Réponse à Arte sur Cuba
Je suis atterré par votre reportage sur Cuba diffusé mercredi 16 janvier. Non pas par les images et les interviews effectués dans le pays, mais par vos propres commentaires qui prennent le dessus sur le reste. Le reportage était visiblement censé illustrer un discours tout préparé avant même le voyage. Car dès les premiers instants le ton était totalement hostile et ceci jusqu’à la fin.
Mais les images étaient elles une bonne illustration ? Non même pas. On a assisté à un étalage de sous entendus bien lourds, et d’extrapolations totalement outrancières.
Je ne parle même pas du nombre de fois prononcé le mot « régime », c’est un classique du genre.
Bref vous n’aviez pas confiance dans votre propre reportage, puisque vous ne laissez pas le téléspectateur s’intéresser à ce qui est exprimé par les cubains eux mêmes, s’interroger sur ce qu’ils vivent et comment ils le vivent, ce qui devrait être l’objectif d’un vrai reportage. Mais non la réalité ne vous intéressait pas, vous vouliez nous asséner une fois encore le discours convenu : tout est négatif à Cuba à cause de deux personnages malfaisant exerçant une dictature épouvantable sur un peuple épris de liberté.
Vous dites que « la vérité fait peur à Cuba ». Parce que ce que vous appelez la vérité c’est que 1959 se résume à un « putsch des Castro » effectué « avec des fusils d’opérette ». Ce sera le seul « éclairage historique » du document. Les tentatives de renversement violentes par l’ancien régime allié aux états unis (l’inverse serait d’ailleurs aussi juste), l’embargo, le terrorisme y compris contre les alphabétiseurs, le pays devant se protéger en permanence d’agressions extérieures. Aucune évocation de cela. L’église liée à Batista abritant les tortionnaires ça devient l’église persécutée. La chute de l’URSS et le renforcement de l’embargo qui a fait chuter le PIB de 30% ne vous évoque rien non plus. Ne pas prendre ces éléments en compte c’est ne rien comprendre à ce pays. Ou alors on raconte une histoire stupide.
Qu’en est- il de la volonté d’indépendance, de rupture avec le passé colonial, de volonté de développer les droits sociaux fondamentaux pourtant inscrits dans l’histoire de Cuba depuis plus de 150 ans ? Aucune allusion !
Même le système de santé ne fonctionnerait pas. Les peuple du tiers monde (et d’autres) qui aimeraient avoir ce système et les populations qui doivent tant à Cuba dans ce domaine. De l’imposture, on vous le dit et on vous le démontre. Avec jubilation même.
Vous vous surpassez même puisque l’échange « médecins contre pétrole » entre Cuba et le Venezuela ne vous inspire que cette réflexion affligée de Daniel Lecomte « vous vous rendez compte ! ». Oui Mr Lecomte on se rend compte. Les médecins cubains apportent des soins fondamentaux à des gens qui en sont démunis et le Vénézuela apporte son pétrole qui permet aux cubains d’avoir l’électricité. Ca n’est pas en Europe que l’on verrait ça !
C’est votre réflexion qui est affligeante. Comme pour l’opération Milagro (des centaines de milliers de pauvres opérés gratuitement de la vue), notre système tellement démocratique, que ne le fait-il pas ? Enfin l’apothéose sous le regard admiratif du même Lecomte nous avons doit, à cette subtile réflexion de Zoé Valdès « l’homme nouveau du Che, c’est du fascisme comparable à celui de Hitler ». Et c’est elle-même qui fustige le révisionnisme dans l’histoire de Cuba !
Mais enfin pourquoi tout ça, du déjà vu et revu sur Arte et les autres chaines ? Fallait-il un « reportage » de plus pour dénoncer encore et encore Cuba ? Et rien d’autre.
le 19 Janvier 2013
Guy Maunoury