Paolo Persichetti a été extradé à la sauvette vers l’Italie le 25 août dernier. Contrairement à ce qui a été parfois allégué, il n’a jamais été clandestin en France. Il y est arrivé en 1991 et a immédiatement
demandé et obtenu un permis de séjour. Il est régulièrement inscrit comme étudiant à l’université de Paris VIII depuis 1992, et il y termine une thèse de doctorat en science politique. Paolo Persichetti est aussi attaché temporaire d’enseignement et de recherche à l’université de Paris VIII, à la suite d’une procédure normale de recrutement scientifique, entérinée par le recteur de Créteil représentant le ministère de l’Education nationale. Pendant ses années de formation à la recherche, Paolo Persichetti s’est toujours distingué par l’excellence de ses travaux dont plusieurs ont été publiés, ainsi que par la régularité et la qualité de son enseignement. Si un décret d’extradition, signé par Edouard Balladur le 7 février 1994, a été pris à son encontre, trois gouvernements français, dont celui de M. Balladur, ont choisi depuis lors de ne pas l’appliquer. On sait qu’une pratique continue comme celle-ci engendre, d’après la jurisprudence administrative française et européenne, des droits pour les justiciables auxquels elle bénéficie.
Par ailleurs et surtout, la décision d’extrader Paolo Persichetti remet en cause une position politique et juridique approuvée et confirmée par neuf gouvernements français successifs (Mauroy, Fabius, Chirac, Rocard, Cresson, Bérégovoy, Balladur, Juppé, Jospin) et deux présidents de la République. Les termes de cette position sont d’une clarté absolue : la France refusait d’extrader les exilés politiques italiens dès lors que ceux-ci avaient rompu avec la violence armée. François Mitterrand avait énoncé ce principe en 1985 au nom d’un constat très simple : les lois et pratiques d’exception mises en place en Italie à partir de 1976 pour combattre le terrorisme (recours systématique aux repentis, constructions logiques de l’accusation non fondées sur des preuves, extension infinie de la notion de " concours à bande armée "…) ne garantissaient pas un procès équitable aux accusés. Cette situation juridique n’a pas changé depuis lors. Il est donc incompréhensible et illégitime que la France renie la parole donnée. Ce sont les principes mêmes de la République et de l’Etat de droit qui sont ici bafoués.
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Ecrire au Comité : comite.persichetti@ras.eu.org