Déméter, la cellule de la gendarmerie qui surveille les opposants à l’agriculture productiviste

Le ministère de l’Intérieur a créé Demeter, une cellule de renseignement vouée aux « atteintes au monde agricole ». Ce dispositif policier et judiciaire risque de servir à surveiller militants animalistes et écologistes opposés à l’agriculture industrielle.

La photo fait sourire. Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, avec un porcelet dans les bras. C’était le 13 décembre 2019, dans le Finistère. Le ministre était venu visiter deux élevages et présenter la création de la toute nouvelle cellule de la Gendarmerie nationale vouée à la « protection » des agriculteurs, et nommée d’après la déesse grecque des moissons, Déméter. À ses côtés se trouvait le directeur général de la Gendarmerie nationale, mais également Christiane Lambert, présidente du syndicat agricole majoritaire, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Reprenant à son compte le discours du syndicat, le ministre a dénoncé « l’agribashing ». Le dossier de presse de présentation de Déméter donne le ton : « De plus en plus, nos agriculteurs sont visés par des intimidations, des dégradations, des insultes (...). Ces phénomènes, nous devons les prendre très au sérieux », y déclare le ministre en introduction. La cellule Déméter doit ainsi « assurer la sécurité des agriculteurs ». Pour cela, elle va les aider à sécuriser leurs exploitations, mais aussi centraliser au niveau national toutes les informations concernant les « atteintes au monde agricole », depuis les vols « crapuleux » jusqu’aux actes « idéologiques », comme les intrusions de militants animalistes dans les élevages. Cette activité de renseignement doit notamment permettre d’empêcher les actions de ces groupes, qualifiés d’ « extrémistes ».

Pour collecter ces informations, la gendarmerie s’appuie sur une initiative du ministère de l’Agriculture : des observatoires de l’« agribashing » en création dans chaque département. La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA, syndicat « jeunes » de la FNSEA) ont un rôle actif, puisqu’une convention signée avec le ministère de l’Intérieur ce 13 décembre acte qu’ils remonteront l’information à la gendarmerie, qui en retour avertira les agriculteurs en cas de menace.

L’affaire ressemble d’abord à un joli coup de com’. La cellule a été lancée le 3 octobre 2019, soit à peine plus d’une semaine après les manifestations d’agriculteurs du 24 septembre, organisées à l’appel de la FNSEA et des JA. La conférence de presse s’est tenue deux semaines après la démonstration de force des mêmes syndicats qui avaient bloqué le périphérique parisien avec force tracteurs, le 27 novembre. « Ce n’est pas un dispositif arrivé de nulle part, il a été créé sur demande expresse de notre part », dit Étienne Gangneron, vice-président de la FNSEA. Le gouvernement a ainsi pu s’afficher aux côtés du monde agricole, et mettre de son côté les principaux syndicats à la veille d’un mouvement social d’ampleur contre la réforme des retraites (la FNSEA a d’abord soutenu la réforme). Les deux syndicats, eux, ont pu vanter auprès de leurs adhérents la satisfaction de leurs revendications, et mettre au premier plan le concept « d’agribashing ». Utile, alors que les critiques contre les pesticides et l’élevage industriel qui questionnent le modèle agricole dominant ont de plus en plus d’écho dans la société civile. Une belle opération pour les deux parties, qui n’a pas demandé trop d’efforts au ministère de l’Intérieur puisqu’elle s’appuie sur un recyclage de mesures déjà en place.

Certaines dispositions de Déméter ressemblent ainsi fortement à un plan d’action contre les vols dans les exploitations agricoles datant de 2014. Les volets départementaux de ce plan avaient pour axes la prévention, la protection des installations agricoles et l’intervention des forces de l’ordre, et étaient développés sous forme de conventions tripartites entre les chambres d’agriculture, les préfectures et les gendarmeries. Ces conventions mettaient en œuvre un réseau d’alerte par SMS appelé Vigi Agri, permettant d’informer les agriculteurs en cas d’intrusion chez l’un d’eux. De même, il était question dès 2014 de développer des moyens d’enquête spécialisés face aux « structures criminelles organisées », afin de renforcer la judiciarisation des atteintes touchant les agriculteurs, principalement des vols. Enfin, le gouvernement entendait déjà « renforcer les échanges entre les forces de sécurité et le monde agricole », avec notamment des « référents et correspondants sûreté de la police et de la Gendarmerie nationales » Le service communication de la Gendarmerie nationale confirme : « En ce qui concerne les moyens alloués à la cellule Déméter, leur coût est nul. En effet, nous nous appuyons sur les effectifs et les moyens déjà existants. » Notamment, plus de 3.000 « correspondants » et « référents » sûreté répartis sur tout le territoire, et censés aider les agriculteurs à protéger leurs fermes. Mais le gouvernement ne se contente pas de rassurer le monde agricole à peu de frais en faisant du neuf avec du vieux.

Le dispositif contient des nouveautés qui lui donnent une portée inédite. L’objectif clairement affiché, d’abord, est de faire du renseignement. Les cibles, ensuite, sont élargies. Il ne s’agit plus seulement d’inquiéter les auteurs de vols et de dégradations : à cela s’ajoute pêle-mêle les « occupations illégales de terrains agricoles » (par des gens du voyage ou pour des « free parties »), les intrusions animalistes dans les élevages (notamment pour réaliser des vidéos), les actions anti-fourrure, anti-chasse, ou encore les auteurs de dégradations touchant les boucheries et abattoirs. Le dossier de presse est clair, les cibles sont donc aussi d’ordre politique : Déméter suivra et tentera d’empêcher les « actions de nature idéologique, qu’il s’agisse de simples actions symboliques de dénigrement du milieu agricole ou d’actions dures ayant des répercussions matérielles ou physique ».

« J’ai demandé que l’antispécisme soit un des axes prioritaires du renseignement », déclarait le ministre de l’Intérieur lors du lancement de la cellule. Les animalistes sont donc en première ligne, mais en filigrane, les associations et militants critiques du système agricole dominant (défendu par la FNSEA et les JA) sont aussi concernés. En amalgamant tous les méfaits recensés, le ministère de l’Intérieur conclut gravement à une hausse de 1,5 % des atteintes au monde agricole en 2019. Mais sur les plus de 14 000 faits enregistrés, l’immense majorité sont des vols et cambriolages. La Gendarmerie nationale nous apprend que seulement une vingtaine de cas d’intrusions dans des élevages ou libérations d’animaux par des militants antispécistes ont été comptés parmi les infractions l’an dernier. La FNSEA, elle, n’en rapporte pas beaucoup plus : 41 intrusions – mais sans doute plus nous dit-on – en 2019. Étienne Gangneron voit là un chiffre « exponentiel », car « il y avait moins d’une dizaine d’intrusions les années précédentes ».

Reprenant les chiffres de la gendarmerie et de la FNSEA, l’association de protection animale L214 a calculé un pourcentage de « 0,28 % [d’actes d’associations animalistes], monté en épingle et associé à des actes de vandalisme sans rapport pour “justifier” un arsenal répressif démesuré ». « La FNSEA cherche très clairement à ce qu’aucune image ne sorte des élevages », estime Brigitte Gothière, porte-parole de L214.

Ce ciblage des antispécistes apparaît comme l’aboutissement de demandes répétées de la FNSEA et de ses relais parlementaires. Des commissions d’enquête parlementaires sur les mouvements animalistes ont été à plusieurs reprises demandées, sans succès : en octobre 2016 par des sénateurs PS, puis par la FNSEA – ensuite relayée par des parlementaires – en 2018, et enfin plus récemment en novembre 2019. En attendant de pouvoir lancer une commission spécifique sur le sujet, c’est dans un rapport de commission d’enquête parlementaire sur la lutte contre les groupuscules d’extrême droite en France de juin 2019, qu’est venue se nicher une référence aux animalistes. L’une des recommandations propose en effet d’étendre la surveillance de la radicalisation aux anarchistes, aux antisionistes et aux véganes. Autre tentative, une proposition de loi visant expressément les défenseurs des animaux a été validée par le Sénat, elle est désormais entre les mains de l’Assemblée nationale. En parallèle, la Fondapol, laboratoire d’idées proche de la droite, a amendé le champ des idées en janvier 2019 avec un rapport sur « la contestation animaliste radicale ». Relevons que l’agribashing, lui, a fait son entrée dans l’hémicycle avec une demande de commission d’enquête d’une députée La République en marche (LREM) en juin 2019. Le gouvernement a répondu à ces appels du pied en plusieurs étapes. D’abord en février 2019, le ministère de la Justice a adressé une instruction aux procureurs de la République concernant « les actions violentes de mouvements animalistes radicaux ». Face aux actions dans les boucheries, abattoirs, élevages ou visant les sociétés de chasse, les magistrats doivent « apporter une réponse systématique et individualisée », indique la note qui liste les infractions permettant de qualifier et poursuivre les faits.

Deux mois plus tard, en avril 2019, le ministre de l’Agriculture mettait en place le tout premier « observatoire de lutte contre l’agribashing » dans son département de la Drôme, visant à répertorier les « actes de malveillance » contre les agriculteurs. C’est sur ces observatoires départementaux que la cellule Déméter, créée quelques mois plus tard, s’appuie pour surveiller les « atteintes au monde agricole ».

Les observatoires en question reposent sur le concept flou d’agribashing, un terme apparu récemment dans les médias – la première trace début 2016 – et qui qualifie le dénigrement du monde agricole. « Un fossé s’est créé entre vie urbaine et rurale, cela amène des comportements fous, un manque de reconnaissance des pratiques agricoles », explique Étienne Gangneron de la FNSEA, qui revendique notamment d’« observer de très près la démarche de Nous voulons des coquelicots », une association dont le but est l’interdiction des pesticides de synthèse.

« Il s’agit de faire taire tous ceux qui mènent des actions symboliques contre le système de l’agriculture industrielle, dont la FNSEA est le principal soutien », ont dénoncé en janvier, dans une tribune sur Reporterre, près de 35 organisations et acteurs de l’écologie et du monde de l’agriculture paysanne et biologique. Elles y demandaient la dissolution de la cellule Déméter. Jean-Bernard Lozier, de la Confédération paysanne de l’Eure, estime que « quand la FNSEA se victimise avec l’agribashing, c’est pour ralentir un changement de modèle qui est inéluctable. Cette cellule Déméter, je la vois comme faisant partie d’un dernier sursaut pour refuser ce changement. » « Au début, l’agribashing, on n’a pas compris », réagit du côté de la Coordination rurale Bernard Lannes, son président national. « Mon problème n° 1 en tant qu’agriculteur c’est mon revenu. » Il estime cependant que Déméter est utile pour « protéger les agriculteurs de la vindicte populaire ».

Sur le territoire, les observatoires dédiés sont petit à petit mis en place dans les départements ( pour l’instant au moins 25). Les réunions présentant ces observatoires et Déméter réunissent les services de la préfecture, des représentants des agriculteurs et la gendarmerie, mais aussi, selon les départements, la police municipale, les renseignements territoriaux, des représentants du monde de la chasse, de lycées agricoles ou des directeurs d’abattoirs. Les exploitants agricoles sont notamment encouragés à faire remonter certains actes et à déposer plainte dès que possible. Ainsi, en Gironde, le président des Jeunes Agriculteurs, Vincent Bougès, a commencé à faire le tour de ses adhérents : « Nous avons eu le cas d’un passant qui a arrêté un tracteur et traité l’agriculteur de pollueur, des jets de projectiles sur les tracteurs. » La préfète les a encouragés à ne plus rien laisser passer : « Elle nous a confirmé que dès qu’il y a atteinte à la propriété, diffamation, les choses peuvent se mettre en place », indique le viticulteur.

« C’est la société civile qui est visée à travers l’agribashing et elle n’est même pas invitée à s’exprimer dans les observatoires », déplore Jean-Pierre Chauffier, membre des Amis de la Confédération paysanne de Haute-Vienne.

« Je suis allé à une réunion avec le préfet, et c’était hallucinant, témoigne Dominique Techer, porte-parole de la Confédération paysanne de Gironde. Ils mettent sur le même plan un élevage artisanal vandalisé et une manifestation antispéciste devant un abattoir ! Traiter de la même manière des voies de fait et des délits d’opinion est dangereux. »

« Les pouvoirs publics se mettent au service du projet politique de la FNSEA », dénonce le porte-parole de la Confédération paysanne, Nicolas Girod. « Nous condamnons les actes d’atteinte aux personnes ou aux biens, mais il n’y a pas besoin d’une cellule spécifique pour régler cela. » Déméter se matérialise aussi dans une convention signée entre la FNSEA, les JA et la Gendarmerie nationale.

Ce document prévoit notamment un échange régulier d’informations entre les deux syndicats et les forces de l’ordre, du niveau local au niveau national. « Cela m’étonne que la gendarmerie délivre des points de situation à la FNSEA et aux JA. C’est une mise à disposition de moyens et d’informations issues d’enquêtes pénales au service du syndicalisme majoritaire et intensif agricole », estime Caroline Lanty, avocate de l’association L214, après lecture du document.

Mais que se passera-t-il pour les autres syndicats du monde agricole ? Auront-ils accès aux mêmes informations ? « Nos référents échangent avec l’ensemble des représentants du monde agricole, quel que soit leur syndicat d’appartenance », nous répond la Gendarmerie nationale, qui précise cependant que « des partenariats existaient déjà avec la FNSEA. La convention vient donc formaliser la poursuite des échanges encore plus étroits, en associant les JA. Rien n’empêche de voir se concrétiser d’autres partenariats. »

La Coordination rurale devrait d’ailleurs elle aussi signer la convention. « La FNSEA, comme d’habitude, avait tiré la couverture à elle en disant que, en passant par elle, les agriculteurs seraient protégés, explique Bernard Lannes. Nous aussi nous voulons des contacts avec la gendarmerie. »

« L’État fait jouer à la FNSEA le rôle de RG [feu les renseignements généraux], c’est gravissime pour la démocratie, s’inquiète Alain Hébrard, agriculteur retraité de la Confédération paysanne du Tarn. Surtout chez nous, dans le Tarn, on se rappelle que la gendarmerie était de mèche avec la FNSEA et l’ont – entre autres – laissée menacer des élus écologistes. »

« On revendique simplement de travailler dans de bonnes conditions avec forces de gendarmerie, répond Étienne Gangneron, de la FNSEA. Ce qui a aussi changé, c’est la moindre présence des forces de gendarmerie en milieu rural. »

À l’inverse, Jean-Baptiste Lozier, de la Confédération paysanne de l’Eure, estime qu’« on est dans un État suffisamment policier pour ne pas avoir besoin de cellules de renseignement supplémentaires. Et puis ça ne va que dans un sens : regardez ce qui s’est passé à Gap (Hautes-Alpes) autour du film Marche avec les loups : la FNSEA a bloqué le cinéma, menacé le réalisateur. Eux, ils font ça et ne sont pas inquiétés, c’est grave : alors que c’est juste un documentaire. »

Le fait est que la tension semble monter ces derniers temps : la FDSEA et les JA de Haute-Garonne ont lancé œufs, poubelles, paille et insultes, devant les locaux toulousains de France nature environnement Midi-Pyrénées le 13 février au soir ; le lendemain, c’était dans les Côtes-d’Armor que la FDSEA tentait d’empêcher une conférence sur les effets écologiques de la méthanisation à grande échelle.

Afin d’obtenir des résultats sur le terrain, Christophe Castaner a aussi annoncé un renforcement des moyens « dans le monde judiciaire, en coordonnant au niveau national, afin de lier des faits qui peuvent apparaître non liés, pour ensuite constituer des associations de malfaiteurs sur lesquelles nous devons enquêter ».

Une première enquête, décrite dans le dossier de presse du ministère, pourrait aboutir à de telles qualifications. Six personnes « dans la mouvance antispéciste », soupçonnées d’avoir incendié un abattoir dans l’Ain en 2018, ont été interpellées en novembre, et trois sont en détention provisoire. Brigitte Gothière, de L214, n’y croit pas : « Cela paraît fou que des animalistes provoquent un incendie dans un abattoir alors qu’il y avait des animaux à l’intérieur. » Ainsi, L214 dénonce des moyens qui « visent à faciliter les inculpations pour association de malfaiteurs : une infraction qui peut être punie de dix ans de prison et jusqu’à 150.000 euros d’amende » et voit en Déméter une « véritable menace pour les lanceurs d’alerte et une entrave au débat démocratique nécessaire autour de notre modèle agricole ».

Pour Forest Sheperd, groupe de militantes et militants pour la défense des forêts qui agit contre la chasse à courre : « Cette cellule ciblant principalement les actions antispécistes dans les élevages et abattoirs est un bon prétexte pour le pouvoir en place pour s’attaquer à toutes les défenseuses et défenseurs des animaux, quelles que soient leurs cibles, dès lors qu’ils s’attaquent un peu trop frontalement à l’ordre établi. »

La création de la cellule Déméter s’inscrit ainsi « dans une tendance inquiétante », note Félix Treguer, membre de La Quadrature du Net, mais également chercheur au Ceri (Centre de recherches internationales) dans le cadre d’un projet de recherche européen sur le contrôle des services de renseignement. Une tendance qui consiste « à traiter les groupes militants en tant qu’entités prototerroristes dès lors qu’ils sortent des cadres établis de la participation politique, qu’ils recourent à des répertoires d’action transgression mais dont la violence alléguée reste sans commune mesure avec celle qu’ils dénoncent ou subissent. Ce parti pris est totalement assumé dans la stratégie nationale du renseignement publié à l’été 2019 et qui, à la suite de l’émergence du mouvement des Gilets jaunes, entend faire des mouvements sociaux une priorité des services pour les années à venir », poursuit-il. « En pratique, cette focalisation se traduit par une recrudescence des opérations d’infiltration des militants écologistes, la mise sous surveillance de leurs communications, l’entrave de leurs actions revendicatives et, en aval, une répression judiciaire accrue. Cela pose d’évidentes questions en matière de libertés publiques, d’autant que les formes de contrôle indépendant sur l’action des services restent extrêmement lacunaires », détaille le chercheur.

Localement, l’association Alerte pesticides Haute-Gironde, a ainsi eu la surprise de découvrir en décembre que ses activités étaient désormais suivies de près et d’avoir, entre autres, reçu une demande de rendez-vous de la part de la gendarmerie. Le sergent-chef, venu un dimanche à l’heure du café, leur a posé plusieurs questions précises sur le paisible après-midi de tables rondes qu’ils organisaient le 15 février, réunissant riverains, viticulteurs, élus et associatifs. « Supposer que l’on puisse mener des actions violentes, ce n’est pas croyable ! » s’indigne Sylvie Nony, vice-présidente de l’association. « On a demandé au sergent-chef ce qu’il ferait de ces renseignements. Il nous a répondu : "un rapport à la préfète". Beaucoup des responsables d’associations seraient intimidés par ce qui nous arrive. » Elle rapporte en outre qu’un tout premier appel des gendarmes, à la mairie du village où ils organisent les réunions de leur association, avait pour objet d’avertir que des agriculteurs de la Coordination rurale de Gironde pourraient perturber un de ces rassemblements. « Nous avons rencontré son président. On a découvert que c’était un viticulteur bio et qu’il n’avait jamais eu la moindre mauvaise intention ! raconte-t-elle. On a sympathisé, il est venu à une de nos tables rondes. On se demande s’ils ne créent pas des problèmes où il n’y en a pas. »

Et cela ne fait que commencer, car la mise en place de la cellule est récente et la FNSEA ne compte pas s’en tenir là. Le 8 janvier dernier, sa présidente, Christiane Lambert, était reçue par la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, pour discuter de la possibilité de pénaliser spécifiquement les intrusions dans les élevages. « Car, si celles-ci ont lieu sans dégradation, il est très difficile de faire condamner les intrus par la justice, et les peines encourues sont minimes. Il s’agit donc de faire entrer, dans le Code pénal, la spécificité de l’exploitation agricole, expliquait Christiane Lambert à La France agricole. Il s’agit de faire en sorte que la violation d’un élevage puisse être considérée de la même façon qu’une violation de domicile. » La mesure sera-t-elle mise en place ? « Je constate que Christiane Lambert a un accès facilité et une écoute attentive de ministères de premier plan, remarque l’avocate Caroline Lanty. J’ai le sentiment que, depuis 2017, l’oreille du gouvernement est bien plus bienveillante à l’égard des demandes de la FNSEA. »

 https://reporterre.net/Demeter-la-cellule-de-la-Gendarmerie-qui-surveille-les-opposants-a-l-agriculture

COMMENTAIRES  

22/02/2020 23:21 par Ch DELARUE

AGRIBASHING & AMALGAME : Mettre tous les agriculteurs dans un même sac communautaire est aussi stupide que de mettre pareillement tous les vegans dans un même ensemble. Dans le premier cas il s’agit d’un communautarisme valorisé par les pouvoirs publics (logique de clientélisme), y compris donc la branche industrielle la plus pourrie qui mérite son agribashing (qui peut concerner aussi des entreprises productivistes plus modestes) alors que dans le second cas il s’agit d’un procédé d’essentialisation ou d’amalgame permettant la stigmatisation générale à partir des éléments contestables.

23/02/2020 10:13 par J.J.

Il semble que le freluquet et ses affidés aient l’intention de nous faire essayer plus amplement, et malgré nous, la dictature.

23/02/2020 12:04 par Feufollet

Chez nous en Suisse le label de production Demeter
Signifie une production alimentaire hautement biologique (nec plus ultra)
Chez vous en France c’est le contraire, Demeter signifie défense de la malbouffe industrielle
Pauvres de vous, avec une clique politique inféodée au lobby de l’agro-chimie
Inféodée aussi à tous les lobbys capitalo-industriels quels qu’ils soient
Ils veulent absolument vous gaver de leur malbouffe ces criminels en puissance
Ici, sous la pression des consommateurs, l’agro-chimie recule
Et le monde paysan commence à s’adapter à une nouvelle demande écologique
Mais la lutte n’est pas terminée
Pour vous, tous mes espoirs reposent sur vos mouvements de résistances
Qui ne sont pas moindres
Mais actuellement, c’est une guerre asymétrique

24/02/2020 11:33 par Assimbonanga

La communication des agriculteurs conservateurs pour ce salon de l’agriculture continue de se faire sur une ligne misérabiliste, entre suicides et agriculteur du 63 qui ne sait pas nager parce qu’il n’a jamais vu la mer ! Quel séparatisme : pas être allé à la piscine, avoir échappé aux classes-piscines, le mec ! Bon enfin, à côté de ça, on voit les tracteurs à 100 000 €, les 400 vaches téléguidées par ordinateur et caméras hors de prix et le jeune plouc qui se détourne un instant de ses 70 h de travail hebdomadaire pour faire vroum-vroum avec son drône.
Cette question des suicides agricoles me titille. Pas évident d’avoir des enquêtes récentes. J’ai trouvé trois liens :
Suicides chez les agriculteurs : des chiffres qui font froid dans le dos
Un agriculteur se suicide chaque jour selon la MSA
Suicides des agriculteurs

QUESTION : est-ce qu’on comptabilise les suicides des retraités avec ceux des actifs pour les suicides professionnels ? (France télécom par exemple). Or, c’est ce que font les ploucs. Ils additionnent les suicides des retraités à ceux des actifs, pour grossir le chiffre.

Il y aurait beaucoup à comprendre dans le suicide de ces "déclassés" et aussi dans leurs blocages psychologiques, sociologiques, culturels, et -comme dirait Todd- sur le membre fantôme de la religion et des superstitions. La vieillesse, l’isolement, le célibat, les complexes, ce n’est pas juste du suicide au travail.

25/07/2020 03:32 par alain harrison

Autrement dit, l’agro business pourra continuer ses façons de faire*, et la porte ouverte pour plus de chimie (le fantôme de Monsanto).
Décidément, le libéralisme sait s’y prendre. Dire que le système financier a investi toutes les niches, cela est vrai. La gauche doit réaliser à quel point le système idéologique capitaliste est implanté.

Macron a fait un pas de danse.
Tant que la gauche ne réalisera pas ce que veut dire la révolution prolétarienne ..........

*Avec quelle bestialité les animaux sont sous-traités.

25/07/2020 05:07 par alain harrison

Bonjour.

Je dois avouer que cet article me fait voir l’ampleur des procédés libéraux (qui a investi toutes les niches de haut en bas), et que je ne vois sans doute que la pointe de l’iceberg. Cela me fait comprendre que toutes les initiatives (des groupes communistes..... au vegantisme et spicisme...) devront s’entendre à un moment donné sur les grands enjeux écolo sociaux économiques et le nouveau paradigme politique global pour l’alternative à ce système totalitaire qui se décline de plus en plus en nazisme (l’ordre calculé) et le fascisme (le désordre calculé) pour le miracle d’une seule chose : la domination du 1% sur la Terre et surtout ses biens pour satisfaire leur lubie de grandeur.

Je le répète, que tous les groupes dit de gauche, de progressiste (dans le bon sens du terme) et les écolo-.... antis-spécismes, et toute l’organisation civile (groupes sociaux .... aux association étudiantes, etc....) se rassemblent autour d’une multitudes tables et s’accordent sur les solutions aux enjeux vitaux qui nus pendent au nez, et ça presse.

Je le répète que tous aident à l’organisation citoyenne du peuple (le mot citoyen englobant les classes et toutes les catégories de travailleurs dont les professionnels, ces derniers étant les plus "instruits", mais à quel niveau de 1 à 10 ont-ils l’intégrité d’être-humain ?), à promouvoir les comités citoyens (toutes brancjes confondue dans chaque comité. Mais il faut déterminer la base commune.
Qu’est -ce que nous voulons comme monde pour ceux qui vont suivre, aussi la parole devra être donner à la jeunesse dont il faudra bien soulever les aberrations : l’individu entrepreneur, quel peut-être sa place ? Pour l’exemple de l’aberration :
En finir avec l’abus du droit de grève !
par Spartacus (son site)
samedi 9 juin 2018
Vous subissez une inflation de blocages et privations et d’atteinte à votre liberté individuelle ?De votre liberté ces grévistes n’en ont cure ! Ils vous méprisent, ignorent vos droits légitimes. Votre vie personnelle ou professionnelle est bafouée et humiliée et ils vous prennent en otage. Ils estiment leur « égo revendicatif » supérieur à votre liberté. Il n’y a que eux qui comptent.

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-finir-avec-l-abus-du-droit-de-204884

Quand on parle d’égocentrisme. Il y a une différence entre égoïsme et égocentrisme ?

Je dois remettre ici :
10 avantages de se lancer à son compte
Plusieurs salariés se demandent s’ils devraient quitter leur emploi pour devenir travailleurs autonomes. En fait, il y a tellement d’avantages à travailler à son compte qu’on se demande pourquoi cette alternative n’attire pas plus de monde. Peut-être que ces dix avantages en convaincront quelques-uns.
https://www.msn.com/fr-ca/finances/affaires/10-avantages-de-se-lancer-%C3%A0-son-compte/ss-BBoNIc

Le chant des sirènes.

Quels instruments, pouvant créer une synergie, pouvons nous donner :

La Constituante Citoyenne (les institutions) et la Parti de la Transition Citoyenne (légitimer et légaliser__ Droit International)
Le nouveau pacte social (ce sera pas de la tarte, tellement l’Identité y est central).
Le nouveau paradigme économique (si difficile à comprendre, l’expliqué adéquatement) Comment dire, le manipulateur complique les choses, le labyrinthe dans lequel la victime tourne en tond ___ le chapitre 1 du livre de Jean-Marie Abgrall, tous manipulateurs tous manipulés, n’est vraiment pas une perte de temps. Notre époque est une apothéose de ce principe et nous sommes au centre, notre condition d’humain.
Mais, puisque les Gilets jaunes sont montrés comme les sans culottes d’une autre époque, d’une autre révolution, faut-il tergiverser.

L’idéologie, il faut l’utiliser avec prudence, elle peut vite devenir un élément paralysant (des débats, des débats ..... Krishnamurti employait le terme : le tigre qui chasse le tigre...)
Je site Krishnamurti parce qu’il ne fait que montrer quelque chose que nous pouvons vérifier par nous mêmes, surtout ceux qui ont assez de vécu. Et surtout, qu’il n’y a aucune promesse (je suis ceci et je deviendrai cela __le riche est aussi mortel que chacun de nous, et pourtant il se comporte comme si il était autre. Le meilleurs exemple est votre Jupiter. Nous avons notre Trudeau.
On dit que nous avons les politiciens que nous méritons, les US ont leur Trump. Ici je conseille de lire l’épilogue du livre de Stanisalv Grof ; Psychologie Transpersonnelle :
Psychologie transpersonnellelivre21.com › LIVREFPDF (PDF)
Stanislav GROF. PSYCHOLOGIE. TRANSPERSONNELLE. Traduit et adapté de l’américain par. Paul Couturiau et Christel Rollinat. L’Esprit et la matière.

Nous avons du chemin depuis Marx, comme Marx a fait du chemin depuis l’Époque des Lumières et la Révolution Française.
Nous avons une immense tâche devant nous, et pour la relever, une multitude de comité citoyen (diversifié) coordonné pour faire les synthèses nécessaires à l’action politique : établir un agenda politique versus l’ampleur du système.

Mais pour que le peuple puisse se donner sa juste place, qui est sa souveraineté, il faut bien en parler, la justifier, l’argumenter, etc....

25/07/2020 10:12 par Assimbonanga

En finir avec l’abus du droit de grève ?
10 avantages de se lancer à son compte ?
@alain harrison, c’est du second degré ?
C’est pour nous montrer un échantillon de sarkozisme primaire ?

Demeter est utilisée par un gouvernement réactionnaire au service d’une caste agricole arriérée et arc-boutée sur ses pratiques établies depuis quelques décennies autour de la subvention agricole qui déforme quelque peu l’esprit et engendre de mauvaises habitudes, notamment mendicité et larmes de crocodiles. Quelque soit le politicien, il doit forcément aider les agriculteurs et se montrer compatissant à leur cas. Jamais l’agriculteur ne vous parlera d’utopie, d’indépendance, de bonheur de se contenter de sa situation qui comporte des points intéressants (pécuniaires, fiscaux, patrimoniaux, paysagers, spatiaux, diversités des actions...)
A Bure, en Moselle, c’est l’ANDRA qui utilise les forces policières au service de l’industrie nucléaire.
A NDDL, c’est Retailleau qui fait appliquer aux zadistes une répression vengeresse pour complaire à son électorat réactionnaire. Une seconde vague de démolition de cabanes vient d’être diligentée.

En somme, le gouvernement français est dans une conduite totalitaire de persécutions des opposants. Pas mieux que ce qu’il reproche à la Chine ou à la Russie.

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