NICARAGUA : certains intellectuels. un article de FERNANDO BOSSI ROJAS publié dans insurgente.org et dont nous reproduisons la traduction ci-dessous.
Malgré des "arguments" et des tournures qui nous ramènent aux années 30 du siècle précédent, on peut comprendre la rage de l’auteur devant les nombreuses voix de gauche qui apportent de l’eau au moulin des médias dominants ou plutôt rajoutent de l’huile sur le feu dans un moment si dangereux pour l’avenir de la région.
Le FSLN n’aurait plus d’appui populaire, le couple Ortega-Murillo est désavoué : quelques images du 19 juillet ici. émouvant le moment où ortega égrène la liste de policiers ayant perdu la vie lors des manifestations pacifiques de l’opposition depuis 3 mois. (c’est rare que dans une dictature on compte les morts dans les rangs des forces de l’ordre.)
bon la traduction de l’article :
FERNANDO BOSSI ROJAS. Nicaragua et certains intellectuels
24/07/2018
Il est évident qu’un secteur de l’intelligentsia dite de gauche comprend peu ou rien de la réalité caribéenne latino-américaine, ses luttes historiques, ses tentatives d’unité, condition sine qua non pour pouvoir parler d’indépendance ou de socialisme.
De leur chaire dorée, ils croient qu’ils ont l’autorité pour absoudre ou condamner tout processus révolutionnaire sur la planète. Avec une ignorance parfois limitée par de mauvaises intentions, ces personnages croient jouir d’un privilège que personne - sauf peu-être les secteurs dominants - ne leur a attribué.
Dès que des processus révolutionnaires apparaissent, dans les moments de luttes de masse et de triomphes populaires, ces individus apparaissent de tous côtés, annonçant qu’ils avaient déjà prédit ce qui allait se passer. Sans même rougir, ils soutiennent les gouvernements révolutionnaires, montrant bien qu’ils ont eu une influence déterminante sur les événements, qu’ils peuvent jouer un rôle stellaire de conseil et d’orientation (cas de Heinz Dieterich, par exemple). Puis, lorsque le processus révolutionnaire trébuche un tant soit peu - ce qui est inévitable dans tout processus véritablement révolutionnaire - ces opportunistes commencent à prendre leurs distances.
Dans le cas actuel du Nicaragua, des intellectuels sont apparus avec un comportement pathétique. Lorsque le pays frère est violemment harcelé par l’impérialisme et ses alliés autochtones, lorsqu’un coup d’État financé par les États-Unis est tenté, ceux-ci, confortablement assis dans leurs fauteuils, apparaissent pour se déchaîner contre la "dictature d’Ortega-Murillo".
Une remarque aussi fondamentale qu’élémentaire : à qui profiterait aujourd’hui la chute du gouvernement sandiniste ? Au peuple nicaraguayen ? A l’ALBA ? Au Venezuela ? A Cuba ? A la démocratie ? Aux droits de l’homme ? Bien au contraire, nous savons tous quelle est la réponse, puisque les principaux bénéficiaires seraient aujourd’hui l’impérialisme américain, l’oligarchie nicaraguayenne et toutes les oligarchies de la région.
Cette donnée, pourtant bien simple ne semble pas avoir d’importance pour ces intellectuels du monde académique ; ne soupçonnent-ils à aucun moment que leurs positions coïncident avec celles qu’ils considèrent eux-mêmes comme des forces de la réaction ; ou bien est-ce que pour eux l’apparence est plus importante que le fond, la forme que le contenu ?
D’où sortent_ils leurs informations pour affirmer ce qu’ils affirment ? Des médias de droite ? De leurs amis personnels qui puisque s’ils sont leurs amis, ont le don de vérité dans leurs paroles ? Sont-ils si naïfs qu’ils achètent sans barguigner les ordures médiatiques sans trop d’objection ?
Certains de ces intellectuels, qui ont soutenu hier le gouvernement bolivarien lorsqu’il a été attaqué par les mêmes personnes qui attaquent maintenant le Nicaragua, ne peuvent pas comprendre que c’est la même action déstabilisatrice promue par l’impérialisme américain. Ils ne peuvent pas comprendre ou ne veulent pas comprendre ?
Se pourrait-il que les chants de sirène des "intellectuels sérieux" (Cardenal, Baltodano, Ramírez, Vargas, entre autres) les aient ébranlés ? Quel genre de chercheurs sont-ils si leurs sources sont si précaires et intéressées ?
D’autre part, nous devons également souligner le travail effectué avec une grande capacité intellectuelle et d’investigation par nos collègues Stella Calloni, Stephen Sefton, Carlos Fonseca Terán et Jorge Capelán, parmi beaucoup d’autres vrais intellectuels au service du peuple et de la vérité.
Le coupable n’est pas le cochon mais celui qui le nourrit.
En fin de compte, ces intellectuels accommodants sont simplement des intellectuels, et on ne devrait pas leur accorder plus d’importance qu’ils n’en ont réellement. Les intellectuels sont des personnes qui, dans de nombreux cas, contribuent au progrès de l’humanité et, dans d’autres cas, ne sont que de simples " leaders d’opinion professionnels ", surévalués sur le marché du charlatanisme.
Le problème réside dans le militantisme populaire, dans les organisations révolutionnaires, qui placent souvent ces intellectuels comme conseillers, penseurs infaillibles, enseignants, guides. Les dirigeants des peuples ne sont pas nécessairement des intellectuels au sens commun du terme, bien que les deux attributs soient souvent présents, comme dans le cas de Fidel et Chávez, Lénine et Mao par exemple.
L’intellectuel de gauche doit alors être au service de la cause du peuple, engagé, être le protagoniste des luttes populaires, et non un simple spectateur ; contribuer quand il doit contribuer sur la base de ses recherches, ou se taire, ce qui est souvent plus sage que d’exprimer des absurdités.
Mao a dit : "Si vous n’avez pas étudié un problème, vous n’avez pas le droit d’exprimer une opinion sur ce problème. Un peu brutal ? Non, pas le moins du monde. Puisque celui qui n’a pas enquêté sur l’état actuel du problème ou ses antécédents, et ignore son essence, toute opinion qu’il exprime sur la question ne sera que bêtise.... Il y en a beaucoup qui, dès qu’ils sortent de leurs carosses, commencent à crier, à lancer des opinions, à critiquer ceci et à censurer cela ; mais, en fait, ils échouent tous sans exception, parce que leurs commentaires ou critiques, qui ne sont pas basés sur une enquête approfondie, ne sont rien d’autre que des bavardages".
Les révolutions n’ont pas besoin de ces intellectuels d’ONG. Les révolutions ont besoin d’hommes et de femmes engagés, d’ouvriers et d’intellectuels, qui luttent pour surmonter les obstacles, qui sont prêts à assumer les transformations dans le calme comme dans la tempête, avec un esprit critique et autocritique, qui sont capables d’avancer et de reculer, mais toujours prêts à approfondir la révolution face aux assauts de l’ennemi.
Je ne m’étonne pas du tout des positions d’Alberto Acosta, Pablo Solom ou Edgardo Lander par exemple sur le Nicaragua, détracteurs de Rafael Correa, Evo Morales et Nicolás Maduro respectivement ; mais je suis frappé par le cas du chilien Manuel Cabieses, un peu moins dans le cas du portugais Boaventura de Sousa Santos. D’autres suivent le même chemin qu’ils ont toujours suivi : attaquer les gouvernements populaires par la "gauche" quand ils traversent des difficultés.
Nous avons déjà eu le cas de la Libye, où toute une meute "de gauche" réclamait à grands cris le renversement du colonel Kadafi, faisant le jeu de l’OTAN et avec les conséquences que nous connaissons tous aujourd’hui : que disent Alba Rico ou Tarek Ali à ce sujet maintenant ? Comme on dit en Argentine, on joue les idiots, on regarde ailleurs.
Les forces révolutionnaires doivent prendre note, savoir où sont les amis et où se trouvent ceux qui font semblant. Nous aussi, nous sommes parfois responsables de donner de l’importance à ceux qui ne le méritent pas. Comme Jésus l’a dit, savoir séparer le grain de l’ivraie.
Traduit avec l’aide de www.DeepL.com/Translator découvert depuis peu et vraiment très bon.