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Les illusions ancrées et néfastes ne peuvent se dissiper que dans la douleur

2015, quelle année ?

« Lorsque la fortune prépare le bouleversement d’un empire, elle place à sa tête des hommes capables d’en hâter la chute »

Comme il faut bien remplir les colonnes et meubler les émissions, les médias font rituellement à cette époque le portrait de l’année écoulée : mitigé pour l’ensemble de la planète mais franchement calamiteux pour la France. Il est vrai que 2015 commencé avec Charlie et fini avec le Bataclan, agrémenté par l’irrésistible ascension du Front national et la proclamation de l’état d’urgence, n’a rien eu pour plaire. D’ailleurs les Français restent le peuple le plus pessimiste d’Europe, celui qui consomme la plus grande quantité de drogues psychotropes et fait la gueule la plus sinistre dans le métro.
Mais on peut voir les choses autrement. On peut dire que cette année aura marqué la fin d’illusions ancrées et néfastes, et que de telles illusions ne peuvent se dissiper que dans la douleur.

Nombreux étaient ceux qui pensaient qu’une parenthèse social-démocrate, insérée dans une succession quasi ininterrompue de gouvernements ouvertement réactionnaires, allait « donner du mou » dans la politique sécuritaire, calmer la frénésie dans la législation antiterroriste, atténuer quelque peu le racisme d’État. En prévoyant même que Hollande ne tiendrait aucune de ses promesses, on pouvait espérer que quelques mesures en ce sens seraient prises pour « donner des gages à gauche », comme ils disent.

À l’origine de cette illusion, il y a de la méconnaissance et de l’oubli.
Il y a d’abord une question de personne : les mous binoclards et bedonnants peuvent avoir des réactions brutales jusqu’à l’irrationnel quand ils veulent montrer que non, ils ne sont pas les lavettes crayonnées par les caricaturistes. Hollande cherchant à revêtir une armure à la Clemenceau ou à la Churchill, on en avait eu un aperçu à Bamako en 2013 quand, après avoir lancé l’invincible armée française dans les sables du Mali, il avait déclaré : « Je viens sans doute de vivre la journée la plus importante de ma vie politique ». Depuis, pour montrer ses muscles, il a pris la place de Tony Blair comme chien de compagnie des Américains, en Syrie comme l’autre l’avait été en Irak. Les Rafales de M. Dassault décollent du porte-avion Charles de Gaulle qui fait flotter le drapeau tricolore dans l’océan Indien. Quant à la politique répressive à l’intérieur, on a eu l’incarcération de mineurs pour insultes envers la police, la loi scélérate sur le renseignement et pour finir un projet de révision constitutionnelle élaboré à chaud, instituant un état d’urgence permanent avec des mesures inouïes sur la déchéance de nationalité. En reprenant à son compte des idées avancées par le Front national, Hollande réalise l’une de ces opérations politiciennes affinées lors des dix ans passés à la tête du parti socialiste : il tire le tapis sous les pieds de la droite « de gouvernement » et prend ainsi pour l’élection présidentielle à venir une position que personne ne lui accordait avant les attentats de novembre. Exit en 2015 l’espoir d’une social-démocratie inefficace mais paisible.

Ici et là, on entend dire que la dérive sécuritaire actuelle signe que le pouvoir a perdu ses repères, qu’il ne sait plus où il va ni d’où il vient. C’est oublier la longue histoire de brutalité répressive du socialisme français. Qui a envoyé les CRS et les tanks de l’armée contre les mineurs lors des grèves de 1948, qui a fait ouvrir le feu ? Jules Moch, ministre de l’Intérieur socialiste. Qui disait en 1957 à Alger, « les exhibitionnistes du cœur et de l’intelligence qui montent la campagne contre la torture, je les voue à votre mépris » ? Robert Lacoste, socialiste, gouverneur général de l’Algérie. Qui a institutionnalisé, dans la foulée des lois Pasqua-Debré, la chasse aux sans papiers « clandestins » ? Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’Intérieur socialiste du gouvernement Jospin. Valls et Hollande œuvrent dans la grande tradition social-démocrate où la lâcheté et l’hypocrisie vont de pair avec le mépris du peuple et la violence policière.

Une autre illusion, fortement ancrée, aura été si ébranlée par l’année 2015 qu’il n’en reste que des débris épars : l’idée qu’une victoire électorale de « la gauche » peut bouleverser un pays, lancer une sorte de révolution sans révolution. La Grèce était un cas idéal où toutes les conditions semblaient réunies – un parti d’extrême gauche massivement soutenu par le peuple, un leader jeune et parlant clair, un référendum refusant les diktats du capitalisme européen : en juillet 2015, la Grèce portait tous les espoirs de ceux qui ne savaient pas. Mais à l’intérieur même de Syriza l’opposition révolutionnaire expliquait que Tsipras avait refusé de préparer une sortie de la zone euro, que rien n’était prévu en ce sens et que la Grèce n’avait donc aucune carte sérieuse à opposer à l’Europe dans la partie qui se jouait. Résultat : Tsipras n’avait d’autre issue que se coucher, d’entraîner le pays dans l’abîme, ce qu’il a fait d’assez bonne grâce. Trahison ? pas vraiment, évolution logique plutôt. Car jamais un régime issu d’élections n’a été capable de bouleversements révolutionnaires. Pour gagner des élections, il faut rassembler, il faut gagner des voix du côté du marais centriste dont la résistance au changement se fait déterminante quand vient le moment des décisions.

Le désastre grec a enterré l’illusion d’une nouvelle voie pour « la gauche ». De cet enterrement, Podemos a suivi le cortège avec, au dernier rang, la fantomatique extrême gauche française. N’en soyons pas affligés : se débarrasser de vieilleries est un geste salubre. Enterrer du même coup nos dirigeants ? Non, ils ont leur rôle. Comme dit Machiavel dans le Discours sur la première décade de Tite-Live, « Lorsque la fortune prépare le bouleversement d’un empire, elle place à sa tête des hommes capables d’en hâter la chute ».

 https://lundi.am/2015-quelle-annee-par-Eric-Hazan
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COMMENTAIRES  

06/01/2016 11:32 par cunégonde godot

Les gouvernements qui se sont succédé depuis une quarantaine d’années en France n’étaient pas réactionnaires si les mots ont un sens. Bien au contraire, ces gouvernements étaient d’une certaine manière révolutionnaires, en cela qu’ils voulaient, tous, soi-disant "réformer", c’est-à-dire adapter la France à la nouvelle donne du capitalisme européo-mondialiste. Il n’a jamais été question d’un retour en arrière (le sens du mot réactionnaire), mais d’ "aller de l’avant" en détruisant systématiquement tout ce qui existait dans le passé et encore dans le présent de progressiste, comme les services publics, le système de protection sociale, etc.
Cette erreur grossière d’analyse se révélant dans un mot pris (volontairement ou non) pour un autre est courante dans la mouvance se prétendant "progressiste" et même "révolutionnaire". Comme des amalgames aussi ridicules et trompeurs que ceux qui consistent à mettre M. Chevènement sur le même plan que MM. Pasqua, Debré, Moch, Lacoste, Jospin, Valls et Hollande.
Faire une analyse "radicale" du mouvement des Indignés en 2016 est très confortable, et permet de se lustrer le poil à bon compte. Le Front de gauche a une responsabilité écrasante dans l’aveuglement des "masses" en France à l’égard du mouvement Syriza. Ne serait-ce pas utile de le rappeler ?

06/01/2016 11:42 par Roger

Effectivement, nous avons l’homme "présidentiel" le plus médiocre que j’ai jamais connu depuis que je vote...
Homme privé détestable quand il "répudie" publiquement la maîtresse qu’il nous avait exhibée sans vergogne, pendant qu’il courtisait déjà en scooter une jeune comédienne. Orateur soporifique dont les césures improbables émaillent des discours d’une vacuité sans nom et d’un humour à 2 balles, politicien dont le "moi président" n’était qu’un artifice de rhétorique, et dont les décisions et manoeuvres électoralistes confirment la perversité. Dirigeant qui s’entoure de collaborateurs et de conseils caricaturaux (Aquilino, Cahuzac, Valls et autres Macron...).
Oui, il a tout pour donner raison à Machiavel...Ce qui m’est une toute petite consolation d’avoir voté pour lui (cet accélérateur d’ effondrement du système) par triste devoir et quelques illusions.

06/01/2016 12:01 par Vinceremos

Ah, Cunégonde Godot 2016 est la même que la 2015 : obsédée par le Front de gauche

Faire une analyse "radicale" du mouvement des Indignés en 2016 est très confortable, et permet de se lustrer le poil à bon compte. Le Front de gauche a une responsabilité écrasante dans l’aveuglement des "masses" en France à l’égard du mouvement Syriza. Ne serait-ce pas utile de le rappeler ?

Exact, et tout vient de là (je plaisante) ! Les gouvernements allemands et français, les eurocrates, les banquiers ont une responsabilité légère dans ce qui est arrivé à la Grèce malgré l’appui massif des peuples d’Europe (je plaisante encore).
Cunégonde, c’est quoi votre recette pour mettre fin (et pas dans dix ans) au ballet droite-gauche en France ?

06/01/2016 12:19 par Geb.

Car jamais un régime issu d’élections n’a été capable de bouleversements révolutionnaires. Pour gagner des élections, il faut rassembler, il faut gagner des voix du côté du marais centriste dont la résistance au changement se fait déterminante quand vient le moment des décisions.

Ben voilà !. (((- :

Ca a pris du temps mais, enfin, il y a quelqu’un qui a énoncé clairement ce que tout le monde, (sauf les imbéciles heureux et les fourbes et opportunistes), a compris depuis longtemps...

C’est d’ailleurs aussi pour ça que la majorité des exploités va à la pèche le jour des élections : L’"Intelligence des Masses" ça existe aussi, même si ça ressort souvent de l’instinct de survie.

D’ailleurs nos camarades venezuéliens sont en train de faire l’amère expérience de ce genre d’illusions. Tôt ou tard si on veut imposer ou conforter la Volonté de la Majorité créatrice de valeurs, sur celle de la Minorité des parasites de la société il faut des fusils et des mesures fortes derrière les bulletins de vote... Au moins pour rappeler aux parasites que ce n’est plus eux qui font la Loi.

Il paraît que ça se nomme la "Dictature du Prolétariat".

Point barre !

Dans les "révolutions" prolétariennes on ne peut que se faire des ennemis chez les anciens maîtres du jeu, chez les "possédants" qui ne vont plus "posséder" le droit d’exploiter la majorité du Peuple.

Ne pas le comprendre c’est comme imaginer qu’on puisse contrôler l’économie d’un pays sans contrôler et nationaliser les banques, ou sans mettre les travailleurs aux commandes des moyens de production

Et imaginer que ceux qui vont tout perdre puissent supporter ça pacifiquement au nom d’une "démocratie" dont ce sont eux qui énoncent les règles, et sans envisager des mesures coercitives, amène au résultat ou nous en sommes aujourd’hui.

Aujourd’hui l’"état d’urgence permanent", demain l’"emprisonnement" et la "rééducation" des mal-pensants, après-demain leur "élimination" pure et simple.

Tout ça en toute "démocratie" et avec l’aval du "vote" d’une Majorité minimale décervelée.

La seule question réelle est de savoir qui sera le "suicidaire" courageux qui énoncera cette réalité à la Tribune de l’Assemblée avant qu’on ne puisse plus rien "énoncer" du tout..

Mais c’est vrai qu’on ne rencontre pas un "Matteotti" ou un "Alliende" à chaque génération.

Et c’est vrai aussi que, vu comment ils ont fini, on comprend que il n’y ait pas beaucoup de candidats au rôle de Jésus-Christ dans la classe politique actuelle. De gauche comme de droite.

Quand on n’élit que des Lapins ou des Hyènes* comme représentants faut pas s’attendre à être défendus par des Lions.

((- :

*Pardon aux Lapins et aux Hyènes, ils/elles valent mieux que ça.

06/01/2016 13:09 par cunégonde godot

Vinceremos :
Cunégonde, c’est quoi votre recette pour mettre fin (et pas dans dix ans) au ballet droite-gauche en France ?

Commencer par désigner correctement les responsabilités, les lâchetés, tous les renoncements de la gauche, toute la gauche depuis quarante ans, apprendre à nommer correctement les choses en employant les mots dans leur véritable sens, apprendre à hiérarchiser les priorités et réaliser que certains qui se disent de gauche ne cherchent pas la révolution mais la guerre civile, sans toujours s’en rendre compte d’ailleurs ; admettre une fois pour toutes que la révolution en France a déjà eu lieu, qu’elle est d’abord à protége, à conserver (conservation n’est pas réaction) et à défendre avant de pouvoir l’améliorer, et que pour cela il faut partir d’ici et maintenant, en 2016, et pas d’ailleurs (pas de la révolution bolchevique de 1917 en Russie tsariste p.ex.)...

06/01/2016 13:31 par Vinceremos

@ Cunégonde
Ya ka. Fo kon.
Je n’y aurais pas pensé.
Personnellement, j’ai une autre piste : puisque le bateau coule, sa coque étant percée par l’UMP-LR et le PS, puisqu’on risque de finir aux requins, unissons tous les matelots pour écoper et pour jeter par dessus bord les officiers, harponnons les squales.
Cela est impossible sans être tous ensemble, et tous ensemble vous n’en voulez pas avant d’avoir épuré, ignorant qu’un pur trouve toujours un plus pur qui l’épure.
Et puis après, avec ma méthode, le bateau étant à flot, l’étoupe ayant colmaté les brèches, qu’importe si les nouveaux maîtres et matelots du navire expriment des désaccords sur l’itinéraire, la force du vent, la vitesse à ne pas dépasser...
C’est mieux de se disputer à la barre que dans la soute à charbon.

06/01/2016 15:28 par Autrement

Cunégonde :

admettre une fois pour toutes que la révolution en France a déjà eu lieu,

La voilà, l’erreur originelle de Cunégonde dans toute sa naïve profession de foi ! La révolution de 1789 a porté au pouvoir la bourgeoisie, non le peuple. C’est cela qu’il faudrait protéger ? Tout est dit sur Cunégonde et sa rhétorique de Mère-n’a-qu’un-oeil.

06/01/2016 16:55 par Beyer Michel

Ce matin j’écoutais l’excellente chaîne musicale " classique". Tant qu’il s’agit de musique, cette chaîne est formidable. Mais alors, dès qu’il s’agit de politique, elle est dans le moule "mainstream". Il n’y a pas de raison que ce soit autre, l’animateur étant Guillaume Durand.
La grande nouvelle, les sondages le prouveraient, c’est que les Français ne supportent plus la classe politique....Hollande dehors ! Sarkozy dehors ! etc...etc....à 80%. Mais heureusement il y a la possibilité du renouveau. Eh ! oui, un petit jeune se pointe à l’horizon, les Français plébiscitent Alain Juppé. Ouf !!! Et moi qui croyait que c’était un vieux cheval de retour.

06/01/2016 17:36 par D. Vanhove

...euh, pour sortir de ces ping-pong entre lecteurs, puis-je vous suggérer l’écoute du 1er lien et la lecture du suivant :

https://www.youtube.com/watch?v=-MJfLjHxiRo&gl=BE

https://www.contrepoints.org/2013/0...

06/01/2016 17:43 par cunégonde godot

Autrement :
Cunégonde :

admettre une fois pour toutes que la révolution en France a déjà eu lieu,

La voilà, l’erreur originelle de Cunégonde dans toute sa naïve profession de foi ! La révolution de 1789 a porté au pouvoir la bourgeoisie, non le peuple. C’est cela qu’il faudrait protéger ? Tout est dit sur Cunégonde et sa rhétorique de Mère-n’a-qu’un-oeil.

Les "révolutionnaires" européistes (sic !) qui apportent et apporteront toujours leur voix aux "socialistes", en faisant semblant de croire qu’entre le "PS" et ce que l’on appelle la "droite", il subsisterait une différence. Surtout, que cela ne les empêche pas de donner des leçons de "révolution" et d’ "antifascisme" à tout le monde...
La gauche — très vite imitée par ladroite qui n’en demandait pas tant — s’est fabriqué à sa mesure durant les décennies 80-90 un ennemi "fasciste" en celluloïd, le Front national, pour mieux dissimuler sa soumission au totalitarisme européo-mondialiste se mettant en place tranquillement au même moment. Ne serait-il pas temps d’en dégager à gauche, très clairement, les responsabilités avant de déclencher par un claquement de doigt la mythique révolution révolutionnaire ?
Ce sont ceux qui se sont couchés depuis des décennies devant l’européo-mondialisme impérialiste, au nom de... l’ "antifascisme"(!) qui crient (et surtout pleurnichent) le plus fort aujourd’hui à la révolution. Surtout, qu’ils ne changent rien. C’est comme ça qu’à Bruxelles on les aime...

06/01/2016 23:25 par Wilmotte Karim

Cunegondem :
"Il n’a jamais été question d’un retour en arrière (le sens du mot réactionnaire), mais d’ "aller de l’avant" en détruisant systématiquement tout ce qui existait dans le passé et encore dans le présent de progressiste, comme les services publics, le système de protection sociale, etc."

Quand on veut revenir sur les conquêtes de la période précédente afin de les détruire, on est réactionnaire.
Et on peut être révolutionnaire et réactionnaire. Les révolutions nationales de l’ordre nouveau (1940, ces eaux là) en sont le parfait exemple !

07/01/2016 10:56 par cunégonde godot

Wilmotte Karim :
Cunegondem :
"Il n’a jamais été question d’un retour en arrière (le sens du mot réactionnaire), mais d’ "aller de l’avant" en détruisant systématiquement tout ce qui existait dans le passé et encore dans le présent de progressiste, comme les services publics, le système de protection sociale, etc."

Quand on veut revenir sur les conquêtes de la période précédente afin de les détruire, on est réactionnaire.
Et on peut être révolutionnaire et réactionnaire. Les révolutions nationales de l’ordre nouveau (1940, ces eaux là) en sont le parfait exemple !

Nous sommes dans un processus d’accélération de la mondialisation capitaliste (une mondialisation commencée à la préhistoire dès lors que l’Homme a commencé de s’éloigner de sa caverne). Cette accélération n’aurait si je vous ai compris de réactionnaire que la destruction des "conquêtes sociales". C’est bien plus que cela. L’europeo-mondialisme n’a jamais existé auparavant sous quelque forme que ce soit. Ce qui se rapproche le plus, de manière pathétiquement archaïque, du mondialisme : les monothéismes qui sont par définition mondialistes (puisque Dieu a créé le Monde) ou ne sont pas. Mais pas les totalitarismes du passé à mon avis, car le capitalisme moderne n’a que faire du parti unique, le règne de la marchandise n’est pas totalitaire.
Le gouvernement mondial par les firmes industrielles et commerciales (UE, TIPP), sans que le "peuple" sous quelque forme politique, juridique et sociale existante ou ayant existé n’ait d’autre chose à faire que consommer et seulement éventuellement fabriquer ne s’est jamais produit dans l’Histoire. C’est ça la "révolution" mondialiste ici et maintenant. Au reste, il est question aujourd’hui d’un salaire pour tous. D’un salaire qui permette de consommer sans avoir rien professionnellement produit. Un aspect du changement de civilisation que nous sommes en train de vivre plutôt révolutionnaire, me semble-t-il. Le citoyen remplacé (il pourra toujours voter, ou "débattre", ça ne sert à rien ou à presque rien, mais ça occupe) par le consommateur compulsif...

07/01/2016 11:45 par Geb.

mais d’ "aller de l’avant" en détruisant systématiquement tout ce qui existait dans le passé

Désolé mais pratiquer ainsi ne permettra jamais de construire quelque chose de viable.

Qu’on imagine de détruire ce qui est nocif dans le passé pour le remplacer par du meilleur c’est normal. Détruire TOUT le passé systématiquement sans discernement ne peut amener à rien. Il est absolument nécessaire d’intégrer les paramètres historiques endogènes locaux existants pour bâtir une société viable et harmonieuse.

Et surtout de le faire sans modéliser ailleurs sur des concepts étrangers à l’environnement concerné. On n’exporte pas la Révolution. Du moins la manière de la faire et le niveau des buts à atteindre. Chaque entité locale, du microcosme au macrocosme doit faire la sienne avant de réussir à en faire une synthèse globale.

Un des exemples célèbre en est "Le Grand Bond en avant" de Mao.

On ne peut pas dire que ce fut une réussite, sinon pour constater que ça n’a pas été positif... Même si les Chinois s’en sont relativement "bien" sortis grâce à leurs facultés d’adaptation. Après quelques millions de morts quand même.

Ceux qui négligent leur passé n’auront jamais d’avenir.

Quant à l’adjectif "réactionnaire" il signifie uniquement, malgré la connotation négative qui lui a été appliquée dans un contexte particulier, le constat d’un effet de physique bien connu qui énonce qu’à toute "action" correspond une "réaction" équivalente en sens inverse.

On peut aussi bien qualifier de "réactionnaire" l’acte révolutionnaire opposé à d’une situation dictatoriale ou fascisante, que l’inverse.

On ne le redira jamais assez, les mots et la compréhension des concepts ont une importance capitale dans la saisie des phénomènes vitaux et de l’environnement....

Il fut un temps, (Que les moins de 20 ans... air connu), ou ce genre de chose s’étudiait dans les écoles du PCF, dites "Ecoles, (Elémentaires, Fédérales, Centrale), du Parti".

Certains, unilatéralement, de l’intérieur, ont décidé qu’il s’agissait d’"Endoctrination", pas d’Education des Masses et qu’il fallait arrêter au nom de la "Liberté de pensée".

On voit ou ça a pu mener quand on lit la prose des dirigeants actuels du PCF et qu’on prend note de leurs actes.

Ils ont aujourd’hui la Liberté ???

Mais il y a longtemps qu’ils ne "pensent" plus comme des "révolutionnaires". Ils pensent comme l’Ordre établi qu’ils étaient censés combattre leur dit de le faire.

On ne peut pas dire qu’il se soit agi d’un quelconque progrès.

07/01/2016 12:47 par erwin

@ cunégonde godot

Bonjour,
je vais essayer d’éviter le ping-pong et de répondre point par point à ce qui me semble confus dans votre vision.

Les gouvernements qui se sont succédé depuis une quarantaine d’années en France n’étaient pas réactionnaires [...] Il n’a jamais été question d’un retour en arrière (le sens du mot réactionnaire), mais d’ "aller de l’avant" en détruisant systématiquement tout ce qui existait dans le passé et encore dans le présent de progressiste, comme les services publics, le système de protection sociale, etc.

Donc c’est bien un retour en arrière, à l’époque ou les services publics, le système de protection sociale, etc. n’existaient pas, et où les chefs d’industrie ne payaient aux travailleurs que le salaire leur permettant de survivre et de continuer à aller se faire exploiter. L’intervention de l’Etat dans les rapports socio-économiques était quasi inexistante. C’étaient les débuts du capitalisme, la première phase de l’industrialisation (seconde moitié du XVIIIe siècle en Angleterre, milieu du XIXe dans le reste de l’Europe. On appelait çà le "laisser-faire" (l’Etat laissait la "main invisible du marché" -la loi de la jungle en vérité- réguler les rapports entre les acteurs économiques).
J’ajoute qu’en lui-même le terme "progressiste" que vous employez renvoie à un "progrès" par rapport à une situation passée à laquelle les réactionnaires souhaitent revenir (en tout cas en ce qui concerne le partage du gâteau entre travail et capital).

Comme des amalgames aussi ridicules et trompeurs que ceux qui consistent à mettre M. Chevènement sur le même plan que MM. Pasqua, Debré, Moch, Lacoste, Jospin, Valls et Hollande.

Il me semble que ce ne sont pas les personnes qui sont amalgamées dans l’article, mais bien certaines de leurs actions répressives envers le peuple, qui révèlent leur servitude à l’égard du grand capital, et, partant, l’abus de langage que constituent des termes comme "gauche" ou "socialiste" pour qualifier un parti politique qui depuis longtemps (sa création ? la mort de Jaurès et l’Union Sacrée ? le congrès de Tours ? 1945 ?) est clairement du côté du manche.

admettre une fois pour toutes que la révolution en France a déjà eu lieu, qu’elle est d’abord à protége, à conserver (conservation n’est pas réaction) et à défendre avant de pouvoir l’améliorer

Si vous parlez bien de 1789, je ne peux qu’abonder dans le sens de {}Autrement {} : si le peuple a eu sa chance dans les premières années de la Révolution, c’est bien la bourgeoisie qui, tirant une bonne partie des ficelles depuis la phase pré-révolutionnaire, a fini par prendre le pouvoir et imposer ses institutions.
Par contre si vous parlez de la révolution de 1943-1948, qui a permis d’arracher au grand patronat tout ce qu’il essaie aujourd’hui de nous reprendre, je suis bien d’accord : il faut conserver ses acquis. Je me permets tout de même d’insister : le capitalisme et ses porte-parole ne font à cet égard rien de nouveau, rien de révolutionnaire en voulant démanteler cet héritage, mais tentent au contraire de revenir à une situation préexistant au CNR, aux accord Matignon, à la loi Waldeck-Rousseau etc. (précisons au passage que cette loi de 1884 autorisant les formations syndicales, abroge la loi Le Chapelier qui les interdisait et qui fut adoptée...en 1791 par les "révolutionnaires"...)

Ensuite, je ne comprends pas le rapport entre le passage que vous citez dans votre commentaire (06/01/2016 à 17:43) et la réponse que vous y apportez...

Et sur ladite réponse :

Ce sont ceux qui se sont couchés depuis des décennies devant l’européo-mondialisme impérialiste, au nom de... l’ "antifascisme"(!) qui crient (et surtout pleurnichent) le plus fort aujourd’hui à la révolution.

Ah bon ? Moi je ne les vois pas crier à la révolution ceux-là. Certes il y a des "repentis" qui ouvrent les yeux sur leurs erreurs passées (mon père par exemple avait dit "oui" avec beaucoup d’entrain au traité de Maastricht et a depuis bien compris la supercherie), mais globalement les révolutionnaires d’aujourd’hui sont aussi ceux d’hier et les "européo-mondialistes" d’hier sont désormais au mieux les critiques modérés de l’UE et des "effets pervers de la mondialisation" capitaliste.

Pour finir, sur votre dernier commentaire, je suis d’accord : il y a avec le niveau de mondialisation actuel un développement inédit du capitalisme et un changement d’échelle dans les rapports de domination. Cependant le fond de ces rapports reste le même, l’objectif de chacun reste le même : se faire le plus possible de place (ou de fric en simplifiant à peine) dans un système qui autorise celui qui en est capable à s’en faire de façon illimitée.
Et surtout, la mondialisation est consubstantielle du capitalisme. Il y a parmi les historiens plusieurs visions :
 celle d’une première mondialisation avec énooormément de guillemets déclenchée par les grands voyages de "découverte". Ses tenants parlent souvent de "capitalisme marchand" pour désigner le capitalisme pré industriel qui accompagna cette "mondialisation", avec notamment l’accumulation de capitaux liée au commerce triangulaire
 celle de l’"englobalization", première vraie mondialisation liée à la domination industrielle (donc capitaliste) et coloniale de l’Angleterre durant les deux premiers tiers du XIXe siècle
 celle d’une mondialisation prenant réellement son essor après la Seconde Guerre mondiale par l’abandon du repli nationaliste de la première partie du siècle, puis l’invention du conteneur, d’internet, la fin de la guerre froide et l’intégration de nouveaux territoires à l’espace économique mondial, la financiarisation de l’économie etc. sans oublier la diffusion planétaire de la culture étasunienne.
En aucun cas on ne peut parler d’une

mondialisation commencée à la préhistoire dès lors que l’Homme a commencé de s’éloigner de sa caverne

En effet, les espaces d’échanges sont longtemps restés très limités, même si, périodiquement et sur un nombre et une quantité de produits très limités, ils ont pu s’étendre (Méditerranée, route de la soie, des épices, traite négrière médiévale, échanges dans les empires inca, aztèque etc.) mais toujours à une échelle régionale.
De la même façon, le capitalisme, comme le dit Franck Lepage avec la légèreté de ton qui le caractérise, n’est pas né lorsque deux mammouths ont commencé à échanger des coquillages.
Mondialisation et capitalisme sont des phénomènes extrêmement récents à l’échelle du temps historique.

Le gouvernement mondial par les firmes industrielles et commerciales (UE, TIPP), sans que le "peuple" sous quelque forme politique, juridique et sociale existante ou ayant existé n’ait d’autre chose à faire que consommer et seulement éventuellement fabriquer ne s’est jamais produit dans l’Histoire.

Désolé d’insister mais c’était le cas au début de l’industrialisation, avec certes des différences quantitatives (davantage de petits industriels au tout début, une consommation beaucoup moins massive, beaucoup moins de moyens de contrôle des masses), mais les maîtres n’ont pas changé depuis et leur pouvoir, parfois remis en cause provisoirement par le réveil populaire est aujourd’hui à l’image de ce qu’il était à l’époque : tout aussi absolu, et presque aussi global puisque le monde était alors dominé par les puissances industrielles européennes.

Donc l’adjectif "réactionnaire" me paraît approprié pour qualifier nos maîtres et leurs porte-parole de tous poils à travers l’espace et le temps.

Voilà, j’espère avoir fait avancer le débat...

@LGS : désolé c’était très long, mais je me donne bonne conscience en me disant que je commente très rarement donc au final je ne vous donne pas trop de boulot !

07/01/2016 18:34 par Feufollet

Au soir du 31 décembre 2015
Coincé dans une chambre d’hôtel avant minuit
J’avais une télé avec toute les chaînes du monde ou presque
J’ai tout essayé, les allemandes, les françaises, les suisses
Triste à vomir mon spleen, mais je n’avais pas l’estomac trop chargé
Alors j’ai vomi psychologiquement
Vint le discours de François, débile 1er des Francs
Doté encore d’une bonne santé, je ne m’en suis pas fait un ulcère
Malgré, une communicante pro qui a du appuyer ce discours
Pour nous dire qu’il y avait quelque chose de puissant dans le discours
Voilà chers(ers) téléspectateurs (trices) de LGS
Voilà dans quels états d’innaceptation vous m’avez posé
Et vous me laissez bien seul en cet état

07/01/2016 18:41 par cunégonde godot

ERWIN :
Donc c’est bien un retour en arrière, à l’époque ou les services publics, le système de protection sociale, etc. n’existaient pas, et où les chefs d’industrie ne payaient aux travailleurs que le salaire leur permettant de survivre et de continuer à aller se faire exploiter.

Non. Il n’y a aucun retour en arrière. Le capitalisme n’a aucunement l’intention de supprimer la protection sociale, pas davantage les services publics, il veut seulement en tirer bénéfice. Les services deviennent privés et plus chers, et donc moins publics ; la protection sociale peut être aussi efficace mais beaucoup plus chère et la politique de santé se transformer en marché de la santé, les autoroutes devenir source de profits énormes puisque les sociétés privées qui les gèrent n’ont pas eu à investir, la culture de masse (l’entertainment) à portée"gratuite" (payée par la pub) de tous et pour tous indistinctement, etc. On voit bien qu’il n’y a aucun retour en arrière. Bien au contraire, le capitalisme a de plus en plus besoin des "services" pour faire tourner la machine. Simultanément, sa surproduction systémique pousse le capitalisme à toujours plus délocaliser afin de donner toujours plus à consommer et à proposer des "services" (blablacar, MyTroc, ubérisation, etc.). Le capital cherche continûment à s’adapter à tout et à... tous... du moment qu’il y a de l’argent à gagner.
Soyons pragmatiques et regardons les choses clairement. Seul l’Etat-nation souverain moderne a réussi peu ou prou dans l’Histoire à contenir la prédation capitaliste. C’est pourquoi la propagande capitaliste s’acharne contre cette forme d’organisation juridique et sociale, pas depuis hier, pas depuis avant-hier mais depuis toujours. Les régimes communistes au siècle dernier par la révolution ont cru pouvoir abattre le capitalisme et l’organisation étatique qu’ils nomment avec mépris l’Etat bourgeois mais in fine n’ont fait que rendre le capitalisme plus vivace que jamais — et par-là se sont discrédités. Le communisme chinois est une forme de capitalisme d’Etat à démocratie minimum et parti unique fonctionnant plutôt bien, comme ne fonctionnait pas si mal l’Etat-nation France de 1945 à 1985 environ, sur sa lancée gaulliste et communiste.
Le gaullisme pour diverses raisons étant mort de sa belle mort, et la gauche dite radicale s’étant dissoute dans européisme (capitalisme) — prolongement logique de sa haine de l’Etat qu’elle nomme "bourgeois", ce qui lui suffit —, le peuple-classe, comprenant ce qu’il perd en perdant l’Etat-nation, se retrouve orphelin et se détourne de la gauche radicale toujours en-lutte-contre-la-peste-brune (on ne peut pas être partout)…
Par ailleurs, M. Chevènement n’a jamais "réprimé" le peuple.
Mondialisation : ce que vous décrivez sont des étapes de la mondialisation, mais le premier échange effectué et tous ceux qui vinrent ensuite sont bel et bien la "mondialisation" ; envisagé du sommet d’un vallon ou de la plus haute des montagnes le monde est de toute façon le monde.

07/01/2016 20:53 par erwin

@ cunégonde godot

Si on transfère les services de santé, transport etc. au privé qui les facture au prix qui lui convient, alors on ne peut plus parler de service public.
Si la protection contre les risques de la vie est transférée au privé dans un système à deux vitesses (ou plutôt à autant de vitesses qu’il y a de tailles de bourses), alors il ne s’agit plus de protection sociale.
Donc je persiste : la bourgeoisie veut la mort du service public et de la protection sociale (qui en fait partie...)

Seul l’Etat-nation souverain moderne a réussi peu ou prou dans l’Histoire à contenir la prédation capitaliste.

Bah c’est-à-dire qu’à part ce vers quoi on se dirige depuis 40 ans, on n’a pas essayé grand chose d’autre... Le communisme ? Où-çà ? A Cuba on en a quelques éléments, çà marche plutôt pas mal. L’URSS ? La Chine de Mao ? Je ne vois pas trop le rapport avec le communisme...
Mais on est d’accord : plus l’Etat-nation perd de ses prérogatives plus on s’enfonce dans l’abîme...s’il est remplacé par la gouvernance oligarchique que l’on connaît. Encore qu’il faudrait préciser qu’il s’agissait effectivement d’un Etat bourgeois qui de toute façon faisait la politique que cette même oligarchie lui commandait pour Noël, et qu’il n’a fait autre chose que lorsque le peuple l’y a forcé.

Concernant la mondialisation nous ne parlons visiblement pas de la même chose...

07/01/2016 21:29 par Seintignan Claude-Raymond

J’aimerai bien dans ce débat soutenir Cunégonde, dont je salue au passage l’intelligence et la pertinence du propos, mais je craindrais de ne pas le servir. Encore une fois, dans les commentaires qui attaquent son point de vue, on trouve plus de religiosité, de recherche de l’homme providentiel, du leader charismatique, du super héros, du roi ; que du contrat social.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : ou la politique relève du droit divin ou elle relève du contrat entre êtres humains. Or un contrat est toujours le résultat d’une négociation (sous la seule réserve de l’égalité des parties). Parce que « la nature imite l’art » d’après O. Wilde, Malraux avait bien pressenti que « Le XXI siècle serait le siècle des religions ». Ce qu’il n’avait pas envisagé c’est que même les plus laïques assassineraient César au nom de la res publiqua et diviniseraient Auguste pour le compte de ceux qui tirent les marrons du feu.

Ce que ne voient jamais nos super-révolutionnaires c’est que n’est pas le peuple qui est à l’origine de la lutte des classes - il ne fait que réclamer l’isonomie, l’égalité du droit - mais l’oligarchie qui n’est jamais assez riche et jamais assez seule. Ce n’est pas la peine de chercher sous le tapis ou dans les recoins de la maison la guerre éternelle contre la jacquerie, elle se déroule sous nos yeux. Le coup d’état en Ukraine mené par la CIA et son bras armé l’OTAN , l’installation d’un gouvernement fasciste, l’interdiction immédiate du parti communiste, alors que la presse unanime nous présentait Maidan comme un mouvement contre l’oligarchie, était contrairement aux apparences moins destinés à la Russie qu’à montrer aux capitales européennes ce qui leur arriverait si elles s’avisaient de porter ombrage à la tutelle de la suzeraine Amérique.

Le rôle de Hollande est de préserver le territoire et d’éviter la guerre civile qui couve en permanence dans les foyers les plus puissants de notre société. Il s’en acquitte du mieux que l’on puisse faire. Quant à moi je ne suis pas près de m’aligner sur les millions d’Orgon du printemps Copé qui criaient tous ensemble -« la bravitude pas français ». Pour voter pour l’égalité des droits je vote contre la droite.

07/01/2016 22:12 par Jérôme Dufaur

C’est avec tristesse et allégresse que l’on achève la lecture de cet article et des commentaires qui vont avec.
J’aime bien Eric Hazan mais là.... Son article donne l’impression de se terminer par un point. Pourtant, en nous promettant la chute, il s’ouvre sur un vide intersidéral. Je ne sais pas si le vide redonnera de la contenance aux "masses".

08/01/2016 07:16 par cunégonde godot

Erwin :
Si on transfère les services de santé, transport etc. au privé qui les facture au prix qui lui convient, alors on ne peut plus parler de service public.
Si la protection contre les risques de la vie est transférée au privé dans un système à deux vitesses (ou plutôt à autant de vitesses qu’il y a de tailles de bourses), alors il ne s’agit plus de protection sociale.
Donc je persiste : la bourgeoisie veut la mort du service public et de la protection sociale (qui en fait partie...)

Seul l’Etat-nation souverain moderne a réussi peu ou prou dans l’Histoire à contenir la prédation capitaliste.

Bah c’est-à-dire qu’à part ce vers quoi on se dirige depuis 40 ans, on n’a pas essayé grand chose d’autre... Le communisme ? Où-çà ? A Cuba on en a quelques éléments, çà marche plutôt pas mal. L’URSS ? La Chine de Mao ? Je ne vois pas trop le rapport avec le communisme...
Mais on est d’accord : plus l’Etat-nation perd de ses prérogatives plus on s’enfonce dans l’abîme...s’il est remplacé par la gouvernance oligarchique que l’on connaît. Encore qu’il faudrait préciser qu’il s’agissait effectivement d’un Etat bourgeois qui de toute façon faisait la politique que cette même oligarchie lui commandait pour Noël, et qu’il n’a fait autre chose que lorsque le peuple l’y a forcé.

Concernant la mondialisation nous ne parlons visiblement pas de la même chose...

Le service public est le prolongement de la puissance publique, bras social de l’Etat (quand bien même celui-ci serait-il "bourgeois"). Mais tout service peut être rendu peu ou prou, non pas comme service public mais comme service DU public. Tout public dès lors qu’il paie.
Le communisme a été "essayé", pour employer votre formulation. La dictature du prolétariat a bien été mise en place en Russie p.ex. (devenue URSS au passage), et le dogme du dépérissement de l’Etat enclenché et remplacé par la hiérarchie partitocrate communiste forcément non "bourgeoise" (je ne sais pas pourquoi je le précise). Au bout de soixante-dix ans, la partitocratie communiste s’est volatilisée en cinq minutes chrono, à tel point qu’on peut se demander si elle a jamais existé. La société (et le "sociétal") avait changé, mais pas l’Homme qui était resté le même ! Ce que les religions constatent chaque jour que Dieu fait (fûté, celui-ci avait prévu la miséricorde). Inutile donc d’essayer de changer l’Homme. Le capitalisme ne perd pas son temps (time is money) à essayer de changer l’Homme. Il se contente de l’exploiter, et même de lui rendre service à l’occasion (un banquier rend un service p.ex.).

L’Etat-nation n’est pas une fin en soi, il est seulement, pour l’heure, le moins mauvais des systèmes inventés par l’Homme pour faire un tant soit peu "société" – organisation du bien commun (pas du Bien tout court). On remarquera que les vrais faux progressistes utilisent, pour nommer l’Etat-nation, l’élément de langage négatif "repli national", un élément de langage taillé sur mesure par les médias… capitalistes…

08/01/2016 11:05 par Geb.

Au bout de soixante-dix ans, la partitocratie communiste s’est volatilisée en cinq minutes chrono,

Vous pensez réellement qu’il n’a fallu "que" cinq minutes pour "volatiliser" plus de 50 ans de gouvernance alternative réelle au capitalisme occidental ???

Tout d’abord, ce que vous nommez "partitocratie" est une notion crée de toutes pièces par ceux qui ont aidé à instaurer le chaos en URSS. Ca n’est pas "le parti" qui a causé la chute du Système, mais le phagocytage et le sabotage des institutions politiques et économiques en général par une caste de rapaces. Bien souvent financée et soutenue par l’Ambassade des Etats-unis d’Amérique et de gros capitalistes occidentaux émissaires de la Finance de Wall-Street et de la City. (Armand Hammer ou Georges Doumeng, ça vous rappelle quelque chose ???). Phagocytage soutenu dès la naissance de l’URSS par les puissances étrangères occidentales, et favorisé par deux guerres majeures et la destruction de l’élite révolutionnaire du pays lors de celles-ci. Si Staline, et son entourage ont pu déraper de la dynamique révolutionnaire sans trop rencontrer d’opposition révolutionnaire interne et ont pu museler cette opposition c’est grâce à l’état d’urgence permanent qui a du être maintenu face à la pression du Capitalisme mondial. L’Etat de guerre est favorable à la Dictature. Nos camarades américains sont en train d’en faire l’expérience et ça sera bientôt notre tour.

Ce qui a permis l’implosion du pays c’est tout d’abord comme je l’ai dit précédemment le sabotage interne par des élites compradores, (Qui sont encore actuellement à l’oeuvre en Russie de la CEI), plus le discrédit politique que le PCUS avait engrangé en en pas jouant son rôle politique d’éducation et de protection des Masse, plus une situation économique créée de l’extérieur accentuée et boostée par ce élites compradores. On vit actuellement le même scénario avec l’attitude de la Banque centrale de la CEI qui joue la carte des règles bancaires occidentales malgré les pressions du Gouvernement russe pour la contraindre à en changer.

A la lumière de ceci on comprend alors que ce n’était pas l’URSS qui était visée mais la Russie souveraine en général, communiste ou pas, en tant que barrière devant les appétits des Capitalistes occidentaux. S’il avait suffi de ce que j’ai énuméré ci-dessus pour activer la chute il n’y aurait plus un seul gouvernement occidental en place à commencer par celui de USA.

Et d’ailleurs il faut croire que la Russie avait bien des ressources cachées vu la façon dont elle tente de se relever actuellement. Certes pas obligatoirement de la façon ou "nous" révolutionnaires le désirerions, mais au moins d’une manière indépendante des vautours qui l’ont aidée à s’écrouler. Je pense qu’on ne pourra pas en dire autant de notre pays quand on voit à qui il a été réduit par les mêmes élites compradores vendues aux Yankees, partis de gauche en tête.

Pour le reste la notion de "Service public" dit bien ce qu’elle veut dire : C’est l’Etat souverain qui redistribue équitablement les taxes et impôts aux citoyens dans les domaines nécessaires à la Santé, l’Information, l’Education, les Infrastructures, l’Ordre, la Sécurité, la Défense extérieure, etc...

Le reste n’est que du mercenariat au service de celui-qui a le plus de moyens...

08/01/2016 11:50 par Autrement

Il ne s’agit pas de "changer l’homme", mais de changer la constitution devenue monarchique de la Ve "république", qui de surcroît et avec l’aide active des grands médias, à l’occasion de chaque "élection" ou sondage, infantilise encore un peu plus ou marginalise complètement les citoyens. Changer la constitution, cela signifie changer en profondeur le "contrat social", en exigeant pour ce faire une assemblée constituante (composée de citoyens non élus et non éligibles) qui devra revoir tout le fonctionnement des institutions actuelles : ce sont ces institutions qui permettent au capitalisme de tranquillement prospérer, à sa domesticité politique de le servir grassement, Medef et CAC40 réunis, et aux médias de présenter en continu le spectacle du "réel" refabriqué dans lequel nous sommes censés docilement habiter. Avant-hier au JT de France2, Juppé a développé son projet, qui s’est tranquillement terminé sur l’affirmation qu’en 2017 les Français allaient choisir "celui qui devra les guider". C’était son dernier mot. Führer, Duce ? Ne riez pas, il est déjà question (LR et PS réunis, et ça devrait être encore une "victoire idéologique" pour Florian Philippot) de créer des jeunesses militarisée à partir de 12 ans (blog de Philippe Marlière sur Médiapart ICI ). Voilà ce que nous promet "l’Etat-Nation" si nous ne modifions pas de fond en comble la constitution (et pas dans le sens voulu par PSLRFN, bien sûr). Le capitalisme mondialisé est à l’offensive, notamment en Europe, où il se croit tout permis, depuis que Syriza a cédé à l’odieux et accablant chantage des "Institutions" (des "traité" scélérats, et non à ses dissensions intérieures). Mais partout aussi le capitalisme est en crise, tant financière que sociale et culturelle. Ce sont toujours et partout les résistants (et non forcément des "partis" constitués) qui ont su le mettre en échec et gagner des batailles partielles en faveur des 99%. Jamais le moindre des droits qui nous restent encore n’a été conquis sans la lutte des intéresssés. Changer le fonctionnement des institutions, c’est commencer à changer le rapport des forces, c’est-à-dire la base de tous les rapports sociaux, y compris la question de la propriété et de la gestion des "biens communs". Si dans l’immédiat on ne voit pas quelle "force politique" serait capable de mobiliser et de mettre en mouvement la majorité du peuple pour imposer un tel changement (comme le dit l’auteur de l’article, il y a quelques vieilleries encombrantes, y compris dans les mentalités), Eric Hazan, malgré son pessimisme terminal, compte sur nos dirigeants eux-mêmes pour accélérer leur propre ruine. Et l’on peut incriminer aussi la coupable sottise de ceux qui traînent les pieds sur la question, en faisant aux citoyens l’injure de croire qu’ils ne sont pas capables de comprendre tout ce qu’ils ont à gagner (en droits et en expérience de lutte) dans ce combat. Quant à nous, ici et maintenant ? Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes pour continuer les luttes qui font notre histoire : 1789, 1830, 1848, 1871, 1936, 1945. Il n’est pas de sauveur suprême, ni dieu, ni césar, ni tyran. S’ils persistent, ces cannibales, à faire de nous des héros, ils sauront bientôt que nos balles sont pour nos propres généraux.

08/01/2016 16:44 par cunégonde godot

Autrement :
Le capitalisme mondialisé est à l’offensive, notamment en Europe, où il se croit tout permis, depuis que Syriza a cédé à l’odieux et accablant chantage des "Institutions" (des "traité" scélérats, et non à ses dissensions intérieures). Mais partout aussi le capitalisme est en crise, tant financière que sociale et culturelle.

M. Tsipras n’a pas cédé à un odieux chantage. Il est allé à des "négociations" volontairement ligoté comme un tripoux et la seule chose qu’il a "obtenue" c’est que la ficelle soit un peu plus serrée. Depuis il se porte bien, merci. Je me souviens parfaitement, Autrement, comment farouchement le Front de gauche le soutenait – et vous ici même. Je ne vois pas comment il a pu tant décevoir. Je cherche...

09/01/2016 08:31 par Maxime Vivas

Ah ! Cunégonde et sa fixette sur le Front de Gauche, quel que soit le sujet !

Sur Tsipras :

Autrement, comment farouchement le Front de gauche le soutenait – et vous ici même. Je ne vois pas comment il a pu tant décevoir. Je cherche...

Je ne crois pas qu’on a "soutenu" Tsipras on s’est abstenu lui donner des coups dans le dos quand il menait le combat. Combat qu’il a perdu. Et qui a fait quelque chose pour qu’il le gagne ?
Le prochain homme politique qui essaie d’entraîner des foules contre l’UE, le FMI, la BCE, la banque mondiale, l’OTAN, etc... aura sans doute droit à une neutralité au moins bienveillante du GS quand il sortira (seul ?) de la tranchée.

09/01/2016 11:00 par cunégonde godot

M. Vivas :
Ah ! Cunégonde et sa fixette sur le Front de Gauche, quel que soit le sujet !

Sur Tsipras :

Autrement, comment farouchement le Front de gauche le soutenait – et vous ici même. Je ne vois pas comment il a pu tant décevoir. Je cherche...

Je ne crois pas qu’on a "soutenu" Tsipras on s’est abstenu lui donner des coups dans le dos quand il menait le combat. Combat qu’il a perdu. Et qui a fait quelque chose pour qu’il le gagne ?
Le prochain homme politique qui essaie d’entraîner des foules contre l’UE, le FMI, la BCE, la banque mondiale, l’OTAN, etc... aura sans doute droit à une neutralité au moins bienveillante du GS quand il sortira (seul ?) de la tranchée.

Deux formes d’irresponsabilité caractérisent le moment actuel, se renforçant l’une l’autre et formant alliance objective : l’ubérisation et la syrization (qu’on me pardonne ces néologismes, ils "parlent" si bien...)...

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