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Crise systémique : les solutions (n°1 : l’euro)

L’économie mondiale est entrée dans ce que je nomme la phase II. En effet, la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008 avait déclenché le début de la plus grande crise économique de l’histoire humaine. Or, les gouvernements ont réagi en injectant des milliers de milliards de dollars ce qui a eu pour conséquence de ralentir pour quelques mois les effets destructeurs d’une crise systémique colossale.

Il ne manque plus que la défaillance d’une entreprise majeure (constructeurs automobiles US ou Citigroup par exemple) pour déclencher un tsunami qui sera autrement plus violent qu’en septembre. Celà se produira bientôt.

En effet, la plupart des états sont en faillite (USA, Royaume-Uni, France, etc) ce qui peut être illustré par cette phrase du gouverneur de la banque centrale de Lettonie : « L’économie lettone est en état de mort clinique et nous n’avons que trois ou quatre minutes pour la ranimer. » (Figaro du 2 février).

Pour les USA le WorldNetDaily (mercredi 28 janvier) annonçait que « La Californie ne sera plus en mesure de régler ses factures à partir du 1er février. » ce que j’avais annoncé en septembre 2008.

Quant à notre pays, l’économiste Jean-Christophe Mounicq a déclaré le 10 février 2009 sur Reichman TV :"Beaucoup d’Etats, dont la France, vont faire faillite !"

Nombreux sont ceux qui croient à la fin des Etats-Unis et du système capitaliste actuel et tous les spécialistes s’accordent aujourd’hui pour souligner la gravité de la situation mais personne ne donne de réponses pour en sortir. Il existe pourtant des solutions et, je vais ici analyser celles qui vont nous être proposées et qui ne résoudront pas le problème de fond.

I. L’Euro.

Le quotidien britannique The Daily Telegraph (12 février) affirme avoir consulté un document confidentiel de la Commission européenne qui évalue le montant total des « actifs toxiques » des banques européennes à 18000 milliards d’euros ! L’économiste et anthropologue Paul Jorion, visionnaire (il a été un des premiers à prédire la crise actuelle), avait d’ailleurs déclaré sur son blog, le 11 février 2009 :« Les pertes causées par les bulles financières quand elles éclatent dépassent désormais en taille la capacité d’absorption des États et le monde découvre les conséquences à long terme de la privatisation des profits alors que l’issue de secours si pratique autrefois de la collectivisation des pertes a disparu de l’horizon des possibles. »

D’ailleurs, il convient de mettre l’accent sur une information que peu de médias ont relayée : l’Allemagne qui désirait lever (emprunts d’Etat à 10 ans) mercredi 11 février, 6 milliards d’euros, n"a reçu des investisseurs que 4,2 milliards. N’oublions pas que ces emprunts sont la source de financement de son plan de relance.

Stephen Jen (Morgan Stanley ) a ainsi déclaré récemment : « Le statut de l’euro comme monnaie de réserve internationale est remis en cause . »

The Daily Telegraph va plus loin et fait une déclaration fracassante : « Les ministres et les autorités de l’UE craignent que le gouffre qui se creuse puisse engendrer une spirale vicieuse capable d’emporter aussi bien l’euro que l’UE elle-même. »

De nombreux économistes mettent actuellement l’accent sur les dangers planant sur l’euro. Je rappelle que la BCE n’émet pas l’Euro. Ce sont les banques centrales nationales qui émettent la monnaie. Elles contrôlent donc leur dette nationale. Le système de l’euro est en effet instable (surtout en période de crise) à cause des divergences économiques au sein des différents pays de l’union européenne.

Le 3 février, l’économiste Jean Claude Werrebrouck dans son article (contreinfo) a brillamment résumé la situation :

« La solution serait, en Europe, de contourner la très dangereuse divergence croissante des taux d’intérêt sur la dette souveraine en mutualisant les risques. Ce contournement suppose la création d’une agence commune d’émission faisant disparaître les « spreads ». Mais cela suppose des stratégies de coopération interétatiques aboutissants à des règles contraignantes pour les Etats menacés de dépôt de bilan. »

A vrai dire, cette idée n’est pas nouvelle et l’on peut d’ailleurs remonter à Erik Robert Lindahl qui parlait dejà d’un trésor européen en 1930 et, en 1989, Carlo Ciampi (banquier et 10ème président de la République Italienne) avait fait une proposition qui désirait donner le monopole de l’émission de l’euro à la BCE (proposition Ciampi).
Le rapport Lamfalussy (2004) avait été plus précis et démontrait la nécessité d’un régulateur unique. Un article récent de Bruegel (think tank oeuvrant pour le développement économique de l’europe) parle ainsi de la création d’un régulateur financier unique en Europe.

Or, l’urgence de la situation nous oblige à créer une « structure de défaisance » nous permettant de racheter les créances douteuses ce qui est pour le moment impossible car nous ne possédons pas un trésor européen. Ceci est confirmé par Anton Brender, chef économiste de la banque Dexia : « Il faut quelqu’un qui achète les dettes, or, même à l’échelle de la zone euro, il n’existe pas de Trésor commun. Voilà toute l’ambiguïté de l’Union monétaire européenne. Elle est dotée d’une même monnaie, mais la Banque centrale européenne ne dispose d’aucune autorité en matière prudentielle vis-à -vis des banques ». Source : Le Figaro.fr du 24 09 08. Plus récemment, l’économiste Michel Aglietta a démontré que le système de l’euro était fragile car il ne pouvait pas (contrairement à la FED) se positionner comme prêteur central en dernier ressort car la BCE n’émettait pas l’euro et possédait peu de fonds propres.

Pourtant, la mise en place de ce trésor européen a toujours été perçue comme politiquement irréalisable. M. Maurice Blin avait ainsi souligné l’impossibilité de créer une autorité internationale unique, chargée de la régulation financière. Source : Bienvenue au Sénat (rapport d’information du mercredi 22 mars 2000).

Mais, peu à peu, l’ampleur de la crise a modifié les points de vue. Ainsi, Christian de Boissieu, Professeur d’économie à l’Université de Paris I et Président du Conseil d’Analyse économique auprès du Premier Ministre a ainsi déclaré :

« Du point de vue de la gouvernance, cette crise est apparue comme un nouveau défi pour une Europe en manque d’institutions politiques. » Nicolas Sarkozy a par ailleurs, devant le Parlement de Strasbourg, appelé, « à la lumière de la crise financière », à la création d’un "gouvernement économique clairement identifié" dans la zone euro, travaillant aux côtés de la Banque centrale européenne. Source : Le Point.fr (21/10/2008).

Nous le voyons donc, contrairement à ce que pensent certains, l’Europe sortira renforcée par cette crise car elle se dotera d’une BCE renforcée ayant le monopole de l’émission de l’euro, de fonds propres (création d’un impôt européen), d’un trésor européen, d’un « gouvernement économique » mais surtout s’élargira.

En effet, les pays indépendants comme le Royaume-Uni et la Suisse n’auront pas d’autres choix que d’intégrer la zone euro.

Jean-Pierre Jouyet directeur du Trésor au ministère des finances (de 2000 à 2004) a d’ailleurs affirmé le 21 octobre 2008 :

« Soit la Grande-Bretagne reste à côté et la zone euro avancera, avec un maximum de coopération avec les Britanniques. Soit, lorsque les conditions seront réunies, elle rejoindra la zone euro. Celle-ci en serait alors plus forte pour affronter les défis de la régulation économique et financière. »

Les conditions sont aujourd’hui réunies car le Royaume-Uni est ruiné et sa devise s’effondre de jour en jour.

Quant à la Suisse, l’on peut résumer son problème à une expression « too big to save » car UBS et Crédit Suisse, ses deux principales banques possèdent des bilans de 3000 milliards de dollars soit 10 fois le PIB du pays. L’euro sera là aussi la seule planche de salut. Je n’aborde même pas le problème de l’Irlande qui a littéralement « un revolver sur la tempe » et ratifiera le traité de Lisbonne pour s’en sortir.

Voilà , les adeptes de la « démondialisation » seront déçus ainsi que ceux qui pensaient pouvoir profiter de la crise pour changer ce système. Dans mon prochain article (N°2) je démontrerai de façon précise comment les autres pays seront obligés de s’intégrer dans des pôles continentaux (North American Union pour les USA par exemple) et surtout comment, face à la dislocation du système monétaire actuel, sera créée la nouvelle monnaie globale qui sera totalement déconnectée des états-nations.

Il reste cependant quelques esprits brillants comme Paul Jorion qui ont compris que cette crise est le révélateur de problèmes structurels plus importants. Il va falloir ainsi s’interroger sur notre système économique basé sur la consommation à partir de dettes qui détruit notre planète et l’humanité qui est en nous.

La grande crise actuelle est surtout celle de l’esprit, une faillite intellectuelle majeure car nous sommes face à des problèmes (surpopulation, pollution, problèmes de l’eau, captation des richesses par quelques « seigneurs financiers ») que seule « une constitution pour l’économie » qui implique des changements radicaux pourra résoudre.
La sagesse des anciens peut nous éclairer, comme cette phrase de Sitting Bull, grand chef des sioux :

"Après que le dernier arbre aura été coupé, après que la dernière rivière aura été empoisonnée, après que le dernier poisson aura été attrapé, alors seulement vous vous rendrez compte que l’argent ne peut être mangé."

Gilles Bonafi

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