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Et quand fera-t-on l’inventaire des terroristes installés aux États-Unis ?

Les États-Unis qui prétendent, de façon absurde, trouver des terroristes d’Al Qaeda sur des vols en provenance de Cuba, sont eux-mêmes le sanctuaire d’une importante colonie de terroristes, de tortionnaires et d’ex-présidents assassins.

En plus d’avoir initié, orienté, financé et géré le terorisme contre Cuba avec ses agences de renseignement ou ses groupes mafieux de Miami qu’ils ont eux-mêmes créés, les États-Unis ont encouragé, parrainé ou inspiré des activités illégales tout au long du continent dont ils ont ensuite hébergé les auteurs.

De Luis Posada Carriles et Orlando Bosch, auteurs avoués de la destruction en plein vol d’un avion cubain en 1976, provoquant la mort de ses 73 occupants, jusqu’aux auteurs d’actes de terrorisme contre des gouvernements progressistes de l’Amérique latine d’aujourd’hui, Washington ne s’est jamais étonné de voir apparaitre sur son territoire les auteurs de conspirations meurtrières ou d’individus entrainés ou recrutés par ses services pour semer la mort.

Au sujet de Posada, Internet est rempli de ses confessions et de récits de ses crà­mes que ce soit comme formateur de terroristes dans les Everglades (Floride), comme commissaire Basile à Caracas, comme narcotrafiquant fournissant des armes à la Contra nicaraguayenne ou comme auteur de multiples plans d’assassinat ou promoteur d’actes de terrorisme sur le territoire cubain.

De son complice Orlando Bosch, pédiatre psychopathe, les archives des années 60 de la presse miamienne reflètent avec moins de scrupules ses prétendus exploits comme chef du MRR terroriste, de l’ « Armée cubaine anti-communiste » ou d’ « Action cubaine ».

Il a été chef, toujours sur décision de la CIA, de la Coordinadora de Organizaciones Revolucionarias Unidas (CORU), dont les opérations figurent parmi les plus sanglantes de toute l’histoire du terrorisme sur ce continent.

Le 28 juillet 1960, Bosch est arrivé à Miami avec un visa de 30 jours. Mais 50 ans plus tard, se moquant de la justicie vénézuélienne et profitant comme Posada et plusieurs autres de la protection active de la CIA et des politiciens mafieux, il soigne sa sénilité intermitente dans un bungalow de Hialeah.

UNE LISTE INTERMINABLE D’ASSASSINS

La liste est interminable des terroristes installés aujourd’hui aux États-Unis qui ont conspiré et ont agi contre Cuba avec les techniques enseignées dans les académies US de la terreur et qui continuent à profiter de la complicité ou de la complaisance de l’état que dresse aujourd’hui des listes de pays.

Avec la chute de la dictature pro-nord-américaine de Fulgencio Batista, les assassins cubains les plus répugnants tels que Esteban Ventura, Rolando Masferrer, Julio Laurent, et Pilar Garcà­a, ont immédiatement trouvé un refuge en Floride où ils ont vécu dans le plus grand luxe avec l’argent tiré des coffes de l’État avant leur départ de l’àŽle.

Des années de la station CIA de Miami, la multimillionnaire JM/WAVE, a surgi l’énorme contingent de gangsters que l’agence a recyclé après Playa Girón (La Baie des Cochons), en éléments clés de ses opérations continentales, tant avec la DISIP vénézuélienne comme dans les rangs de la police secrète du dictateur chilien Augusto Pinochet et dans les appareils de répression de dfférents régimes auxquels elle a accordé des appuis inavouables.

Des frères Novo Sampoll, Pedro Crispà­n Remón Rodrà­guez et Gaspar (Gasparito) Jiménez, jusqu’à Reinol Rodrà­guez, Antonio (Tony) Calatayud, Nelsy Ignacio Castro Matos, Roberto Martà­n Pérez et Sixto Reinaldo Aquit Manrique, Héctor Francisco Alfonso Ruiz, alias Héctor Fabián et à ngel Alfonso Alemán, ce sont des dizaines et des dizaines d’assasins qui vivent là avec un statut d’intouchable.

ASSASSINS PINOCHETISTES ET PUTSCHISTES VÉNÉZUÉLIENS

La liste de ces terroristes, de tortionnaires et d’ex-présidents assassins hébergés et protégés par les États-Unis est encore beaucoup plus longue.

Elle se prolonge avec les tortionnaires du régime militaire argentin jusqu’aux agents pinochetistes, tels que Michael Townley, assassin, avec les frères Novo de l’ex ministre chilien des Affaires étrangères Orlando Letelier.

Comme de nombreux miliataires fascistes salvadoriens, le capitaine à lvaro Saravia, assassin de Monseigneur Oscar Arnulfo Romero, a bénificié de l’hospitalité étasunienne.

Des mercenaires de la Contra nicaraguayenne et des Tonton Macoutes de Haiti apparaissent aussi à cet inventaire qui reste à compléter et à enquêter.

Lorsque l’on considère le Venezuela révolutionnaire, apparaissent à Miami des tortionnaires comme Joaquà­n Chafardet, d’authentiques fascistes comme Salvador Romanà­ et Ricardo Koesling, les ex-agentes de la DISIP Johan Peña, Pedro Lander, José Antonio Guevara, qui ont participé au complot pour l’asassassinat du procureur Anderson, aux côtés de Patricia Poleo, aussi réfugiée en Floride.

Carlos Andrés Pérez, premier responsable de la répression contre le soulèvement populaire vénézuélien de 1989, connu sous le nom de Caracazo, est aujourd’hui exilé aux États-Unis.

Tortionaire et asassin de la police ssecrète sous Pérez, Henry López Sisco est lié à une longue succession d’assassinats, de disparitions et d’abus commis dans les années 70 pour éliminer des groupes de jeunes rebelles.

Alfredo Peña, l’ex maire du District métropolitain de Caracas qui s’est rendu responsable des morts survenues dans cette ville en avril 2002 se cache aussi aux États-Unis.

Les putschistes Carlos Fernández, ex patron de Fedecámaras, et Daniel Romero, qui a lu en public le décret qui suspendait l’Assemblée nationale et les institutions démocrtaiques se trouvent également en Floride.

GONI CONSPIRE AVEC LES MILLIONS VOLÉS

L’ex président bolivien Gonzalo Sánchez de Lozada (Goni) s’est rendu responsable d’une répression génocide contra le peuple en 2003, qui a causé la mort de 67 civils y plus de 300 blessés par balles.

Depuis le territoire étasunien, Goni se consacre maintenant à financer les mouvements contre le gouvernement du président Evo Morales.

Hugo Achá Melgar, identifié comme le représentant en Bolivie de la Fondation Human Rights (FHR), financier de la bande terroriste démantelée le 16 avril 2009 à Santa Cruz, tandis qu’elle préparait l’assassinat de Evo, a aussi choisi la route des États-Unis comme plusieurs de ses complices.

Sans aucun argument, Washington diffame Cuba, tandis que l’on demeure les bras croisés face aux terroristes et aux promoteurs avoués de la terreur qui se trouvent à l’intérieur de ses frontières

Jean-Guy Allard


EN COMPLEMENT

CHEZ LES MILICIENS DE MIAMI : Anticastristes, pas terroristes !

Courrier International (Février 2008) : Aux Etats-Unis, mieux vaut être anticastriste qu’islamiste. La preuve : les vétérans de la lutte contre Fidel s’entraînent en Floride, kalachnikov au poing, sans être inquiétés.

Un chaud dimanche après-midi, au coeur d’une zone marécageuse en bordure du parc naturel des Everglades, à l’ouest de Miami. Osiel Gonzalez épaule un vieux fusil d’assaut AK-47 et appuie sur la détente. La balle part dans un bruit sec, file au-dessus d’une pelouse fraîchement tondue et va se loger dans une silhouette humaine en carton à plus de 35 mètres de là . Gonzalez s’éponge le front et esquisse un sourire. Sa veste de camouflage est tachée de sueur. Autour de lui, tous les hommes portent des tenues de combat, certains sont allongés à plat ventre sur le sol et s’entraînent au tir, d’autres fourbissent leurs armes et fouillent dans des boîtes de munitions. L’air est chargé d’odeurs de cigare. A 71 ans, Gonzalez reste l’un des meilleurs tireurs du camp d’entraînement d’Alpha 66, un groupe paramilitaire constitué en 1961 [deux ans après la révolution cubaine] par des réfugiés anticastristes. Gonzalez espère mettre en pratique ses talents de tireur le jour où éclatera la seconde révolution cubaine, celle qui arrachera son île natale au joug communiste de Fidel Castro.

Au cours des dernières décennies, les opposants cubains réfugiés aux Etats-Unis ont trempé dans toutes les tentatives de déstabilisation de l’île : opérations commandos sur les côtes cubaines, destruction d’hôtels de tourisme à La Havane, attentat contre un avion de ligne. Ils sont aussi responsables de la mort de plusieurs diplomates cubains et de nombreuses tentatives d’assassinat contre Fidel Castro.

Pourtant, en dehors de quelques condamnations pour infraction à la réglementation sur les armes, ces aspirants révolutionnaires semblent couler une existence paisible en Floride. Ils s’entraînent librement à la guerre sans avoir jamais cacher leur volonté de renverser le gouvernement d’un pays souverain. En dépit des lois antiterroristes de 1994 et 1996, aucun d’entre eux n’a jamais été inculpé pour terrorisme anticubain. Et les attentats du 11 septembre 2001 n’ont visiblement rien changé. Le gouvernement fédéral n’a pas non plus satisfait aux demandes d’extradition des gouvernements de Caracas et de La Havane contre des exilés cubains accusés de crimes graves.

Cette situation en dit long sur l’influence politique de la communauté cubaine en Floride et sur les affinités politiques de l’actuel président.

Dans la région de Miami, où vivent la majorité des 1,5 million d’exilés cubains aux Etats-Unis, la base d’Alpha 66 - que l’on pourrait très honnêtement qualifier de camp d’entraînement terroriste - fait partie du paysage depuis l’arrivée des premiers réfugiés, il y a près d’un demi-siècle. Alpha 66 et de nombreux autres groupes paramilitaires - Comandos F4, Brigade 2506, Acción Cubana - sont tellement présents qu’ils font presque penser à d’inoffensifs Rotary Clubs. Avec des fusils.

Et, dans le quartier général de l’organisation, situé dans le quartier de la Petite Havane de Miami, les murs sont couverts des portraits de ceux qui ont péri au cours de leurs "missions" .

Pour se rendre au camp d’entraînement d’Alpha 66, en Floride, il faut emprunter une petite route cahotante et sinueuse jusqu’à un portail et un mirador jaune pourvu d’une vieille cloche d’école. Un rideau d’arbres et d’arbustes dissimule un bâtiment aux airs de pavillon de chasse, une sorte de bunker en bois bas et massif, agrémenté d’une terrasse et d’un auvent qui la protège du soleil.

Avant de s’entraîner au tir, les hommes exécutent d’abord des manoeuvres, marchant en double file à travers champs pendant qu’un ancien officier de l’armée cubaine, un petit homme trapu au torse bombé prénommé Ivan Ayala, aboie des ordres : "Columna izquierda !" ["Colonne à gauche !" ]. La plupart de ces hommes vieillissants, manoeuvrant en uniforme en plein air, ont participé à la tentative de débarquement ratée de la baie des Cochons [à 200 km au sud-est de La Havane] organisée en 1961 par la CIA, et ont connu les prisons castristes. Certains, comme Osiel Gonzalez, ont même combattu aux côtés de Fidel Castro contre le dictateur Batista - avant que Castro n’embrasse la doctrine communiste. A les en croire, la plupart d’entre eux ont déjà à leur actif une ou deux missions "commando" - telles que mitrailler une côte depuis les airs ou accoster sur une plage isolée pour mettre le feu à des plantations de canne à sucre. Bref, ils ont mené tambour battant la charge contre-révolutionnaire, même si leurs troupes ont quelque peu perdu de leur allant.

Les émigrés cubains récusent évidemment toute ressemblance avec les militants islamistes disséminés dans les grottes d’Afghanistan et du Pakistan. "Nous ne sommes pas des terroristes. Nous ne voulons pas tuer de civils" , martèle Gonzalez, cofondateur et numéro deux du groupe paramilitaire, qui est également consultant financier quand il ne manie pas le fusil en tenue de combat.

Ces activistes ont toutefois une définition assez fluctuante de ce qu’est un civil. Car comment exclure toute victime civile quand on arrose une plage à la mitrailleuse ou que l’on commet des attentats dans des lieux touristiques ? Al Bacallao, 61 ans, membre d’Alpha 66 depuis vingt-trois ans, reconnaît avoir accompli plusieurs opérations à Cuba.

Il a notamment été arrêté par les autorités américaines en 1993 alors qu’il voguait avec plusieurs hommes en direction de l’île. "Notre plan consistait à accoster quelque part pour mener une attaque éclair" , raconte Bacallao au milieu des détonations d’armes. "Nous avions tout le nécessaire à bord : un calibre 50, des grenades, plusieurs kalachnikovs et un stock d’explosifs. De quoi faire sauter la Floride, la Géorgie et l’Alabama" , s’exclame-t-il en riant. "Et puis, on est tombés en panne. Comme les courants étaient forts, nous avons demandé de l’aide, alors on s’est fait repêcher. Et je peux vous dire que les autorités américaines nous ont traités comme des bêtes. Alors que tout ce que nous voulions, c’était libérer notre pays." Si Bacallao a été traité comme un animal, il a au moins échappé à la cage. Accusés de port d’arme illégal, la plupart des hommes de l’équipée ont été acquittés ou ont vu leur affaire classée. Ils restent libres d’aller au camp d’entraînement et de préparer leur contre-révolution. Judy Orihuela, porte-parole du FBI à Miami, assure que l’agence fédérale enquête sur tous les groupes soupçonnés de vouloir violer la loi américaine ou qui représentent une menace. Au ministère de la Justice, à Washington, Dean Boyd, porte-parole du département de la sécurité nationale, réfute toute accusation de complaisance. "Nos procédures judiciaires sont fondées sur des preuves, sans aucune autre considération" , dit-il.

"C’est totalement faux" , réplique Wayne Smith, ancien responsable de la section des intérêts américains à Cuba sous les présidences de Jimmy Carter et Ronald Reagan entre 1979 et 1982, c’est-à -dire l’ambassadeur de facto des Etats-Unis à La Havane. Smith, qui dirige actuellement le programme pour Cuba du Centre de politique internationale (CIP) à Washington, évoque le cas de deux célèbres réfugiés pour démontrer cette inégalité de traitement. "Il est évident que nous n’avons pas appliqué nos lois en toute rigueur dans les cas de Luis Posada Carriles, Orlando Bosch [accusés entre autres d’avoir planifié l’attentat contre le vol 455 de la Cubana Airlines, qui a explosé en plein vol le 6 octobre 1976 avec 73 passagers à bord]. Nous demandons aux autres pays de prendre des mesures contre les terroristes, mais nous ne le faisons pas nous-mêmes. Et je pense que c’est parce nous soutenons leur cause."

"Nous avions tout le nécessaire à bord : gros calibre, grenades…"

Aux débuts du régime castriste, les autorités américaines étaient plus que conciliantes envers les opposants exilés. Dans les années 1960, le gouvernement américain a activement soutenu les agressions contre Cuba, notamment la désastreuse opération de la baie des Cochons. "Tout au long des années 1960, la lutte contre la révolution cubaine par l’intermédiaire des exilés est restée l’une des priorités du gouvernement américain" , explique Peter Kornbluh, spécialiste de la question. Entre 1961 et 1975, le gouvernement a également planifié de nombreuses tentatives d’assassinat contre Fidel Castro par le biais des militants en exil. De nombreux immigrés cubains ont travaillé pour les services de renseignements américains. Dans les années 1980, certains ont également participé à l’armement des rebelles contras du Nicaragua, avec la bénédiction de l’administration Reagan.

Les liens entre la CIA et les réfugiés cubains ont fini par apparaître au grand jour avec le scandale du Watergate, en 1972. Deux des cinq "plombiers" entrés par effraction au siège du Parti démocrate étaient cubains. Et, au cours des années 1960, 1970 et 1980, les Cubains ont commis des dizaines d’attentats et d’assassinats à Miami et ailleurs aux Etats-Unis contre des personnes jugées trop accommodantes vis-à -vis du régime castriste.

Les années passant et leurs affaires prospérant, les militants anticastristes ont peu à peu changé de stratégie, explique Kornbluh. La CIA s’est effacée progressivement dans les années 1980, et "le financement officiel du gouvernement a laissé la place au parrainage privé par de riches exilés cubains" . L’un des principaux chefs des activistes cubains est un homme d’affaires de Miami, Jorge Mas Canosa, dirigeant de la Fondation nationale cubano-américaine (FNCA) - une organisation directement impliquée dans plusieurs projets d’attentats contre Cuba, selon les services de renseignement cubains et de l’aveu même des militants anticastristes. Les exilés continuent pourtant de s’entraîner et accumulent les stocks d’armes en territoire américain. Colonel à la retraite, Larry Wilkerson se souvient d’avoir participé à des réunions lors d’exercices militaires américains dans les Caraïbes, entre 1992 et 1997, qui lui ont ouvert les yeux sur les ressources des réfugiés cubains. "Nous recevions en permanence ces informations et je n’en revenais pas de voir le nombre de caches d’armes auxquelles ils avaient accès, non seulement en Floride mais aussi en Californie, dans le New Jersey et dans d’autres Etats. Pistolets-mitrailleurs, grenades, explosif C4, dynamite, et toutes sortes d’armes individuelles à courte ou longue portée" , se souvient Wilkerson, ancien chef de cabinet de l’ex-secrétaire d’Etat Colin Powell entre 2002 et 2005. "C’était un véritable nid de terroristes. Vu de La Havane, c’est comme si le Hezbollah se cachait en Floride."

Mais, pendant les deux mandats de Bill Clinton [1993-2001], aucun militant anticastriste n’a fait l’objet de poursuites judiciaires. Ni l’arrivée de George W. Bush ni les attentats du 11 septembre 2001 ne leur ont causé plus de soucis.

Lors de la présidentielle de novembre 2000, c’est grâce au vote des Cubains - auprès desquels George Bush a obtenu quatre fois plus de voix que son rival démocrate - qu’il est arrivé en tête du suffrage populaire en Floride. Et qu’il a finalement remporté la Maison-Blanche. Jeb Bush, son frère, avait déjà profité du soutien de la communauté cubaine pour se faire élire gouverneur de Floride deux ans auparavant. Il avait été également directeur de campagne de la représentante républicaine d’origine cubaine Ileana Ros-Lehtinen en 1988, campagne au cours de laquelle il avait demandé à son père - alors vice-président et candidat à la présidentielle - de s’opposer à l’extradition du militant Orlando Bosch. Les Bush père et fils ont profité tous trois de l’argent et du soutien de la communauté cubano-américaine pour remporter la Floride. Et le président George W. Bush a imposé en 2004 de nouvelles restrictions sur les possibilités de visite à Cuba des citoyens américains ou des résidents cubains et renforcé l’embargo pesant sur l’île.

Le soutien du gouvernement à certains personnages peu recommandables mais partageant ses objectifs semblait plus légitime à l’époque où les Etats-Unis combattaient l’influence communiste à l’échelle planétaire. Mais, avec la "guerre contre le terrorisme" du président Bush, certains spécialistes estiment que l’attitude du gouvernement vis-à -vis de la communauté cubaine à l’intérieur de nos frontières nuit à la crédibilité du pays. "Les procureurs disposent toujours d’une certaine latitude mais, en général, l’objectif est de faire appliquer les lois de manière équitable" , explique Peter Margulies, professeur de droit à l’université Roger Williams. "Sinon, cela sape non seulement la loi américaine mais aussi notre réputation dans le monde entier. Aujourd’hui, certains gouvernements d’Amérique latine ont perdu confiance en nous parce que nous n’appliquons pas les mêmes règles à Cuba et au Moyen-Orient."

Sous la présidence de Bush, le FBI a continué de surveiller les activités des groupes cubains, mais le gouvernement a des idées bien arrêtées sur qui est un terroriste et qui ne l’est pas. Exemple : en août 2007, à une cinquantaine de kilomètres du camp d’entraînement d’Alpha 66, un juge fédéral de Miami a condamné Jose Padilla, jeune homme né à Brooklyn, converti à l’islam [et soupçonné de liens avec Al-Qaida], pour conspiration en vue d’enlèvements, d’attentats ou d’assassinats à l’étranger. Dans cette affaire [devenue emblématique des excès de l’administration Bush dans la "guerre contre le terrorisme" ], les procureurs n’ont pas oublié les lois antiterroristes de 1996. Alors que ces lois n’ont jamais été invoquées à l’encontre de militants anticastristes. Si les autorités de Floride voulaient véritablement faire preuve de la même vigilance à l’encontre des militants cubains, elles n’auraient certainement pas trop de mal à mettre la main sur certains suspects qui s’exercent dans un camp d’entraînement et possèdent plus d’armes à feu que de machettes.

Le plus connu et le plus recherché des militants anticastristes est Luis Posada Carriles, soupçonné avec Orlando Bosch d’être l’auteur de l’attentat contre l’avion de la compagnie Cubana Airlines qui a explosé en plein vol le 6 octobre 1976. "De toute évidence, les actes dont on l’accuse relèvent du terrorisme" , souligne Margulies. Reste que l’idée que Posada soit poursuivi par la justice pour activités terroristes déclencherait l’hilarité dans la communauté cubaine de Miami…

Je me trouve par une chaude soirée dans le quartier de Westchester, une banlieue située au sud-ouest de Miami, à population majoritairement cubaine. Des arbres balancent leur feuillage devant un restaurant couleur locale, le Miami Havana. A l’intérieur, les serveurs remplissent les verres de sangria dans une salle pleine d’hommes en chemise amidonnée et de femmes arborant des bijoux étincelants et embaumant l’air de parfums capiteux. Le groupe Alpha 66 organise cette soirée afin de lever des fonds pour réparer les dégâts commis par une tempête sur son camp d’entraînement, mais il s’agit aussi de remobiliser les troupes pour continuer la lucha, "la lutte" .

Alors que les hymnes nationaux cubain et américain se perdent dans le crépitement de haut-parleurs fatigués et avant que l’on n’apporte les plats, un vieil homme à la chevelure blanche impeccablement coiffée entre par la porte à double battant. L’homme émerge à peine du flot de gardes du corps qui se pressent autour de lui. Tous les convives dressent la tête en murmurant. Quelques applaudissements se font entendre, puis c’est l’ovation. Luis Posada Carriles, le héros de la contre-révolution, se dirige vers la table.

"Bambi" Posada, 79 ans, porte un costume gris clair, une chemise blanche et une cravate foncée. Alors que le vieil homme s’installe, la foule l’invite à prendre la parole. Les discours ne sont pas le fort du vieil activiste, qui a eu une partie de la langue arrachée à la suite d’une tentative d’assassinat en 1990. Il murmure toutefois des remerciements avant de s’asseoir. Pendant le dîner, une tombola est organisée, dont le gros lot est un pistolet Beretta 9 mm. C’est une jeune mère de famille qui le remportera.

Aucun militant anticastriste n’a fait l’objet de poursuites

Le gouvernement cubain a révélé l’implication de Posada dans une série d’attentats qui ont touché plusieurs hôtels de La Havane en 1997, tuant un touriste italien et faisant onze blessés. En 1998, Posada, ancien agent de la CIA et des services de renseignements vénézuéliens, a reconnu - dans un entretien accordé au New York Times - être responsable de ces attentats. Le gouvernement vénézuélien a demandé son extradition afin qu’il réponde de l’attentat de 1976 contre le vol 455 de la Cubana Airlines, organisé depuis Caracas. Deux complices de Posada ont reconnu les faits mais ce dernier continue de nier toute implication.

Les autorités vénézuéliennes avaient arrêté Posada et Orlando Bosch en 1976 pour la planification de cet attentat, mais Posada s’est évadé de sa prison vénézuélienne en 1985 et s’est réfugié au Salvador, où il a commencé à travailler pour le compte de la CIA dans le trafic d’armes. Pour 3 000 dollars par mois, il fournissait des armes aux contras du Nicaragua. En 2000, les autorités panaméennes l’ont arrêté ainsi que trois réfugiés cubains de Miami pour tentative d’attentat dans un auditorium panaméen où Fidel Castro devait prononcer un discours. Posada était en possession d’un sac de sport rempli d’explosif C4. Les quatre hommes sont condamnés en 2004 et graciés la même année par la présidente panaméenne, Mireya Moscoso, proche alliée des Etats-Unis, juste avant la fin de son mandat. Tous retournent à Miami, à l’exception de Posada.

En 2005, Posada entre clandestinement en territoire américain. Interpellé en possession d’un faux passeport, il est incarcéré. En avril, il demande l’asile politique tandis que le gouvernement vénézuélien demande son extradition. Un juge de l’immigration du Texas rejette la demande de Caracas en vertu des risques de torture invoqués par Posada s’il était renvoyé au Venezuela, jamais mis en doute. La même année, le sous-secrétaire d’Etat américain, Roger Noriega, déclare en outre que les accusations formulées par les autorités cubaines et vénézuéliennes à l’encontre de Posada "sont peut-être montées de toutes pièces" . Et, en mai 2007, un juge de district finit par abandonner les seules charges qui avaient été retenues contre lui, à savoir l’entrée illégale sur le territoire.

"Pouvez-vous imaginer qu’Oussama Ben Laden arrive au Pakistan à dos de chameau et que les autorités de l’immigration pakistanaises disent à la Maison-Blanche qu’elles refusent de l’extrader pour meurtre parce qu’elles l’ont inculpé d’entrée illégale sur leur territoire !" explique José Pertierra, représentant du gouvernement vénézuélien à Washington.

http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=82711

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