Le rapport de l'ONU sur le financement des gangs en Haïti dévoile le tableau d'une société immonde qui a appris à vivre au tu et à toi avec de lourdes médiocrités pour se dispenser de l'effort cognitif de penser éthiquement, d'agir responsablement et de vivre dignement. Convaincus que cette posture indigente de renoncement à l'intelligence est une perte de sens qui vient de l'héritage de l'esclavage, nous avons cartographié sa structure hideuse. De ce recoupement analytique, il émerge une structure hybride et paradoxale qui verrouille le pays sur l'invariance de la géostratégie de la déshumanisation en assurant l'impuissance de la population par l'équilibre de deux médiocrités : la mécréance de ses élites économiques et politiques et l'insignifiance de ses élites académiques et culturelles. Voici le sombre tableau de la société haïtienne avec son armée de docteurs, de lettrés, de diplômés. Ils se projettent dans les rêves blancs d'ailleurs en produisant un enfumage qui génère des cauchemars noirs.
Quel lien entre Gaza et Haïti ? Quelle géostratégie invariante est au cœur de l'action des Occidentaux un peu partout dans le monde ? Que cachent les enjolivements des droits humains et les prétendus droits culturels et droits à l'autodétermination des peuples que magnifient les Nations Unies ? Quelle est la face cachée de l'ONU ? Faire surgir, par de là leurs distances géographiques et par de-là le temps historique, les liens entre ce que vivent les populations de Gaza, ce qu'ont vécu les peuples noirs d'Afrique et ce que vit la population pauvre et noire d'Haïti, tel est le but de cette modeste réflexion. Elle n'est qu'un regard analytique projeté à travers les fissures de l'histoire et du temps.
À l’occasion de la journée mondiale de la statistique qui sera célébrée le 20 octobre prochain, nous proposons d’aborder la troisième partie de notre réflexion sur le triangle stratégique insignifiant de la gouvernance haïtienne à l’aune de l’un des thèmes clés retenus pour célébrer cette journée en Haïti. Comment les données statistiques peuvent-elles être utilisées de manière efficace pour évaluer et améliorer la transparence et la responsabilité dans le processus décisionnel haïtien ? Pour cette question, nous formulons l’objectif de faire émerger un modèle contextuel d’aide à la décision qui explicitera ce « comment » et qui pourra, selon sa pertinence, servir de référence pour des discussions approfondies dans les milieux de la gouvernance publique et d’entreprise du pays. Si tant est qu’ils aspirent à un profond désir de changement te de réforme de leur stratégie d’insignifiance.
Comme tout le laissait présager, le Conseil de Sécurité a voté, avec l'abstention de la Chine et de la Russie, le lundi 2 octobre 2023, une résolution autorisant une force d'assistance sécuritaire pour aider la Police d'Haïti à faire face aux gangs (des rues). Fidèle à notre approche complexe du réel haïtien, nous croyons que cette assistance sera un nouvel échec. En effet, la dimension complexe du réel haïtien est occultée par la dimension sécuritaire qui est médiatisée à dessein pour des raisons évidentes. Au nombre de ces raisons se trouve le fait que que la défaillance sécuritaire, qui impacte toute la société aujourd’hui, n’est que le résultat de nombreuses fissures, mal dimensionnées, qui se sont logées dans les processus organisationnels du pays. N’étant jamais traitées, elles se sont structurées en modèle de réussite ; lequel modèle, en raison de l’impunité, a corrompu et effiloché tout le tissu social en y creusant des failles béantes vers lesquelles glissent inexorablement toutes les stratégies, tous les projets, indépendamment de leurs finalités et de l’expertise qui les gouverne. Donc , croire qu'en ramenant l'activité des gangs à une certaine normalité va empêcher l'extinction de la société haïtienne est une folie.
De plus en plus se dessine la perspective d'une nouvelle mission d'assistance à Haïti dont la survie en tant qu'État est menacée. Mais derrière la menace d'effondrement de cet État insignifiant, qui n'a été qu'une fiction en 219 ans d'indépendance, se tisse autour de la population la toile d'un décor cauchemardesque qui rappelle l'invariance de la déshumanisation esclavagiste dont le pays a voulu s'extraire. Conscient de cette menace, mon intranquille cognition me pousse à lancer l'alerte pour inciter à éviter les pièges des stratégies d'assistance insignifiante conçues par des fonctionnaires étrangers qui ne connaissent rien du contexte sociale et culturel du pays et qui n'auront pas à subir les conséquences de leurs insignifiances. D'ailleurs c'est le même scénario qui se répète depuis 1994 : une imposante assistance débarque et met en place des artifices qui donnent l'illusion de fonctionner. Mais, aussitôt que les renforts militaires internationaux s'en vont, tout s'écroule comme des châteaux de cartes. Et les stratèges des agences internationales qui avaient conçues ces plans prennent la fuite pour ne pas se faire piéger dans ce merdier qu’est Haïti. Il y a quelque chose de profondément insignifiant pour un pays d'avoir des élites, qui en échange de petites réussites dans les rêves blancs d'ailleurs, acceptent que la sécurité, la justice de leur pays soient pensées par des étrangers qui n'auront pas à subir les conséquences de leurs insignifiances. Pour situer ce contexte d’insignifiance, je vous propose une tribune assez longue, mais instructive.
Alors qu'Haïti s'enlise dans une impuissance déshumanisante dans l'indigence de sa société stratifiée en gangs polymorphés, de nombreux acteurs médiatiques et académiques semblent retrouver une lucidité tardive. Pourtant, ceux qui sortent leur tête de la cendre du fumier qui a si bien réchauffé leur confort m’avaient assimilé à un provocateur insolent quand je les invitais à faire preuve d'intelligence et d'éthique dans leurs postures éditoriales et académiques. Comme si la provocation n’était pas, comme disait Berthold Brecht, ‘‘une manière de rétablir la vérité sur ses pieds’’. Comme si l’insolence ne pouvait pas être le cri de l’intelligence qui affirme sa dignité et son authenticité contre les médiocres à succès. Voici un nouvel opus Tipédant.
Et si on prenait le temps de remonter le temps, en filigrane, par le montage d'un jeu d'images, pour voir si quelque chose changé entre les rapports de jadis entre esclaves et maîtres, et ceux d'aujourd'hui entre riches et pauvres, Nord et Sud.
Dans ce second acte, je reviens contextualiser l'indifférence du collectif haïtien vis-à-vis des sanctions internationales contre ses élites comme un motif du génome de l'indigence qui déshumanise ce pays. Mon raisonnement soutient que : vivre dans l'oubli de ses erreurs et continuer à errer en ne recherchant que des finalités économiques relève d’une profonde médiocrité humaine. Pour soutenir mon insolence, j'ai convoqué à la barre, comme experts, Gaston Bachelard (formation de l'esprit scientifique), Hélène Trocme Fabre (théorie de l'apprenance) et Diego Gambetta (Homo œconomicus et la criminalité) pour donner corps au postulat de l'apprenance comme ultime finalité du vivant.
Dans une tribune en deux parties, dont celle-ci est la première, j’essaie de voir ce que la société haïtienne aurait pu, sans sa notoire indigence, apprendre des sanctions internationales contre les stratèges et promoteurs du mouvement sociopolitique GNB de 2004. Comment oublier ce large mouvement de 184 secteurs qui s’était lancé à l’assaut du gouvernement de Jean Bertrand Aristide, au nom de la démocratie, de la liberté de la presse et du changement social ?
Dans cette tribune, pour contextualiser l’indigence de la pensée stratégique qui anime l’action de la gouvernance haïtienne, je modélise les lignes de force improbables qui plient la conscience du leadership haïtien vers le cycle bas de la vie et empêchent aux décideurs de trouver l'équilibre entre postures d'esprit et de corps pour guider la barque nationale malgré le chaos.