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Scrutin honnête et transparent, le peuple a parlé.

Venezuela : Nicolas Maduro, pour continuer

La droite vénézuélienne, battue depuis 1998 par le chavisme, a affûté sa stratégie électorale et infléchi hypocritement son discours vers "plus de social".

Ultralibérale, elle s’est réclamée par exemple des "missions sociales" de Chavez. Le mensonge a payé..., mais il est une nouvelle fois battu, avec une marge plus limitée que celle que nous attendions.

Manifestement le "quotient personnel" de Chavez allait au-delà du "vote socialiste".

La campagne politique, très affective de Maduro, très émotionnelle après la mort du "comandante" Chavez, n’a pas entraîné l’adhésion de l’ensemble du vote chaviste.

Les problèmes tels que la corruption, l’insécurité, sous-estimés depuis longtemps, endémiques, ont pesé lourd et donné une victoire plus courte que prévue, mais victoire quand même. Une défaite, après le vide laissé par le charisme et la personnalité exceptionnelle de Chavez, aurait constitué un coup porté à tout le mouvement d’émancipation continental.

Si la droite prenait la responsabilité de ne pas reconnaître le résultat, elle porterait une lourde responsabilité dans les conséquences prévisibles pour la démocratie vénézuélienne. Battue une nouvelle fois, soutenue par une coalition internationale puissante, agressive, haineuse, si elle optait pour la stratégie de la déstabilisation, elle choisirait la voie irresponsable du chaos et de l’aventure sanglante.

Nicolas Maduro, dont lélection est confirmée par le CNE, a appelé à un "gouvernement de l’honnêteté" et à "réimpulser" le processus de transformation sociale en cours.

L’heure est à l’humilité, en retenant l’essentiel : sans Chavez, la révolution, dans des conditions adverses, par la voie électorale, pluraliste, pacifique, a une nouvelle fois gagné.

Jean ORTIZ

Maître de Conférences, latino-américaniste
Université de Pau

COMMENTAIRES  

15/04/2013 11:12 par Anonyme

Il ne reste plus que celà aux banques, aux multinationales et à leurs sbires, qui constituent l’opposition vénézuélienne soutenue par Washington : ne pas reconnaître la victoire électorale de Maduro et couiner à la fraude !

En effet, les autres "techniques" ont toutes échoué :

1.. La gigantesque panne d’électricité qui devait paralyser le pays et "prouver" l’incurie du Gouvernement. Elle a été déjouée par les électriciens Vénézuéliens.
2. La violence qui devait permettre l’intervention (armée) du "gendarme du monde". Elle a été contrôlée par l’armée populaire. Des paramilitaires Colombiens ont été arrêtés. Une saisie d’armes de guerre provenant des États-Unis a été faite.
3. L’assassinat du leader de l’opposition qui aurait été attribué au gouvernement, afin de "prouver" son manque de respect des droits de l’homme, etc.... Le leader a été protégé !
4. La cyberguerre : différents sites et comptes sont tombés ou ont été usurpés. Les médias publics sont évidemment visés, de façon à ce qu’ils se taisent, au lieu de chanter victoire. Les cyberguerriers vénézuéliens ne se laissent pas faire.

Les chansons fausses qui essayent maladroitement d’interpréter la partition de la "fraude électorale" ont déjà été tentées - sans succès - lors de l’élection de Poutine en Russie.

On entend ce "chant" chaque fois que l’Empire fait dire par ses médias que tel pays qui ne lui est pas soumis ne respecte pas ce qu’il appelle la "démocratie". Il tente de faire chanter avec lui, en un choeur qu’il voudrait, le pauvre, harmonieux, ce qu’il appelle la "Communauté Internationale" - dont la France, pays soumis à l’Empire, et à sa force armée, l’OTAN.

Ces hurlements tablent sur la propagande véhiculée par les médias, sur la méconnaissance des citoyens en ce qui concerne un pays lointain, et sur leur sentiment, historiquement pas si lointain, qui favorise une ingérence... colonialiste dans les affaires intérieures d’un autre pays. Souverain, qui a son armée propre, et n’adhére pas à l’OTAN.

Cela dit, 50,66 % de votes favorables à Maduro, c’est un peu peu en regard des plus de 90 % d’exploitables par les multinationales et les banques de l’Empire... Le Président de la république d’Équateur, Rafael Correa, recommande la lecture d’un article de Aporrea, en espagnol, "Jusqu’à aujourd’hui, j’étais dans l’opposition" Et il y a aussi celui-ci : "Pourquoi ma mère ne veut pas de Chavez

Des élections que les médias diraient immanquablement "à la soviétique" au lieu de se situer dans une "saine alternance" seraient pourtant "normales" !

Nous sommes tous Chavez. Et, au Vénézuéla, c’est Maduro qui conduit.

15/04/2013 14:26 par Sierra

Pour tout dire, je suis consterné par le faible score de N. Maduro, y’a quelque chose qui m’échappe.

15/04/2013 15:28 par erwin

@ Sierra :
à force de répéter des choses fausses, elles deviennent vraies. C’est ce que font les médias dominants, au Venezuela comme ailleurs.
Pour moi ce scrutin montre que le pays est en train de dépasser le stade de l’homme providentiel, mais que ce n’est pas encore gagné.

15/04/2013 15:55 par Ariane Walter

Je propose ceci à votre sagacité.
Révélé par le Canard et Apathie, Madura aurait pris comme communiquant pour son élection, Foulks, le mec d’Euro machin qui s’occupait de DSK et Cahuzac.
Je me pince pour y croire.
Une première remarque pour rigoler, cela expliquerait, son score riquiqui !
une seconde pour moins rigoler : Que fait un homme de l’empire auprès de Madura ???????
Bref , l’ont-ils acheté ?
On le saura vite...

15/04/2013 16:01 par Serge

Ne soyons pas naïfs ! Il est fort probable aussi, connaissant les méthodes de l’opposition, que cette dernière ait triché dans les bureaux de votes, sans pour autant réussir au final à l’emporter ? Ce qui expliquerait la victoire serrée des partisans de Chavez. Ce qui facilite du même coup leur remise en cause des résultats.

Ce même système électoral leur a permis de gagner les élections dans certains Etats, même si la marge était infime, comme c’était le cas de l’Etat du Miranda actuellement dirigé par le candidat de l’opposition Henrique Capriles !

Trés récemment, Il y a eu les déclarations de Mme Roberta Jacobson et des actions hostiles de la part d’attachés militaires étasuniens à Caracas qui ont contacté des militaires vénézuéliens pour les inviter à discuter de la situation du pays afin de les influencer, ce qui constitue une grave ingérence dans les affaires internes de notre nation.

Clairement, ne pas reconnaitre la victoire participe d’une politique terroriste dont les impérialistes étatsuniens sont les thuriféraires. Nous connaissons leur modus opérandi. Organisez des manifestations illégales, occupez la place centrale de la capitale jour et nuit, faire passer par le biais des médias capitalistes, la minorité pour la majorité, ternir le gouvernement en place et tenter en coulisse de dévoyer de hauts responsables militaires et politiques, en leur présentant la situation comme perdue pour eux s’ils ne se rallient pas aux opposants soutenus par les terroristes de la Maison Blanche.

Ce sont des tentatives de coups d’Etat extérieurs présentés par les médias comme des révolutions populaires.Le fait qu’aucun gouvernement occidentale n’ait félicité Maduro montre qu’ils sont en train de préparer un renversement du président élu par des manifestations oppositionnelles, secondés par des contras disséminés dans la foule.

POur contrer ces tentatives de coup d’Etat médiatique, il est nécessaire

1)de faire interdire toute manifestation sur la place centrale du pays, afin d’empêcher les médias capitalistes de construire une ficiton populaire.

2) Vérifier scrupuleusement dans les Etats gouvernés par l’opposition dont celui de la 2ème fortune du pays, Caprilès, qu’il n’y a pas eu d’inversion des résultats.

3) Maduro a dénoncé l’implication de pays étrangers dans des tentatives de coup d’’Etat, il faut impérativement dénoncer le gouvernement des Etats-Unis en le nommant. En maintenant le flou sur le nom de l’Etat voyou, on le renforce car il n’est pas obligé de répondre et ainsi peut poursuivre ses opérations terroristes.

15/04/2013 16:20 par Max

Partagé entre soulagement et excitation que procurent à la fois le score et l’élection de Maduro, je ne peux m’empêcher d’avoir cette pensée "le peuple Vénézuélien a parlé : il ne veut ni de terroristes ni de marionnettes ; et si le peuple Colombien en avait également l’opportunité, il en serait de même."
J’ai du mal à cerner le personnage Maduro, et quand on homme de la personnalité d’un Chavez tire sa révérence, je crains un peu que ses "proches" ne soient pas à la hauteur.

15/04/2013 16:56 par olivier

bonjour à tous,

@Sierra :
Aujourd’hui, le discours et la politique de gauche, de par leur humanisme et leur intelligence, sont pratiquement impossibles à critiquer ou à désarmer à travers le débat d’idées, sur le fond. Ils ne peuvent être attaqués que sur la forme, celle-ci étant souvent considérée comme secondaire. Le discours et la politique de droite, en revanche, n’ont pas de fond défendable, puisqu’ils visent à consolider la position dominante d’une toute petite minorité au détriment de tous les autres, ce qui a donc obligé la droite à se spécialiser dans la forme et dont les premières actions visent systématiquement à se rendre maîtresse des médias de masse. Au Venezuela, comme dans tous les autres pays qui fonctionnent sur le mode occidental, la très grande majorité des médias sont contrôlés par le fragment le plus riche de la population. C’est à mon sens de ce côté qu’il faut chercher le "faible score" du président Maduro qui jusqu’à la mort du président Chavez était souvent éclipsé par le charisme omniprésent du chef de la révolution. Charisme, entre autres choses, qui a permis au comandante de contrebalancer pendant tant d’années ce contre pouvoir médiatique oligarchique.

@Erwin :

Pour moi ce scrutin montre que le pays est en train de dépasser le stade de l’homme providentiel, mais que ce n’est pas encore gagné.

100% d’accord. De plus le très haut niveau de participation montre qu’une fois encore un gros apport de la révolution bolivarienne est d’avoir rendu au peuple vénézuélien une forte conscience politique. Ceci étant à mon sens une condition sine qua non à la mise en retrait progressive de la classe politique par la mise en avant de la classe citoyenne (qui va de pair avec le dépassement du stade de l’homme providentiel), ce qui permettrait de retirer une grande partie du pouvoir de facto à l’oligarchie.

15/04/2013 21:16 par CN46400

La victoire de Maduro ne sera complète que si les chavistes parviennent à cerner les vraies raisons de la remontée de la droite, c’est ce que je leur souhaite. De France on ne peut que faire remarquer que sur 16 élections depuis 1998, même si le score est limite, c’est la 15° victoire du chavisme, ici on en rêve.

16/04/2013 02:41 par olivier

@"Ariane Walter"
Bonjour,
Auriez-vous un lien concernant cette "information" ?
Et qui sont Foulks et Madura ?
J’ai beau chercher la seule référence que je trouve se situe dans le commentaire d’un article à charge dont a coutume "rue 89" et son auteur non plus ne donne pas de lien (il se limite à renvoyer vers le canard enchaîné en boucle sans donner un numéro, une date, rien).

16/04/2013 03:14 par Bonjour

Pas un moment de répit, mais ce n’est pas grave, courage Nicolas Maduro, sos fuerte.

L’OEA ( pourquoi pas l’ONU ? ) via son secrétaire général José Miguel Insulza - à Washington - demande un nouveau comptage.

Faut-il recompter ?

Nicolas Maduro saura prendre les conseils nécessaires et la bonne décision.

Obama met la pression psychologique et demande un "audit" du vote. et dit que les E-U veulent un "dialogue" avec le Venezuela. Est-ce bien le moment, maintenant... ?

Ceci alors que :

Au balcon et sur place, les fonds d’investissement, les exportateurs de capitaux d’exploitation :
Bulltick Capital Markets ; HSBC Holdings Plc ; Torino Capital LLC  ; etc...

Et que Repsol ne fasse pas de sabotage cette fois, si elle ne veut pas subir le même sort que sa filiale d’Argentine qui a été très insidieusement évincée et remplacée par sa rivale "américaine" Chevron.

Les médias US stigmatisent l’inflation et l’insécurité.
Ils mettent la pression sur la "faiblesse" qu’ils entretiennent insidieusement.

Mais QUI est responsable, sinon la classe possédante dollarisée ?
Cette bourgeoisie, constituée de commerçants et d’avocats.
Elle qui est traditionnellement à la tête de l’appareil juridique ( ... "insécurité" ...) et du pouvoir économique ( ".... problèmes d’approvisionnement, inflation.... ")

Alors , oui , Nicolas Maduro a très bien fait de commencer son premier jour en appelant à l’UNITÉ
Felicidades Nicolas !

Autrement dit, la classe bourgeoise, qui tient de facto le pouvoir réel, va devoir arrêter de faire de la résistance passive ou de saboter. Il va falloir coopérer !

De cette manière le Venezuela pourra s’en sortir seul, sans la tutelle de Washington qui cherche à l’affaiblir pour placer ses capitaux (avec ses managers, procédures, dividendes, intérêts, etc..).

Coraje Nicolas Maduro !
Al timon !
Vamos todavia !

16/04/2013 11:10 par Dominique

La question maintenant est de voir comment va évoluer la révolution bolivarienne au Venezuela. Elle n’est pas homogène et les deux tendances qui peuvent l’emporter sont soit aller vers une sociale-démocratie à la brésilienne, et là c’est adieu la révolution, soit continuer les réformes vers plus de justice sociale et environnementale.

Quand à dire que les théories de la gauche ne peuvent être attaquée sur le fond, je ne suis pas d’accord. Une théorie ne doit pas être gravée dans la pierre, elle doit être confrontée à la pratique. De plus, la gauche occidentale n’est pas homogène non plus, il y a de tout, des socialo-capitalistes aux marxologues partisans de la lutte pour la lutte.

Sur les raisons non pas des succès de la droite mais des échecs de la gauche dans un contexte qui est toujours celui d’une minorité d’exploiteurs et d’une majorité d’exploités, Wilhelm Reich a beaucoup écrit là -dessus (voir notamment La psychologie de masse du fascisme). Mais malheureusement bien peu de marxistes semblent même l’avoir lu et se contentent de ce que d’autres pensent de lui.

Je considère aussi que les échecs de la gauche occidentale ne se limitent pas à enrayer la prise du pouvoir par la droite ou la sociale-capitalisterie, mais aussi à ne pas avoir pu empêcher la récupération de l’écologie par les capitalistes. Ceci m’amène à un point fondamental du marxisme, c’est une théorie matérialiste qui, si elle a compris que notre forme de rapport avec la nature conditionne la forme de tous les autres rapports humains, qu’ils soient économiques, sociaux ou politiques, n’en fait pas moins un dogme, à l’instar de Plekhanov qui dans La conception matérialiste de l’histoire, affirme que ce rapport est une lutte.

Que je sache, il y a de cela plusieurs millénaires que l’être humain est l’espèce dominante et qu’elle n’a plus besoin de lutter pour sa survie. Et ceci encore moins depuis la révolution industrielle. Donc nous avons 2 idéologies, une, le capitalisme, pour laquelle le rapport de l’homme avec la nature est un rapport d’exploitation, et l’autre, le marxisme, pour laquelle ce rapport est une lutte.

Si je puis comprendre de la part de capitalistes d’accepter un dogme peudo-religieux, je trouve regrettable que beaucoup de marxistes puissent confondre ainsi dogme superstitieux et principe scientifique, ceci surtout quand il s’agit d’un point aussi fondamental que de donner une forme au rapport humain qui conditionne toutes les autres formes de rapports humains.

Entre l’exploitation de la nature et de tous par tous, et la lutte de tous contre la nature et contre tous, mon choix est vite fait. Je choisi le respect. Le respect est la seule forme de rapport de l’homme avec la nature qui puisse lui permettre, ceci quel que soit son niveau technologique, de développer une forme de société durable et harmonieuse.

16/04/2013 13:02 par SEPH

L’écart est-tel entre l’élection de Chavez et de Maduro qu’on peut s’interroger sur les raisons ?

Une partie des électeurs de Chavez ne se sont pas mobilisés pour Maduro ?
ou le bourrage d’urnes par son adversaire a été plus efficace ?

De toute façon Maduro est légitimement élu, il doit mettre en place son programme social, sans faiblesse, pour élargir son audience auprès de ses compatriotes qui attendent un progrès social et une sécurité de l’emploi, des salaires, du cadre de vie.

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