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Extrait d’un entretien avec Danielle Mitterrand, Présidente de "France libertés"

DANIELLE MITTERRAND : "La démocratie n’existe ni aux USA, ni en France".

Hernando Calvo Ospina est un journaliste colombien réfugié en France et collaborateur, entre autres, du Monde Diplomatique.

Sa présence dans un avion régulier d’Air-France en avril 2009 effraya à ce point les USA qu’ils lui interdirent le survol de leur territoire et exigèrent son déroutage. Voir : http://www.legrandsoir.info/article8459.html

Hernando Calvo Ospina a bien voulu nous confier le texte d’un entretien qu’il a eu avec Danielle Mitterrand. Qu’il en soit remercié.

LGS

(Les photos sont celles de l’article original).

Ce qui suit est un extrait de l’entrevue à Mme. Danielle Mitterrand, veuve de l’ex-président français François Mitterrand, et présidente de l’association « France-Libertés ». A sa lecture il est facile de comprendre pourquoi, et ce depuis plusieurs années, les médias politiques et d’informations dans leur grande majorité ont essayé de l’ignorer.

vendredi 28 octobre 2005 - Entretien réalisé par Hernando Calvo Ospina.

Hernando Calvo Ospina : Mme. Mitterrand, qu’a signifié pour vous l’arrivée au gouvernement de votre époux François ? Est-ce que les idéaux sociaux et politiques qu’il portait dès sa jeunesse ont été reconnus en ces moments-là  ?

Danielle Mitterrand  : Mai 1981 fut un mois de grande activité, car c’était la préparation de l’arrivée au pouvoir de François. J’essayais d’apporter tout ce qu’il y a de meilleur en moi, pour que ces rêves d’avoir une société socialiste, quoique à l’européenne, deviennent réalité. Mais bien vite j’ai commencé à voir que cette France juste et équitable ne pouvait pas s’établir. Alors je lui demandais à François : Pourquoi maintenant que tu en as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avais offert ? Il me répondait qu’il n’avait pas le pouvoir d’affronter la Banque mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu’il avait gagné un gouvernement mais non pas le pouvoir.

J’appris ainsi que d’être le gouvernement, être président, ne sert pas à grand-chose dans ces sociétés sujettes, soumises au capitalisme. J’ai vécu l’expérience directement durant 14 ans. Même s’il essayait d’éviter le côté le plus négatif du capitalisme, les rêves ont commencé à se briser très rapidement.

HCO : Vous n’avez pas assumé le rôle de « première dame » comme l’« exige » la tradition protocolaire. Était-ce un simple caprice ? Ou à cause de convictions politiques ?

DM : Je n’ai pas voulu être une « première dame » comme toutes les autres, et en conséquence j’ai refusé le protocole qu’on a voulu m’imposer. J’étais l’épouse du chef de l’État, d’un homme que j’aimais, mais j’étais aussi libre d’avoir mes propres convictions. Je n’allais pas accepter d’être la simple image de la femme française typique, représentative d’un secteur social ; de sourire devant les caméras et les personnalités ; ou de servir d’ornement aux oeuvres de bénéfices. Avant tout, mon rôle devait consister en mon apport pour la construction d’une société juste.

J’ai eu mes critères et mes réflexions politiques, qui ont parfois fait choc avec celles de François. Si le gouvernement n’allait pas sur une bonne voie, je me devais de le dire, de le critiquer. Je sais que ce n’est pas le rôle d’une « première dame », car normalement elles ne sont qu’un instrument du pouvoir. Chaque fois que les autres ont voulu s’opposer à mes tâches militantes pour des « raisons d’État », pour n’être pas « diplomatiquement correctes », François m’a soutenue car il voyait qu’elles étaient justes. Il ne pouvait essayer de m’empêcher de faire ce qu’il disait défendre.

HCO : Mme. Mitterrand, vous avez fondé « France-Libertés », qui s’est distinguée par son engagement politique, social et humanitaire...

DM : Je l’ai fondée non pas dans l’intention d’en faire un contre-pouvoir, ni pour qu’elle serve au pouvoir. Je voulais prendre mes propres initiatives de solidarité politique, indépendantes des desseins du pouvoir, même si je m’attendais qu’avec le gouvernement socialiste nous aurions des objectifs proches. Mais je me suis vite rendu compte que ce ne serait pas facile. Est arrivé le moment où « France-Libertés » voulait aider des populations opprimées, mais le gouvernement socialiste français soutenait d’une manière ou d’une autre leurs bourreaux. Rapidement j’ai dû me poser la question : Jusqu’où peut-on aller sans provoquer d’ « incidents diplomatiques » ?

Dans l’Association s’est présenté pour nous un questionnement qui ne m’a pas du tout plu : sa présidente, épouse du président de la République, devait-elle respecter la sacro-sainte loi de non-ingérence dans les affaires de l’État, et se priver ainsi de son droit à la solidarité politique et humanitaire, pour ne pas aller à contre-courant ? J’ai continué avec mon projet car je le croyais juste. Alors, même de vieux amis personnels et de lutte ont commencé à m’isoler. Tout le pouvoir et le poids de la diplomatie française ont tenté de m’écraser, usant de tout pour « réparer » mes actions et mes expressions politiques publiques.

J’ai constaté que je ne pouvais pas exercer ma fonction de manière exemplaire si je ne servais pas le marché, le capitalisme. Que mon devoir n’était pas de me préoccuper des torturés ni des affamés. Que si ceux qui étaient écrasés réclamaient l’éducation, la santé ou du travail, je devais tourner la tête de l’autre côté. J’étais la « première dame » et je devais aider, avec mes sourires dans les cocktails, à ce que les intérêts commerciaux de la France progressent. Quand j’écoutais au cours de mes visites aux ambassades les discours du « commercialement correct », où le tout-puissant marché était ce qu’il y avait de fondamental avant la solidarité entre les peuples, cela me donnait l’envie de partir en courant. Je ne pouvais croire que les « bulldozers » du marché pourraient arriver à recouvrir jusqu’aux fondements mêmes de notre culture. Et ils l’ont fait.

Pourquoi un gouvernement qui se disait de gauche ne pouvait-il pas répondre aux attentes qu’il avait créées durant tant d’années dans l’opposition, tant au niveau national qu’international ? Devait-on accepter les impératifs d’un système mercantile jusqu’à la soumission ?

HCO : Ce système du marché sauvage, du capitalisme, du néolibéralisme, a à sa tête les États-Unis. Est-ce que la France se soumettait aux desseins de ce pays ?

DM : Durant la célébration du Bicentenaire de la Déclaration des droits de l’Homme - juillet 1989 - j’ai pu voir jusqu’à quel point nous étions soumis aux État-Unis. L’État français n’invita pas plusieurs dignitaires, en particulier des Latino-Américains. Comme par hasard c’était ces pays-là que Washington voulait annuler, détruire. Et je ne vais pas citer de noms, mais c’est facile à vérifier. Je me rappelle avoir dit à François : « Jusqu’à quel point allons-nous être dépendants de l’humeur des États-Unis, ne pas pouvoir choisir nos invités pour nos festivités... ? » Ce fut une honte.

HCO : Mme. Mitterrand, si cela arrive en France, vous devez bien savoir ce qu’il en est sous d’autres latitudes...

DM : Je ne suis pas anti-États-Unis, mais je suis avec le peuple de ce pays et non pas avec l’Administration qui le gouverne. Celle qui se sert de ce peuple pour tirer des bénéfices qui servent à quelques uns. Durant toutes ces années de ma vie, spécialement après la Seconde Guerre mondiale, j’ai pu voir comment les États-Unis foulaient aux pieds la liberté et la démocratie des autres pays, particulièrement les pauvres. Ronald Reagan désigna comme terroriste le gouvernement sandiniste du Nicaragua, quand les terroristes, c’était son Administration et cette « contra » qu’il finançait.

J’étais au Nicaragua peu de temps avant qu’ils détruisent la révolution. Fonctionnait encore ce qui avait été atteint au niveau de l’éducation et de la santé, des choses qu’avait le peuple nicaraguayen pour la première fois de son histoire. Je me rappelle que Daniel Ortega me disait : « Daniella, dis à François qu’il ne peut pas nous laisser tomber ; que l’Europe démocratique ne peut pas nous abandonner... ». Je le lui ai dit en effet. Et il n’a pu rien faire : les États-Unis avaient décidé que les sandinistes devaient s’en aller avec leurs plans de développement social, pour faire place au néolibéralisme et au retour de la misère pour le peuple. Tandis que nous, nous étions en train de fêter le Bicentenaire de la Déclaration des droits de l’Homme !

HCO : Au cours de ces mêmes années Washington resserrait le blocus contre Cuba, essayant d’en finir avec la Révolution.

DM : Le Nicaragua ne pouvait compter que sur Cuba. Et Cuba aussi était en train d’être étranglée par l’embargo des États-Unis, qui continue jusqu’à présent et qui n’a eu d’autre but que celui d’en finir avec tout ce qu’il y a de merveilleux que cette Révolution a réalisé au niveau social : quelque chose d’unique en Amérique latine ; presque unique dans un pays du Tiers-Monde.

Quand en 1989 Cuba se trouvait déjà seule face à Washington, car elle n’avait plus l’appui de l’Union soviétique, je m’y suis rendue. A mon retour j’ai dit à François : « Tu ne peux pas laisser tomber Cuba. Cette Révolution a beaucoup fait pour le peuple. La France ne peut être soumise aux États-Unis. » Il me disait que la France toute seule ne pouvait pas, et qu’en Europe personne ne la suivrait. Que les États-Unis détenaient tout le pouvoir économique, politique et de la propagande, en plus des contre-révolutionnaires de Miami. Je continue aujourd’hui à dire que cette révolution a mérité de se maintenir, car elle l’a fait et c’est le peuple qui la maintient. Par conséquent les États-Unis n’ont pas pu la faire plier. Je connais Fidel depuis très longtemps. J’ai passé beaucoup d’heures à discuter avec lui, à nous dire ce que nous pensons. Je lui ai fait part de toutes les critiques que j’ai au niveau politique. Une fois je lui ai demandé pourquoi il me supportait. Et il m’a répondu : « Parce que tu es une amie sincère. Et les critiques des amis on les écoute parce qu’elles sont honnêtes, même si nous ne sommes pas d’accord sur certaines choses. »

La dernière fois qu’avec François nous avons reçu officiellement Fidel à Paris, en le saluant je l’ai embrassé publiquement sur la joue. Ce qu’ « interdit » le protocole et les « politiquement corrects ». Mais c’est que non seulement Fidel était notre ami, mais aussi qu’il est latin, et les Latins sont tendres. Ce fut un scandale que la presse me rappelle encore.

HCO : Que pense Mme Mitterrand du président vénézuélien Hugo Chávez et des projets nationaux qu’il essaie de lancer ?

DM : Je n’ai jamais aimé les militaires. Mais Chávez, avant d’être un militaire est un homme, un être humain, et il est arrivé au pouvoir par la voie démocratique, et au point de gagner plusieurs élections. Chávez, au milieu de tous les obstacles que mettent sur son chemin les États-Unis et l’opposition dirigée par les riches, tente de faire avancer les programmes sociaux qu’il a offerts au peuple. Évidemment, le monde capitaliste lui est tombé dessus car il ne veut pas qu’un président du Tiers-Monde démontre que le peuple peut effectivement participer aux décisions de l’État et à son développement.

Que ce peuple, avec son leader, marche de l’avant pour ne plus être exploité, ni être analphabète et avoir droit à la santé. C’est ce qui se passe au Venezuela malgré tout. A cause de cela ils veulent éliminer, effacer Chávez. Peu leur importe si c’est le peuple qui l’a élu, et qui doit décider s’il doit le soutenir ou l’enlever de là . Il existe une espèce de rage de la grande majorité de la presse mondiale contre Cuba et le Venezuela. Et c’est parce que ces gouvernements veulent être indépendants, souverains, dignes. Cela dérange. N’oubliez pas que les médias sont dirigés par de puissants capitalistes.

HCO : Mme Mitterrand, est-ce que la France est un modèle de démocratie ? Est-ce une puissance mondiale ?

DM : En France on élit et les élus font des lois qu’ils n’ont jamais proposées et dont nous n’avons jamais voulu. Est-ce la démocratie quand après avoir voté nous n’ayons pas la possibilité d’avoir de l’influence sur les élus ? Je ne crois pas que dans aucun des pays qui se disent démocratiques, ceux-là qui croient avoir le droit d’imposer « leur » démocratie aux pays pauvres, il existe la démocratie, à commencer par les États-Unis et la France. La France est une démocratie ? Une puissance mondiale ?

Je le dis en tant que Française : Cela ne veut rien dire. Si on le dit pour les niveaux d’éducation, de la recherche ou la santé, c’est nul. Pour être capables d’aider la paix mondiale, les peuples opprimés ? Nul.

Hernando Calvo Ospina.

http://hcalvospina.free.fr/spip.php?article119

(Traduit par Abacar Fall)

COMMENTAIRES  

22/11/2011 14:31 par yapadaxan

Ouais mais bon, quoi...

François avait cette possibilité, dès 1981, de s’adresser au peuple et de lui dire la réalité de son pouvoir politique réel. Or il ne l’a pas fait et ça ne lui est même pas venu à l’esprit.

Elu sur les restes d’un programme de gauche, François a agité le réalisme, dénoncé le pied dedans, le pied dehors et mis en place une politique de casse industrielle et de chômage. François a même fait participer la France à la guerre du Golfe.

Tout ça, sans jamais alerter le pays de ce qu’il menait une politique de droite... que reprendra Lionel.

Arrêtons d’avaler les couleuvres.

22/11/2011 14:31 par Tanguy

Mme. Mitterrand, qu’a signifié pour vous l’arrivée au gouvernement de votre époux François ? Est-ce que les idéaux sociaux et politiques qu’il portait dès sa jeunesse ont été reconnus en ces moments-là  ?

Les idéaux sociaux et politiques de sa jeunesse ? Faut il rappeler qu’il était vraisemblablement cagoulard ?!

22/11/2011 15:55 par Bonjour

François Mitterrand a sorti la France du marasme. Il a lutté contre le racisme. Il a relancé l’investissement public. Il a rendu la croissance à la France. Il a maintenu tant bien que mal une certaine autonomie du politique par rapport au privé. Tout cela lui a coûté cher. La liberté de ton et de débat qui existait de son temps me manque.

22/11/2011 16:20 par Catherine

Assez d’accord avec Yapadaxan, moi, sur la partie mâle du couple.
Pour l’autre, on peut mesurer la totale absence de pouvoir d’une femme de président (ici et sans doute ailleurs) à l’aide qu’elle a essayé d’apporter - en vain - à Mumia Abu Jamal et à Léonard Peltier. Elle sera sans doute pleurée au moins là .

22/11/2011 19:56 par unsepthuitneuf

il semble que quelqu’un de bien nous ait quitté ...

22/11/2011 21:45 par yapadaxan

Sacré Bonjour !

Mitterrand fait passer le chômage d’1 500 000 à 3 000 000, assure la promotion médiatique du FN à partir de 1983, allume un contre feu : SOS Racisme, Touche pas à mon pote (quel slogan éminemment raciste !!!), mobilise l’activité militante dans un combat FN/Gauche, extrême-gauche, inféode la France aux USA et Bonjour se sent tenu de faire le panégyrique de cette trahison ???

Que lui faut-il de plus ?

22/11/2011 21:55 par AP Kotchik

@22/11/2011 à 21:45, par yapadaxan

On saura maintenant que l’amour peut conduire non seulement à la cécité, mais aussi au révisionnisme historique...

22/11/2011 22:34 par yapadaxan

@ APK,

L’amour, bon, mais le révisionnisme...?

Incroyable !

22/11/2011 23:09 par AP Kotchik

@22/11/2011 à 22:34, par yapadaxan

A la décharge de notre ami Bonjour, notez qu’il a très bien pu être victime d’un coma de mars 1983 à mai 1995 qui sait ? :-(

22/11/2011 23:15 par legrandsoir

Une grande dame, comme on dit, mais surtout une militante, une femme d’un courage, d’une indépendance, et d’une obstination à gauche exceptionnelle vient de disparaître.

Danielle Mitterrand, on lui doit toutes et tous un hommage profond, sincère, admiratif. Pas seulement des mots émus, mais des salutations politiques exemplaires et reconnaissantes.

C’est celle qui a défendu Cuba contre l’infâme blocus économique des Usa, quand presque personne n’osait plus le faire autant qu’il le fallait.

C’est elle qui rappelait qu’on ne peut pas étrangler ainsi un pays et une révolution et qui faisait savoir ici, en France, devant l’incurie médiatique, que l’ONU condamne unanimement ce blocus insensé de la plus grande puissance du monde contre une île courageuse de 11 millions d’habitants, seulement parce que celle-ci n’est pas "alignée" sur la dictature de la finance mondiale.

C’est elle qui a pris position, contre toute sa proche famille, pour appeler à voter "non" , courageusement au referendum du 26 mai 2005, à ce catastrophique Traité constitutionnel européen qui conduit maintenant l’Europe au bord du gouffre.

C’est elle qui menait campagne pour la protection de l’eau comme le bien humain n°1 dans le monde entier, et qui n’a pas hésité à dénoncer les faux sociaux démocrates assassins qui tiraient à la mitrailleuse lourde en Bolivie contre le peuple lorsque celui-ci exigeait que l’eau pillée par un trust français lui soit rendue.

C’est elle qui menait campagne pour les droits de l’homme, là , où les préjugés des banques et des capitalistes interdisaient de le faire.

Plus particulièrement, il me fut donné à un moment, il y a quelques années, de répondre à son appel, pour un délicat problème et de l’aider, ce fut pour moi l’occasion personnelle de découvrir toute sa dignité, son attention scrupuleuse aux droits, et chacun des nombreux échanges que nous eûmes alors, me revient aujourd’hui avec émotion et tristesse.

Bravo Mme Mitterrand vous avez fait quelque chose de bien de votre vie, de la vie. Quelque chose d’exemplaire qui vaut des larmes, de l’honneur et de la fierté à gauche.

Gérard Filoche

23/11/2011 10:25 par AP Kotchik

22/11/2011 à 16:20, par Catherine

Assez d’accord avec Yapadaxan, moi, sur la partie mâle du couple.

Pour l’autre, on peut mesurer la totale absence de pouvoir d’une femme de président (ici et sans doute ailleurs) (...)

Au risque d’être brutale, ce genre de préjugés très en vogue depuis quelques temps à l’Ouest m’horripilent ! Eva Braun aurait très bien pu être le mauvais génie d’Adolphe Hitler, si tel en avait été le cas qu’en saurions-nous ? Enfin je m’arrête là afin de ne pas sortir du cadre du politiquement correct, de la courtoisie et du sujet du fil... :-)

23/11/2011 10:35 par Cuba Si France

Au Soir 3 du 22.11.2011

Honteux ! Patricia Loison estime que Danielle Mitterrand s’est trompée !

De quel droit la présentatrice du journal Soir 3 du 22.11.2011 Patricia Loison, se permet-elle d’insulter la mémoire de Mme Danielle Mitterrand en affirmant "qu’elle se trompait" dans certains de ses engagements comme son soutien à Cuba ? Pour qui se prend ce petit personnage pour juger des engagements d’une grande Dame responsable, cohérente avec ses idées, pour en asséner péremptoirement au public téléspectateur la condamnation et lui imposer son point de vue comme une vérité d’évidence ? Faut-il qu’elle se sente dans une impunité totale au sein de la rédaction de FR3 pour se permettre un comportement aussi partial sur une chaîne publique et donc parfaitement honteux !

A Cuba Si France, nous protestons énergiquement contre de tels propos. Nous exigeons qu’elle présente des excuses publiques par respect pour les engagements sincères et réfléchis de Danielle Mitterrand et à sa mémoire que Mme Loison bafoue allégrement. Parce que pendant la période spéciale si difficile pour le peuple cubain, Cuba Si France a travaillé main dans la main avec France-Libertés dans des opérations importantes comme l’Opération "Lait en Poudre", l’envoi de matériel médical et scolaire, nous pouvons témoigner du niveau d’exigence et de lucidité de son engagement en faveur de Cuba qui l’a amenée à l’affection de son peuple et au respect de ses dirigeants. Un chemin que ne pourra jamais faire Mme Loison tant elle ne sait que régurgiter ce qu’on a bien voulu lui faire croire. Patricia Loison fait pire que se tromper, arrogante, elle juge.

Vive Cuba Socialiste,

Cuba Si France

23/11/2011 10:44 par anomyme

Source : Ambassade de Cuba.

Nous avons le plaisir de vous faire parvenir quelques passages du livre « Biographie à deux voix » d’Ignacio Ramonet, où Fidel Castro Ruz parle de Danielle Mitterrand.

FIDEL CASTRO SUR DANIELLE MITTERRAND

Ed. Fayard/Galilée, 2006, pp. 486-488

(…) A la fin du déjeuner, au moment de nous quitter, sur le perron de l’Élysée, rompant le protocole, Danielle a pris l’initiative de poser ses mains sur mes épaules pour m’embrasser sur la joue. Comme cette marque d’amitié lui a valu des griefs ! Les médias l’ont férocement attaquée pour cela.

Et c’est avec une grande gentillesse que Danielle m’a reçu, un peu plus tard, entourée de ses collaborateurs, dans l’hôtel particulier des Mitterrand, au Quartier latin, rue de Bièvre ; et de là nous sommes partis ensemble à pied, à travers ces pittoresques ruelles proches de la Seine et de la cathédrale Notre-Dame, visiter les locaux de son association France-Libertés.

Vous connaissez mieux Danielle Mitterrand, n’est-ce pas ?

C’est une femme merveilleuse. Enthousiaste, généreuse, infatigable défenseuse des causes justes dans le monde. Je l’aime et la respecte beaucoup. Pour tout ce qu’elle a fait et continue de faire. Elle est venue à Cuba à d’innombrables occasions. Elle connaît bien ce que nous faisons ici, et connaît aussi d’autres pays d’Amérique latine. Elle suit avec intérêt ce qui se passe actuellement au Venezuela, au Brésil, et en Bolivie. Sensibilisée à la cause indigène, elle s’est aussi rendue, comme vous, au Chiapas, rencontrer le sous-commandant Marcos.

Danielle Mitterrand s’est toujours montrée très solidaire à l’égard de Cuba.

La fondation qu’elle dirige (France-Libertés) a entrepris des actions de solidarité concrètes envers notre pays. Nous nous sommes souvent entretenus avec elle. Et je peux vous assurer qu’elle a une très forte personnalité. Bon, vous la connaissez, elle dit toujours ce qu’elle pensé. Et n’y va par quatre chemins. Il lui arrive d’exprimer des divergences avec nous. Elle expose ses désaccords avec franchise. Et nous l’écoutons toujours avec respect parce que c’est une personne honnête et sincère.

L’Ambassade de Cuba en France concède tous les droits et vous invite à distribuer et à diffuser cette information.

Si vous avez besoin d’être informés en permanence sur la réalité politique, économique et sociale de Cuba, contactez le service de presse de l’Ambassade : prensa [à } ambacuba.fr. Nous pouvons aussi vous abonner au journal « Granma international » en français ou en espagnol. Visitez notre site web : http://www.cubadiplomatica.cu/francia/FR/Accueil.aspx

23/11/2011 13:47 par legrandsoir

HOMMAGE A UNE MILITANTE

Au nom de la « Plateforme pour la solidarité avec le peuple du Sahara occidental », je souhaite rendre hommage à Danielle Mitterrand qui fut une amie fidèle et une alliée éclairée pour la défense des droits du peuple sahraoui.

Nous admirions la combattante qui jamais ne renonçait à soutenir les causes justes contre l’oppression et l’injustice.

Nous respections la militante infatigable, toujours à l’écoute des peuples colonisés et opprimés, qui défendait leurs droits et relayait leurs revendications dans toutes les instances.

Nous n’oublierons jamais que c’est grâce à Danielle Mitterrand qu’à chaque session du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies à Genève, France Libertés cédait son temps de parole à un(e) Sahraoui(e) des territoires occupés. La Fondation permettait ainsi à un(e) représentant(e) du peuple sahraoui de dénoncer la répression et les violations des droits de l’Homme par les forces d’occupation.

Danielle Mitterrand par sa persévérance et son opiniâtreté nous montre le chemin de l’espoir et nous donne le courage de continuer notre lutte pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Danielle Mitterrand est pour toujours dans nos mémoires et dans nos coeurs.

J’imagine la douleur de ses amis et de ses collaborateurs de France Libertés qui ont eu le bonheur de vivre au quotidien sa belle humanité et, au nom de la « Plateforme pour le soutien au peuple du Sahara occidental », j’assure à toutes et tous mon amitié et mon soutien dans la poursuite de son combat contre la dictature économique et financière et pour un monde juste.

Aline Pailler
Présidente de la Plateforme

PLATEFORME POUR LA SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE DU SAHARA OCCIDENTAL

23/11/2011 14:10 par legrandsoir

Décès de Danielle Mitterrand

France Libertés a la tristesse d’annoncer le décès de Danielle Mitterrand aujourd’hui à 2h heures à l’hôpital européen Georges Pompidou.

Agée de 87 ans, Danielle Mitterrand a porté jusqu’au bout ses idées. Elle fêtait le mois dernier le 25è anniversaire de sa Fondation entourée et écoutée, pour son plus grand bonheur, de nombreux jeunes.

Celle qui se reconnaissait dans les mots de Jean Paul Sartre « Il n’est pas juste de vouloir traiter les souffrances des hommes sans s’engager dans la lutte contre les causes même de ces souffrances » avait créé France Libertés pour toujours rester à l’écoute des peuples et de leurs droits et retransmettre leurs attentes.

De la résistance à la libération de Nelson Mandela en passant par le soutien du peuple Kurde ou la défense du peuple tibétain, Danielle Mitterrand a ainsi marqué son époque par sa ferveur et son énergie.

Inlassable militante, l’accès à l’eau pour tous était devenu, ces dernières années, au centre de son action et l’objectif de toute une vie.

Malgré son départ, Danielle Mitterrand nous laisse un message d’espoir, qui montre la voie d’un monde plus juste aux générations qui inventeront le monde de demain.

« Nouveaux résistants à l’ordre néolibéral, bâtisseurs d’un monde où chacun trouve sa part de vie, de liberté et d’action, expérimentateurs de solutions alternatives aux problèmes du temps... Qu’ils se rassemblent, s’unissent, fusionnent partout dans le monde pour mettre un terme à la dictature économique et financière, suppôt des dictateurs politiques. Celles-ci semblent être, enfin, ébranlées par la colère des peuples. C’est heureux mais ce n’est qu’un début. Je souhaite de tout coeur que nos propositions en faveur des biens communs du vivant soient comprises de tous et participent à l’urgente et indispensable métamorphose de la société humaine vers une nouvelle civilisation ».

23/11/2011 15:54 par yapadaxan

En fait, Marchais s’était trompé. C’est pas avec François qu’il fallait signer le Programme commun. C’est avec Danielle...

J’essaie de me faire à l’idée : Pierre Mauroy, Jack Lang, Laurent Fabius, quelle tête ils auraient faite ?

Et comment qu’on serait une démocratie populaire, maintenant !

23/11/2011 18:37 par njama

"Alors je lui demandais à François : Pourquoi maintenant que tu en as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avais offert ? Il me répondait qu’il n’avait pas le pouvoir d’affronter la Banque mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu’il avait gagné un gouvernement mais non pas le pouvoir."

Dommage qu’elle (ou lui ?) n’ait pas été plus précis(e) sur ce point.
Quels moyens de pression étaient utilisés pour qu’il baisse si vite les bras, et qu’il courbe l’échine ...

23/11/2011 23:59 par charlotte

Traduit par Abacar Fall
c’est ce que je lis à la fin du texte ...
je ne comprends pas, traduit de quelle langue ? Madame Mitterrand ne parlait pas français ??? bizarre, mais à part ça, cette interview est tout simplement merveilleuse ! Femme géniale ! On ne l’oubliera jamais !

24/11/2011 00:01 par legrandsoir

Hernando Calvo Ospina est Colombien et l’article a été publié en espagnol, sauf erreur.

24/11/2011 12:46 par yapadaxan

De quoi est-il donc question ? Je lis des commentaires élogieux, j’aperçois des corps se courbant avec respect. Soit.

Danielle Mitterrand a vécu à l’ombre de son époux, ci-devant feu président de la République. Or ce dernier, qu’on le veuille ou non, est celui qui signa le programme commun de gouvernement. Il fallait changer la vie. Voilà qui engage un homme. Il entre dans un contrat social par le haut. Son action va consister à mener une politique de "gauche", humaniste et sociale. S’il le dit c’est qu’il va le faire. C’est qu’il va tout faire pour le faire.

Et en effet, ça commence au Panthéon, sur la tombe de Jean Moulin. La République roidie d’émotion joue la XIXème symphonie de Beethoven tandis qu’un choeur chante le poème de Schiller. Le symbole sonne haut et fort.

Lorsqu’il quitte le pouvoir, en 95, Mitterrand laisse derrière lui 3 millions de chômeurs. Les espoirs du peuple de gauche font une sale gueule, dans les rigoles drainant les eaux usées. Chirac est élu haut la main et les Français ne veulent plus entendre parler de la gauche.

Danielle, elle, n’a jamais rien dit. Elle s’est mise en retrait, a laissé faire son mari.

Après moi je veux bien : ses mérites ne sont pas petits. Mais peut-on vraiment se contenter de ça ? Je suis comme la truie qui doute...

25/11/2011 23:55 par gérard

@ yapadaxan
Il est toujours très facile d’avoir des avis tranchés à l’emporte pièce, nous les avions nous aussi contre les "socialos", c’était de notre fidélité à nos idées face aux espoirs qu’avait soulevés 1981.
Mais il faut atterrir, et avoir maintenant une réelle vision de géopoliticien et d’historien.
"soyez réalistes, réclamez l’impossible !"
Et c’est ce que nous avons fait !
Avant c’était le Front populaire qui avait été laminé par la Haute Finance.
Des acquits sociaux, un an après, elle avait tout fait pour qu’il n’en reste presque plus rien !
La France n’avait même pas pu secourir la République Espagnole.
En 1983, la France n’était pas en faillite, mais ses finances étaient à plat.
Mitterrand aurait il pu faire mieux que ce qu’il a fait ?
Léon Blum avait déjà du subir le pouvoir des Banquiers,
Le Chili de Allende en avait fait la terrible expérience, lorsque les Banques firent artificiellement s’effondrer le cours du cuivre afin de couler l’économie du Pays ( voir le livre de Jean Ziegler : "une Suisse au-dessus de tout soupçon").
En 1981 et encore longtemps après, personne n’avait vu arriver le "train" des Néoconservateurs. Ceux-ci principalement américains, déjà bien décidés à reprendre le pouvoir qui leur avait été un peu repris par le New Deal de Roosevelt (je dis bien "un peu"), étaient bien déterminés maintenant à en en vouloir beaucoup plus, et leurs pouvoirs s’étaient déjà hypertrophiés !
Il y a beaucoup à dire, mais avec le recul, je pense et je suis presque certain que la marge de manoeuvre des gouvernements socialistes de l’époque étaient assez restreinte. Leurs volontés et leurs convictions n’étaient évidemment pas à la hauteur,.... mais auraient ils pu faire plus et mieux ? "On"...leur en aurait il laissé l’opportunité ?...j’ai de sérieux doutes !
La France avait elle basculé brusquement en 1981 du Giscardisme petit bourgeois aux idéaux du... Grand Soir ?
Vaste débat que je n’oserais éluder en quelques phrases, comme il y en a eu dans beaucoup de commentaires précédents !
Comment peut on résumer 14 ans d’histoire politique, économique, sociologique, d’un pays etc...et ce en quelques mots, c’est sidérant !
Danielle Mitterrand était une Femme formidable, si les mots ont un sens ce dialogue est à l’image même de ce qu’elle a toujours représenté, de ce qu’elle a voulu être, simplement elle même avec ses idées et ses actes, point.
Pourquoi diable vouloir la mettre en parallèle avec François Mitterrand ?

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