La Russie célèbre actuellement le bicentenaire de la « guerre patriotique » qui vit la défaite de « la grande armée » conduite par Napoléon 1er. Cette guerre d’agression qui se conclut par la défaite retentissante que l’on sait fut le début de la fin de l’Empire napoléonien.
L’agence de presse russe RIA Novosti publie un article passionnant et détaillé sur la création de son service de renseignement à cette occasion. En effet, c’est en se préparant à cette guerre contre Napoléon Bonaparte que Mikhaïl Barclay de Tolly, ministre russe de la Guerre de l’époque, convainc l’empereur Alexandre 1er de créer un service de renseignement. La mission la plus délicate, celle d’agent militaire auprès de l’ambassade russe à Paris, fut confiée à un nommé Alexandre Tchernychev, qui se présentait comme un mondain, amateur de vin et séducteur. Il était apprécié dans les fêtes parisiennes et put soutirer des renseignements utiles à son pays auprès d’hommes et de femmes (y compris, paraît-il, la soeur de Napoléon, Pauline Bonaparte) qu’il rencontrait dans les bals, et, semble-t-il, dans les lits !
En même temps que se construisait ce « service extérieur », à Paris et dans d’autres capitales, était aussi créé un service de contre-espionnage en Russie, chargé d’identifier les espions français et de les « neutraliser », mais aussi un service « d’analyse », chargé d’assembler et de comprendre la masse des renseignements reçus, plus ou moins éparts et partiels.
Ces renseignements contribueront à définir la stratégie de la Russie quand elle eut à faire face à l’agression napoléonienne : retrait des troupes et des populations devant l’ennemi, terre brûlée, actes de guérilla derrière les lignes (c’est un lieutenant-colonel nommé P. Tchouïkevitch qui est chargé de ravager les arrières de la Grande Armée à la tête du premier détachement de guérilla cosaque), puis affrontement au coeur de l’hiver et poursuite de l’ennemi en retraite.
L’article, d’une façon tout à fait étonnante, affirme une continuité très pragmatique entre ce service de renseignement tzariste puis le service de renseignement soviétique, et l’actuel service de renseignement russe. C’est une façon efficace d’affirmer l’expérience accumulée depuis deux cents ans dans ce domaine par le gouvernement russe. Quand il affirme qu’il connaît la situation en Syrie et que l’avion turc a pénétré deux fois dans l’espace aérien syrien, on a des raisons de le croire.
D.R.
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