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C’est officiel : Les États-Unis collaborent avec al-Qaïda

La propagande contre la Syrie exploite la capture d’Idlib par Jabhat al-Nusra et d’autres groupes islamistes. Le ton général est que "Assad est en train de perdre", assorti, contre toute logique, de la demande que les Etats-Unis bombardent les troupes gouvernementales syriennes. Pourquoi cela serait-ce nécessaire si le gouvernement syrien était vraiment en train de perdre le contrôle ?

Le meilleur exemple de ce que je viens de dire, nous est donné par Foreign Policy* de Charles Lister, un analyste du Brookings Doha center financé par des fonds qatariens, mais qui coopère souvent avec l’administration Obama. Son grand titre dit qu’Assad est en train de perdre et l’article parle de l’assaut contre Idlib en termes dithyrambiques. Puis son auteur reconnait que c’est uniquement parce qu’al-Qaïda menait l’assaut que cette petite victoire contre les troupes syriennes, qui battaient en retraite, a été possible.

Il reconnait aussi que les Etats-Unis, qui veulent maintenir l’équilibre entre al-Qaïda et les forces gouvernementales syriennes afin de prolonger le conflit dans l’espoir que les deux camps le perdront, était derrière ce mouvement :

La participation de groupes de l’Armée syrienne libre révèle, en fait, que les soutiens de ces factions ont changé leur fusil d’épaule concernant la coordination avec les islamistes. Plusieurs commandants impliqués dans la direction des opérations récentes à Idlib m’ont confirmé que le centre des opérations sous commandement américain installé au sud de la Turquie et qui coordonne la fourniture d’un appui létal et non létal à des groupes d’opposition triés sur le volet, a contribué à faciliter leur participation à l’opération à partir du début d’avril. Ce centre d’opérations – ainsi qu’un autre en Jordanie qui couvre le sud de la Syrie – semble également avoir considérablement augmenté son niveau d’assistance et de fourniture de renseignements à des groupes triés sur le volet au cours des dernières semaines.

Considérant que ces centres d’opérations multinationaux avaient précédemment exigé que les bénéficiaires de l’aide militaire cessent toute coordination directe avec des groupes comme Jabhat al-Nusra, la dynamique récente à l’œuvre à Idlib semble indiquer que les choses ont changé. Non seulement les livraisons d’armes aux soi-disant "groupes triés sur le volet", ont augmenté mais le centre des opérations a spécifiquement incité à une coopération plus étroite avec les islamistes commandant des opérations de première ligne.

Le centre des opérations dirigé par les États-Unis a encouragé la coopération entre les islamistes de la prétendue Armée syrienne libre et d’al-Qaïda. Un drone étasunien, abattu au-dessus de Lattaquié, en mars, collectait du renseignement pour l’attaque d’al Qaïda sur Idlib. Plus que 600 missiles américains antichars TOW ont été utilisés contre les troupes syriennes au nord de la Syrie. Ils font partie des 14 000 que les Saoudiens avaient commandés à son fournisseur étasunien.

Même si les Etats-Unis, comme c’est aujourd’hui admis, ne vont pas jusqu’à pousser officiellement leurs mercenaires à coopérer avec Jabhat al-Nusra, cette coopération n’a jamais échappé à ceux qui avaient des yeux pour voir :

Au sud de la Syrie [..] des factions qui prétendaient n’avoir rien à voir avec des extrémistes comme Jabhat al-Nusra à la mi-avril, ont été surprises en train de coopérer activement avec ce même groupe à Deraa, quelques jours plus tard seulement.

La réalité est que les mercenaires djihadistes "modérés" de l’Armée libre syrienne que les Etats-Unis soutiennent, équipent et payent directement, sont tout aussi hostiles à d’autres factions que l’affilié d’al Qaïda, Jabhat al-Nusra, et l’État islamique. Ils ne décapitent peut-être pas ceux qu’ils considèrent comme des incroyants mais ils les tuent tout autant.

Pendant que les Etats-Unis alimentent al Qaïda en Syrie, la Turquie prend soin de l’État islamique. Des tonnes de sulfate d’ammonium, qui sert à fabriquer des bombes artisanales posées sur le bord des routes, passent en "contrebande" de la Turquie à l’État islamique au su et au vu des officiels. Des recruteurs turcs incitent les musulmans du peuple Ouïghour ou Turkmène de Chine de l’ouest et du Tadjikistan à émigrer vers l’Etat Islamique. Ils leur donnent des passeports turcs pour qu’ils puissent aller en Turquie d’où ils passent en Syrie et en Irak. Pendant ce temps les Saoudiens bombardent toute la population et toutes les infrastructures du Yémen à l’exception des villes et des zones prises par al-Qaïda dans la péninsule arabe.

Les États-Unis et leurs alliés soutiennent maintenant totalement les djihadistes sunnites violents dans tout le Moyen-Orient, tout en utilisant la "menace d’al-Qaïda" pour semer la peur et réprimer l’opposition dans leurs propres pays.

Charles Lister et les autres propagandistes de l’institut Brookings veulent que les Etats-Unis bombardent la Syrie pour amener le gouvernement d’Assad à la table des négociations. Mais quel est le gouvernement syrien avec lequel il faut négocier ? Al-Quaïda ?

Qui gagnerait si le gouvernement syrien devait vraiment perdre la guerre ou capituler ? Les "rebelles modérés" islamistes, soutenus par les États-Unis, qui n’étaient pas capables de l’emporter sur le gouvernement syrien, prendraient alors la relève et vaincraient al-Qaïda et l’Etat Islamique ?

Qui croit encore aux contes de fée ?

Note :
* https://foreignpolicy.com/2015/05/05/why-assad-is-losing-syria-islamists-saudi/

Traduction : Dominique Muselet

»» http://www.moonofalabama.org/2015/0...
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