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Cuisant revers pour Le Monde, France Inter, Nicolas Demorand, Arnaud Leparmentier...

Elections présidentielles au Brésil : l’histoire vraie et tragi-comique d’un plantage politico-médiatique français

C’est démontré : en dépit des prédictions de nos médias, les Brésiliens ne peuvent être réduits à un peuple de footballeurs décidés à faire payer à leur présidente la défaite de leur équipe (« équipe » et pas « pays ») au « mundial ».
En effet, candidate à sa réélection, Dilma Rousseff a remporté dimanche 5 octobre 2014 le premier tour du scrutin avec 41,48 % des voix. Ses deux principaux concurrents ont obtenu 33,6 % et 21,29 %

Le Monde et France Inter ont (mal et trop tôt ) voté.

Nicolas Demorand présente ainsi son éditorialiste, Arnaud Leparmentier, directeur-adjoint de la direction du Monde : il veut « sortir le Parti des Travailleurs » au Brésil. Il est 18 heures 55, le 29 septembre 2014, quand France Inter, radio publique que nous finançons tous, nous explique qu’il faut virer la présidente d’un pays ami.

Et le journaliste du quotidien vespéral « de référence  » de confirmer : « Oui, notre choix est fait pour dimanche prochain, nous voulons que la présidente sortante s’en aille… » avant de nous lire son pamphlet outrancier, troué par des oublis et entaché de mensonges : « Lula à la fin de son mandat et Dilma Rousseff ont eu tout faux » et cette dernière « ressemble de plus en plus à sa voisine argentine, Cristina Kirchner, qui fait elle aussi n’importe quoi en économie… » tandis que Marina Silva, la concurrente de Dilma Rousseff « a mis de l’eau dans son vin, de l’eau libérale… ».

Nicolas Demorand : « Ah, ça vous plaît, ça ! ». Arnaud Leparmentier : « Oui, ça me plaît…. Elle est pour l’autonomie de la banque centrale, pour la rigueur budgétaire, pour moins d’interventionnisme d’Etat […], les marchés s’envolent dès que Marina Silva progresse et ils ont raison, parce que le saut dans l’aventure ce n’est pas de faire le pari de Marina Silva, c’est prendre le risque de continuer avec Dilma Rousseff. Le Brésil a besoin d’une alternance. »

Demorand, espiègle, conclut ainsi ce tract radiophonique : « A voté ! ».

Des chiffres truqués

L’éditorialiste, absent à l’école de journalisme quand fut expliqué que l’information doit primer sur les idées (« Des faits, des faits, des faits ! »), distord la réalité. Par exemple, il dit : « le Brésil est à l’arrêt : sa croissance a même été négative au premier semestre. ». Selon la banque centrale du Brésil, la croissance est de 0,7 % cette année. De plus, s’il ressasse que Marina Silva est « socialiste », il ne précise pas qu’une de ses principales conseillères est liée à la plus grande banque du Brésil.

Le quotidien Les Echos contredit Le Monde et France Inter

Et (ô paradoxe !) les auditeurs (trop nombreux) qui ne lisent pas Le Grand Soir doivent aller chercher dans un quotidien (privé) économique et financier la vérité qu’une radio publique occulte : « Dilma Rousseff a cependant marqué des points sur le front social. Chômage au plus bas, allocations familiales pour les plus démunis, logements sociaux, « importation » de médecins étrangers (surtout Cubains) pour renforcer les effectifs dans les quartiers mal desservis… Même si la réduction des inégalités a marqué le pas depuis trois ans, « Dilma » peut se targuer d’avoir réduit la misère à 1,7 % de la population, selon des chiffres confirmés par l’ONU.  » (Les Echos, 29 septembre 2014, jour de l’édito d’Arnaud Leparmentier).

Les urnes brésiliennes parlent et clouent le bec des enfumeurs français

Le Monde.fr (avec AFP et Reuters, 06.10.2014 à 09h23) en convient : « Dilma Rousseff a finalement été épargnée dans les urnes, dimanche 5 octobre ».
Admirons le « finalement » et le « épargné ».

Un coude à coude à 20 mètres de distance

« Les deux Brésiliennes sont au coude à coude » constatait Arnaud Leparmentier dès le début de son « édito » (à 0,56 minutes). Sa clairvoyance politique et celle de France Inter, qui a offert une tribune à ce spécialiste, ont été bafouées dans les urnes puisque le « coude à coude » annoncé entre Dilma Rousseff et la « socialiste » Marina Silva s’avère être un écart de 20 % et que la chouchou d’Arnaud Leparmentier n’est même pas au second tour, à 11% derrière Aecio Neves, le candidat de droite déguisé en social démocrate.

Pour que Dilma Rousseff soit battue au second tour, après avoir « finalement » obtenu un score dont aucun candidat français n’oserait rêver, il faudrait que les électeurs de Marina Silva ex-militante du PT pendant 30 ans et ex-ministre de l’Environnement de Lula votent pour le candidat de droite.

 Et maintenant on attend d’Arnaud Leparmentier...

La gestion de la France par Nicolas Sarlozy, puis par François Hollande, ayant donné les résultats que l’on sait, on attend l’éditorial d’Arnaud Leparmentier appelant à voter pour un autre candidat et une autre politique en 2017.

De gauche, si cela lui est possible.

Vladimir Marciac (pour Le Grand Soir).

Ecouter l’édito : http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=977082

 http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=977082
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COMMENTAIRES  

06/10/2014 13:16 par Zarathoustra

CQFD une fois de plus ?

Dans un simple souci d’hygiène mentale les médias français sont à boycotter à tout prix !

06/10/2014 13:39 par BQ

Merci pour cette trouvaille V.Marciac ! Belle tranche de propagande sur le service public effectivement.

Arnaud Leparmentier, ce militant de droite ose même dire que "nous" n’avons "pas d’engagement partisan" (sic) en soutenant une telle chronique ! Et puis c’est qui ce "Nous" ? c’est le nous de BHL ? Celui qui ose parler au nom du peuple ou quoi ? du Monde ? "Le problème de l’Amérique Latine" pour le télégraphiste néolibéral "c’est l’inflation", non non, pas la terre, les inégalités sociales ou l’accès aux services basiques ! Faudrait déjà qu’il étudie l’Amérique Latine voire qu’il y soit allé, ce que je doute fortement.

C’est sûr qu’en s’informant via le lieutenant-colonel et militant d’extrême droite du Monde, Paolo Paranagua, il risque de vouloir rapidement appuyer coups d’états et sabotages, et faire silence sur les violences de la droite et meurtres de militants progressistes...

Bref, retourne lire Capital machin.

06/10/2014 14:35 par Paulo

Et pan sur le bec à Politis qui avait consacré plusieurs pages à la chouchoute des médias, Marina Silva, avec une posture pour le moins surprenantes. A croire qu’ils ne lisent pas eux-mêmes la presse de gauche !

06/10/2014 16:19 par wyreless

Pour ce qui me concerne, et depuis fort longtemps je sais de quoi sont fait nos merdias !
Et dans mon jargon les pseudos journalistes sont des crétins absolus.
Mais il est intéressant quand même de les écouter ou de les lires car ces abrutis dévoilent sans le savoir le ou les objectifs de nos lumières dirigeantes.
Sur ce je vais aller vomir un peu...

06/10/2014 16:48 par triaire

Demorand et Parmentier sont deux journaleux qui ne savent rien, ils lisent sur un panneau ce qu’ils doivent dire aux nigauds qui les écoutent .
J’ai cassé ma radio pour ne plus entendre ces deux et pour faire bonne mesure j’ai fichu la télé par la fenètre .
Depuis ma mémoire fonctionne mieux et mes neurones se rassemblent également mieux .

06/10/2014 21:46 par JC

Eduardo Campos est donc mort pour rien, mauvaise nouvelle pour les maitres du monde.

07/10/2014 17:37 par peyo

Malheureusement, les médias principaux sont tenus par les banquiers et politiques néolibéraux, donc....

08/10/2014 21:05 par Dwaabala

Et (ô paradoxe !) les auditeurs (trop nombreux) qui ne lisent pas Le Grand Soir doivent aller chercher dans un quotidien (privé) économique et financier la vérité qu’une radio publique occulte

Si les capitalistes servent une propagande et offrent des débats débiles aux masses qu’ils administrent, ils ne sont pas totalement idiots entre eux.

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