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En défense de la démocratie brésilienne

Un coup d’Etat est entrain de se dérouler sous nos yeux au Brésil, sous fond de fortes tensions sociales. la droite, les élites, appuyées par la diplomatie nord-américaine tentent une fois de plus de renverser un gouvernement de gauche, démocratiquement élu.

Cette fois-ci, ils ont enclenché une double procédure : la première visant à destituer la Présidente Dilma Rousseff, la deuxième visant à arrêter tout processus qui pourrait conduire à une candidature de l’ancien président Lula.

Ainsi, le président de la Chambre des députés, Edouardo Cunha, issu du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) – jusqu’à récemment allié du Parti des travailleurs, le Parti au pouvoir – a lancé une procédure de destitution de la Présidente pour corruption. Alors même que nombre des élus du PMDB sont eux aussi impliqués dans ces affaires. Dans le même temps, ce sont près de 200 policiers armés qui ont débarqué au domicile de Lula, l’arrêtant sans aucune preuve valable. Cela intervenant quelques temps après que Lula eut évoqué la possibilité de se présenter.

Face à ce qui n’apparaît être qu’une tentative de plus de déstabiliser un gouvernement progressiste, le peuple brésilien a su réagir. Aux manifestations des secteurs de la bourgeoisie brésilienne les plus conservateurs et réactionnaires, les travailleurs brésiliens, les mouvements populaires, les syndicats et les partis de gauches ont tenu à exprimer leur soutien au gouvernement, malgré les critiques légitimes que l’on peut formuler à son encontre.

En effet s’il paraît important de se positionner de manière claire en défense de la démocratie brésilienne, nous ne pouvons passer outre les dernières mesures du gouvernement brésilien. En vertu des accords passés avec certains partis pas réellement révolutionnaires, faute de majorité, Dilma Rousseff s’est vu "obligée" de procéder à des choix économiques libéraux contraires aux attentes populaires.
Elle a non seulement déçu les travailleurs, et la gauche en procédant à cela, mais a surtout permis à la droite d’instrumentaliser ses choix économiques qui n’ont amélioré en rien la situation du Brésil.

Pourtant, dans le même temps, et depuis des années, le Parti des travailleurs (PT) a mis en place des politiques progressiste qui ont sorti des millions de personnes de la pauvreté. Les programmes de santé, en étroite coopération avec les médecins cubains, d’alphabétisation, grâce à la méthode cubaine " Yo, si puedo", de construction de logements sociaux, ou encore de lutte contre la faim. Il faut ajouter à cela tous les efforts fait par le Brésil dans l’intégration régionale, de soutien aux gouvernements progressistes ou révolutionnaire de la région, ou bien tout ce qui a été entrepris pour favoriser l’émergence d’un monde multipolaire via les BRICS ( Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud ).

Que ce soit Lula, ou Dilma, tous deux ont oeuvré pour une reconnaissance des minorités et des peuples autochtones, ainsi qu’un meilleur partage des terres, et des richesses. Tout cela, la droite, la finance, la bourgeoisie brésilienne et les Etats-Unis ne peuvent l’accepter. D’une manière directe ou indirecte, tous les gouvernements issus de la gauche latino-américaine, et ayant mené une politique indépendante de ce que voulait le FMI ou Washington, ont été soumis à des pressions extérieurs. Les exemples sont multiples ; Cuba, le Venezuela, la Bolivie, l’Argentine, L’Equateur, le Nicaragua, le Salvador, le Panama, le Chili et donc le Brésil.

Soutenir le gouvernement démocratiquement élu, tout en ayant conscience des changements à mettre en place, c’est à la fois le moyen d’affirmer la défense de la démocratie, tout en ne tombant pas dans un déni de réalité vis-à-vis de Dilma, qui apparaît être clairement moins à gauche sur l’échiquier politique que son prédécesseur – et peut-être successeur – Lula.

Toutefois, perdre un gouvernement progressiste, et assister au rétablissement d’une "démocratie de marché", pour reprendre les termes de Jean Ortiz, serait un véritable coup asséné aux conquêtes et aux progrès sociaux durement acquis ces dernières années.

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Günter Anders
L’Obsolescence de l’homme (1956)

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