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Auteur : Florian MAROTO
"L’opinion publique n’existe pas"

Les erreurs de la démocratie sondagière

Florian MAROTO

Démocratie sondagière. L’expression est lâchée. Illustration récente avec le sondage Elabe pour BFM TV qui affirme que 74% des Français sont opposés à la loi de Myriam El Khomri qui recentre l’opinion publique au coeur du débat. Eclairage.

L’écueil avec la démocratie sondagière, c’est l’effet « à double-tranchant ». Lorsqu’un sondage d’opinion est favorable à une cause, il est récupéré et sert d’argument. Mais si ce sondage est défavorable à la cause, l’effet s’inverse. La cause risque de perdre en intensité, en légitimité. Les sondages d’opinion (ou opinion publique) occupent une place centrale dans le débat démocratique. Loin d’être méritée. A travers deux approches, il s’agit d’exposer les limites de l’opinion publique. Un premier texte de Pierre Bourdieu paru en janvier 1973 dans la revue Les Temps Modernes puis le concept d’imaginaire social forgé par le philosophe radical Cornelius Castoriadis et remâché par les anthropologues et historiens qui ont suivi. Parmi lesquels, Alain Corbin, Philippe Barrière, Pierre Laborie, chez les historiens de renom, et Gilbert Durand chez les anthropologues. « L’opinion publique n’existe pas » « L’opinion publique n’existe pas ». Titre provocateur d’un article qui s’efforce tout du long de démontrer l’inanité de (...) Lire la suite »

Démystifier la centralisation jacobine

Florian MAROTO

Centralisation jacobine, centralisme jacobin, Etat jacobin. Expressions péjoratives souvent jetées à la face des personnes voulant renforcer l’autorité centrale, le pouvoir de l’Etat. Ces expressions font référence à la Révolution française de 1789. Lourdes de sens, lourdement fausses.

Journalistes et politiciens tartinent des feuillets entiers avec cette idée reçue de l’Etat jacobin. Expression souvent amère dans la bouche et la plume de ceux qui l’énoncent et l’écrivent. Amère et fausse, historiquement fausse. Sous cette expression se cache la dénonciation d’une centralisation excessive (renforcement du pouvoir central, de l’Etat au détriment des collectivités territoriales), héritière de la Révolution française. Ou plus précisément d’une partie de la Révolution, l’an II (1793-1794) des montagnards radicaux qui auraient centralisé à tout va. Ces fameux jacobins, centralisateurs pathologiques. Or si les débats sur l’efficacité ou non d’une centralisation sont légitimes, l’expression d’Etat jacobin pèche par ses présupposés historiques. La Révolution de 1789, du point de vue de son administration, n’a pas rimé avec centralisation mais intérêt de la nation. Peu importe la période considérée, surtout avant l’avènement du Directoire (1795). La centralisation souvent surestimée avant 1795, a été le (...) Lire la suite »

Hold-up sur la négociation collective

Florian MAROTO

L’affrontement entre le gouvernement de Manuel Valls et l’intersyndicale, sur fond d’article 2 de la loi Travail, mérite d’être éclairé. Mais sur un angle précis. Celui des négociations collectives dans le monde du travail. Autopsie.

« On ne touchera pas à l’article 2 ». Manuel Valls, droit dans ses bottes. Cet article de la loi de Myriam El Khomri en énerve plus d’un. Coléreux cégétistes. Mouvements de grèves, blocages des dépôts de carburant. Sondages en cascade. Les confrontations sont rudes, depuis que Manuel Valls a dégainé l’article 49-3, le 10 mai. Secousses, dans le quotidien des Français. Climat d’excités et crispation. Manuel Valls espère de la lutte syndicale qu’elle exaspère une partie des Français. L’article 2 concerne la négociation sur l’aménagement du temps de travail et les heures supplémentaires, au niveau de l’entreprise et via des modalités particulières. L’intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, UNEF, FIDL, UNL) est mobilisée. Les syndicaux dénoncent la « casse du Code du Travail » et l’inversion de la hiérarchie des normes. La hiérarchie des normes équivaut au classement hiérarchique des normes. En matière de droit du travail, les normes sont les suivantes : lois, accords collectifs (de branche puis d’entreprises), (...) Lire la suite »

Jeunesse et violence, longue histoire

Florian MAROTO

Les médias en font leur marronnier. La violence en banlieue tourne comme un 45 tours dans les magazines d’investigation et reportages de terrain. Cette violence de rue, souvent produite par la jeunesse, a toujours existé.

Les magazines TV en raffolent. La violence est spectaculaire et rentable, niveau audience. Celle qui gangrène nos banlieues, bien réelle et symbolisée par les émeutes de 2005, est pourtant loin de concerner tous les jeunes des quartiers sensibles. Comme l’explique Thomas Sauvadet, auteur du livre Capital guerrier : concurrence et solidarité entre jeunes de cité. De même et à la suite du sociologue Marwan Mohammed, il est utile de distinguer la délinquance des « petits » faite de virilisme, de baston, et la délinquance des « grands » répondant à des logiques plus économiques. C’est un fait, des jeunes ont toujours flirté avec la violence, toutes époques confondues. Un bref retour dans la France du Moyen-Age et des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, avant de revenir au coeur du XXe siècle, suffit pour s’en convaincre. Enfants de paysans, la violence est dans le pré. Ces gosses du Moyen-Age apprennent le métier de leur vieux en gardant le bétail aux confins du village. Ils entrent alors en confrontation avec (...) Lire la suite »

Jeu de société

Florian MAROTO

La société s’apparente à une sorte de « jeu social » (Bernard Lahire). La comprendre, c’est l’améliorer. Et rentrer dans le détail des relations entre individus.

Jeu social. Expression peut-être trompeuse, floue, mais suffisamment large pour englober chaque aspect de la société. L’état de la société, c’est l’état des interactions entre les individus qui la composent. Des interactions parfois tendues et d’aucuns parlent de cultures incompatibles pour les interpréter, lorsque certaines parties au conflit sont liées à l’immigration. Ceux qui tiennent ce discours se fichent le doigt dans l’œil et fournissent au débat sa coloration xénophobe. Pas besoin de cultures différentes, pour que la société se crispe. Norbert Elias, dans son livre La Logique de l’exclusion, déroule une enquête sur l’Angleterre des sixties. Elle révèle les dessous sans chics de la discrimination. Le sociologue explique le comportement d’un groupe d’individus enracinés dans une zone géographique. Grâce à la mise au pas d’associations locales, le groupe monopolise les mécanismes du pouvoir. Il fait ainsi peser sa domination sur d’autres groupes, de migration plus récente. Et ainsi de suite. Migrations (...) Lire la suite »

Les citoyens n’ont pas bonne presse

Florian MAROTO

Nicolas Sarkozy et Alain Finkielkraut partagent l’amour du prochain. Tout comme les médias… Pour s’en convaincre, il suffit de regarder l’émission « Des paroles et des actes », sur France 2.

Nicolas Sarkozy et Alain Finkielkraut ont tous les deux été récemment reçus dans l’émission « Des paroles et des actes », animée par David Pujadas. Deux situations traductrices du malaise que les médias ont avec les citoyens « lambdas ». Pourtant en démocratie, une personne égale une voix. Ce jeudi 4 février est un cas d’école. Nicolas Sarkozy est une personnalité publique. Ex-chef d’Etat, on ne badine pas sur le statut. Peu importe aux intervieweurs que « l’ex » soit quotidiennement pris en flagrant délit de falsification de chiffres. Ce qui remplit des dizaines d’articles de fact-checking, une rubrique journalistique spécialisée dans la vérification des faits. On ne dénombre plus les récompenses attribuées à ses talents d’affabulateur, comme celle de « menteur en politique ». Un prix humoristique créé par le politologue Thomas Guénolé. Soit. Invité de prestige de David Pujadas, Nicolas Sarkozy est questionné par des inconnus du public. Mais les règles sont figées dans le marbre. Il s’agit d’interroger (...) Lire la suite »