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Auteur : Franck GAUDICHAUD

Venezuela : « La question aujourd’hui est de savoir comment freiner la violente offensive de la droite néolibérale » (La Llamarada)

Franck GAUDICHAUD

Le Venezuela se débat aujourd’hui entre ingérences impériales, tentatives de déstabilisation de la part de certains secteurs de l’opposition de droite et les limites propres au processus bolivarien. Reste à envisager la possibilité que ce soit le mouvement populaire qui fasse avancer et approfondisse un projet de transformation politique non exempt de tensions et contradictions. Le politologue Franck Gaudichaud, spécialiste de l’Amérique Latine et membre des rédactions du site www.rebelion.org et de la revue ContreTemps répond aux questions de l’historienne argentine Valeria Ianni.

Comment caractérises-tu la situation actuelle au Venezuela ? Qu’est-ce qui se décide là-bas selon toi ? Franck Gaudichaud : Comme point de départ, il faut reconnaître que nous nous trouvons au milieu d’une guerre médiatique globale colossale et toujours en cours contre le processus bolivarien. Pour cette raison, il est notamment fondamental de créer des espaces de contre-information ou plutôt d’information indépendante et alternative. Avant d’aborder la conjoncture des dernières semaines, et face à tant de désinformation, il faut à nouveau souligner que la « révolution bolivarienne » est un processus de moyen terme (15 ans déjà) qui a signifié – entre autres – de larges conquêtes sociales (santé, éducation, alphabétisation, réduction drastique de la pauvreté et baisse des inégalités), une démocratisation institutionnelle (avec la nouvelle Constitution), et surtout le renforcement et l’inclusion – pour la première fois – des classes populaires au système politique, le tout dans une relation intense avec le grand (...) Lire la suite »

Un dimanche de vote à Santiago du Chili

Franck GAUDICHAUD
Dimanche 15 décembre, Santiago du Chili, 15 heures. Le soleil est à son zénith, le ciel apparaît limpide et temporairement libéré du halo de pollution qui s’accroche quotidiennement aux jupes de la Cordillère des Andes, surplombant la ville. La chaleur de l’été austral est déjà là, étouffante. Face à la mairie, dans la commune du quartier de La Florida (sud de la capitale) trônent un supermarché (aux mains de la multinationale Wal-Mart), un grand marché de Noël et le collège « Bellavista La Florida ». Comme lors du premier tour des élections présidentielles du 17 novembre dernier, cet établissement municipal a été transformé en bureau de vote. Les passants jettent un œil en coin aux militaires stationnés devant la porte. Plus rarement, certains entrent. Après une semaine de travail souvent longue [1], des couples bardés de sacs plastique prennent le temps de respirer un peu à moins de dix jours des festivités de fin d’année. C’est un va-et-vient continu entre les stands présentant des bibelots venus de Chine et (...) Lire la suite »

Le processus bolivarien : un projet alternatif en tension ?

Franck GAUDICHAUD

Interview avec Edgardo Lander. Professeur de sociologie à l’Université centrale du Venezuela. Intellectuel critique du néolibéralisme, du fonctionnement de la démocratie latino-américaine et de la « colonialité » du savoir, il est un analyste avisé du processus bolivarien.

13 février 2009 - Dans cette réflexion de Contretemps sur l'anticapitalisme et les alternatives à gauche, il nous a semblé intéressant d'aborder avec lui l'expérience vénézuélienne. En effet, depuis 1998 et l'élection de Hugo Chávez Frias, le processus bolivarien a joué un rôle notable dans le renouveau des luttes sociales et des discussions mondiales sur le « socialisme du XXI siècle ». Alliant participation populaire, nationalisme et anti-impérialisme, le projet démocratique vénézuélien n'en est pas moins traversé par de multiples tensions et contradictions. Cependant, alors que la gauche radicale européenne en est encore souvent au niveau du débat théorique, le Venezuela (comme la Bolivie et l'Equateur) permet de réfléchir concrètement sur la construction d'alternatives au néolibéralisme et aux immenses défis qu'une telle question soulève. Bolivarianisme et peuple souverain Edgardo, tu as beaucoup étudié le processus bolivarien et proposé des analyses problématisées à la fois critiques et constructives du (...) Lire la suite »

Pouvoirs populaires latino-américains. Pistes stratégiques et expériences récentes.

Franck GAUDICHAUD

Texte introductif de Franck Gaudichaud à l’ouvrage collectif « Amériques latines. Emancipations en construction » que viennent de publier les éditions Syllepse, en partenariat avec l’association France Amérique Latine

« Émancipation » (du latin emancipatio, -onis) : Action de s’affranchir d’un lien, d’une entrave, d’un état de dépendance, d’une domination, d’un préjugé

Le laboratoire latino-américain (1) Depuis maintenant plus d'une décennie, l'Amérique latine apparaît comme une « zone de tempêtes » du système-monde capitaliste. La région a connu d'importantes mobilisations collectives et luttes sociales contre les ravages du néolibéralisme et ses représentants économiques ou politiques, contre l'impérialisme également ; des dynamiques protestataires qui ont abouti dans certains cas à la démission ou la destitution de gouvernements considérés comme illégitimes, corrompus, répressifs et au service d'intérêts étrangers à la souveraineté populaire. Le changement des rapports de force régionaux, dans l'arrière-cour des États-Unis, s'est aussi traduit sur le plan politique et institutionnel par ce qui a été qualifié par de nombreux observateurs de « tournant à gauche » (2) (Gaudichaud, 2012), ainsi que, dans certains cas, par une décomposition du système des partis traditionnels : « Au début des années 90, la gauche latino-américaine était à l'agonie. La social-démocratie se (...) Lire la suite »

La dictature du général Pinochet devant la justice à Paris

Franck GAUDICHAUD
Du 8 au 17 décembre 2010, plusieurs anciens hauts responsables du régime militaire dirigé par le général chilien Augusto Pinochet - treize Chiliens et un Argentin - seront jugés pour la détention et la disparition forcée de quatre franco-chiliens : MM. Georges Klein, Etienne Pesle, Alfonso Chanfreau et Jean-Yves Claudet. Un procès inédit. « En dépit de la mort d'Augusto Pinochet, ce procès n'en sera pas moins celui, posthume, du dictateur chilien ainsi que de l'ensemble du système de répression mis en place [par les dictatures d'Amérique du Sud] (1). » C'est en ces termes que Maîtres William Bourdon, Claude Katz, Benjamin Sarfati et Sophie Thonon ont commenté la procédure devant la cour d'assises de Paris, la plus haute juridiction criminelle française. « Nous attendons depuis très, très longtemps. Presque toute notre vie », témoignait, lundi 6 décembre, Mme Natalia Chanfreau, encore très jeune lorsque son père a disparu (2). Initialement prévu en mai 2008, le procès a été reporté une première fois par le (...) Lire la suite »

Au Chili, derrière l’euphorie médiatique, les hommes

Franck GAUDICHAUD

Le sauvetage, grâce à un puits d’évacuation, des trente-trois mineurs bloqués dans la mine de San José a été un succès. Des milliers de journalistes ont convergé du monde entier vers le lieu du « miracle ». Depuis l’annonce de l’accident, le président chilien, M. Sebastián Piñera, ne s’épargne aucun effort pour montrer qu’il supervise personnellement les travaux : sa cote de popularité a d’ailleurs grimpé de dix points depuis le lancement d’une opération qu’il estime « sans comparaison dans l’histoire de l’humanité ». Mais une fois passé le temps des réjouissances - toutes naturelles -, le Chili s’interrogera-t-il sur les conditions qui ont rendu possible cet accident ?

22 août 2010, 14 h 30. Copiapó, désert d'Atacama, au Nord du Chili. Quelques lettres griffonnées à l'encre rouge remontent d'un conduit, foré au-dessus de la mine de San José, dans l'une des régions les plus arides du monde : « Nous allons bien dans le refuge, tous les trente-trois. » Trente-deux mineurs chiliens et un bolivien sont coincés à près de sept cents mètres sous la surface de la terre, enterrés vivants dans les entrailles d'une mine de cuivre et d'or. Depuis l'effondrement de plusieurs murs de soutènements, sous des milliers de tonnes de roche et de boue, ils survivent tant bien que mal dans l'un des refuges encore accessibles. Ils boivent les eaux de ruissellement, rationnent leurs maigres denrées alimentaires, et souffrent d'une chaleur étouffante. Mais, leur petit mot le démontre : ils sont en bonne santé. Cette découverte est saluée par une liesse populaire : tout un peuple communie avec « ses » mineurs dans un élan de solidarité qui parcourt la cordillère des Andes et plonge jusqu'aux (...) Lire la suite »
Entretien avec le politologue Franck Gaudichaud.

Bilan Lula : « Un social-libéralisme à la brésilienne »

Franck GAUDICHAUD

A quelques jours des élections présidentielles et fédérales au Brésil, nous publions une version actualisée d’une entretien paru dans la revue Nouveaux Regards qui revient sur les deux mandats du Président brésilien « Lula » Da Silva. Faire un bilan critique de ces 8 années doit permettre d’essayer de comprendre le cycle politique à venir dans un pays essentiel pour la géopolitique latino-américaine mais aussi mondiale. Comme le rappelle dans un récent éditorial le journaliste du Monde Diplomatique Renaud Lambert, dés 1971 le président Nixon avait compris que « Là où le Brésil va, l’Amérique latine ira… » (Manière de voir, N°113, oct-nov 2010)

Comment situer le Brésil d'un point de vue géopolitique, en particulier par rapport aux autres pays de l'Amérique latine ? Quelques chiffres permettent de comprendre : le Brésil représente en taille la moitié du territoire de l'Amérique du sud, et sa population est de plus de 195 millions d'habitants. C'est un géant, à tous les points de vue. Son économie se situe aux environs de la 8e ou 9° place mondiale, juste derrière l'Espagne. Il fait partie du groupe des « BRIC » : Brésil, Russie, Inde et Chine, acronyme qui désigne les grands pays dits émergents. Mais les dirigeants brésiliens récusent ce terme, et considèrent qu'ils représentent une économie « émergée »... C'est un pays qui, sur le plan diplomatique et géopolitique, a toujours recherché l'autonomie, le multilatéralisme et une certaine indépendance. Depuis la présidence de Lula, cet aspect s'est encore accentué. Le Brésil veut jouer dans la cour des « grands ». Il demande par exemple un siège au conseil de sécurité de l'ONU. Il est aussi un promoteur (...) Lire la suite »

Tremblement de terre politique et retour des "Chicago boys" au Chili

Franck GAUDICHAUD
Une défaite qui vient de loin Jeudi 11 mars, le milliardaire Sebastian Piñera a succédé officiellement à la présidente socialiste Michelle Bachelet. Elu chef de l'Etat, en janvier, le leader de Rénovation nationale (RN) conquiert la première magistrature au nom de la coalition « Alliance pour le Changement » (qui regroupe néolibéraux et ultraconservateurs). Ainsi que nous le rappelions au moment de l'élection, c'est un tournant historique et politique : le dernier président de droite élu était Jorge Alessandri, en… 1958. Se référant à la transition démocratique qui mit fin à la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1989), certains analystes n'hésitent pas à parler d'une « deuxième transition ». Après dix-sept ans d'un terrorisme d'Etat contre-révolutionnaire qui mit fin à l'expérience de l'Unité populaire de Salvador Allende, et à deux décennies d'une démocratie sous tutelle issue d'une « transition pactée », conduite par la Concertation des partis pour la démocratie - coalition entre le Parti socialiste (...) Lire la suite »

"Terre de personne" : entretien avec une survivante de l’Opération Condor

Franck GAUDICHAUD
Une survivante de l'Opération Condor raconte son expérience face au terrorisme d'Etat dans le Cône Sud. Entretien exclusif pour Rebelion avec Laura Elgueta Dà­az. Rebelion, 20 Juin 2005. Laura Elgueta Dà­az est une survivante de « l'Opération Condor », une coordination de plusieurs dictatures latino-américaines - à commencer par celle du Général Pinochet au Chili - (plus les dictatures de l'Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l'Uruguay - N.d.l.r.) qui entre 1975 et le milieu des années quatre vingt a semé la terreur non seulement dans le Cône sud mais aussi bien au-delà , en organisant une véritable répression transnationale contre-révolutionnaire. Les agents des dictatures, parfois avec l'appui direct des Etats-Unis, ont ainsi échangé des informations mais aussi des techniques de tortures et ont pu organiser une « chasse à l'homme » d'un pays à l'autre, en toute impunité. Peu de personnes ont pu réchapper des griffes du condor et ce témoignage est donc d'une grande importance pour (...) Lire la suite »