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Ces luttes... à bout de souffle !

Soyons honnêtes avec nous-mêmes : nous ne savons plus quoi inventer comme lutte pour nous faire entendre, pour obtenir satisfaction, pour préserver nos acquis sociaux, …

Toute la panoplie des actions que nous ont légués nos prédécesseurs, et que certains conservent pieusement, apparaît comme totalement obsolète, même celles qui pourraient apparaître comme les plus radicales et qui sont devenus des « lieux communs ».

De la manifestation classique, jusqu’à la « retraite, de nuit, aux flambeaux », en passant par la « ronde des obstinés », les pique niques dans les supermarchés, les « cercles de silences », les grèves de la faim, les séquestrations de cadres et de PDG, sans parler des occupations d’usines et d’Universités,… nous finissons d’épuiser notre imagination en vaines trouvailles,… pour rien.

UN CONSTAT DIFFICILE A ADMETTRE

Quand SARKOSY DE NAGY BOCSA, avec tout le mépris, la démagogie et la morgue qui le caractérisent déclare il y a quelques semaines : « Les grèves en France, on ne les remarque même plus », malgré tout ce que l’on peut penser du personnage, il exprime d’une certaine manière la réalité des luttes actuelles. Il nous dit :« De vos grèves, de vos manifestations, de vos pétitions,… je n’en ai rien à foutre »… Et c’est vrai qu’il n’en a rien à foutre… La preuve, c’est que toutes ces manifestations de mécontentements se succèdent,… et rien ne change, le Gouvernement continue comme si de rien n’était.

Ces manifestations n’ont plus aucun impact sur le pouvoir.

Le doute commence à s’insinuer dans les esprits : et si la méthode que nous employons depuis des décennies, n’était plus efficace, un peu comme un vieux couteau, qui en son temps était tranchant, mais qui aujourd’hui ne coupe plus rien !

Si le capital a su s’adapter remarquablement bien pour se valoriser, d’abord au sein de l’état-nation, puis ensuite dans sa phase de mondialisation, les salariés, eux, ont bien peu innové dans leur manière de lutter contre lui pour défendre leurs acquis.

Face à notre faiblesse, à notre impuissance, le gouvernement ne se contente pas de passer outre à notre agitation stérile, au contraire, il passe à l’offensive. Contre les manifestations de jeunes, les occupations de locaux, d’usine il n’hésite pas à envoyer ses escouades de brutes mercenaires, en uniforme et en civils, ses provocateurs et ses mouchards qui vont jusqu’à mutiler, bien sûr en toute impunité, des jeunes, des manifestants.

En effet, il fut une époque pas aussi éloignée ou l’évacuation d’une usine, d’une université était presque impensable, ou tout au moins créait l’évènement… aujourd’hui c’est quasiment tout les jours que cela se produit… sans qu’il y ai une riposte collective à ces agressions.

Les organisations syndicales et politiques font comme si de rien n’était et continuent leurs pratiques dérisoires,… qui organisent des manifestations « traîne savates »,… qui préparent des élections, qui parlent de la « prochaine manif » comme une sortie de week end.

On n’ose pas aujourd’hui s’avouer un tel fiasco, une telle capitulation. On se donne l’apparence du contestataire dans des manifestations carnavalesques où le jeu consiste à comparer le nombre de manifestants que l’on estime à ceux de la police…. Puis à se précipiter devant le poste de télé pour voir la « gueule que l’on avait ».... Et l’on attend la prochaine « manif »…. Dérisoire !

UNE PENSEE FIGEE

An nom d’une fidélité qui tient plus de l’obstination et de la sclérose que de l’analyse politique, les organisations représentatives des salariés n’ont pas changé d’un iota leur mode d’action et se retrouvent aujourd’hui en décalage mortel avec leur adversaire. Non seulement elles ne permettent pas de satisfaire les revendications, mais plus grave, elles sont incapables de préserver les acquis.

A toute manifestation inutile, succède une autre manifestation toujours aussi inutile,… ceci nous conduisant lentement aux vacances, durant lesquelles on prévoit une « rentrée sociale chaude »(?), c’est-à -dire de nouvelles manifestations,… et le cycle reprend, toujours aussi stérile et inefficace.

Et l’on s’étonne que les autorités puissent ironiser sur nos formes de luttes ? Mais ce sont elles qui ont raison,… nous sommes ridicules !

Mais quel bureaucrate politique et/ou syndical osera le reconnaître, l’avouer en public ? Aucun évidemment… Chacun gère sa petite chapelle et ses privilèges dans le « pré carré contestataire » que lui octroi le système en place.

Quand on leur pose la question, ces mêmes organisations se contentent de répondre : « Et alors, que faut-il faire d’autre ? »,… comme si ce n’était pas à elles de faire le constat de leur propre impuissance et de trouver des solutions… d’autant plus que les permanents de ces mêmes organisations sont rémunérés, et souvent grassement, pour cela. Et quand on évoque d’autres types d’action, d’autres stratégies,… elles les déclarent de facto ridicules, irresponsables et utopiques (?).

Une telle attitude en dit long sur ce qu’elles sont et le rôle qu’elles entendent jouer. En fait elles n’ont aucune intention de changer, la situation leur convient parfaitement : gérer ce système en encadrant le mécontentement

Les grands « moralistes » de la « lutte des classes » et autres « gardien de la foi prolétarienne » nous expliquent doctement qu’« il faut faire confiance aux organisations syndicales et partis politiques, « instruments de la démocratie »,… et que l’on n’a pas autre chose pour lutter ». Le problème c’est qu’en fait, on ne lutte plus, on subit, on ne fait que proteste dans un désert.

La pensée politique critique est aujourd’hui sclérosée, elle ne fonde sa légitimité que sur des organisations complètement bureaucratisées et des stratégies d’un autre temps.

Quand on en est réduit, comme c’est le cas aujourd’hui, à faire de la figuration sous prétexte que l’on n’a pas autre chose à faire, que l’on ne sait pas quoi faire d’autre, on a du souci à se faire, non seulement pour nos acquis, mais aussi pour l’avenir.

Le discours radical, dont certains raffolent, dont les éclats se perdent finalement dans les urnes, après avoir fait écho dans les rues et les médias, nous conduisent tout droit à la démission politique.

POUR UN SIECLE DES LUMIERES POLITIQUE

Le renouveau de la pensée politique ne passera pas par les vieilles structures politiquement vermoulues, même si elles sont de création récente (des noms ?).

Ce renouveau politique ne passera pas non plus par le ressassement des vieilles litanies pseudo révolutionnaires qui ont toutes fait faillite au siècle dernier, même si elles sont portées par des icônes vénérées et médiatiquement « porteuses » (des noms ?).

Cette renaissance idéologique ne germera pas dans les vieux grimoires jaunis d’une pensée politique qui, même si elle nous a fait rêver, nous conduit au désastre et à l’impuissance politique.

Ce n’est pas non plus en affrontant les bandes armées du pouvoir, véritable dispositif de guerre civile, bien mieux équipées que nous, que nous sortirons de l’impasse dans laquelle nous sommes.

Le vieux monde ne s’effondrera pas tout seul, et même s’il s’effondrait que mettrions nous à la place ?

Le renouveau de la pensée politique ne peut que se fonder sur des pratiques nouvelles et alternatives qui créditent le fait qu’un « autre monde est possible », qui n’est pour l’instant qu’un mot d’ordre vide de sens.

Réinvestir l’économique et le social doit constituer l’axe essentiel de notre engagement.

Jusqu’à quand allons nous être des marionnettes entre les mains des politiciens et bonzes syndicaux ?

Jusqu’à quand allons nous croire naïvement que le moindre soubresaut social est le début du « grand changement » ?

Jusqu’à quand allons nous nous laisser ballotter d’élections « bidons » en manifestations « traîne savate » ?

Jusqu’à quand allons nous accepter d’être passifs et de ne pas prendre notre avenir en main ?

La réponse, que je n’ai évidemment pas, à ces questions marquera à n’en pas douter le début du changement auquel le plus grand nombre aspire.

Patrick MIGNARD

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