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Auteur : Luk VERVAET

Un large mouvement contre la guerre peut sauver la vie de Julian Assange

Luk VERVAET

Le 10 avril dernier, à l’occasion du 25ème anniversaire du Good Friday Agreement en Irlande du Nord, le président des EU Joe Biden est arrivé à Belfast pour fêter cet accord du Vendredi saint. Un accord de paix signé le 10 avril 1998 entre la Grande-Bretagne, les Royalistes d’Irlande du Nord et Sinn Fein, le parti républicain irlandais. Trente ans de guerre prenaient fin. Fin d’une guerre contre l’occupation britannique de l’Irlande du Nord, qui a coûté la vie à 3 500 personnes.

De l’Irlande à l’Afrique du Sud : la libération des prisonniers politiques est une affaire politique et non pas juridique La libération des prisonniers politiques irlandais dans les prisons britanniques était une question centrale dans les négociations. L’accord de paix du Vendredi saint stipulait la libération de tous ces prisonniers, appelés « les paramilitaires » ou « les terroristes » par les Britanniques. L’inimaginable devenait réalité : au total 483 prisonniers furent libérés, dont 143 condamnés à une peine de prison à vie. Un an auparavant déjà, en signe de « bonne volonté » de la part des Britanniques, 13 prisonniers de l’IRA, qui se trouvaient dans la section de sécurité maximale (SHU), en isolement total, à la prison de Belmarsh furent transférés vers d’autres prisons, où ils pouvaient bénéficier d’un régime carcéral plus ouvert. En juillet 2000, les derniers 87 prisonniers sortaient de la prison de Maze en Irlande du Nord. La prison de Maze a été fermée la même année. Rappelons-nous cet autre fait (...) Lire la suite »
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Olivier Vandecasteele, Julian Assange, Ali Aarrass et tous les autres

Luk VERVAET
L'Iran doit libérer le travailleur humanitaire belge Olivier Vandecasteeele. Ce dernier a été condamné en Iran à 40 ans de prison et 74 coups de fouet pour « espionnage et collaboration avec un gouvernement hostile, les États-Unis, contre la République islamique d'Iran ». Olivier est un prisonnier politique. L'opposition à sa peine et les demandes de libération sont nationales et européennes. Le 20 janvier, tous les journaux francophones - L'Echo, Le Soir, L’Avenir, La Libre Belgique, la DH - ont mis sa photo à la une. Médias, syndicats, universités, marches, stands gratuits... tout se met en branle et un rare élan de solidarité traverse le pays pour obtenir sa libération. On ne peut que s'en réjouir. Une sélectivité qui laisse perplexe Et en même temps, en tant que militant contre les prisons, je ne peux observer cela qu’avec une certaine perplexité. Je m'étonne de notre sélectivité lorsqu'il s'agit des victimes de la détention et de la torture. Une sélectivité qui défend ou abandonne les gens selon (...) Lire la suite »

Anything to say ? Introduction au livre « Ni parmi les vivants, ni parmi les morts, Ce qui attend Julian Assange »

Luk VERVAET

Anything to say ? est un projet artistique de 2013 de l’artiste italien Davide Domino et du journaliste Charles Glass. Julian Assange, Chelsea Manning et Edward Snowden en bronze grandeur nature sont debout sur trois chaises. Les bras le long du corps, ils regardent un public imaginaire. À côté d’eux, une chaise vide, invitation ouverte au public à y monter. En janvier 2020, les sculptures étaient à Bruxelles, Place de la Monnaie, rebaptisée Place Julian Assange. Au nom du Comité Free Ali Aarrass, j’y ai lu un message de solidarité sous le thème : Julian Assange, Chelsea Manning, Edward Snowden, nous vous sommes tous redevables ! Ainsi je rejoignais les centaines de personnes à travers l’Europe qui se sont exprimées pour dénoncer l’affaire Assange, appelée par plusieurs parlementaires et journalistes comme une farce à la Dickens ou comme l’affaire Dreyfus de notre temps.

Par cet essai, je remonte sur la chaise vide. Avec un sentiment de gratitude et de respect pour le travail accompli par Julian Assange et ses camarades qui ont mis leur vie en jeu pour la cause de la justice. Aujourd’hui, tous sont victimes d’une justice de revanche : pour la défaite désastreuse de l’OTAN en Afghanistan, pour le déclin irréversible de l’empire américain dans le monde. Avec un sentiment d’admiration pour la poignée de militantes et de militants à Bruxelles et à Namur, qui, depuis l’incarcération d’Assange à la prison de Belmarsh en avril 2019, mènent, chaque semaine, sans interruption, une action de sensibilisation pour Assange dans les centres-villes. Tout comme les journalistes et les blogueurs, les sites comme dewereldmorgen.be, legrandsoir.info ou investigaction.net, qui n’ont jamais lâché la solidarité avec Assange. En montant sur cette chaise, je m’imagine Julian Assange dans sa cage devant les juges ou dans sa cellule dans la prison de haute sécurité de Belmarsh. Ce qui me fait (...) Lire la suite »

Julian Assange et le Goulag, dans le pays le plus libre du monde

Luk VERVAET

En avril 2015, Mme Hillary Clinton a prononcé un discours à l'Université de Columbia dans lequel elle a admis ce que l'on peut lire dans n'importe quelle statistique carcérale : environ un détenu sur quatre dans le monde se trouve dans les prisons des États-Unis (US).(1) Bien sûr, elle n'a pas eu de pensée pour Julian Assange, qui à ce moment était caché depuis trois ans à l'ambassade d'Equateur pour échapper à cette folie carcérale. Elle n'a pas non plus mentionné la peine absurde de 175 ans qu’encourt Assange encourt s'il est reconnu coupable aux États-Unis. Elle ne parlait pas de la peine de mort toujours appliquée, ni du côté le plus sombre du système pénitentiaire US : le régime des prisons de sécurité maximale (supermax) et des mesures administratives spéciales (SAM). Là encore, l'affaire Assange a levé un bout du voile : une juge anglaise a statué en janvier 2020 qu'il ne survivrait pas à une incarcération dans une prison supermax ou à l'imposition des SAM.

Pour beaucoup, ce fut un choc : existe-t-il des prisons où l'incarcération mène à la mort et au suicide ? D'autres encore ont entendu les mots ADX, supermax et SAM pour la première fois. Pas étonnant quand on sait que ces mots et ce qui se cache derrière ne sont pas ou peu connus, même aux États-Unis. À partir de quelques chiffres sur le nombre de détenus, les types de prisons et les niveaux de sécurité, commençons par la première caractéristique du Goulag américain : son caractère de masse historiquement inédit. Pour ensuite pénétrer sa face la plus cachée, celle de la supermax et des SAM. Vol au-dessus d'un archipel carcéral Qu'est-ce que Nils Christie appelle « le goulag américain » ? (2) Qu'est-ce que Loïc Wacquant appelle « la folie carcérale américaine d'une ampleur et d'une durée sans précédent dans l'histoire de l'humanité » ? (3) Qu'est-ce que le "Golden Gulag", le titre du livre mondialement connu de Ruth Gilmore, dans lequel elle analyse l'État américain de Californie où au cours des dernières (...) Lire la suite »
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Julian Assange, la guerre et le goulag étasunien

Luk VERVAET

(première partie)

La décision de la Cour suprême de Londres du 10 décembre 2021 n'a pas surpris. Sur la base des garanties étasuniennes, deux juges ont annulé le verdict d'un tribunal inférieur qui empêchait l'extradition en janvier vers les États-Unis du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange. La juge Vanessa Baraitser avait alors jugé que l'extradition d'Assange et son éventuel placement dans une prison à sécurité maximale (supermax) et/ou sous un régime de Mesures Administratives Spéciales (SAM) risquaient de le pousser au suicide, compte tenu de son état mental fragile. Sur l’essentiel, à savoir le droit de divulguer des documents classifiés sur le mépris de la vie humaine, la corruption, les mensonges et les innombrables crimes de guerre étasuniens commis dans la guerre contre le terrorisme, la juge avait accepté la demande d'extradition des EU. Ce n'était donc qu'une question de report. Sans le vouloir, le premier verdict représentait pourtant un aveu sans précédent de l'horreur du système étasunien d'isolement (...) Lire la suite »

Méga-prison et justice à l’envers

Luk VERVAET

Co-signé par Laurent Moulin, Ana Navarro, Jean-Baptiste Godinot, Elisabeth Grimmer, Ernesto Moreno, Stéphanie Guilmain, Camille Seilles. C’est une affaire qui dure depuis six ans. Le 20 mai 2015, une quinzaine de manifestants, armés de… banderoles, entrent dans la Régie des bâtiments pour crier leur opposition à la construction de la maxi-prison à Haren (Bruxelles). Lors de l’action, dans un moment de colère, un manifestant donne un coup de poing sur la maquette de la future prison, exposée dans le hall d’entrée. Elle est cassée.

Ce n’était pas l’objectif de cette action. Sinon les manifestants s’en seraient sans aucune doute pris autrement ; ils n’auraient pas fait une manifestation publique avec des calicots, et ce en présence d’un public nombreux. Mais la machine policière et judiciaire se met immédiatement en marche. Condamnés pour être présents ! Quatre des manifestants sont identifiés grâce à des caméras. Les images ne montrent pas qu’ils sont en train de s’en prendre à la maquette, mais témoignent uniquement de leur présence à la manifestation. En 2018, la justice frappe ces jeunes à coups de bâton : ils sont condamnés à dix mois de prison avec un sursis de trois ans pour « destruction de bien mobilier en bande ». Ce n’est pas fini. Trois ans plus tard, le 1er octobre 2021, un tribunal prononce le verdict pour le volet civil de l'affaire. Les quatre sont condamnés à rembourser 43 000 euros à la Régie des bâtiments, propriétaire de la maquette. Vous avez bien lu : 10 mois de prison et 43 000 euros pour une maquette, une (...) Lire la suite »

Julian Assange, les "garanties étasuniennes" au crible de l’histoire

Luk VERVAET

Dans son jugement du 4 janvier 2021, en 410 points, long de 132 pages, la juge Vanessa Baraitser a rejeté la demande étasunienne d’extradition de Julian Assange. Pour justifier son refus, elle s’est focalisée presqu’exclusivement sur les Mesures Administratives Spéciales (Special Administratives Measures, SAMs) qui pourraient être imposées à Julian Assange.

Elle s’est basée sur les témoignages devant la Cour des prisonniers soumis à ces SAMs, comme Ahmed Abu Khatallah (représenté par l’avocat Eric Lewis), Abu Hamza (représenté par l’avocat Lindsay Lewis) ou encore sur le témoignage de Maureen Baird, une ancienne gardienne d’une prison à New York (MCC). Dans les points 308 et 309 du jugement, elle souligne qu’elle a lu sur internet le matériel sur la prison supermax ADX Florence et en particulier le rapport “The Darkest Corner” de 2017 (1). Ce rapport décrit les conditions SAMs comme étant pires que celles de Guantanamo et comme une forme de torture, violant aussi bien les lois étasuniennes qu’internationales. Le débat autour des SAMs devant le tribunal Le jugement reprend les répliques de l’avocat des autorités des EU disant que les mesures SAM ne sont qu’exceptionnellement et rarement appliquées. Selon lui, prétendre qu’Assange sera soumis aux SAMs n’est que pure spéculation. Le 1er septembre 2020, dans toutes les prisons du pays, il n’y aurait que 47 (...) Lire la suite »

Julian Assange : Wanted, dead or alive

Luk VERVAET

Imaginez-vous la scène, digne du dernier James Bond. Des voitures blindées en route vers le centre de Londres. À leur bord, des hommes cagoulés et armés jusqu’aux dents. Les voitures s’arrêtent brusquement, les hommes en descendent et pénètrent l’ambassade équatorienne. La porte de l’ambassade est par hasard ouverte et, par hasard aussi bien sûr, la police anglaise regarde dans l’autre direction. Les robocops se jettent sur Julian Assange, le trainent dans une voiture et foncent vers l’aéroport de Londres où un avion de la CIA les attend pour le transporter aux États-Unis. Au cas où ce plan échouerait, il y a aussi le plan B : il faudra l’abattre ou l’empoisonner.

Ce scénario ne sort par des studios hollywoodiens. Il a été inventé de bout en bout par Mike Pompeo, en représailles à la publication de Vault 7 par Wikileaks en 2017 (1) , la plus grande fuite de documents de la CIA de son histoire. Mike Pompeo est le directeur de la CIA de l’époque et le ministre des Affaires étrangères jusqu’au début de cette année. C’est lui qui avait désigné WikiLeaks comme « non-state hostile intelligence service » (service de renseignement ennemi non étatique). C’est aussi lui qui avait plaidé pour que Snowden soit jugé, avec une condamnation qui aurait pu le condamner à la peine de mort. Le plan du kidnapping d’Assange a été discuté aux « plus hauts niveaux » de l’administration américaine (2). Son existence a été confirmée par trente fonctionnaires et ex-agents des services secrets, dont huit ont décrit en détail l’opération de la CIA. Après que le plan a été rendu public, en septembre 2021 par Yahoo News, Pompeo n’a nullement été inquiété. Dans une émission télévisée, il a tranquillement (...) Lire la suite »

Dans l’affaire Ali Aarrass, la palme d’or de l’hypocrisie va à .... Didier Reynders. La consternation après le jugement de la Cour européenne des droits de l’homme

Luk VERVAET

Le 30 septembre 2021, après quatre ans de procédure, la Cour européenne des droits de l'homme a rendu sa décision dans l’affaire Ali Aarrass contre l’État belge (Reynders). Il s’agissait « de savoir si l’État belge avait l’obligation positive de lui accorder son assistance consulaire pour empêcher le risque de mauvais traitement durant son incarcération au Maroc ». Dans sa décision, la Cour a choisi le camp de Didier Reynders, ancien ministre des affaires étrangères belge, devenu entretemps le commissaire européen à la Justice « avec pour mission les Droits fondamentaux et la défense de l’État de droit ».

Le commissaire Reynders a réussi à convaincre la Cour de son infatigable soutien à Ali Aarrass. Dans sa décision la Cour déclare que « les autorités belges ne sont pas restées passives ou indifférentes. Au contraire, elles ont, en pratique, à plusieurs reprises et notamment après l’ordonnance du président du tribunal de première instance de Bruxelles du 3 février 2014, effectué des démarches auprès des autorités marocaines, soit sur une base diplomatique soit pour des motifs humanitaires, pour faire évoluer la situation du requérant ». Ainsi, le mensonge d'état a gagné Tout au long de ces douze ans, aussi bien Reynders que son prédécesseur Steven Vanackere, ont refusé et refusé encore de lever le petit doigt pour protéger Ali Aarrass. Ni pour s’opposer à son extradition. Ni pour empêcher sa torture. Ni pour s’indigner sur sa torture. Ni pour critiquer son procès inique. Ni pour s’opposer à ses conditions de détention inhumaines, contraires aux Règles Nelson Mandela, qui définissent les conditions de détention à (...) Lire la suite »

Remember the sky : le ciel bleu du 11 septembre…

Luk VERVAET, Nadine ROSA-ROSSO

Nos pays ont érigé la victimisation en nouvelle culture occidentale. Après la conquête du monde pour le christianiser, puis pour lui apporter la civilisation et enfin la démocratie et les droits humains, par le massacre des populations et le vol de leurs richesses, voici venue l’heure de nous présenter comme victimes. Victimes du terrorisme barbare. Victimes des attentats horribles qui ont bouleversé et « changé la face du monde pour toujours », peut-on lire sur presque tous les médias, sans provoquer le moindre froncement de sourcils.

Si l’on veut s’attaquer au bilan du monde, ne serait-ce pas plutôt l’effondrement du camp socialiste en 1989, suivi immédiatement par les guerres sans fin contre les pays musulmans, à commencer par la première guerre du Golfe en 1991, qui sont le vrai tournant historique ? Le jour même des attentats du 11 septembre, nous avions lancé un appel « à empêcher le gouvernement américain et les gouvernements alliés d’utiliser ces attaques comme prétexte pour attaquer des pays qui n'ont rien à voir avec ce terrorisme, mais qui ont été en désaccord avec le gouvernement américain en raison de leurs politiques indépendantes, ou de renforcer les mesures anti-démocratiques aux États-Unis et ailleurs. Une telle réaction ne ferait qu'accroître les dangers de la guerre et du fascisme » . (1) Malgré les manifestations de masse contre la guerre qui se sont étendues au monde en entier, elle a bel et bien eu lieu et ne s’est jamais arrêtée. Depuis cette date-là, on décompte en effet « entre trente-cinq et cinquante conflits (...) Lire la suite »
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