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Thème : Georges Orwell

Un aller simple pour la Salle 101

PERSONNE
Julian est assis. Une lumière vive et artificielle lui tombe sur le visage. Il est sanglé sans pouvoir bouger ses membres engourdis. Il lui faut du temps pour prendre conscience de ce qui l’entoure : il est au centre d’une pièce immense à la paroi circulaire qui semble de béton brut et sans issue. Il a l’impression de venir d’un autre monde : il ne sait pas combien de temps a duré son dernier voyage. La lumière du jour n’est, pour lui, plus qu’un vague souvenir. Tant de saisons passées à l’ombre, tant d’années passées dans une ambassade étriquée. Puis des semaines, puis des mois dans les geôles de sa gracieuse Majesté. Avant la descente aux Enfers : l’accord sans condition de l’extradition sans justification, en témoignage de l’amitié entre deux nations civilisées, entre Britannia et l’Empire, entre un vassal et son suzerain. Ensuite, le trou noir : rien, plus rien, le néant, si ce n’est un dernier repas. Une porte dérobée s’ouvre : un courant d’air tiède parvient jusqu’à lui, tandis qu’une personne en (...) Lire la suite »

La mise à jour

PERSONNE
Quand Ils ont pris aux Pauvres pour distribuer aux Riches, je n’ai rien dit, je n’ai rien exprimé, je n’étais pas touché, je suis dans l’entre-deux et mon ordi ramait comme jamais, vous comprenez ? Quand Ils ont accéléré la machine à expulser, je n’ai rien fait, je ne suis pas expulsable, et ma commande était enfin passée, la situation débloquée, vous saisissez ? Quand Ils ont abusé de la notion de sécurité, pour soi-disant sauvegarder nos libertés, j’ai cru à leur sincérité, en plus « la liberté, c’est l’esclavage » et j’étais en pleine frénésie d’achat pour le noël des petits et des grands, vous acquiescez ? Quand Ils ont instauré la Démocrature au nom de la sauvegarde de nos valeurs, je n’y ai vu que la signature du Bien contre les forces du Mal, et ma carte bleue commençait à chauffer, vous agréez ? Quand Ils ont fait une année mirifique pour les ventes d’armes, je m’en suis réjoui, je n’y ai vu que l’éclat des affaires, en plus « la guerre, c’est la paix » et j’étais encore indécis, je voulais tant ne pas (...) Lire la suite »

Bref retour sur Orwell (III)

Bernard GENSANE
Ce qui distingue les grands créateurs des autres, c’est que, à partir de la réalité, ils élaborent des modèles plus prégnants que celle-ci en nous la faisant comprendre et ressentir comme jamais auparavant. Essayez d’imaginer un gamin de Paris des années 1830 sans penser à Gavroche. Essayez de vous représenter Mozart sans vous remémorer celui d’Amadeus et son rire jamais envisagé jusque là. Le “ Guernica ” de Picasso occulte la vraie ville dont on ne sait, en fait, pas grand chose. Quant à Emma Bovary, elle écrase votre cousine rêveuse. Dans 1984, Orwell invente un monde et sa langue officielle, la Novlangue (Newspeak). Elle a ceci de particulier qu’elle est conçue pour mourir, Orwell partant du principe que, plus on élimine des mots (on garde “ chaise ” et on supprime “ fauteuil ” “ tabouret ”), plus on réduit leur champ sémantique (“ liberté ” n’est utilisé que dans des phrases comme « j’ai la liberté de choisir entre des pommes de terre et du chou »), plus on réduit une pensée qui devient sans cesse (...) Lire la suite »

Bref retour sur Orwell (II)

Bernard GENSANE
Dans 1984, Dieu est mort. Pas de religion révélée. Pas de transcendance. Dans cette dystopie, les valeurs sont inversées. La trinité, le nombre 3 sont utilisés de manière perverse. L’instabilité (2 + 1, 2 contre 1) est la norme. Le monde du livre est divisé en trois continents (l’Océanie, l’Eurasie et l’Estasie). Chaque continent est dirigé par un parti unique. Le parti d’Océanie est l’Angsoc (Ingsoc pour English Socialism). Les trois superpuissances sont en état de guerre permanente, selon des alliances mouvantes – et incompréhensibles. La subdivision d’Océanie où vit Winston Smith est composée de trois classes : les “ Proles ” (les prolos), 85% de la population qui partagent leur temps entre un travail abrutissant et des loisirs superficiels, le Parti Extérieur, auquel appartient Winston, les exécutants (13% de la population), et le Parti Intérieur, l’élite intellectuelle dévoyée (2% de la population). Les classes ne communiquent pas et ne connaissent pas d’ascenseur social. L’idéologie de l’Angsoc est (...) Lire la suite »

Bref retour sur Orwell (I)

Bernard GENSANE
L’immense réforme de l’orthographe, concernant en particulier le terrassant problème de la suppression de l’accent circonflexe, m’a remémoré ce passage de 1984 où le héros est décrit comme travaillant pour la sous-commission d’un sous-comité devant déterminer s’il faut placer les guillemets en-deçà ou au-delà des parenthèses. Comme j’ai par ailleurs été récemment invité par France Inter à m’exprimer sur Orwell pour l’émission “ Affaires sensibles ”, je me suis replongé – ce que je n'avais pas fait depuis une bonne vingtaine d'années – dans cette œuvre clé (malgré quelques imperfections dont Orwell était pleinement conscient). Le verdict est sans appel : c’est vraiment un livre hors du commun. Pourquoi ce livre a-t-il résonné aussi fort à l’époque de sa parution et pourquoi est-il toujours aussi topique près de sept décennies plus tard, en un mot pourquoi n’a-t-il pas vieilli ? Voilà la question à laquelle je vais tenter d'apporter quelques éléments de réponses ici. Lorsqu’il publie ce livre, Orwell est partagé quant à sa (...) Lire la suite »
Les seuls droits nouveaux qu’on nous donne en Occident, semblent être ceux dont on n’a pas vraiment besoin.

On réécrit l’histoire au "Ministère de la Vérité" de George Orwell (RT)

Tony GOSLING
Est-ce que je veux du "droit au suicide assisté" ou du "droit à l'oubli" ! Non merci, sans façons. Beaucoup de gens pensent que ces expressions sont des purs échantillons de "double langage" destinés à nous enlever des droits beaucoup plus utiles comme le "droit à la vie" et le "droit de savoir". D'abord on a eu les "Ecrans de télévision", des caméras cachées qui permettaient au gouvernement d'espionner, à leur insu, des citoyens dans leur salon et leur chambre. Edward Snowden a révélé que la NSA et le GCHQ faisaient, hélas, la même chose en nous filmant ou nous photographiant secrètement grâce à des webcams et des laptops “dormants”. Les Britanniques viennent d'apprendre avec stupeur cette semaine qu'une autre étape vers le totalitarisme a été franchie par le gouvernement sans foi ni loi de Westminster. Dans un processus, impulsé par Kenneth Clarke, un membre influent du groupe Bilderberg, alors qu'il était Lord Chancelier et Secrétaire à la Justice, la Loi sur la Justice et la Sécurité a ouvert la (...) Lire la suite »

Aller vers George Orwell

Bernard GENSANE
Il n'y a évidemment pas de recette pour aborder l'oeuvre d'une telle figure littéraire. Je raconterai simplement ici comment, pour reprendre l'expression de Picasso, je suis allé à cette source, à ce compagnon de vingt ans de vie intellectuelle. Orwell est connu pour deux chefs-d'oeuvre publiés en 1944 et 1949 (donc vers la fin de sa vie, puisque, né en 1903, il est mort prématurément de la tuberculose en 1950) : Animal Farm et 1984, deux ouvrages qui se sont vendus à plus de vingt millions d'exemplaires. Très courageuse (pour l'époque) dénonciation du stalinisme, le premier de ces ouvrages a ceci de particulier qu'il peut être lu à la fois par un public d'enfants ou d'adultes - comme Les Fables de La Fontaine ou Les Voyages de Gulliver. Ne faisant pas toujours les choses comme les autres, je suis venu à Orwell à l'inverse de la majorité de ses lecteurs : j'ai lu ces deux textes après plusieurs autres livres de mon auteur fétiche. Je me trouvais un jour de 1969 dans une famille de la banlieue (...) Lire la suite »
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