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Faut-il s’attendre à voir germer les graines semées à tous vents ?

22 avril : les chiffres dont les médias parlent peu (ou pas)

(Le titre et le sur-titre sont du GS).

Le coup de massue des résultats électoraux à 20 heures, dimanche 22 avril, pour ceux qui espéraient voir émerger une puissante gauche de gauche ayant défait le FN !

Les commentateurs, politilogues, sondagistes, occupèrent les écrans pour disserter sur la surprise : le score de Marine Le Pen, à "près de 20 %" Et donc la semi-défaite du Front de gauche.

LGS vous propose ici, et offre à discussion, une étude détaillée et contextualisée des résultats du vote. Elle est de la plume de Jean-Luc Mélenchon sur son blog, mais on imagine que c’est toute son équipe qui est allé ainsi scruter les chiffres, les posant sur des terrains significatifs, établissant des comparaisons probantes, faisant le travail que ne feront pas les médias et révélant d’autres "surprises" de taille, qu’il vaut mieux connaitre si l’on veut comprendre ce qui va se passer dans ce pays.

Demain ?

LGS

Si l’on revient au champ général de l’observation, avant l’action, il faut étudier les résultats électoraux. Pour avancer de façon conquérante, il faut avoir une vision lucide du résultat global en ce qui concerne le rapport de force entre la droite et la gauche dans le pays. Il s’agit de se guider dans l’action en étant lucide sur nos chances, et donc de pouvoir saisir à point nos occasions d’agir. Je suis bien conscient du fait que cet indicateur ne dit pas tout, loin de là , s’il s’agit de compter ceux qui acceptent le système et ceux qui le rejettent. Si l’on met bout à bout tous ceux qui le rejettent, même quand leurs raisons sont diamétralement opposées, on peut dire que le régime actuel repose sur une tête d’épingle sociale.

C’est bien là le coeur de la crise de régime qui mine tout l’ordre en place. Mais la connaissance du rapport de force électoral doit être faite en ayant en tête la comptabilité de tout ce qui nous aider à atteindre nos objectifs. S’il s’agit de chasser Sarkozy, il faut additionner d’un côté tous les bulletins de vote de la gauche politique, de l’autre tous ceux de la droite. Et voir les évolutions pour comprendre les dynamiques en cours. Cela s’apprécie par comparaison. Voyons.

Si l’on totalise les voix de toutes les droites, il faut constater qu’elles sont en recul.

En 2007, les votes pour Le Pen, Mégret et Nihous ajoutés à ceux de Sarkozy et Bayrou, cela faisait 23 342 364 suffrages.

En 2012 les mêmes catégories recueillent 19 550 966. C’est 16 % de moins.

Et de notre côté ? En 2007 le total des voix pour Schivardi, Besancenot, Laguiller, Buffet, Voynet, Bové, Royal faisait 13 377 032.

En 2012 cela fait : 15 701 071. Une progression de 17%.

Et l’autre gauche ? Il faut bien sûr tenir compte du fait que le Front de Gauche n’a pas été assimilé seulement à l’extrême-gauche. Mais la comparaison peut-être faite puisqu’elle m’a été sans cesse opposée pour minorer toutes nos réussites.

En 2007, Besancenot, Schivardi, Laguiller et Marie-George Buffet recueillaient 3 300 254 suffrages. Cette fois ci en 2012, Poutou, Arthaud et moi nous recueillons 4 599 038. Nous progressons donc de 39 %.

De ces quelques chiffres que conclure ? Je vois que les deux camps se radicalisent. Le processus est très largement engagé à droite. Au point que madame Le Pen est à deux doigts de parvenir à réorganiser le camp de la droite autour d’elle. C’est son objectif avoué et annoncé. En toute hypothèse, sa victoire idéologique sur son camp est faite. Sarkozy parle comme elle. La presse de droite suit le goût de sa clientèle et l’amplifie en agissant de cette façon. Elle a commencé, elle aussi, son extrême-droitisation. C’est ce que montre par exemple, de façon spectaculaire, l’évolution de « L’ Express » où la ligne éditoriale de type «  Minute » s’accompagne de recrutements dans cette mouvance idéologique. Si je l’évoque ce n’est pas seulement parce que j’ai eu à en connaître du fait de l’acharnement aveuglé dont j’ai été poursuivi par ce journal. Mais parce que cela me semble être la pente prise par une partie des élites de la pensée de droite. La digue républicaine a cédé sur de larges pans de la droite mondaine. C’est un très mauvais signe quand on se souvient du passé calamiteux des expériences de ce type. Les Drieu La Rochelle commencent par être des «  Christophe Barbier » avant de devenir des Brasillach.

Rien ne sert de se cacher, par respect de je ne sais quelles bonnes manières, la pente prise par les événements, ni la difficulté vers laquelle nous allons.
Le coeur de la droite, c’est-à -dire l’UMP, est dans l’impasse. Sa dilution est engagée. Nicolas Sarkozy perd 1,8 millions d’électeurs par rapport à 2007. L’analyse géographique de ses résultats montre que son électorat le plus fidèle et mobilisé est celui de la grande bourgeoisie. Il n’y perd quasiment aucun suffrage : il réalise par exemple 46,5 % à Versailles contre 47 % en 2007 et parvient même à améliorer son score dans le 7ème arrondissement de Paris où il se hisse de 56 à 58 %, où encore à Neuilly où il obtient 72,64 %. Les grandes fortunes ont donc fait bloc autour de leur homme de main. Mais c’est un échec terrible, car les beaux quartiers ne peuvent gouverner que si les quartiers populaires se laissent séduire.

Or le recul de Sarkozy est spectaculaire dans la partie plus populaire de l’électorat de droite. Il perd 50 000 voix dans le Pas-de-Calais. Dans les fiefs de piliers de l’UMP, la chute est particulièrement forte : à Saint-Quentin dans l’Aisne chez Xavier Bertrand, Sarkozy passe de 31 % à 25 %. Et à Marseille, à Perpignan en milieu populaire ou à Meaux chez Jean-François Copé, Sarkozy passe de 34 % à 27 %. Cette perte se fait au seul profit de l’extrême-droite. Le processus en cours qui se lit dans les chiffres c’est celui de l’extrême-droitisation accélérée de la droite populaire.

70 % de la progression de Marine Le Pen vient du recul de Sarkozy. Une transfusion. A Marseille, Sarkozy perd 30 000 voix et Le Pen gagne 28 000 voix. A Lyon, Sarkozy perd 11 000 voix et Le Pen gagne 8 000 voix. A Lille, Sarkozy perd 6 000 voix et Le Pen en gagne 3 000. C’est ce transfert qui s’accélère plutôt qu’une percée de Marine Le Pen chez de nouveaux électeurs populaires.

Par exemple à Florange, commune qui vit des hauts-fourneaux d’Arcelor-Mittal, Sarkozy perd 606 voix et Marine Le Pen en gagne 636. C’est presque du pile poil. Les vases communicants à droite entre Le Pen et Sarkozy sont particulièrement marqués dans le Nord et l’Est de la France où le FN réalise ses meilleurs scores. Le Pen ne doit ses percées en terres ouvrières que grâce à l’effondrement de Sarkozy : ainsi à Tourcoing dans le Nord, Sarkozy perd 4 000 voix et Marine Le Pen en gagne 3 000.

On observe le même phénomène à Vaulx-en-Velin dans le Rhône, où 71 % de la population est ouvrier ou employé : Sarkozy y perd 800 voix et Marine Le Pen en gagne 700. Dans sa course poursuite avec Sarkozy, Marine Le Pen atteint ainsi quasiment le même score que lui dans plusieurs régions : Picardie, Lorraine, Nord-Pas-de-Calais, mais aussi Languedoc-Roussillon.

Sans les efforts du Front de Gauche pour endiguer la montée du FN, le scénario d’une élimination de Sarkozy par Le Pen n’était donc pas très éloigné. Le FN dépasse en effet les 20 % dans 11 régions (une sur deux) et dans 43 départements. Mais sa dynamique n’est pas homogène et se heurte dans de nombreux endroits à la percée du Front de Gauche. C’est le cas à Marseille où Marine Le Pen réalise 21 % là où son père et Bruno Mégret totalisaient 27 % des voix en 2002. Elle perd ainsi 1 200 voix par rapport au record réalisé dans cette ville par l’extrême-droite en 2002. Et par rapport à 2007 ? Elle ne récupère que 28 000 des 30 000 voix perdues par Sarkozy. Pendant ce temps, le Front de Gauche gagne au contraire 42 000 voix !

Cette radicalisation ne s’opère pas au même rythme de notre côté. Il est vrai que nous ne sommes à l’oeuvre que depuis trois ans. Le Front de Gauche ne domine pas idéologiquement la gauche. La preuve selon l’IFOP, 30 % des électeurs de François Hollande ont hésité à voter pour nous. Cela ferait neuf points de plus pour nous s’ils avaient choisi de ne pas se laisser effrayer par les affolés de la vingt-cinquième heure qui les ont ramené au prétendu «  vote utile ». Leur niveau de politisation est donc resté bas. Nous ne leur avons communiqué aucune énergie politique.

Le chemin à parcourir se nourrira des épreuves que notre camp va vivre et de notre capacité à nous en saisir pour tirer les événements du bon côté. C’est le moment de dire que notre affaire est bien engagée. Très bien engagée. Avec près de quatre millions de voix (11,11 %), le bulletin de vote du Front de Gauche a gagné trois millions de voix depuis notre première campagne électorale aux européennes, il y a trois ans, où nous avions rassemblé 6,5 % des suffrages. La conquête réalisée est désormais bien répartie sur l’ensemble du territoire. C’est le signe qu’il s’agit bien d’une force politique nouvelle qui ne reproduit pas simplement la carte du passé des organisations qui le constituent. Le Front de Gauche fait plus de 7 % dans tous les départements sans exception en métropole. Il recueille 10 % des votes ou plus dans 70 départements et plus de 13 % dans 20 départements.

De grandes villes sans tradition communiste forte ont ainsi voté à plus de 15 % pour nous comme Grenoble, Toulouse, Lille, Besançon ou Montpellier.

De spectaculaires progressions sont aussi enregistrées là où nous avons assumé des clivages politiques forts. Ainsi en Alsace. Nous avons milité à visage découvert pour l’abolition du Concordat. Nous avons augmenté notre score de plus de 300 %. Nous y sommes passé de moins de deux pour cent à plus de sept !

A Marseille aussi, le discours clair et décomplexé sur la valeur du métissage a rencontré un écho populaire de masse en hissant le Front de Gauche à près de 14 % sur la ville et à plus de 20 % dans plusieurs arrondissements populaires des quartiers nord.

Sarkozy y perd 30 000 voix et Le Pen en gagne 28 000. Le PS en gagne 1000 mais le Front de gauche en rassemble 42 000 de plus. Là aussi c’est la stratégie de combat Front contre Front qui a permis de tenir tête et de percer.

Vaulx-en-Velin est un autre bon exemple de percée du Front de Gauche en milieu populaire et ouvrier. Souvenons-nous que dans cette ville, 71 % de la population est faites d’ouvriers ou d’employés. Le Front de Gauche y gagne plus de 2 000 voix. Il est la deuxième force de la cité avec près de 19 % des voix.

Dès lors on peut constater que le score élevé de Marine Le Pen ne se fait pas à notre détriment. Nous avançons en face à face. Là où le FN progresse, le Front de Gauche progresse aussi. Ce sont donc les dynamiques respectives qu’il faut comparer pour voir qui prend l’ascendant dans la société. Car c’est autant une radicalisation de la société que celle des espaces politiques. Cela se vérifie spécialement en terres ouvrières. Elles sont loin de se donner à Marine Le Pen.

Ainsi à Petit-Couronne en Seine-Maritime où la fermeture de la raffinerie Petroplus menace 900 ouvriers et où tous les candidats à la présidentielle se sont rendus. Sarkozy y perd 249 voix, Hollande en gagne 114, Le Pen 436 et le Front de Gauche 693. Nous sommes ainsi la plus forte progression. Enfin, un exemple montrant la place que peut se tailler le Front de Gauche face à la droite.

Les deux départements où Sarkozy réalise ses plus mauvais scores - la Seine-Saint-Denis et l’Ariège - sont aussi ceux où le Front de Gauche obtient ses meilleurs résultats, avec près de 17 % et des pics à 25 % dans de nombreuses communes à composition sociale populaire.

Notons que contrairement aux regards trop rapides, à Florange, le Front de Gauche gagne 654 voix, quand Le Pen en gagne 636, manifestement arrachées à l’abstention.

A Audincourt, où résident 3 000 ouvriers qui travaillent sur les sites de PSA Sochaux-Montbéliard, Sarkozy perd 439 voix et Marine Le Pen en gagne 376, tandis que nous en gagnons 740 !

La conséquence est que nous sommes bel et bien en train de constituer la relève de la gauche traditionnelle. Que le processus ne fasse que commencer n’y change rien. Le mouvement est engagé. La puissance actuelle mille fois célébrée de Marine le Pen ne doit pas empêcher de regarder son évolution dans le temps long pour la mettre en regard de notre dynamique actuelle.

C’est un fait et il est alarmant : Marine Le Pen gagne 2,6 millions de voix par rapport au score de son père en 2007. Avec près de 18 %, elle dépasse le score historique du FN en 2002. Mais elle ne parvient pourtant pas au niveau cumulé des scores de son père et de Mégret qui était de 19 %. C’est le contraire de ce que disait le résultat annoncé en début de soirée électorale ! Notre résultat se lit dans le sens inverse. C’est une percée pure. Elle donne le ton du changement qui a commencé à gauche.

Je le rappelle, le total des voix de gauche augmente fortement par rapport à la dernière présidentielle. Il passe de 13,3 millions (36,4 %) à 15,7 millions (43,7 %). C’est le meilleur score global de la gauche à une présidentielle depuis 1988. Mais le score de François Hollande n’est responsable que d’une petite partie de cette progression.

L’essentiel, les trois-quarts, vient de la percée du Front de Gauche. Hollande n’ajoute que 770 000 voix par rapport à Ségolène Royal. Dans les fiefs de ses visibles lieutenants, aucune dynamique n’est détectable.

A Montbéliard chez Pierre Moscovici, le nombre de voix pour François Hollande est en baisse de 105 voix par rapport à Ségolène Royal au 1er tour de 2007. Le Front de Gauche y gagne plus de 1 000 voix à la gauche en terre ouvrière.

A Nantes, chez Jean-Marc Ayrault, François Hollande ne recueille que 78 voix de plus que Ségolène Royal. Nous permettons à la gauche de rassembler 15 000 voix de plus par rapport au score du PCF en 2007.

De même à Argenton-sur-Creuse, la ville de Michel Sapin, François Hollande ne gagne que 67 voix par rapport à Ségolène Royal.

A Evry chez Manuel Valls le nombre de voix PS stagne.

A Lille chez Martine Aubry, il perd même des voix. Conclusion : l’essentiel de la dynamique de la gauche vient de la percée du Front de Gauche. Nous apportons les deux tiers des voix supplémentaires comptées à gauche.

Cet apport à la gauche est très perceptible dans les terres populaires les plus touchées par le vote FN. Ainsi à Cavaillon où 64 % de la population est ouvrier et employé, François Hollande n’engrange que 13 voix de plus que Ségolène Royal. Mais le Front de Gauche gagne 1 200 voix !

A Marseille, que j’ai déjà évoquée, c’est le Front de Gauche qui permet à la gauche de passer de 36 % en 2007 à 45 % en 2012.

Jean-Luc Mélenchon

Article complet et commentaires des lecteurs in http://www.jean-luc-melenchon.fr/

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COMMENTAIRES  

26/04/2012 09:15 par CN46400

Parcour d’un paumé de la politique, un "Lacombe Lucien" de la 5° République finissante :

1995- fracture sociale, il vote Chirac c’est un démocrate !

2002- deçu il vote Le Pen-c’est un fasciste !

2007- Travailler plus pour gagner plus, il vote Sarko, c’est un républicain !

2012- conscient d’avoir été blousé il revote Le Pen, c’est donc un "faf".

Le pb c’est qu’ils sont des millions....prolos de droite parceque sans conscience de classe. C’est les harkis électoraux de la bourgeoisie française. Durs comme c’est pas possible à retourner et pourtant, un jour, tu sais pas pourquoi, un que t’avais abandonné à son sort te téléphone : "He, vous( les cocos...) ne faites pas un car pour Mélenchon à Toulouse ?" Surpris je relance, il me répond : "dans la tôle (dix électiciens) il n’en reste plus qu’un qui veut voter Hollande, on est tous pour Mélenchon" je suis de cul...Dans le car on re..discute : "J’écoute tous les discours de Mélenchon sur internet, j’ai appris beaucoup de choses... (il a plus de 40 ans), notamment que les travailleurs manuels sont aussi des intellectuels..."

2017- ?

Ne pas généraliser bien sûr, mais tant qu’il y a de la vie, y a de l’espoir...

26/04/2012 10:10 par babelouest

Tôt ou tard, l’UMP était condamnée à se désagréger. Tenter tant bien que mal de faire cohabiter souverainistes gaulliens, xénophobes, centristes à l’encéphalogramme peu sollicité, et néolibéraux, ne pouvait durer qu’un temps. Le terme est arrivé.S’ensuivra une reconfiguration style IVe république.

Face à cela, la Gauche reprend sa vraie place. Un PS autant à bout de course que l’UMP va lui aussi s’avérer déliquescent, ses franges les plus libérales rejoindront leurs homologues dites de droite, alors que probablement certains des plus radicaux rejoindront le Front de gauche. Quid de ceux qui resteront ? Vont-ils resserrer les rangs, ou s’égailler vers diverses sensibilités comme avant le congrès d’Épinay ?

Cette échéance électorale aura probablement permis de clarifier une situation "à l’américaine" fort peu dans la tradition politique française. On peut penser que la Gauche s’en trouvera renforcée, avec un net rééquilibrage entre les socialistes "purs" et les "communistes" d’obédiences diverses.

Et les "écologistes de combat" ? Pour rester "visibles" il leur sera nécessaire de rejoindre le Parti de Gauche, puisque Jean-Luc Mélenchon intègre dans son programme tout un pan écologique, parfaitement compatible avec ses autres propositions. L’alliance EELV-PS était évidemment contre-productive, sauf peut-être pour des politiciens qui auraient voulu "se placer". C’est à cette occasion, d’ailleurs, qu’une clarification sur ces questions-là devra se préciser entre le productivisme traditionnel du PC, et "l’objection de croissance" qu’implique l’écologie. Cela obligera la place du Colonel Fabien à repenser ses fondamentaux, à la lueur des nouvelles donnes.

En trois ans et demi, le Parti de Gauche est devenu incontournable. C’est lui qui pose désormais les bonnes questions, et qui en plus a apporté la plupart des réponses. Sans doute certaines d’entre elles seront-elles affinées avec les circonstances, mais toutes les bases sont là .

Le plus difficile sera de joindre tout le monde, tant jusqu’à présent les médias ont tout fait pour garder dans l’ombre interrogations et solutions provenant de la Gauche. On ne peut que souhaiter un changement dans les majorités, permettant enfin une meilleure objectivité des groupes de presse et de diffusion hertzienne.

Le Peuple doit gagner !

26/04/2012 10:11 par calame julia

Permettez-moi de reécrire ce que j’ai déjà mis sur un autre fil : l’astuce a consisté à présenter 20%
d’électeurs pour la fifille à son papa et ce pendant une bonne heure et demie pendant la première
soirée électorale. C’est cela et uniquement cela qui a marqué les esprits et c’est une arme à double
tranchant. Le soufflé s’aplatit lorsqu’on lit les résultats définitifs.
Autre remarque à laquelle personne ne répond : pourquoi les scores de F. Bayrou et M. LePen sont-
ils inversés eu égard à 2007 ? Et vous-même faites un 11,11% pour lequel vous n’avez pas à rougir ?

(Le Bouffon décrète que le 1er Mai n’appartient à personne ! Il n’avait pas pu atteindre J.-L. Mélenchon
pendant la campagne alors il essaie de l’atteindre suite à son appel à la Place Stalingrad le 22 au soir !
On va quand même pas perdre son temps à s’intéresser à un Bouffon qui ne s’adresse même pas
à un roi...)

26/04/2012 11:02 par dominique

Oui c’est passionnant de voir se développer une vraie gauche ! Espérons ! Espérons !

Je pense que Mélenchon aurait eu beaucoup plus de voix si les gens n’avaient pas eu peur que cela fasse pencher la balance en faveur de Sarkozy dont ils veulent se débarrasser jusqu’à l’obsession. Ils sont donc venus voter en masse et ont voté utile non pour Hollande, mais contre Sarkozy.

Je pense que Mélenchon a tort de compter Hollande dans les voix anti-système. Hollande est loin d’être anti-système et c’est là tout le problème ; il nous dissoudra dans la mondialisation qui cause notre perte via l’Europe à la vitesse du TER au lieu de celle du TGV de Sarkozy, (l’image n’est pas de moi) mais c’est là toute la différence...

En ce qui concerne les plus grandes victimes de cette entreprise de mondialisation/spoliation/deshumanisation, Mélenchon n’a, à mon sens, pas encore trouvé le ton juste, ni les arguments convaincants pour leur parler. Outre qu’il a le désavantage d’avoir participé au système, Marine le Pen a un discours plus facile à comprendre et plus convaincant, plus proche de la descente aux enfers qu’ils vivent à cause de la mondialisation imposée par notre oligarchie apatride pour le seul profit des multinationales et pour leur enrichissement personnel.

On le voit bien à ce que ses progrès les plus grands se sont faits dans des communes où il n’y a pas d’étrangers et là c’est donc le volet "social" et anti-système de son "programme" plus que la menace de l’immigration qui semble avoir fonctionné.

Je crois aussi que Mélenchon a eu tort de se focaliser sur elle. Je sais qu’il en est fier, mais moi je ne pense pas que ce soit la bonne tactique. C’est contre le système qu’il faut se mobiliser. C’est ça qui touche les démunis qui souffrent et non les attaques (aussi justes soient-elles) contre un autre candidat. Hollande l’a bien compris qui refuse de le faire contre Sarkozy.

Le temps d’une élection est court et l’exposition médiatique temporaire et il faut que le peuple soufrant ait le maximum d’attention. Pour lui, Marine le Pen est secondaire, ce qui est prioritaire c’est QUI VA ME DIRE COMMENT JE VAIS REUSSIR A SURVIVRE ? C’est celui qui saura se mettre à la place de tous ces déclassés par la mondialisation et leur proposer des solutions qui leur semblent satisfaisantes qui aura leurs voix, pour ceux qui votent encore...

Contrairement à ce que beaucoup de gauchistes pensent, la xénophobie et l’islamophobie ne sont plus le principal ressort du FN à mon avis. D’une part hélas parce qu’elles sont devenues le fond de commerce de presque toute la droite et des ses élites et donc se sont banalisées, d’autre part parce que les travailleurs au chômage ont compris que leurs vrais aldversaires ce sont les multinationales et enfin parce que la survie immédiate est devenue le premier problème.

C’est maintenant la promesse de protéger les victimes de la mondialisation sauvage et criminelle et les solutions qu’elle propose dans un langage qui touche les plus démunis qui font l’essentiel de son succès. C’est sur ce terrain que Mélenchon et une vraie nouvelle gauche doivent, à mon sens, l’affronter.

Mais y sont-ils aussi à l’aise que sur celui de la xénophobie ? La gauche se cantonne dans la morale et l’incantation depuis 30 ans. Elle a du mal à élaborer des solutions concrêtes et cohérentes de rupture avec le système car elle a abandonné le terrain des orientations politiques (intérieure et étrangère), à la droite en se ralliant en masse au projet économique mondial (l’ordre nouveau) de la droite il y a 30 ans.

Le Front de gauche doit, il me semble, travailler sur lui-même au lieu de s’obnubiler sur Marine le Pen et d’essayer de ménager la chèvre et le choux. Si la gauche n’avait pas trahi le peuple il y a 30 ans, nous n’en serions pas là . Elle doit nous sortir du pétrin dans lequel sa trahison nous a mis. C’est ça sa tâche et si elle l’accomplit en détruisant au système qui nous détruit dans un acte courageux de self défense, Marine le Pen perdra tout son attrait.

26/04/2012 12:47 par CN46400

@ babelouest

C’est à cette occasion, d’ailleurs, qu’une clarification sur ces questions-là devra se préciser entre le productivisme traditionnel du PC, et "l’objection de croissance" qu’implique l’écologie. Cela obligera la place du Colonel Fabien à repenser ses fondamentaux, à la lueur des nouvelles donnes.

Certe, les prolos du PC aiment le travail et la croissance qui va avec, mais pas au point de produire ce dont personne n’a besoin. A partir du moment ou les besoins principaux seront satisfaits, le communiste Lafargue, et son "Eloge de la paresse" reprendra ses droits.

@dominique

Lire, et relire l’Humain d’abord, programme du FdG. Le pb n’est pas la mondialisation, mais le capitalisme mondialisé, dont la soif de profit insensée developpe ici des métastases aberrantes (combien de km pour un yaourt...?). Importer des bananes de la Guadeloupe OK, mais des pommes du Chili ?...

26/04/2012 14:35 par Christophe

L’intérêt de cette analyse est de montrer que Sarkozy fait gonfler l’extrème-droite.
Le PS la fera grimper aussi en augmentant la désillusion des travailleurs à l’égard de la gauche.
Dans ce deuxième cas ce sont des voies de gauche qui pourraient grossir le FN.
La voie est étroite.

26/04/2012 22:23 par Mustapha STAMBOULI

Une bonne désagrégation des résultats permettant de mieux comprendre la dynamique électorale : trois constats majeurs (1) l’UMP implose au profit du FN (2) le Centre devient insignifiant et une grande adhère au projet du PS qui deviendra la force politique majeure et se comportera comme parti du pouvoir (3) le Front de gauche retrouvera les voix de la classe ouvrière, des intellectuels et des « indignés ». Le FG doit poursuivre sa reconquête de la base ouvrière et des fonctionnaires dont les conditions de vie continueront de se dégrader. Un travail de « harcèlement » de l’électorat antisystème capté par Marine Le Pen doit s’amplifier. De même, un travail serré devrait être entrepris pour sortir ces français d’origine arabo-africaine de leur indifférence politique.

26/04/2012 23:24 par Yannik

Tout à fait d’accord avec cette analyse tout simplement arithmétique, tout le monde en France s’est focalisé sur le fait que le FN faisait 7,46% de plus, (ce qui un fait) mais a négligé le fait que l’UMP fait 4% de moins et l’UDF 9,44% de moins ce qui est énorme, sans même parler des bons résultats du PS et de la Gauche en général...

27/04/2012 10:34 par babelouest

@ Dominique
A mon avis, le FdG a raison de tirer à boulets rouges sur le FN, pour démonter son système. Car l’important n’est pas la formation, mais les idées qu’elle véhicule. Si un nouvel espoir né de données de vie différentes réussit à émerger, à part quelques irréductibles beaucoup des votants d’extrême-droite reviendront vers une gauche qui les a compris, et oeuvre à les rendre à nouveaux acteurs majeurs de la vie de notre pays, et fiers de leur appartenance républicaine. Il faut se dire que ce combat affaiblira la droite qui est représentée par Sarkozy, Il a su attirer provisoirement des voix, mais le prétexte de la pauvreté "causée par l’immigration" aura beaucoup moins de sens.

Ne devraient rester autour de la baronne que ceux pour qui le ressortissant de la ville d’à -côté est déjà un étranger que l’on toise avec suspicion. Avec ceux-là , c’est peine perdue, mais ils seront bien plus minoritaires.

27/04/2012 15:58 par CN46400

Comment interpréter l’intervention de Mr Draghi (patron de la BCE) dans la campagne du 2° tour.

Ce monsieur qui, voici quelques semaines, a donné son imprimatur à l’accord austéritaire dit "Merkozy", se retourne brusquement pour réclamer un "plan de croissance". Du Hollande dans le texte, quelle mouche a bien pu le piquer ? Hé bien moi, je pense que la bourgeoisie, au vu du résultat du 22 avril, vient de changer de canasson. Exit Sarko, vive Hollande, ça me rappelle le lachage de DeGaulle par Giscard en 69, une semaine avant le référendum.

Donc, le candidat pour lequel je voterai le 6 mai, va être élu. Le traité "Merkozy" va aller rejoindre le TCE2005 dans la poubelle et un autre, le "Merkhollande", plus léger, plus court, plus simple, va prendre place, sur les étagères de Bruxelle, au coté de celui de Lisbonne. Rassurez-vous, c’est les mêmes, les prolos, qui passeront à la caisse et c’est les mêmes, les bourgeois, qui seront préposés à l’encaissement.

La question qui est posée n’est pas de savoir si Hollande va résister, c’est de savoir combien de temps il résistera, une semaine, un mois, trois mois, six mois...

C’est à ce moment que la question du FdG est posée. Allons-nous, à partir du résultat du 22 avril, être capable d’élargir assez, et de renforcer assez notre union pour que, dés les législatives, le FdG, soit capable de résister efficacement à l’épreuve de force qui, infailliblement, va s’engager !

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