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Chokri Belaïd : un Homme, un projet, un combat

« Nous avançons sur un chemin extrêmement étroit, balisé de plusieurs difficultés : la révolution, c’est simple, l’après-révolution, c’est compliqué », Mohamed Marzouki Président de la République tunisienne.

Chokri Belaid, avocat et grande figure politique en Tunisie, secrétaire général du Parti des Patriotes Démocrates Unifiés (la gauche tunisienne) et dirigeant politique du Front Populaire, et infatigable défenseur des droits humains a été assassiné le 6 février devant son domicile par les mains de l’obscurantisme, avatars de la révolution tunisienne Ce meurtre déclenche alors de nombreuses manifestations dans tout le pays. En signe de protestation contre cet assassinat, les bureaux d’Ennahdha à  Sfax , Monastir, Béja, Gafsa et Gabès sont brûlés et saccagés, les manifestants demandant le départ du Gouvernement Hamadi Jebali ainsi que la Troïka pour leur incompétence

Aissa Hirèche écrit à juste titre : «  Le même scénario que celui que nous vécûmes est en train de prendre forme. En Tunisie la situation évolue brusquement. En mal malheureusement. (…) Encore une fois, c’est le même topo que celui que nous avons vécu. C’est la même haine aveugle qui a frappé ce mercredi chez nos frères tunisiens. Le même scénario que celui que nous vécûmes est en train de prendre forme. D’abord, on fait état de l’existence de certains campements avec armes, ensuite on apprend que des commissariats ont été l’objet d’attaque et puis voilà que les hommes commencent à tomber sous les balles assassines de bourreaux jaillis de la caverne de l’incroyable mépris de l’humain. Et quels hommes ! Exactement les mêmes que chez nous. La première cible de cette haine viscérale incomprise et incompréhensible est ce grand militant défenseur des droits de l’homme, Chokri Belaïd ». (1)

«  Qui ne le connaît pas à travers ses multiples apparitions à la Télévision tunisienne, ces apparitions dont il faisait à chaque fois une véritable plaidoirie pour la défense des valeurs les plus ancrées dans notre société maghrébine, ces valeurs de respect et de dignité qu’il essaie toujours d’ériger en principe certes, mais aussi en repères à construire ensemble, dans la diversité et la considération réciproque. (…) Chaque jour nous pensions que c’était la fin du terrorisme et à chaque victime nous espérions que ce fut la dernière. Fuis par tous, abandonnés par tous, nous faisions l’apprentissage de ce nouveau monstre et il nous fallut de très longues années pour vaincre la bête. Aujourd’hui, nos frères tunisiens savent ce à quoi s’en tenir. Lorsque la haine frappe une fois elle revient plusieurs fois. Elle revient toujours » (1)

Qui est Chokri Belaïd ? :

Chokri Belaïd a étudié le droit en Irak avant de poursuivre des études de troisième cycle en France. Il fut membre de l’Union générale des étudiants de Tunisie En avril 1987, il est détenu pour son activisme politique en milieu universitaire. Il devient avocat défenseur des droits de l’homme En 2008, il dénonce la répression des grèves de Gafsa. Après le départ de Ben Ali il devient membre de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. En mars 2011, il fonde le Mouvement des Patriotes Démocrates.

Son effigie altière enflamme les réseaux sociaux, accompagnée de formules émues. (…) Son visage buriné par les luttes était davantage celui d’un syndicaliste que d’un professionnel du droit, rompu aux arcanes des tribunaux. Chokri Belaïd ne gueulera plus. Il ne plaidera plus dans les procès politiques où il mettait un point d’honneur à défendre les proscrits de tout acabit. (..) Il faisait partie de ces élites de gauche qui s’inscrivaient dans une sorte de « marxisme arabe », mélange de « Che » et de Nasser. Car Chokri Belaïd croyait fermement à un destin arabe. D’aucuns ont relevé, chez nous, que «  Belaïd » avait plutôt une résonance berbère. C’est que Chokri était avant tout un Maghrébin pluriel. Chokri Belaïd était également une figure de proue du Front populaire, coalition de partis de gauche, d’extrême gauche et de « qamwiyine » tunisiens. Tribun fougueux, polémiste impétueux, Chokri Belaïd est connu pour ses positions tranchées à l’égard d’Ennahda et de la Troïka.(…) » (3)

Le recours aux liquidations physiques des opposants constitue le modus operandi de certains milieux, au pouvoir ou dans l’opposition, qui veulent installer le chaos dont ils espèrent tirer les dividendes. (…) Pour avoir vécu cette sombre période jalonnée de meurtres d’hommes politiques, de journalistes, d’artistes et autres intellectuels durant la décennie noire, les Algériens mesurent mieux que quiconque la menace qui pèse désormais sur leurs voisins. L’assassinat de cet opposant de gauche, est incontestablement un grave dérapage de la violence politique en Tunisie. Il y a désormais l’avant et l’après-meurtre de Chokri Belaïd » (4)

Un gouvernement où tout le monde s’accroche au pouvoir

Il est curieux de constater l’addiction au pouvoir aussi bien des islamistes censés s’occuper du «  spirituel » plutôt que du «  temporel » et des «  démocrates » laïcs qui cherchent comme Ben Ali, l’appui des instances externes . «  L’assassinat de l’homme politique Chokri Belaïd le 6 février lit-on dans «  Courrier International » est un indicateur de la mauvaise gouvernance du pays. Une aggravation de la situation est à craindre. C’était dans l’air mais personne ne voulait voir la réalité en face, du moins ceux qui nous gouvernent et qui ont fermé les yeux, sciemment, sur les excès et les abus de toutes les formes possibles de violence imposées à la société tunisienne, aux citoyens, à son histoire et à tous les opposants, quelque soit leur couleur. Aujourd’hui, cet exemple type de meurtre politique démontre que le laxisme et le laisser-aller, que l’on peut assimiler sans risque d’erreur à de la complicité, sont les voies qui ont ouvert le chemin à tous les extrémistes religieux envoyés aux quatre coins de la République - pour transmettre leurs discours haineux, rétrogrades et violents à des jeunes désoeuvrés et gonflés à bloc, armés de slogans manipulateurs et de kalachnikovs » (2).

«  Aujourd’hui poursuit le journaliste, cet assassinat politique lâche et cruel risque d’avoir deux répercussions. Tout d’abord et en ce qui concerne le gouvernement, il est impératif qu’il parte en reconnaissant son échec total dans la gestion des affaires du pays tant sur le plan sécuritaire qu’économique et social. (…) Il est temps de laisser la place à un gouvernement d’union nationale fondé sur un consensus, qui se rapporte à toutes les valeurs de la République et de la société tunisienne que l’on veut jeter dans les ténèbres de l’histoire. C’est là la première condition pour sauver le pays d’un dérapage incontrôlé. La seconde est relative à la nécessité de dissoudre les Ligues de Protection de la révolution [milices islamistes issues des comités de quartier de l’après-Ben Ali] qui ne font, en fait, que protéger Ennahda. (...) La troisième condition consiste dans l’union sacrée de toutes les forces vives et démocratiques du pays, la société civile, toutes les associations, les syndicats principalement l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens, les organisations estudiantines, les intellectuels, les artistes pour se lever comme un seul homme contre cette tentative d’introduire la peur dans les esprits, de terroriser les opposants et finalement de les éliminer. La Tunisie a besoin d’un nouveau gouvernement composé de personnalités compétentes. M. Jebali le premier ministre est considéré comme un modéré dans son parti et comme étant favorable à ce que la Justice et les Affaires étrangères soient sous le contrôle de personnalités apolitques. Les nouvelles élections ne pourront pas avoir lieu avant l’adoption d’une Constitution dont la rédaction est dans l’impasse depuis des mois faute de compromis à la Constituante formée en octobre 2011. La décision d’Hamadi Jebali, le premier ministre islamiste, de dissoudre le gouvernement et de placer des technocrates aux postes à responsabilité arrive trop tard. » explique l’homme d’une soixantaine d’années, au long passé politique. Cette décision d’Hamadi Jebali, a d’ailleurs été refusée, jeudi 7 février, par le chef du groupe parlementaire d’Ennahda, qui contrôle 89 des 217 sièges de l’Assemblée nationale constituante 

Mieux encore, face à cette vague de violence, les réactions des dirigeants d’Ennahda se font rares. Ghannouci a accusé des gens à qui profitent le crime. Car les principaux dirigeants fondateurs, à leur tête Rached Ghannouchi, semblent hésiter dans l’attitude à suivre pour gérer la question de l’islamisme radical. Pour rappel, le chef d’Ennahda avait cherché le dialogue avec les salafistes afin de ne pas retomber dans « l’oppression, la torture, l’emprisonnement » qui caractérisaient le régime de Ben Ali. « Les chasser et les pourchasser ne fera qu’augmenter leur exclusion et radicaliser leur engagement », avait-il ajouté, selon l’AFP. Le leader historique du parti ne veut pas perdre ces troupes si la situation se radicalise . Les salafistes étant parti prenante du projet de société qui tarde toujours à émerger du fait que la Constituante est bloquée

La Tunisie deux ans après Ben Ali

Deux ans après la «  révolution », le taux de chômage est toujours très élevé dans le pays (18 % à l’échelle nationale et près de 50 % dans certaines régions) et le mécontentement est à son comble. (…) Avec un brin de provocation, un homme à la barbe noire reprend : «  On attend que nos frères les salafistes changent les choses. » Beaucoup de jeunes ont aujourd’hui le sentiment que la révolution leur a été confisquée et, avec l’assassinat de Chokri Belaid, la colère semble l’avoir emporté sur l’espoir. Pour Jean-Pierre Filiu spécialiste du monde arabe, : « Les islamistes ont fait passer l’intérêt du parti avant celui de la nation les partis issus des Frères musulmans ont échoué en Tunisie comme en Égypte, car ils ont monopolisé le pouvoir. Les temps sont durs pour les Tunisiens. (…) Les principaux partis ne parviennent pas à trouver un accord sur les institutions de la nouvelle république et les valeurs qui doivent la fonder. La tentative du premier ministre Hamadi Jabali de former un large gouvernement de coalition, ces dernières semaines, a échoué. (…) L’assassinat de Chokri Belaïd, un farouche opposant aux islamistes, témoigne de l’exacerbation des tensions. Ses funérailles, aujourd’hui, seront accompagnées par un mouvement de grève générale lancé par le puissant syndicat UGTT. Elles peuvent déboucher sur un durcissement de la confrontation entre le principal parti islamiste, Ennahda, et les forces de gauche. A l’inverse, une autre voie serait l’union sacrée entre les forces démocrates, qu’elles soient islamistes ou laïques, avec l’objectif de remettre le pays sur les rails. (5)

Pendant ce temps Mohamed Merzouki apitoie les parlementaires européens par son discours qui a suscité dit-on beaucoup d’émotion dans l’assistance, dont une partie a même versé des larmes, à l’image du député vert, Daniel Cohn-Bendit, et le chef de file des conservateurs, Joseph Daul. Le président tunisien qui était aussi attendu au sommet de l’OCI au Caire a annulé sa participation. C’est dire si les soutiens sont de taille et sont autrement plus importants que les 55 chefs d’Etat et de gouvernement musulmans que Monsieur Marzouki a choisi d’ignorer.

Aux dernière nouvelles, selon une dépêche de Reuter Le Premier ministre tunisien, Hamadi Jebali, a réitéré vendredi son intention de constituer un gouvernement de techniciens sans appartenance politique, après l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd, cela malgré l’opposition de sa formation islamiste, Ennahda. «  J’insiste sur ma décision de former un gouvernement de techniciens », a-t-il dit la presse en ajoutant que cela ne nécessiterait pas de demander le feu vert de l’Assemblée nationale constituante. "Ce gouvernement est prêt", a-t-il ajouté sans donner de noms de futurs ministres. L’accord de l’assemblée constituante est à ses yeux inutile car il ne dissoudra pas le gouvernement mais remplacera la totalité de ses membres. Comprenne qui pourra. Ce qui a de sûr c’est que les dizaines de milliers de tunisiennes et de Tunisiens qui ont accompagné Chokri Belaïd à sa dernière demeure se reconnaissant dans son combat et c’est peut être un signe que la lutte continue pour la liberté la démocratie , l’alternance au pouvoir, le vivre ensemble à l’ombre des lois de la République

L’impression du déjà vu et déjà vécu

En apprenant l’assassinat de l’avocat tunisien Chokri Belaïd, nous avons l’impression de vivre un cauchemar et surtout un film d’horreur que nous avons déjà vécu il y a une vingtaine d’années. Il est curieux de constater que le scénario de la terreur est la même. Est-ce une fatalité pour aboutir à la liberté à la démocratie à l’alternance et au vivre ensemble. Entre les positions extrémistes des laïcs musulmans tunisiens installés confortablement en Occident voulant à tout prix être plus royalistes que le roi ils et elles en rajoutent . Elles veulent toute la laïcité voire l’athéisme tapageur, l’alternance la liberté, pour faire comme l’Occident sans substrat endogène . Ces élites du «  Y a qu’à .. » oublient deux choses : la démocratie qui n’interdit de respecter les espérances de chacun- sans en faire un fond de commerce-, est un long combat , «  les démocraties » occidentales ont mis plus d’un siècle pour créer un modus vivendi entre le clergé et l’Etat comme c’est le cas pour la loi de 1905 en France, loi qui ne fut pas facile à mettre en place. La deuxième chose est que s’agissant des pays musulmans depuis des siècles, il y a des équilibres sociologiques invisibles dont la cinétique d’évolution est lente et surtout si elle est parasitée par des interférences externes qui créent le chaos

Pour Antoine Sfeir dont l’horizon indépassable est le modèle français, qui craint justement les parasitages par des dollars sonnant et trébuchants : «  La crise socio-économique [ en Tunisie ] peut néanmoins faire craindre une manne de dollars en provenance du Qatar et d’Arabie-Saoudite, non seulement à destination des partis islamistes et des groupes salafistes, mais également pour rendre les institutions financièrement dépendantes. (…) Aux oiseaux de mauvais augure, faut-il rappeler qu’une révolution ne se fait pas du jour au lendemain, et qu’en Tunisie comme en Égypte, le processus est toujours en marche ? Une telle transformation a besoin de temps pour s’ancrer et toucher à la fois les institutions de l’État et la société entière ; il a fallu à la République française près de deux siècles pour devenir un acquis définitif ». (6)

Nous sommes d’accord avec sa première assertion. Ce que monsieur Sfeir oublie d’ajouter est que justement les interférences externes ,sont aussi, celle d’un Occident qui croit détenir la Vérité, parasitent la recherche d’un vivre ensemble qui n’est pas forcément homothétique du modèle à la française ou à l’Occidental. Il aurait du écrire par honnêteté que l’Occident qu’il encense, s’était très bien accommodé d’un Moubarek ou d’un Ben Ali, Jacques Chirac n’avait-il pas affirmé que Ben Ali était un démocrate et que le premier devoir d’un président est d’assurer le pain à ses citoyens avant la liberté ? Le même Chirac qui dans une boutade dont il a le secret s’exprimait sans rire, «  il faut aider les dictateurs africain , sinon ils ne feraient pas d’élections ». L’Occident ne laissera jamais une révolution endogène réussir. Faut-il rappeler à monsieur Sfeir responsable de cette doxa occidentale que Rachid Ghannouchi le frère musulman était choyé en Angleterre et que l’imam Khomeini a vécu de longues années sous la protection de la France à Neaulphes le Château. De grâce ne nous donnez pas de leçon !

En fait, les lâches assassinats de Chokri Belaïd et de Lotfi Nagdh sont symptomatiques d’un mal profond. La violence politique tunisienne passe tout chose égale par ailleurs par le même itinéraire que celui de l’Algérie pendant la décennie rouge ; Souvenons nous, l’Algérie s’égosillait à perdre la vie pour dénoncer cette plaie du fond des âges, répétant que ce n’est pas cela l’Islam tolérant maghrébin non parasité par les dérives boostés par les roitelets du Golfe. Rien n’y fit ! Il a fallu attendre l’après 2001 pour que l’Algérie soit audible. Les donneurs de leçon qui ont toujours deux fers au feu sont mal placés pour donner des leçons à l’Algérie pour l’attaque de son centre pétrolier de Ain Amenas.

Nous - en Algérie - qui vivons sur un lit de braises mal éteintes savons ce que c’est la recherche vaine d’un projet de société oecuménique du fait justement des donneurs de leçon occidentaux. Nous avons de l’affection pour la Tunisie , sa recherche désespérée d’un vivre ensemble où chaque tunisienne et chaque tunisien pourront donner la pleine mesure de leur talent à l’ombre des loi d’une République qui ne renie rien de son histoire, d’une culture et d’un islam apaisé millénaire qui ne fait pas dans le m’as tu vu, qui n’est pas instrumentable et surtout qui n’est pas un chemin pour arriver au pouvoir autrement que par le savoir la compétence .

Chems Eddine Chitour

1. Aïssa Hireche http://www.lexpressiondz.com/actualite/168615-la-haine-a-frappe.html

2. Lotfi Larguet http://www.courrierinternational.com/article/2013/02/07/le-gouvernement-doit-reconnaitre-son-echec

3. http://www.elwatan.com/international/chokri-belaid-la-voix-qui-derange-08-02-2013-202552_112.php

4. http://www.elwatan.com//international/peur-sur-la-tunisie-07-02-2013-202448_112.php

5. http://www.la-croix.com/Editos/Tunisie.-Un-choix-necessaire-_NG_-2013-02-07-908722

6. http://leplus.nouvelobs.com/contribution/777554-meurtre-de-chokri-belaid-a-qui-le-crime-profite-t-il.html

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COMMENTAIRES  

12/02/2013 21:23 par Hédi

"En mars 2011, il fonde le Mouvement des Patriotes Démocrates."

Petite précision, le mouvement des patriotes démocrates (Appelé en Tunisie El Watad), existe depuis la fin des années 70 (dans la clandestinité), en mars 2011 il a reçu son visa officiel après l’ouverture du champ politique. C’est un mouvement qui a son histoire, très populaire et présent dans les milieux étudiants et syndicaux. Certains de ses militants outre Chokri, sont morts lors des manifestations contre les dictatures, ainsi Fadhel Sassi tué lors des émeutes du pain en 1984.

Pour les ligues de protection de la révolution, elles ne sont pas issues des comités de quartier post-révolution. Ceux-ci se sont auto dissous progressivement à mesure que la situation devenait moins instable dans le pays (peut-être était-ce une erreur). Ces ligues sont apparues en 2012, reprenant cette appellation pour tromper les gens, c’est typique des islamistes et des fascistes en général de jouer sur la confusion des mots. La moitié est composée d’anciens militants du RCD (ancien parti de ben ali dissous) et de militants islamistes extrémistes dont des salafistes.

13/02/2013 02:09 par Fethi GHARBI

Merci cher Chems Eddine Chitour pour ce bel article.
Je veux insister sur un point que vous n’avez pas manqué d’évoquer. La Tunisie est victime de deux fléaux concomitants. Le premier est celui des wahhabites et des frères musulmans alors que le second est cette frange de nostalgiques du colonialisme totalement aplatis face aux valeurs et aux pseudo-valeurs de leurs maitres. Ce sont ces deux minorités agissantes, sorties tout droit du livre de Samuel Huntington qui s’alimentent chacune de la haine qu’elle voue à l’autre et qui risquent de mettre le pays à feu et à sang. "Le choc des civilisations" prend forme mais alors uniquement à l’intérieur du monde arabe et avec des protagonistes arabes.

Laïcs face aux intégristes ! Comme si c’était là les problèmes des tunisiens !

Si Chokri Bellaïd a été assassiné c’est justement parce qu’il défendait le peuple et exposait ses souffrances, c’est aussi parce qu’il mettait à nue toutes les tartufferies et toutes les magouilles qui servent à brader le pays et à instaurer le chaos

13/02/2013 12:22 par Abdelkader Dehbi

« ""[Chokri Belaïd] a été assassiné le 6 février devant son domicile par les mains de l’obscurantisme, avatars de la révolution tunisienne,…"" »

Ce genre d’affirmation est inacceptable quand chacun sait qu’à ce jour, aucune enquête n’a encore déterminé l’identité des auteurs ou des commanditaires.
L’Histoire est émaillée de crimes sous faux pavillon, aussi loin que l’on en remonte le cours.

13/02/2013 14:27 par Safiya

@ Fethi GHARBI

Je me demande même si le second fléau des nostalgiques complexés du colonialisme et "syndromés" de Stockholm n’est pas plus mortifère, si ce n’est pas lui qui "nourrit" l’autre. Il me semble que d’aucuns adhèrent aux thèses du premier fléau par "dégoût" du second...

13/02/2013 16:27 par Fethi GHARBI

@ Abdelkader Dehbi

« aucune enquête n’a encore déterminé l’identité des auteurs ou des commanditaires »

C’est vrai, mais depuis à peu près un an et demi aucune enquête concernant les violences commises par les salafistes et les phalanges d’Ennahdha n’a encore abouti et n’aboutira jamais tant que ces gens seront au pouvoir. Encouragés par le président du mouvement et par plusieurs de ses leadeurs , sans parler des imams fidèles aux frères qui à partir des mosquées appellent au meurtre des mécréants, islamistes et mercenaires bénéficiant d’une totale impunité ne reculent plus devant rien. Le meurtre de Chokri Bellaïd n’est pas un cas isolé, il s’inscrit comme celui de Lotfi Nakdh dans une logique de la terreur. Mais il n y a pas que les meurtres : Universités occupées, bureaux des partis de l’opposition saccagés et brulés, opposants agressés sauvagement pendant les réunions, plus de 40 mausolées soufis saccagés ou incendiés...

Que faudra-t-il de plus pour montrer du doigt un parti qui détient le pouvoir et la violence légale mais qui s’appuie sur des forces parallèles pour apeurer tous ceux qui s’opposent à lui.

Il est cependant fort probable que l’assassinat de Chokri Bellaïd ait été commandité par les stratèges du "chaos arabe" qui agacés par les atermoiements d’Annahdha ont voulu accélérer le processus de décomposition, surtout si on tient compte de ce qui se passe au Mali et qui semble perturber plus ou moins les plans de Qatar et de son suzerain.

Face à tout cela, le tunisien lambda n’en revient pas, il ne comprend pas ce qui lui arrive...L’assassinat abominable de Chokri Bellaïd semble l’avoir sorti de sa léthargie...

13/02/2013 16:33 par Fethi GHARBI

@ Safiya

Comme vous dites si bien les choses et en si peu de mots.

13/02/2013 22:10 par Anonyme

A monsieur Fethi Gherbi
Au delà des remerciements nous devons être vigilants pour éviter les récupérations, et surtout le renoncement voire la complaisance et l’indulgence. Nos pays doivent se battre pour retrouver leur sérénité, encore une fois sans rien renier de leur identité

à A monsieur Abdelkader Dehbi.
Vous parlez de faux pavillon . Cela occurre souvent mais les choses me sembles limpides, il y a eu précédent en octobre , Il y a meurtre, il y a préméditation, il y a choix de la victime. Combien de meurtres de ce types en Algérie n’ont pas été élucidés ! Peut on passer cela par perte et profit ? Prenons date avec l’histoire, si par miracle l’enquête aboutit.
Ceci étant dit, je ne connais pas votre avis sur les idées développées.

Pr.C.E. Chitour

14/02/2013 11:17 par Abdelkader Dehbi

M. le Pr C-E Chitour :
« 
""[Chokri Belaïd] a été assassiné le 6 février devant son domicile par les mains de l’obscurantisme, avatars de la révolution tunisienne,…""
………………………………………………
"""Pour avoir vécu cette sombre période jalonnée de meurtres d’hommes politiques, de journalistes, d’artistes et autres intellectuels durant la décennie noire, les Algériens mesurent mieux que quiconque la menace qui pèse désormais sur leurs voisins""" »
......................................................................

C’est cette propension à la double grille de lecture des évènements que je vous reproche M. C-E Chitour : Vous n’hésitez pas à accuser les mains de l’"obscurantisme", s’agissant de l’assassinat du défunt leader politique M. Chokri Belaïd, mais vous évitez de préciser la véritable identité de ceux qui tuaient sous faux pavillon…

1.- Les violences sous faux pavillon ont été une tactique meurtrière utilisée par les généraux "daf" putschistes, protégés de la France, qui exercent toujours, l’essentiel du pouvoir, derrière la façade civile d’un M. Bouteflika physiquement et psychiquement diminué par l’âge et la maladie ; une maladie dont - au passage - seuls les médecins du Val de Grâce connaissent les secrets… C’est dire si la confiance règne entre les deux partenaires du régime, aussi criminels et corrompus les uns que les autres.
Ce n’est pas à un homme comme vous que je vais rappeler, ni les assassinats d’intellectuels et de journalistes, ni les massacres de masse de Raïs, de Bentalha, de Béni-Messous et autres Relizane…

2. - Pour ce qui est de mon point de vue sur le fond, que vous me suggérez d’exprimer, je préfère m’abstenir de formuler des jugements sur la base d’axiomes, c’est-à -dire de fausses prémisses ; j’ai la faiblesse d’être un passionné de Gottlob Frege, entre autres grands logiciens. Cela étant précisé, je dois vous dire que le parti Ennahda serait le dernier parti politique à "bénéficier" de cet assassinat politique odieux, qu’aucun homme digne de ce nom ne peut accepter.

3. - Par ailleurs, je connais personnellement le Dr Rachad Ghannouchi depuis que je l’ai rencontré entre 1989 et 1991 à Alger où il s’était réfugié et où j’ai eu plaisir à le recevoir plusieurs fois dans ma famille, avant qu’il ne soit prié de quitter le pays ; je puis vous dire que cet homme de culture est d’un grand humanisme et d’une grande probité morale qui le mettent, intuitu personæ, bien au-dessus des accusations.

14/02/2013 14:05 par Fethi GHARBI

@ Abdelkader Dehbi

Même si j’ai l’air de jouer à l’intrus dans vos échanges avec Chitour et même si j’adhère à votre thèse mettant dans le même sac intégristes et généraux pendant la guerre fratricide dans l’Algérie des années 90, je vous demande d’éclairer ma lanterne quant aux agissements du mouvement Annahdha pendant les années 80 et pendant ces deux dernières années.

Vous nous parlez d’un Ghannouchi que vous avez rencontré il y a trente ans !

Vous ne le savez pas peut-être, mais c’est juste avant d’avoir fui la Tunisie pendant les années 80 que sous ses ordres des jeunes fanatiques aspergeaient et défiguraient des gens à coup de bouteilles d’acide chlorhydrique...

Aujourd’hui, il faut vivre en Tunisie pour pouvoir mesurer à quel point les agissements et les discours de ce monsieur ont presque complètement détruit l’état et instauré le chaos dans un pays où une bonne partie de la population est tellement apeurée qu’elle rêve du retour de l’ancien dictateur. Dans mon précédent com’ j’ai énuméré quelques uns des exploits des salafistes et des mercenaires aux ordres d’Annahdha, mais la situation est bien pire...

En face, les ex.RCD constituent un mal de plus qui ajoute au déchirement du pays...

Les uns et les autres sont les ennemis du peuple tunisien

17/02/2013 20:17 par Les Pacifistes de Tunis

[DEMANDE DE PUBLICATION POUR EQUILIBRER LE TRAITEMENT DE CETTE AFFAIRE]

Mr le Chef de la Rédaction du Grand Soir,

C’est avec étonnement que nous avons découvert un récent hommage à Chokri Belaïd publié par Le Grand Soir [1 et 2]. En effet, nous sommes dans une situation quelque peu similaire à celle des articles bourrés de mensonges (y compris, certains copiés-et-collés d’Al-Jazeera) de René Naba (ex-dir. Du service du monde musulman à l’AFP) ou de Thierry Meyssan avec ses « hommages » cyniques à Gaddafi [3 à 5].

Gillaume de Rouville montrait bien l’efficacité de l’atlantisme dans la vie quotidienne et sa banalisation : « Dans chacun de ces cas, les médias cautionnent les explications officielles, leur donnent force et crédibilité, mettent en avant des intentions humanitaires, alors même qu’elles recouvrent des crimes qui devraient soulever notre indignation et aboutir à la mise en cause judiciaire et politique de leurs principaux responsables »[6]. Pourtant, ce dernier mentionnait les médias classiques (ceux du Système).

Ainsi, la consigne « Restons vigilants » s’applique-t-elle également aux experts « anti-impérialistes » les plus insoupçonnés. Nous avons soumis pour publication un article sur Chokri Belaïd [7].

Pour l’équilibre dans votre traitement de l’information, et en comprenant que votre équipe doit faire face à un flot immense d’informations et que ses membres peuvent être parfois déroutés par la complexité de la situation, nous vous invitons à le publier à votre tour sur votre site. D’avance, merci pour votre collaboration.

Sincères salutations,

Les Pacifistes de Tunis

Sources :

1. Chokri Belaïd : Un Homme, un projet, un combat. Par Chems Eddine Chitour, 12 fév. 2013

http://www.legrandsoir.info/chokri-belaid-un-homme-un-projet-un-combat.html

2. Chokri Belaïd : Un Homme, un projet, un combat. Par Chems Eddine Chitour, 10 fév. 2013

http://www.mondialisation.ca/chokri-belaid-un-homme-un-projet-un-combat/5322471

3. René Naba mis à nu derrière son « portrait total » de Kadhafi. Les Pacifistes de Tunis, 23 janvier 2012.

http://albared.org/node/210

4. L’effroyable imposture libyenne de Thierry Meyssan, fossoyeur de l’anti-impérialisme. Les Pacifistes de Tunis, 22 juin 2012

http://www.mathaba.net/news/?x=630673

5. Réponse à la plaidoirie en faveur de l’imposteur Thierry Meyssan en Libye. Les Pacifistes de Tunis, 3 août 2012.

http://www.mathaba.net/news/?x=630992

6. L’Atlantisme est un totalitarisme (le combattre est un humanisme). Par Guillaume de Rouville, 13 octobre 2012

http://www.legrandsoir.info/l-atlantisme-est-un-totalitarisme.html

7. Nous, Tunisiens, pacifistes et indignés, n’oublierons jamais Chokri Belaïd et son parti « anti-impérialiste ». 17 fév. 2013 (pré-publication)

http://pub.mathaba.net/2013/02/16/nous-tunisiens-pacifistes-et-indignes-noublierons-jamais-chokri-belaid-et-son-parti/


Les Pacifistes de Tunis
http://www.mathaba.net/authors/pacifistes/

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