que se passe-t-il ? Toute analyse met en évidence les pratiques allemandes d’avant-guerre. Assise sur la compétence qui lui a été donné, celle de l’Euro, elle utilise ce pouvoir avec priorité de défendre ses intérêts. Le manque de législation à laquelle cette gestion devrait être soumise est compensé par ses initiatives arbitraires et discrétionnaires. En résumé elle utilise l’Euro comme tout roi utilise une force régalienne. Ses appétits néocoloniaux n’ont jamais cessé de menacer ou de maltraiter la Grèce. Un récent signal fort est l’exigence de l’Allemagne à ce que la Grèce lui cède ses infrastructures et économies de réseaux.

Des privatisations – des liquidations – et d’assassinat de l’Etat
La divulgation des informations sur les vraies intentions des manœuvres de l’Allemagne met plus de lumière sur le pot aux roses. Le schéma de « privatisations », comprend aussi la vente des 14 aéroports, les plus rentables, à une firme allemande détenue par la ville de Francfort et par la région de Hesse. Selon ce plan de colonisation allemande, tout doit être bradé, gaz, électricité, eau potable, autoroutes, ports et aéroports, bref toute l’économie des réseaux. Si on n’empêche pas sa réalisation, la mort de la Grèce est certaine puisque la collectivité grecque est touché en son cœur et dans ses symboles. Au prix de 1, 23 Milliards, qui iront dans le trou noir de la dette, rien que par la cession des aéroports, l’Etat grec va perdre une recette annuelle de 450 Millions d’euros environ.
Par définition, une collectivité, telle qu’une Nation, ou une Région, ou une ville, génère des économies en mettant en œuvre les forces collectives, c’est-à-dire les économies de tous, les économies de mutualisation, des services, publics, économies que l’on apprécie tous les jours à travers les hôpitaux, l’éducation, les transports, etc. La réalisation complète du plan allemand emmènera l’extinction complète de l’Etat grec.

Les exigences de remboursement de la dette ne peuvent pas être atteintes
Tous les spécialistes le confirment : Les exigences de remboursement de la dette ne peuvent pas être atteintes, parce que elles ne sont pas réalisables, et en cas d’échec, ce qui est certain, on trouvera encore et encore des motifs pour blâmer la Grèce comme ça a toujours été le cas, malgré le fait que l’idée de demander l’impossible à un pays qui n’a pas d’autre choix que de signer soit fondamentalement pervers et contraire aux principes de l’égalité entre pays-membres de l’UE. Puis, il y a eu violation de l’article 125 du Traité de Lisbonne, relative à la clause “no bail-out” article qui rend la politique de la Troïka, à l’égard de la Grèce, illégale, dans la mesure où cette clause interdit à un pays de charger ses dettes sur un autre. Le respect de cette clause, permettrait à la Grèce, de choisir de ne pas payer certains financiers privés, dans une démarche de priorisation et d’échelonnement de la dette. Elle permettrait aussi à d’autres pays, dans la mesure où on les charge avec la dette d’un autre pays, de demander l’invalidation des mesures de la Troïka devant les tribunaux. Cette option qu’ont les pays membres n’est pas encore exclue. Pourquoi alors l’initiative n’a pas été prise, alors qu’on sait maintenant que l’objectif de cette mesure qui consistait à sauver les financiers privés avec le rachat de la dette grecque qu’ils détenaient et sa redistribution aux pays-membres ? La pression exercée par les pays les plus influents, sur les autres pays, répond à cette question.

Moralité
Je ne sais pas si vous en trouverez une, j’espère que oui. J’espère aussi, qu’au cas où la bonne colère vous étouffe, qu’elle soit exprimée, dans les actions, aux côtés de tous ceux qui réagissent. Il n’y a fatalisme que lorsqu’il n’y a plus d’espoir. Ne dites donc pas qu’il n’y a plus d’espoir pour les Grecs. Qui aura la conviction morale et le courage de leur annoncer qu’ils sont entièrement seuls dans leur condition à laquelle nous les avons poussés avec notre inaction individuelle et avec la politique et les appétits de notre gouvernement que nous ne contrôlons pas ?

Anastase ADONIS.

Mardi 28 juillet 2015

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