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Une lutte de classes implacable

Photo : film "Novecento" (1900) de Bernardo Bertolucci (1976)

La lutte des classes s’aiguise de plus en plus. La bourgeoisie montre chaque jour qui passe son visage hideux qu’elle dissimulait pendant les périodes « paisibles » à travers son idéologie véhiculée essentiellement par les grands médias qu’elle possède. Tout son discours sur le droit de grève, de manifestation, de libre circulation etc. est mis à mal par les pressions multiformes et la répression qu’elle exerce sur le mouvement social qui se déroule sous nos yeux. Plus la lutte dure dans le temps, plus cette classe devient brutale, arrogante et odieuse.

La classe dirigeante est prête à utiliser tous les moyens dont elle dispose pour écraser la contestation populaire. Elle fait feu de tout bois. Président de la République, gouvernement, députés, sénateurs, intellectuels, journalistes, experts en tout genre, policiers, CRS, la BAC etc. sont mobilisés pour venir à bout d’un mouvement, somme toute, pacifique.

Deux classes aux intérêts diamétralement opposés s’affrontent ouvertement. D’un côté des millions d’hommes et de femmes, soutenus par une large majorité de leur concitoyens, qui défendent leur pension de retraite durement acquise et refusent de travailler toujours plus longtemps pour la bourgeoisie, de l’autre, une classe minoritaire, corrompue et parasite mais disposant de tous les pouvoirs et s’accrochant à ses privilèges.

Les salariés sont prêts à sacrifier leurs maigres économies pour soutenir une lutte de longue halène : « C’est pas facile, question budget, reconnaît Gérard, cheminot. C’est même un sacré manque à gagner. Les fins de mois sont plus dures, sans aucun doute. Je me souviens, en 95, on avait eu presque un mois de grève ! Là , on avait souffert… » http://www.ladepeche.fr. Un autre ouvrier criait à la face des journalistes qu’il allait liquider son plan d’épargne pour tenir le plus longtemps possible !

La bourgeoisie ne peut comprendre que de simples ouvriers peuvent lui tenir tête en sacrifiant des journées, voire parfois des semaines de salaires. Ses représentants au gouvernement, eux, attendent cyniquement l’essoufflement de la révolte en usant de la propagande et de la répression physique, psychologique et idéologique. Un combat inégal !

La classe dominante ne reculera devant rien pour défendre ses intérêts si le mouvement populaire perdure. Toute l’histoire des luttes de classes le montre. Déjà , elle utilise la force contre les salariés des raffineries en grève et les menace de les réquisitionner et même de les jeter en prison en cas de résistance de leur part. Elle menace les routiers de poursuites pénales s’ils continuent à bloquer les routes et les péages d’autoroute en solidarité avec leurs camarades des autres secteurs professionnels.

Le gouvernement s’est également attaqué aux lycéens qui ont rejoint le mouvement social. Un adolescent de 16 ans a été gravement blessé par un tir de flash-ball. Personne ne sait s’il va conserver son oeil. Ce cas dramatique ne doit pas cacher la brutalité policière exercée sur les lycéens en lutte. Combien d’adolescents ont été matraqués, gazés, traînés au sol, gardés à vue et humiliés ? Mais cette répression aveugle ne fait que renforcer la détermination d’une jeunesse, dont l’avenir reste sombre, à se battre contre un pouvoir qui la méprise.

Quelle que soit l’issue du conflit, les salariés en général et les ouvriers en particulier ont déjà gagné, non seulement sur le plan moral en se battant contre une « réforme » réellement injuste, mais surtout ils ont pris conscience que l’État, le parlement, la police, les médias etc. sont contre eux et, partant, sont au service des patrons qui les exploitent tous les jours. La lutte dans l’unité leur a permis d’identifier clairement leurs ennemis de classe et le caractère bourgeois de la démocratie. Leurs intérêts et ceux de la classe dominante sont en contradiction totale. Ce combat de classe à classe dépasse, de ce fait, le cadre syndical et devient un combat politique.

Mohamed Belaali

Addenda

Deux classes irréconciliables que tout sépare :

Ils sont les exploiteurs
Nous sommes les exploités

Ils sont les oppresseurs
Nous sommes les opprimés

Ils sont les dominants
Nous sommes les dominés

Ils sont les bourgeois
Nous sommes les prolétaires

Ils sont le capital
Nous sommes le travail

Ils ont le profit
Nous avons le salaire

Ils gagnent sans travailler
Nous travaillons sans gagner

Ils sont les parasites
Nous sommes les travailleurs

Ils sont une petite minorité
Nous sommes la grande majorité

Ils défendent la société de classes
Nous luttons pour une société sans classes

Ils sont le passé
Nous sommes l’avenir

Mohamed Belaali
belaali.over-blog.com

COMMENTAIRES  

19/10/2010 23:22 par Ligeti Richard

Je n’ai pas laissé aller à l’école mon fils de 14 ans après des histoires de grève de hier . Aujourdhui sa copine est resté dehors de l’école , elle était agressé par des gendarmes , poussé contre un mure , traité de petit conasse , et humilié à rapport de son poids .

20/10/2010 08:37 par Bernard Gensane

J’étais hier à une signature des Pinçon-Charlot. Ils disent que, depuis une dizaine d’années, l’expression "lutte de classes" est dépassée. Celle qui convient est "guerre de classes". Dans la presse et les sites britanniques réellement de gauche, on lit d’ailleurs de plus en plus class warfare.

20/10/2010 10:53 par Mike

Pardonnez mon léger écart sur le sujet principal, mais je n’arrive toujours pas à comprendre comment les violences policières envers les jeunes puissent encore être banalisées...

A l’époque du CPE j’ai vu des choses hallucinantes, un policier de la BAC fracasser à coup de genou un ami à moi, menottes dans le dos, une amie matraquée à terre par 3 CRS alors qu’elle avait déjà perdu connaissance...

...par contre, dès que l’inverse arrive, de suite les faits deviennent ultra importants, tant au niveau de la peine que du relai d’information par les médias de masse...

Faudra-t-il attendre qu’un lycéen meurt pour qu’on comprenne le ridicule d’une telle violence ?

Ca me dégoûte...

20/10/2010 13:58 par Néo-Résistant

C’est effectivement le retour sur le devant de la scène de la lutte des classes, pour les plus réalistes, celle-ci n’avait d’ailleurs jamais été refoulée au second plan et ceci même chez nos adversaires puisque :

"La lutte des classes existe, et c’est la mienne qui est en train de la remporter."
Warren Buffet, milliardaire.

Nous vivons une époque crutiale où tout est possible, le pire comme le meilleur... si nous savons rester unis et déterminés pour inverser la logique libérale qui consiste à presser le citron des salariés et faire des cadeaux aux amis du Fouquet’s !

La vraie démocratie est trop préjudiciables aux profits car elle est capable d’agir sur le partage de la valeur ajoutée dans un sens plus favorable au travail.

http://www.everyoneweb.fr/marredelagauchecaviar/

20/10/2010 18:31 par Henri

« Ce cas dramatique ne doit pas cacher la brutalité policière exercée sur les lycéens en lutte. Combien d’adolescents ont été matraqués, gazés, traînés au sol, gardés à vue et humiliés ? »

Il y a des mots qu’il faut utiliser avec parcimonie, car ils ont pris un sens très particulier.

On a gazé dans les tranchées de la guerre de 14, on a gazé des Arméniens en Turquie vers 1915, on a gazé des Juifs, des Roms, des Tziganes, des Homosexuels et bien d’autres encore dans les camps de la mort, on a gazé des Kurdes en Irak dans les années 80...

Personne n’a gazé de jeunes (ni de moins jeune) dans les rues de France.

Respirer des gaz lacrymogènes n’a rien d’une partie de plaisir, on tousse, on pleure, cela arrache dans les bronches...(j’ai eu 20 ans en 68 et je m’en souviens encore).

Utiliser ce terme, c’est de façon consciente ou non, vouloir faire passer un message outrancier, et dans ce cas inexact : L’État, le Pouvoir, le Capital TUENT le Peuple.

20/10/2010 21:18 par Anonyme

Il est vrai, pour nous salariés grévistes, qui perdons chaque jour de l’argent, c’est difficile mais nous gagnons sur le plan de la dignité et de la solidarité, valeurs qui n’ont pas de prix, et qui sont étrangères à la classe d’en face.
Continuons la lutte !

20/10/2010 22:21 par Archibald Emorej

Ils disent que, depuis une dizaine d’années, l’expression "lutte de classes" est dépassée. Celle qui convient est "guerre de classes".

Il me semble que la lutte des classes inclue la guerre des classes, si on admet que la lutte, lorsque la situation atteint un pic de contradiction (comme à Paris 1871, en Russie en 1917, à Cuba en 1958 ou tous les jours en Colombie) la lutte politique peut (et doit ?) se transformer en bataille, en tout cas se crystalliser dans un combat, une insurrection, une révolution.
La lutte des classes est plus puissante, elle va au-delà de l’insurection et surtout elle efface cet absurde gout du sang et de la fureur qui doit etre la stricte philosophie de la clase superieure. L’ecrasement d’une classe au profit d’une autre n’est certainement pas à souhaiter, ce qui n’empeche pas d’identifer la classe responsable de l’organisation de la misere et de lutter, à mort s’il le faut, contre les individus qui la soutiennent.

Dans cette vague qui se leve, la guerre, si elle est inevitable, ne doit pas faire oublier le travail politique. La contradiction fondamentale, quelle-est-elle ? Comment la résoudre ?
Parce que franchement les retraites, d’accord, on sait bien que démographiquement c’est intenable. Le problème est bien de faire payer le Capital et non la force de travail. Le problème est bien une lutte contre la bourgeoisie et son idéologie capitaliste.

Certainement il serait bon de revendiquer rien de moins que l’organisation d’Assemblées Constituantes Décentralisées permanentes, il serait bon que la fin de la cinquieme republique entre dans l’arene des idées. La guerre n’est jamais signe de liberté, claquons toutes nos cartouches avant dans découdre pour de bon.

Et pour ce qui est de la guerre, ou de la guerilla compte tenu du rapport de force, camarades, elle est le plus juste recours si et seulement si elle en est l’ultime.

Ami entends-tu le bruit sourd du pays qu’on enchaine....
Vous vous en doutez le choix est fait, encore faut-il l’expliquer.

22/10/2010 10:31 par EW

Utiliser ce terme, c’est de façon consciente ou non, vouloir faire passer un message outrancier, et dans ce cas inexact : L’État, le Pouvoir, le Capital TUENT le Peuple.

L’outrage, Monsieur, vient de vos propos.

Dans quelle tour d’ivoire êtes vous donc enfermé pour ne pas voir que le peuple crève ?

Même si j’en conviens le terme "gazé" peut paraître abusivement utilisé au regard de l’histoire il n’en reste pas moins que les salves de coupures budgétaires, les rafales de réformes injustes et l’explosion de privilèges que s’accordent les oligarques asphyxient littéralement la population.

23/10/2010 09:50 par EW

A la relecture il semble que j’ai mal interprété les propos d’Henri et qu’au final nous pensons grosso modo la même chose, la construction de la phrase pouvait laisser à penser que sa dernière affirmation était inexacte (d’où mon erreur), je m’excuse donc auprès de celui-ci si il venait à passer par là .

23/10/2010 19:53 par Lulu

LGS devrait peut être rééditer ce beau texte d’Archibald :

http://www.legrandsoir.info/Programme-insurrectionnel.html

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