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Le blues d’une femme arabe

Des monstres au grand jour

illustration : artiste irakien - Ali Najjar, 2011

J’aime la nuit, pour cette sorte de velouté qui l’habite… j’aime la forme avec laquelle l’obscurité parvient à tout envelopper… je préfère ne rien voir… j’aime l’obscurité… je trouve en elle quiétude, sérénité, calme…

La lumière du jour expose tout. Elle montre les imperfections, les cicatrices, la rouille, les déformations, la laideur…

L’obscurité est miséricordieuse, la lumière du jour irrite…

Lorsque naît une chose, quelqu’un, on dit…qu’il voit le jour. Il surgit du canal de l’obscurité, de la sécurité, du confort et la miséricorde, vers un monde en noir et blanc d’abord, en couleur ensuite… mais, les premiers instants, il pleure lorsque ses yeux voient le jour…

Les pleurs sont le signal d’avoir vu le jour…c’est ce qui te différencie, te sépare et te laisse exposé face à l’autre… dans un monde de miroirs et de reflets …

Aujourd’hui, Oh !, la si correcte BBC, a publié un article en passant, comme on dit… en pensant que personne n’y prêterait trop attention… les médias occidentaux sont forts dans la course aux articles… en 2003, ils en ont beaucoup offerts en usant tout pour que le monde en prenne connaissance. Bouts et reliques d’accoutrements du temps de l’Empire… où l’Esprit civilisateur galopait sur les chevaux de Sa Majesté… avec ses grands délires, délires de supériorités politique et morale… délires de grandeur inhérente… délires du sauveur qui sait tout… c’est ce qu’ils disaient à peu près…

Je ne veux plus jamais citer vos noms… étasuniens, britanniques… vos noms ne signifient rien. Je vous appelle Occident…

Ainsi les médias de Sa Majesté [l’Empire, ntd] ont publié un article… sur les malformations congénitales des nouveau-nés en Irak, que ces malformations étaient en hausse de 60% depuis 2003. Une génération ou deux de Frankenstein irakiens… miroirs et reflets. De votre propre laideur et votre propre difformité.

Dix ans sont passés et votre haleine est toujours aussi fétide… Maintenant vous ne cessez de répéter : peut-être, après tout, nous n’aurions pas dû…, nous nous sommes peut-être trompés, nous avons peut-être été maladroits, nous avons peut-être commis des erreurs, nous avons peut-être mal planifié les choses, nous n’aurions peut-être pas du démanteler l’armée, l’État, les technocrates… peut-être, peut-être…

Qui êtes-vous, vous, pour décider, d’entrée, ce qui aurait du être fait en/à l’Irak ?... Qui êtes-vous, vous, pour décider du destin d’une nation souveraine, dans les couloirs de votre CIA et votre MI6 ? En lisant vos arguments dans vos articles de merde, je voudrais vous gifler… aussi fort que je pourrais, de la même manière que l’on claque un nouveau-né lorsqu’il sort de l’utérus… couvert de sang et d’excréments… pour voir le jour…

Couverts de sang et d’excréments… comme à Abu Ghraib, comme dans vos cellules de la liberté du nouvel Irak.

Mission accomplie !

Qui suis-je ?

Un témoin… dans l’obscurité, qui en a assez de vos paroles.

Layla Anwar

Source originale en. : "Monsters in the Light"

Td.es. Sinfo Fernández : "Monstruos a la luz"

Td.fr. Esteban

URL de cet article 20112
   
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Je crois vraiment que là où il y a le choix entre la couardise et la violence, je conseillerais la violence.

MAHATMA GANDHI

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