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La science sans conscience a de beaux jours devant elle.

Alerte aux conflits d’intérêts

Deux évidences se sont imposées au cours de la dernière décennie écoulée dans le domaine de la toxicité de notre environnement. La première est que la recherche en toxicologie - au demeurant trop sommaire encore - est de plus en plus souvent soumise aux lois du Marché. La seconde est la «  rupture de ban » de certains chercheurs décidés à ne plus accepter cette soumission et qui dévoilent au grand jour le résultat alarmant de leurs travaux. Ils sont «  les lanceurs d’alerte » qui reçoivent les foudres de leurs confrères ou consoeurs et compromettent leur carrière. Ils ne peuvent garder le silence car leur statut de chercheurs ne saurait leur faire oublier qu’ils sont aussi des citoyens vivant parmi d’autres citoyens. Leur engagement courageux au service de la protection des populations doit être salué, mais cette reconnaissance ne suffira pas à les protéger de l’ostracisme de leur confrérie et des sanctions de leur hiérarchie. Il faut une loi pour les protéger. En attendant que l’on s’attaque sérieusement à la gangrène des conflits d’intérêts.

Six domaines au moins nous révèlent la contradiction des «  experts » quant à la dangerosité de notre exposition à divers éléments de notre environnement :
Les ondes électromagnétiques, les organismes génétiquement modifiés, les nano particules, les substances chimiques multiples, les radiations (électro)nucléaires, les médicaments. Dans tous ces domaines aux enjeux économiques et financiers considérables règne pour le moins une certaine opacité. Ce manque de transparence a longtemps été pris pour une nécessité afin de mettre les chercheurs à l’abri des passions d’un public réputé forcément ignorant. Quelques scandales retentissants tels celui de l’amiante au siècle dernier ou celui du Médiator très récemment et la mise sous les feux de l’actualité de quelques lanceurs d’alerte ont fini par persuader nombre de nos congénères que bien des risques leur étaient «  savamment » cachés. Il faut ici rendre un hommage particulier à Henri Pézerat qui, par ses travaux décisifs sur la toxicité de l’amiante en son petit laboratoire indépendant, fait figure de pionnier en matière de lancement d’alerte citoyenne. Un autre précurseur, le toxicologue André Cicolella, a quant à lui été licencié dès 1994 de l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) après avoir alerté sur la toxicité de certains solvants. Les OGM, probablement parce qu’ils nous renvoient à nos champs et à nos assiettes, retiennent toute notre attention et comptent plusieurs lanceurs distingués : Jean-Pierre Berlan, Jacques Testart, Arnaud Apoteker, Christian Vélot et bien sûr Gilles-Eric Séralini. Irène Frachon, pneumologue brestoise et tenace, a quant à elle déclenché la tempête autour du Médiator. Et voilà que deux émérites Professeurs en médecine lui emboîtent le pas en proclamant par la publication d’un gros guide argumenté que 60% des médicaments à notre disposition sont dangereux ou inutiles. Eux ne craignent rien : «  l’académie » les a depuis longtemps reconnus. Leur pavé dans la mare n’en confirme pas moins que le tandem business-recherche est bel et bien mortifère.

L’industrie mène la danse. C’est d’abord elle qui finance la recherche pour mettre au point les produits qu’elle met sur le marché. C’est elle qui commandite ensuite des études pour mesurer la dangerosité éventuelle des produits qu’elle commercialise. C’est elle enfin qui fait pression de diverses manières sur les décideurs politiques quand des études indépendantes - et difficilement financées - apportent la preuve de la toxicité d’un produit jusque-là simplement suspecté. Le néolibéralisme à l’oeuvre depuis plus de trente années, par le désengagement des pouvoirs publics au profit ( !) de la «  libération » des forces du Marché, ne pouvait que démultiplier les possibilités de mise en coupes réglées de la recherche par l’industrie. On ne cherche plus qu’en fonction de perspectives sonnantes et trébuchantes du Marché. Dans un tel contexte les lanceurs d’alerte ne peuvent être nombreux : seuls les chercheurs non acquis totalement aux principes de la recherche marchandisée se rebellent éventuellement contre l’ordre scientifique établi. Les autres sont prêts à faire bloc à la première alerte pour dénigrer les francs-tireurs désintéressés. Ils signent, par exemple, des tribunes dans Le Monde pour dénoncer les insuffisances du protocole mis en place par Gilles-Eric Séralini afin de mesurer l’impact de l’ingestion de maïs transgénique sur la santé des rats, mais se sont superbement tus pendant des années à propos des études douteuses commanditées par Monsanto. Ils avaient laissé hier le Professeur Séralini réclamer seul en justice les études de Monsanto qui, une fois réévaluées par le Crigen, ont révélées une dangerosité non négligeable du maïs Mon810 pour la santé des rats.

Dans un domaine beaucoup moins connu du grand public, celui des nano technologies, la collusion business-recherche va également bon train pour tenter de démontrer l’innocuité des nano particules. Ainsi, une équipe de chercheurs britanniques de l’université de Bath prétend que les nano particules contenues par les crèmes solaires ne franchissent pas la barrière cutanée. L’expérience a été menée sur des échantillons de peau de porcs et durant seize heures seulement. Rappelons qu’une équipe australienne de Macquarie University a montré la pénétration sous-cutanée des nano particules d’oxyde de zinc incorporées dans les crèmes solaires, expériences menées cette fois sur des hommes et des femmes et montrant le passage dans le sang après vingt-quatre heures. Au fait, l’équipe de l’université de Bath participe au projet européen NAPOLEON, aujourd’hui terminé, qui comptait parmi ses membres L’Oréal et BASF... utilisateurs ou fabricants de nanomatériaux. Les exemples de ce type sont désormais légion. Deux questions essentielles s’entremêlent donc : celle des lanceurs d’alerte et celle des conflits d’intérêts. La fondation Science Citoyenne les dénonce depuis dix ans. Elle a largement inspiré le projet de loi présenté au Sénat le mois dernier afin de protéger les lanceurs d’alerte. Il est d’ores et déjà permis de douter de son efficacité. Il s’agit probablement d’une maigre concession du monde politique qui, par ailleurs, ne s’attaquera en rien à la pieuvre des conflits d’intérêts. La science sans conscience a de beaux jours devant elle.

Yann Fiévet

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