RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

La guerre saoudienne contre l’Iran pourrait lui revenir en pleine figure sous la forme de missiles houthis

Je continue de penser que, du point de vue des dirigeants saoudiens, l’exécution des membres d’al-Qaïda et apparentés, et du chiite saoudien fauteur de troubles Nimr Baqr al-Nimr était une façon astucieuse de détourner l’attention du peuple des problèmes qui s’accumulent sur la tête de ses gouvernants, et de la récente hausse de 40% du prix de l’essence. Mais cela les a entraînés dans une escalade coûteuse.

Le plus grand danger pour la famille al-Saoud qui règne en dictateur sur l’Arabie saoudite, c’est que son peuple puisse comparer son régime avec un autre système de gouvernement islamique qui a fait ses preuves. C’est le cas de la République islamique d’Iran, et sa réintégration dans le monde, après l’accord sur le nucléaire, met au grand jour la qualité de son mode de gouvernance. Cela pourrait l’idée à des gens et des érudits islamiques en Arabie Saoudite d’avoir, eux aussi, un système où tous les votes comptent et où les décisions politiques sont prises en votant. Et cela sans une famille dictatoriale et cupide et, surtout, sans renoncer à leurs valeurs islamiques fondamentales. C’est pour cela, et non à cause de la religion, que les Saoudiens combattent l’Iran depuis sa révolution en 1979 et qu’ils tenter d’endiguer son influence partout où ils peuvent. Les Al-Saoud craignent pour leur famille et leurs sinécures.

C’est pour ça que les Saoudiens, avec Israël, ont tout tenté pour saboter l’accord nucléaire. Ils veulent que l’Iran retourne dans sa cellule d’isolement. Mais c’est maintenant trop tard. Je n’ai pas lu un seul article aujourd’hui dans les médias « occidentaux » qui soit négatif sur l’Iran et/ou positif sur l’Arabie saoudite. Le vent de la politique internationale a tourné, et c’est maintenant l’Arabie Saoudite qui est sous pression. La réaction impulsive des dirigeants saoudiens actuels, c’est l’escalade et toujours plus d’escalade, et la lutte contre l’Iran partout où il est présent, comme en Irak, en Syrie et au Liban, ou même où il n’y est pas, comme au Yémen.

Les Saoudiens affirment que l’Iran soutient les Houthis au Yémen mais il n’y a pas la moindre preuve à l’appui de cette affirmation. On n’a pas trouvé le moindre Iranien au Yémen ni la moindre arme iranienne. Les Houthis que les Saoudiens combattent au Yémen ne sont pas chiites comme les Iraniens, ils sont plus près de l’islam sunnite que du chiisme duodécimain iranien. Il n’y a aucune preuve que les Houthis aient reçu quoi que ce soit de l’Iran, et toutes les histoires d’expéditions d’armes iraniennes au Yémen se sont avérées fausses.

Cela va peut-être changer maintenant.

Après le meurtre d’al-Nimr, des radicaux iraniens ont envoyé un groupe d’activistes prendre d’assaut l’ambassade saoudienne à Téhéran et la saccager. Ils en veulent au président iranien Rouhani à cause de ce qu’ils considèrent comme des politiques d’apaisement. L’administration Rouhani a été stupide de ne pas avoir prévu cette attaque et de ne pas avoir augmenté la protection de l’ambassade. Rouhani multiplie maintenant les courbettes pour se faire pardonner, mais en vain.

Les Saoudiens ont coupé les relations diplomatiques avec l’Iran et pressé le Bahreïn et le Soudan d’en faire autant. Les dirigeants du Bahreïn ont besoin de la protection saoudienne et le Soudan de l’argent saoudien. Les Émirats arabes unis ont seulement réduit leur présence diplomatique à Téhéran en remplaçant l’ambassadeur par un chargé d’affaires. Il est intéressant de noter que les autres pays du Golfe n’ont pas suivi la décision saoudienne. Les Saoudiens ont également arrêté tous les vols civils entre l’Iran et l’Arabie saoudite et ont interdit à leurs citoyens de se rendre en Iran. Les relations d’affaires doivent être interrompues entre les pays. Les Iraniens en pèlerinage à La Mecque sont toujours les bienvenus.

On ne comprend pas bien le but de toutes ces mesures. Qu’est-ce que l’Iran pourrait raisonnablement faire qui permettrait aux dirigeants saoudiens de revenir en arrière dans perdre la face ? Il s’agit là encore de décisions impulsives et erratiques qui ne font de tort qu’au peuple saoudien et à la réputation internationale de la famille régnante.

On s’attend à d’autres mesures tout aussi bêtes. Les Saoudiens vont probablement intensifier leur lutte par procuration contre l’Iran en Syrie et peut-être aussi en Irak, en donnant plus d’armes et d’argent aux djihadistes un peu partout. Le nouveau gouvernement au Liban, sur lequel l’Iran et l’Arabie saoudite s’étaient mis d’accord récemment, est maintenant à nouveau hors de portée. Les Saoudiens vont aussi tenter d’intensifier la lutte contre les Houthis au Yémen et leur soutien iranien imaginaire. Mais après neuf mois de bombardements qui ont réduit l’infrastructure du Yémen en poussière, il y a peu de marge pour une escalade. Toutes les attaques au sol des Saoudiens et de leurs différents mercenaires ont été repoussées et ils sont immobilisés.

C’est donc l’endroit idéal pour l’Iran pour se livrer à son tour à l’escalade. L’Iran dispose de la technologie et du savoir-faire nécessaire pour doter les Houthis de sérieuses capacités de missiles. Ces missiles leur permettraient de réaliser des attaques ciblées sur des cibles saoudiennes. Tout le sud de l’Arabie saoudite deviendrait alors un champ de tir houthi. L’Arabie saoudite serait alors obligée de faire la paix ou d’évacuer des parties importantes de son territoire.

L’exécution d’al-Nimr et la diversion de l’attention publique vers la lutte contre l’Iran aideront les dirigeants saoudiens à apaiser les tensions internes. Mais l’escalade à des coûts politiques importants au niveau international et elle pourrait finalement augmenter, par le biais des missiles houthis, ces mêmes problèmes internes que les Saoudiens ont tout fait pour éviter.

Moon of Alabama

Traduction : Dominique Muselet

»» http://www.moonofalabama.org/2016/01/the-saudi-war-on-everything-iran-...
URL de cet article 29796
  

Cuba Miracles
Ramon CHAO
(précipitez-vous pour acheter Cuba Miracles, cet "objet -livre", merveille de couleurs, d’odeurs et de musiques) Le « dictateur » cubain Fidel Castro vient de passer les rênes de l’Etat à son frère Raúl. C’est bien la première fois qu’un chef d’État abandonne ses fonctions motu proprio. Un certain nombre d’hommes politiques n’ont pas, eux, daigné se démettre de leur fonction avant de mourir. Souvenons-nous par exemple des longues agonies des entubés Georges Pompidou, François Mitterrand, ou Jean-Paul II, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Tout ce qui est sage a déjà été pensé : il faut essayer seulement de le penser encore une fois. »

Goethe

Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.