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Europe : la fuite en avant vers un fédéralisme autoritaire

C’est l’irruption de Syriza et la peur de la contagion qui ont poussé les dirigeants européens à relancer ce débat.

Règles budgétaires renforcées, contrôles automatisés : le nouveau projet franco-allemand est défendu depuis plus de 20 ans par le brutal ministre allemand Schäuble.

Dans son allocution du 14 juillet, François Hollande a relancé l’idée d’un « gouvernement économique » de la zone euro et annoncé l’élaboration d’un « document partagé avec nos amis allemands ». La première réaction de la plupart des commentateurs à cette déclaration – intervenue au lendemain du diktat scélérat imposé par le pouvoir de Berlin à la Grèce – fut d’ironiser sur la resucée d’une proposition déjà maintes fois évoquée depuis François Mitterrand. Je suggérerais, à l’inverse, de prêter une grande attention à cette annonce, d’exiger des éclaircissements sur ce projet et d’engager un débat public sur les enjeux qui se cacheraient derrière cette réforme d’apparence anodine.

En effet, un premier « détail » devrait nous alerter. Longtemps, il s’agissait d’une idée française, dont le gouvernement allemand ne voulait pas entendre parler, car il y voyait la volonté, prêtée à Paris, d’instituer une instance politique permettant de faire contrepoids à la Banque centrale européenne. Puis, début 2010, à la surprise générale, la chancelière a repris l’idée à son compte ... mais en précisant le contenu qu’elle entendait lui donner.

Un spécialiste du sujet le résume en ces termes : « Un renforcement des règles de discipline budgétaire associé à la mise en place de mécanismes de contrôle plus automatiques » (1). Une conception aussitôt agréée par la France et ses partenaires de la zone euro puisqu’elle a inspiré la mise en place d’une première étape de ce pseudo- « gouvernement européen » : à savoir les dispositions obligeant chaque État membre à soumettre à Bruxelles son projet de budget avant son examen par le Parlement national. On a quelques sueurs froides à imaginer les étapes suivantes d’un tel processus et leurs effets sur la souveraineté dans chaque pays. Surtout après la traumatisante expérience que vient de subir le peuple grec !

L’affaire est à prendre d’autant plus au sérieux que le président de la République a cru utile de compléter ses « propositions » par l’idée de créer au sein de la zone euro « une avant-garde », un groupe de pays – dont le noyau serait constitué par le « couple franco-allemand ». Or, cette notion est défendue depuis plus de vingt ans par ... Wolfgang Schäuble, le tristement célèbre ministre d’outre-Rhin (2). François Hollande avait sans doute anticipé les craintes légitimes que cette référence susciterait parmi les forces démocratiques puisqu’il s’est senti obligé de préciser (de façon très défensive) qu’il s’agissait, à ses yeux, « non pas (de) brider des peuples » mais de « donner à l’Europe des moyens d’action plus forts pour endiguer les crises »...

C’est bien là que le bât blesse : le « plus d’Europe » n’est rien d’autre qu’une fuite en avant dans le sens d’un fédéralisme autoritaire. Il s’agit de centraliser le pouvoir européen pour vaincre les résistances des peuples ... C’est l’irruption de Syriza et la peur de la contagion qui ont poussé les dirigeants européens à relancer ce débat : un rapport sur le sujet a d’ailleurs été rendu public avant l’été par les présidents de la Commission, du Conseil, du Parlement européen, de l’Eurogroupe et de la BCE – excusez du peu ! Leur seul problème est la quasi-impossibilité de faire passer le traité que nécessiterait leur projet funeste.

Ne leur laissons aucune chance : relançons le débat progressiste et solidaire sur « une autre Europe », autrement dit sa refondation.

Francis Wurtz*

(L’Humanité : La chronique de Francis Wurtz).

*Député honoraire du Parlement européen.

(1) Jean-François Jamet, porte-parole d’EuropaNova dans « Questions et Entretien d’Europe » - Fondation Robert-Schuman (10 octobre 2011).

(2) « Réflexions sur une politique européenne », 1er septembre 1994.

»» http://www.humanite.fr/europe-la-fu...
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