Du 8 au 17 décembre 2010, plusieurs anciens hauts responsables du régime militaire dirigé par le général chilien Augusto Pinochet - treize Chiliens et un Argentin - seront jugés pour la détention et la disparition forcée de quatre franco-chiliens : MM. Georges Klein, Etienne Pesle, Alfonso Chanfreau et Jean-Yves Claudet. Un procès inédit.
« En dépit de la mort d’Augusto Pinochet, ce procès n’en sera pas moins celui, posthume, du dictateur chilien ainsi que de l’ensemble du système de répression mis en place [par les dictatures d’Amérique du Sud] (1). » C’est en ces termes que Maîtres William Bourdon, Claude Katz, Benjamin Sarfati et Sophie Thonon ont commenté la procédure devant la cour d’assises de Paris, la plus haute juridiction criminelle française.
« Nous attendons depuis très, très longtemps. Presque toute notre vie », témoignait, lundi 6 décembre, Mme Natalia Chanfreau, encore très jeune lorsque son père a disparu (2). Initialement prévu en mai 2008, le procès a été reporté une première fois par le parquet général. Certains militants des droits humains se sont alors interrogés : ce report sine die résultait-il de pressions politiques, comme à l’époque où Pinochet était encore en vie ? A l’époque, la justice évoque son souhait d’organiser un procès « irréprochable », en dépit de « difficultés rencontrées dans la délivrance des citations des nombreuses personnes résidant à l’étranger (3) ». Faire venir de plusieurs endroits de la planète des témoins directs liés aux quatre victimes - ainsi que des « grands témoins » internationaux (qui doivent permettre de mettre en contexte le jugement) - requiert en effet une logistique lourde (4). Mais l’absence de juges pleinement dédiés à cette affaire et le manque de volonté politique ne facilite pas la tâche.
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