RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Comment coller des centaines de milliers d’affiches en quelques heures.

En quelques heures ? Oui, et dans tout un pays, quelle que soit sa superficie.

Je vois se dresser les oreilles et les sourcils d’une multitude d’associations locales, de créateurs d’événements culturels à la salle des fêtes, d’organisateurs de kermesses des écoles et de lotos des chasseurs. Et ne disons rien des militants de partis de la gauche de la gauche qui sautent déjà au plafond.

Ils vont tous découvrir ici que c’est possible et que ça peut même rapporter de l’argent.

Il s’agit d’un système nouveau inventé au Venezuela ou, plus exactement ; en usage ailleurs, mais dans l’amateurisme. Ici il a été extraordinairement perfectionné et des innovations techniques permettent même aux affiches de tenir sans colle. Mieux, il est impossible à l’ennemi de classe (pour qui la liberté d’expression est une rigolade) des les arracher, de les maculer, d’y dessiner des moustaches qui font rire le passant alors qu’il s’agit de le faire réfléchir. Or, rire en réfléchissant est une des nombreuses fonctions que nous ne pouvons exercer en simultané. D’où l’importance de pouvoir garder chaque affiche intacte avec son message figé dans tout le sérieux de sa lisibilité initiale.

Donc, des centaines de milliers d’affiches, partout, à durée de vie suffisante et (ce point n’est pas sans importance) dans les endroits les plus passants. Oui, parce que, les affiches gluantes collées sur les palissades de chantiers, sur les murs lépreux de zones industrielles, sous les ponts d’autoroutes et sur les lampadaires dont elle font le tour, franchement, ce n’est pas le top.

Donc, grâce à ce procédé vénézuélien moderne, il est facile, par un moindre effort, de s’adresser simultanément à des centaines de milliers (à des millions même, sans exagération) de cibles potentielles.

Au fait ! Au fait !, dites-vous en trépignant.

La recette :

Prenez un pays révolutionnaire (cet ingrédient est indispensable), saupoudrez d’un coup d’Etat (golpe) militaire bien assaisonné avec un mélange de dollars US et de syndicat patronal, ajoutez un golpe pétrolier, un golpe économique, un golpe financier et remuez bien en vous pinçant le nez (cette odeur !). Vous obtenez un mélange dont la couleur et le fumet sont ceux du jus de chaussettes du général Francisco Franco et de l’âme du général Augusto Pinochet.

Versez le tout dans une casserole "Partis de droite". Si, dans un geste mécanique, vous avez ajouté quelques pincées d’épices "Elections", la casserole se dissout et vous devez alors agir vite pour sauver la préparation nauséabonde. Il est urgent en effet d’arroser avec un liant salvateur : le "golpe médiatique" qui peut vous redonner une chance de récupérer votre saloperie tropicale. Sinon, elle va sinistrer la nappe, sauf si vous avez eu le précaution de la protéger avec quelques exemplaires du Monde et de Libération qui vont absorber la brune mixture sans que soit notablement modifiés leur texture et leur arôme (1).

Où se procurer l’ingrédient "Golpe médiatique" ? On en trouve un peu partout dans le monde, en France aussi, mais aucun n’égale en qualité celui du Venezuela. De quoi est-il constitué ? D’une substance visqueuse appelée "Quotidiens patronaux". Ici, ils remplacent avantageusement la casserole "Partis de droite" fondue et inutilisable.

Où se procurer ce providentiel ingrédient ? Dans tous les kiosques de la République bolivarienne du Venezuela où il est exposé en millions d’exemplaires. Il résiste au soleil grâce à un mélange préalable en usine avec les autres assaisonnements qu’il va utilement compléter.

Goebbels rêvait d’un tel affichage, la bourgeoisie de ce pays l’a fait.

Quant aux militants français de partis de la gauche de la gauche, d’associations locales, aux créateurs d’événements culturels à la salle des fêtes, aux organisateurs de kermesses des écoles et de lotos des chasseurs qui voudraient faire connaître leurs initiatives qu’ils n’oublient aucun des produits. 5 golpes : militaro-patronal, pétrolier, économique, financier, médiatique. Aucun ne révulse les estomacs démocrates, sinon David Pujadas (2) et ses honorables confrères nous l’auraient dit.

Maxime Vivas.
Décembre 2009, Caracas,Venezuela.

(1) «  Hugo Chávez augmente de 638 % le budget présidentiel du Venezuela », titre Le Monde du 26 octobre 2009. Libération.fr, du même jour titre : «  Aló, presidente ? Votre budget est en hausse de 638%" . Les deux se livrent à une analyse détaillée et particulièrement pointilleuse du budget de la présidence, épluchant jusqu’aux notes de blanchisserie, mais en passant sous silence une information capitale : en vue de garantir l’optimisation de l’exécution des missions sociales, leurs dépenses en sont désormais imputées au budget de la présidence. En clair, il y a réaffectation de crédits imputés sur d’autres ministères lors des années précédentes, lesquels verront leur budget abondé ensuite par cet argent par des procédures qui faciliteront le contrôle de son usage.
Ainsi, une mesure visant à mieux contrôler l’argent public est présentée par nos deux quotidiens comme une dilapidation éhontée. Le Monde indique que ses sources sont le quotidien vénézuélien d’opposition, El Nacional (qui participa activement au coup d’Etat d’avril 2002). Or, ce quotidien indiquait en détail le système de réaffectation des fonds nouveaux alloués à la présidence et précisait même, lui, qu’il s’agissait d’entretenir "une meilleure coordination de l’exécution et du contrôle des missions" (source : Acrimed).

(2) David Pujadas, est ce présentateur vedette du journal télévisé de 20 heures sur la chaîne publique France 2, prêt à tomber amoureux de la République bolivarienne du Venezuela dès qu’elle aura changé de président, de politique, de nom et éventuellement de peuple.

URL de cet article 9582
  

Même Auteur
« Marine Le Pen amène le pire » (*)
Maxime VIVAS, Frédéric VIVAS
(*) Anagramme imparfaite cueillie sur Internet. Ce livre (publié par les éditions Golias) est une compilation de documents révélateurs de l’analogie entre le FN d’hier et celui d’aujourd’hui. Y sont démontrées la difficulté pour Marine Le Pen, malgré les habiletés tribuniciennes, à se dépouiller des oripeaux paternels les plus exécrables, la distorsion entre le discours du FN ripoliné et son programme, entre son programme et ses objectifs. Sont mis en relief le fiasco du FN dans les villes qu’il a (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

Karl Marx

La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.