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La dictature médiatique à l’ère de la post-vérité (*)

Fidel Castro et la répression contre les intellectuels

Ignacio Ramonet a été directeur du Monde diplomatique. Il est actuellement directeur de son édition espagnole.
Il a été parmi les premiers à définir le concept de Pensée unique et il a été à l’origine de la création d’ATTAC dont il est Président d’honneur.

Il a fait partie des promoteurs du Forum social mondial de Porto Alegre qui lui doit le slogan :"Un autre monde est possible".

Journaliste, géopolitologue, sociologue, écrivain, il a reçu de nombreuses distinctions internationales.

Il raconte ici comment la censure et la répression se sont abattues sur lui, en Espagne et en France, dès qu’il a publié son livre "Fidel Castro. Biographie à deux voix" ou "Cent heures avec Fidel"- (Edition Debate, Barcelone), fruit de cinq années de documentation et de travail, et des centaines d’heures de conversations avec le leader de la révolution cubaine.

Son récit est édifiant (glaçant) alors que la quasi-totalité des médias viennent de nous expliquer, à l’occasion de la mort de Fidel Castro, ce que devrait être le droit des intellectuels à faire connaître leur travail.

Le Grand Soir


La mort de Fidel Castro a donné lieu - dans certains grands médias occidentaux - à la diffusion de quantités d’infamies contre le commandant cubain. Cela m’a blessé. Chacun sait que je le connaissais bien. Et j’ai donc décidé d’apporter mon témoignage personnel. Un intellectuel cohérent doit dénoncer les injustices. En commençant par celles de son propre pays.

Lorsque l’uniformité médiatique écrase toute diversité, censurer toute expression divergente et sanctionner les auteurs dissidents, est naturel, en effet, on peut parler de "répression". Comment qualifier autrement un système qui étouffe la liberté d’expression et réprime les voix différentes ? Un système qui n’accepte pas la contradiction en arguant qu’il l’admet. Un système qui établit une "vérité officielle" et ne tolère pas la transgression. Un tel système a un nom, ça s’appelle "tyrannie" ou "dictature". Pas de discussion. Comme beaucoup d’autres, j’ai vécu dans ma chair les fléaux de ce système... en Espagne et en France. C’est ce que je vais vous raconter.

La répression contre moi a commencé en 2006, lorsque j’ai publié en Espagne mon livre "Fidel Castro. Biographie à deux voix" ou "Cent heures avec Fidel"- (Edition Debate, Barcelone), fruit de cinq années de documentation et de travail, et des centaines d’heures de conversations avec le leader de la révolution cubaine.

Immédiatement, je fus attaqué. Et la répression a commencé. Par exemple, le journal "El Pais" (Madrid), qui m’ouvrait régulièrement ses pages d’opinion, m’a sanctionné. Il cessa de me publier. Sans donner la moindre explication. Et non seulement cela, mais dans la meilleure tradition stalinienne, mon nom a disparu de ses pages. Supprimé. Plus aucun compte-rendu de mes livres, plus aucune mention de mon activité intellectuelle. Rien. Supprimé. Censuré. Un historien du futur qui chercherait mon nom dans les colonnes du journal "El País" déduirait que je suis mort il y a une décennie...

La même chose dans "La Voz de Galicia", journal dans lequel j’ai aussi écrit pendant des années, une chronique hebdomadaire intitulée "Res Publica". En raison de la publication de mon livre sur Fidel Castro, et aussi sans la moindre excuse, j’ai été puni. Ils ont cessé de publier mes chroniques. Du jour au lendemain : la censure totale. Comme dans "El País" mise à l’écart absolue. Traitement de pestiféré. Jamais plus, ensuite, la moindre allusion à une de mes activités.

Comme dans toute dictature idéologique, la meilleure façon d’exécuter un intellectuel est de le faire "disparaître" de l’espace médiatique pour le "tuer" symboliquement. Hitler l’a fait. Staline l’a fait. Franco l’a fait. Le quotidien "El País" et "La Voz de Galicia" me l’ont fait.

En France, ce fut pareil. Quand les éditeurs Galilée et Fayard ont publié mon livre "Fidel Castro. Biographie à deux voix" en 2007, la répression s’est immédiatement abattue sur moi.

Sur la radio publique "France Culture", j’animais un programme hebdomadaire le samedi matin, consacré à la politique internationale. Dès la publication de mon livre sur Fidel Castro, les médias dominants commencèrent à m’attaquer violemment, le directeur de la station m’a appelé dans son bureau et sans détours, m’a déclaré : "Il est impossible que vous, ami d’un tyran, puissiez vous exprimer sur nos ondes." J’ai essayé d’argumenter. Rien à faire. Les portes des studios se sont fermées à jamais pour moi. Ils m’ont aussi bâillonné. Le silence était imposé à une voix discordante dans l’unanimisme anti-cubain.

A l’Université Paris-VII, cela faisait 35 ans que j’enseignais la théorie de la communication audiovisuelle. Quand a commencé la diffusion de mon livre et la campagne médiatique contre moi à se propager, un collègue m’a prévenu : "Attention ! Certains fonctionnaires disent qu’on ne peut pas tolérer que "l’ami d’un dictateur" donne des cours dans notre faculté..." Bientôt commencèrent à circuler dans les couloirs des dépliants anonymes contre Fidel Castro qui exigeaient mon expulsion de l’université. Peu après, j’étais officiellement informé que mon contrat ne serait pas renouvelé... Au nom de la liberté d’expression, on m’a refusé le droit à l’expression.

Je dirigeais à l’époque, à Paris, le mensuel "Le Monde Diplomatique", appartenant au même groupe d’édition que le célèbre journal "Le Monde". Et, pour des raisons historiques, je faisais partie de la "Société des rédacteurs" de ce journal, mais n’écrivais plus dans ses colonnes. Cette société était alors très importante dans l’organigramme de l’entreprise par sa condition d’actionnaire principal, parce qu’en son sein on élisait le directeur du journal et parce qu’elle veillait au respect de l’éthique professionnelle.

En vertu de cette responsabilité précisément, quelques jours après la sortie de ma biographie de Fidel Castro en librairies, et après que plusieurs médias importants (notamment le quotidien "Libération") ont commencé à m’attaquer, le président de la Société des rédacteurs m’appela pour me transmettre "l’extrême émotion" qui, selon lui, régnait au sein de la Société des rédacteurs depuis la publication du livre. "L’avez-vous lu ?" demandai-je. "Non", répondit-il, "mais peu importe c’est une question d’éthique, de déontologie. Un journal du groupe "Le Monde" ne peut pas interroger un dictateur." Je cite de mémoire une liste d’une douzaine d’authentiques autocrates d’Afrique et d’autres continents dont le journal avait obligeamment donné la parole pendant des décennies. "Pas la même chose" dit-il, "précisément je t’appelle pour ça : les membres de la Société des rédacteurs veulent que tu viennes leur donner une explication." "Vous voulez me faire un procès ? Un « procès de Moscou » ? Une « purge » pour déviationnisme idéologique ? Il va falloir assumer votre rôle d’inquisiteurs et de police politique, et m’emmener de force devant votre tribunal." Ils n’ont pas osé.

Je ne peux pas me plaindre ; je n’ai pas été emprisonné ni torturé ni exécuté comme cela est arrivé à beaucoup de journalistes et d’intellectuels sous le nazisme, le stalinisme ou le franquisme. Mais j’ai subi des représailles, symboliquement. Comme dans ’El País’ ou ’La Voz’, j’ai "disparu" des colonnes du journal "Le Monde". Lorsque j’étais cité, c’était seulement pour me lyncher.

Mon cas n’est pas unique. Je connais en France, en Espagne, dans d’autres pays européens, de nombreux intellectuels et journalistes condamnés au silence, à "l’invisibilité" et à la marginalité parce qu’ils ne pensent pas comme le chœur féroce des médias dominants, parce qu’ils rejettent "le dogme anti-castriste obligatoire". Pendant des décennies, Noam Chomsky lui-même, aux États-Unis, pays de la "chasse aux sorcières", a été condamné à l’ostracisme par les grands médias qui lui ont interdit l’accès aux colonnes des journaux les plus influents et aux antennes des principales stations de radio et de télévision.

Cela n’a pas eu lieu il y a cinquante ans dans une dictature poussiéreuse lointaine. Non, ça se passe maintenant dans nos "démocraties médiatiques". Je continue à en souffrir à l’heure actuelle. Pour avoir simplement fait mon travail de journaliste, et donné la parole à Fidel Castro. En justice, ne donne-t-on pas la parole à l’accusé ? Pourquoi ne pas accepter la version du dirigeant cubain que les grands médias dominants jugent et accusent en permanence ?

La tolérance n’est-elle pas le fondement même de la démocratie ? Voltaire définissait la tolérance de la manière suivante : "Je ne suis pas du tout d’accord avec ce que vous dites, mais je lutterai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire." La dictature médiatique, à l’ère de la post-vérité (*), ignore ce principe fondamental.

Ignacio RAMONET
Directeur de "Le Monde diplomatique en español"
www.monde-diplomatique.es

(Traduction Michel TAUPIN).

Notes du traducteur :

(*) "post-vérité" : « qui fait référence à des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles » (dictionnaire Oxford)

La vérité a toujours été falsifiée ou contestée, ce qui est nouveau c’est qu’elle est devenue secondaire, c’est l’ère de la post-vérité.

 http://www.alainet.org/es/articulo/182207

COMMENTAIRES  

09/12/2016 21:05 par Antar

L’ostracisation dont souffre Ignacio Ramonet (que je respecte beaucoup) explique-t-elle sa position sur la guerre de l’OTAN contre la Libye ? Je me rappelle que sa position a déçu beaucoup de militants de la gauche à l’époque qui la trouvaient incompréhensible voire indéfendable. Au risque d’infliger un procès d’intention à un journaliste qui ne le mérite certainement pas, ceci explique-t-il cela ?

09/12/2016 22:02 par Ulyssien

Ne t’inquiète pas Ignacio ! Etre ostracisé par des sous-laquais de dictateurs c’est un honneur de poète ! La Vérité comme la Beauté sont haïs en ce monde... Tu as allumé des flambeaux qui illuminent déjà la future Humanité !

09/12/2016 22:58 par aldamir

La liberté d’expression est une notion qui n’existe plus en réalité en France singulièrement, berceau de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et des peuples. La balance qui était le symbole de la Justice et de l’équité n’a plus droit de cité. Ce sont les poids et mesures qui l’ont remplacés. Les intellectuels sont appelés à mettre leur savoir et leur réflexion au service exclusif de leur employeur ou maître , ceux qui dérogent sont écartés et éloignés. Il en est de même dans tous les secteurs car les dirigeants en place dépendent désormais du Pouvoir Financier auquel ils resteront éternellement redevable. Quant à leur conscience, ils l’ont déjà foulé à leurs pieds.

09/12/2016 22:58 par legrandsoir

De passage à Toulouse où il était venu, devant un auditoire nombreux, présenter son livre sur Fidel Castro, Ramonet me confia que le patron de la plus grande librairie de la ville venait de lui dire que les ventes ne décollaient pas.
1- C’est incompréhensible, quand on sait que son livre est un document unique, que des milliers de journalistes à travers le monde auraient aimé pouvoir approcher et interviewer ainsi Fidel Castro.
2- C’est normal quand on sait que quelqu’un d’aussi considérable que Ramonet est boycotté par les médias et que le grand public ignore la sortie de ce livre et ce qu’il représente.
Bah, lui ai-je dit pour plaisanter, tu vas être invité par les télés.
Il a éclaté de rire, pointé son doigt sur ma poitrine en disant : « Oui, comme toi ! ».
Il savait que l‘omerta serait totale. Il ne savait pas encore qu’il serait châtié et muselé par la mafia de la bien-pensance qui s’étrangle pourtant d’indignation vertueuse quand un taggueur cubain est empêché de dégueulasser les entrées d’hôtel et les bâtiments publics à La Havane. Voir : https://www.legrandsoir.info/cuba-ou-comment-amnesty-international-saisit-trop-vite-des-batons-visqueux.html
Maxime Vivas

09/12/2016 23:35 par Marie CT

Merci, Monsieur Ignacio Ramonet
pour votre loyauté inébranlable
et pour mettre au grand jour les lâchetés des « chiens de garde » qui vous ont écarté pour cela.
Je pense que votre expérience pourrait faire l’objet d’un chapitre dans le livre d’Aude Lancelin :
« Le Monde libre » !!
Et on pourrait rêver qu’ensemble vous formiez un début de bataillon...
pour marcher contre la Dictature de la Voix Unique qui nous étouffe ?...

09/12/2016 23:36 par Captain Sami

Je vais peut être me montrer trop élogieux à l’égard de monsieur Ramonet pour plusieurs personnes enfin.
J’ai actuellement 22 ans et suis étudiant à l’université et je me souviens que lorsque j’y ai fais mon entrer à l’âge de 18 ans je ne connaissais que la légende noir accoler à Fidel et je suis tomber par hasard dans la bibliothèque universitaire sur Biographie à deux voies. je me souviens parfaitement du choc que m’a fais cette lecture. Lorsque j’ai voulus en parler avec mes amis et montrer par conséquent un autre visage de Fidel Castro je me suis retrouver devant de véritables murs pourtant j’ai eu beau louer le sérieux de l’ouvrage et de son auteur rien n’y faisais Castro resterais cette immonde dictateur barbus auprès de mes camarades et moi j’ai commencer à me sentir bien seul.

10/12/2016 02:58 par angevoyageur

On ne peut que louer le courage de Mr Ramonet de continuer à "défendre" Fidel Castro, qui est selon moi une des figures marquantes (positivement) du 20ième siècle. Malheureusement tout ce qu’il a vécu n’est guère étonnant quand on connaît un peu le système dans lequel on vit.
Toutefois, son discours est totalement affaibli par sa comparaison continuelle entre nazisme/franquisme et stalinisme. Quand on voit comment est traité Fidel Castro, et qui il était réellement, quand on voit comme on est traité quand on ose aller un peu à contre-courant, le minimum est de se demander si tout ce qu’on "sait" sur le stalinisme ne vaudrait pas une étude sérieuse. Comparer nazisme/fascisme et communisme/stalinisme c’est vraiment faire le jeu du système qui vous brime, vous censure et vous ostracise. Décevant.

10/12/2016 08:58 par Esteban

Avec tout le respect que j’ai pour Ignacio Ramonet, il dénonce (à juste raison) l’ostracisme dont il est victime pour essayer de rétablir la vérité contre la tentative internationale de lapidation semi-séculaire de Fidel (qui s’est battu avec ses moyens contre tous ses détracteurs) mais lui-même ne se gêne pas, afin d’étayer le rejet dont il est victime, de lapider Staline -avec lequel il ne s’est jamais entretenu-, de pointer le procès de Moscou et pour encore plus enfoncer le coin associer stalinisme-nazisme-franquisme. Je reconnais l’intelligence et la culture d’Ignacio Ramonet et je souhaiterais qu’il prenne en compte les travaux d’autres intellectuels historiens (Annie Lacroix-Riz, Ludo Martens) aussi sérieux que lui et ostracisés comme lui, avant de d’emboîter le pas à la propagande capitaliste quand ça l’arrange. Je répète que je n’ai rien contre Ramonet, je lis et j’apprécie ses parutions françaises et espagnoles.

10/12/2016 11:37 par banal

Un article très juste de Jean Pierre Garnier sur la prose abjecte du milieu médiatico politique français qui a accompagné la mort de Fidel castro.
Son hypothèse sur le délire anticastriste de ce qu’il faut bien appeler les larbins au service de l’oligarchie des ploutocrates français est très plausible :

Cependant, l’importance que j’ai accordée à la réaction — dans les deux sens du terme — hystérique et haineuse des politiciens, éditocrates et intellos de cour qui se sont relayés dans l’hexagone pour cracher à tour de rôle sur la tombe — l’urne, plutôt — de Fidel, est aussi le fruit d’une autre préoccupation, plus « locale ». Cette réaction me paraît, en effet, symptomatique de l’état d’esprit qui règne en France parmi nos soi-disant élites, et donner par avance une idée de ce qui se produirait si un événement quelconque venait à menacer leur statut et leurs privilèges. (...)
Il y a fort à parier qu’une « union nationale », rebaptisée républicaine comme il se doit, ne tarderait pas à se constituer où l’on verrait au coude à coude, par exemple, l’extrême-droitière Marine Le Pen, l’ultra conservateur François Fillon et proto-fasciste Manuel Valls pour « faire barrage », non plus évidemment à l’extrême-droite, mais à la réapparition éventuelle du vieil ennemi intérieur : le péril rouge. Car c’est bien le vieux spectre entrevu par Marx et Engels que les vautours se disputant le cadavre de Fidel s’évertuaient par avance à exorciser.

10/12/2016 13:11 par CN46400

Ramonet n’est pas communiste et sans doute même pas marxiste ce qui explique qu’il ne fasse aucune différence entre le dictateur Staline (car s’en était un) qui croyait sincèrement agir pour les intérêts prolétariens et les autres dictateurs qui, consciemment ou non, travaillaient pour les intérêts de la bourgeoisie. Ceux qui considèrent que les victimes se valent toutes vont, évidemment, s’offusquer, mais force est de constater que tous les jours, des dirigeants, démocratiquement élus, décident, eux aussi, du sort de milliers d’êtres humains.

Qui est responsable des tueries d’Alep ? Bachar, Poutine, Daech ou ceux (Hollande-Cameron etc) qui ont promis, aide et assistance, aux anti-Bachar, tout en sachant qu’ils ne tiendraient pas ces promesses ?...

Staline a fait disparaître, début 41, des milliers d’officiers polonais à Katyn qui refusaient de collaborer avec l’Armée Rouge et qu’il ne voulait pas risquer de les voir soutenir les nazis quand ceux-ci attaqueraient....

En tirant un trait sur la NEP de Lénine, Staline optait pour une politique autarcique, ce qui impliquait beaucoup de travail gratuit, parfois volontaire, mais souvent forcé, d’où le Goulag, pour constituer ce qui n’existait pas dans l’URSS de l’époque : l’accumulation primitive du capital. Qui a contesté ce choix ? Personne et tous, Trotski, Boukharine, Kaménev Zinoviev et consort passeront devant un peloton d’exécution. Ce qui vaut à Staline un statut, indiscutable, de "dictateur" !

Mais le papier de Ramonet a un mérite évident, celui de montrer que la dictature de la bourgeoisie, au delà, des régimes officiels, plus ou moins démocratiques, est aussi une réalité tout a fait palpable.

10/12/2016 13:29 par D. Vanhove

Je profite de l’occasion donnée par cet article pour vous remercier, Mr. Ramonet, pour le sérieux de votre travail journalistique depuis tant d’années... J’y ai puisé bien des connaissances et des richesses rarement trouvées ailleurs...

cependant, votre professionnalisme ne peut être surpris pas les réactions de la caste qui nous dirige. Vous n’êtes pas dupe du système et savez mieux que quiconque que lorsque certains défilent bras-dessus bras-dessous avec des criminels de guerre au nom de la "liberté d’expression" derrière un slogan de charlot, ils se foutent du peuple mais testent par ce genre d’évènement sa docilité afin de sentir s’il peut être encore un peu plus tondu, plié et soumis qu’il ne l’est déjà... c’est la "peopelisation" des bons sentiments, avec programmation de rappels réguliers aux dates-anniversaires, bougies, dessins d’enfants et marseillaise pour emballer le tout... il ne s’agit plus de respect des émotions et des sensibilités, mais d’exaltation de l’émotionnel et des sensibleries...

vu les trahisons et les mensonges répétés avec lesquels les tenants du pouvoir (politico-merdiatique) nous baladent depuis des décennies, de nombreux citoyens devenus plus sceptiques qu’auparavant, se rendent bien compte que la justice ne fonctionne pas comme elle devrait, de même que pour la liberté d’expression : nous ne sommes plus dans de vraies démocraties, mais dans des démocratures (pour reprendre cette perspicace association de l’écrivain Eduardo Galeano)...

il est donc des sujets qui ne peuvent être soulevés, travaillés, explicités, ou dénoncés au risque de se faire ostraciser... je comprends bien le sentiment de révolte et d’injustice que vous ressentez face à cette censure dont vous faites l’objet... je pense que d’autres ont traversé la même expérience... j’ai moi-même été ignoré par les médias de mon pays quand j’ai publié mes deux livres à propos de mes expériences en territoires palestiniens, et malgré des rencontres de personnalités haut placées dans l’appareil d’État, tel que le président Y. Arafat... ou certains responsables de la société civile (Dr. M. Bargouti ou Dr Haidar Abdul Shafi) si active pour aider les citoyens à survivre dans les conditions infra-humaines dans lesquelles l’occupant tente de les écraser...

rien n’y fait... la vérité est toujours perdante face à un tel système... mais, y être attaché et se battre contre vents et marées pour la faire émerger est la seule chose qui vaille dans cet océan de vase qui bien svt nous submerge...

10/12/2016 14:03 par Scalpel

Le témoignage d’Ignacio Ramonet atteste ce dont toute personne éprise de liberté et de justice sait pour l’éprouver chaque jour ou presque : à savoir que rien de ce qui combat frontalement l’odieux système qui nous tue sournoisement n’a voix au chapitre. Qu’être révolutionnaire aujourd’hui plus que jamais c’est redonner leurs sens à des mots qui en ont été vidés, comme notre nourriture est vidée de ses nutriments. L’exemple Fidel Castro apporte l’éclatante démonstration de l’extrême déliquescence morale et intellectuelle de notre société, qui voit de très nombreux bac +5 ne plus maîtriser leur propre langue maternelle, ce qu’un un simple "certifié" ayant quitté l’école à 12 ans avait appris pour toute son existence il y a encore 50 ans. La nourriture spirituelle a suivi la nourriture physique dans son effarante déchéance post WW2. Cuba fait une douloureuse et anachronique exception à la société orwellienne mondialisée. Elle est LE témoin civilisationnel à abattre.
A titre personnel, cela apporte de l’eau au moulin de mes options politiques, options dont seulement 3% de nos concitoyens ont connaissance pour la raison évoquée plus haut. A méditer.

10/12/2016 16:35 par Erwan

Déçu.

Je m’attendais à lire un article qui démonterait les accusations contre Castro et je me retrouve avec un article qui ne parle en aucun point de la possible répression des intellectuels à Cuba mais de la propre censure qu’a dû subir Ramonet en Europe.

Je ne suis pas convaincu que répondre à une telle accusation par :"oui bin, on le fait aussi chez nous." soit une stratégie efficace.

10/12/2016 17:48 par morvandiaux

merci Monsieur pour votre démonstration : l’Histoire jugera - les lansquenets, les sbires seront dénoncés, hélas, nous pouvons le craindre avec beaucoup de retard !!

10/12/2016 19:43 par SZWED Christian

Je n’ai plus qu’à offrir quelques exemplaires du livre de M. Ignacio Ramonet et les offrir à mes enfants et à mes amis par solidarité et comme réponse à l’ostracisme de l’oligarchie.
Je vous souhaite de bonnes fêtes Monsieur Ramonet

10/12/2016 22:22 par résistant

Ignacio Ramonet : « Les insurgés libyens méritent l’aide de tous les démocrates »
http://www.medelu.org/Libye-le-juste-et-l-injuste

Rien de personnel. Sont tous comme ça.
La seule question qui reste dans mon esprit c’est : tel ou tel journaliste (ou politicien, ou "spécialiste", ou n’importe quelle sorte de "blablateur" en général...) est-il seulement aveugle ? Incompétent ? Ou bien est-ce un agent corrompu ? Un pseudo-révolutionnaire necéssaire aux banquiers afin de faire reluire le vernis démocratique qui recouvre nos dictatures capitalistes ?
Dois-je voir des traitres partout, ou juste des hmm... comment dire celà diplomatiquement, ah oui, Desproges aurait dit des "mal-comprenants" ?
Quand est-ce que vous-même, lecteur, cesserez de vous prosterner devant ces idoles en carton-pâte ?
La révolution russe a été très rapidement confisquée par des "intellectuels" qui pensaient que le peuple était trop con pour se gouverner lui-même (ou plus honnêtement : c’est vachement bien d’être le boss maintenant, pourquoi lacher ça à la populasse...).
Reproduirez-vous la même erreur en n’ayant pas le courage de vous affranchir de vos "guides" ?

10/12/2016 23:42 par Autrement

Réponse de Wiliam Blum à Erwan (voir LGS) :

Cuba est-elle une dictature parce qu’elle arrête les dissidents ? De nombreux milliers de manifestants anti-guerre et autres ont été arrêtés aux États-Unis ces dernières années, comme à chaque période de l’histoire américaine. Pendant le mouvement Occupy, il y a cinq ans, plus de 7 000 personnes ont été arrêtées, nombreuses ont été battues par la police et maltraitées pendant leur détention. Et rappelez-vous : Les États-Unis sont au gouvernement cubain ce qu’al-Qaïda est au gouvernement des Etats-Unis, mais beaucoup plus puissant et beaucoup plus proche ; Pratiquement sans exception, tous les dissidents cubains ont été financés et aidés d’une façon ou d’une autre par les États-Unis.

Est-ce que Washington ignorerait un groupe d’Américains qui recevraient des fonds d’al-Qaïda et s’engageraient dans des réunions répétées avec des membres connus de cette organisation ? Ces dernières années, les États-Unis ont arrêté un grand nombre de personnes aux États-Unis et à l’étranger uniquement sur la base de liens présumés avec Al-Qaïda, avec beaucoup moins de preuves que Cuba n’a eues pour les liens de ses dissidents avec les États-Unis. Pratiquement tous les « prisonniers politiques » cubains sont de tels dissidents. Alors si certains qualifient la politique de sécurité de Cuba de dictature, moi j’appelle ça de la légitime défense.

William Blum

11/12/2016 04:14 par alain harrison

Oui, cela se passe partout et depuis tout temps.
Mais la nouveauté est la post-vérité, l’ère de la post-vérité. Merci pour cette information que j’ignorais.

Mais ce phénomène existe à d’autres niveaux.
Le cas de la Naissance sans Violence, M. Le Boyer subit aussi de la répression de ses paires médecins.
Mais après que les médiats US l’eurent monté en panacée, lui et la naissance sans violence.(les années 70)
En déployant toute une série de fausseté du genre les enfants sont plus intelligents...... que la moyenne, sans aucune étude ni suivi, mais gratuitement, comme du lancement du dernier gadget à la dernière mode.
Informations artificielles, seulement l’enthousiasme d’après matche. Disparu le lendemain, un coup vin cuvé.
Il ne faut pas s’en surprendre les médiats sont alignés sur le sensationnel et sur la logique de la pensée unique.

Combien laisserons-nous passer de rendez-vous par notre manque de perception et d’attention !?

11/12/2016 04:15 par alain harrison

Fidel Castro et la répression contre les intellectuels par alain harrison
Oui, cela se passe partout et depuis tout temps.
Mais la nouveauté est la post-vérité, l’ère de la post-vérité. Merci pour cette information que j’ignorais.
Mais ce phénomène existe à d’autres niveaux.
Le cas de la Naissance sans Violence, M. Le Boyer subit aussi de la répression de ses paires médecins.
Mais après que les médiats US l’eurent monté en panacée, lui et la naissance sans violence.(les années 70)
En déployant toute une série de fausseté du genre les enfants sont plus intelligents...... que la moyenne, sans aucune étude ni suivi, mais gratuitement, comme du lancement du dernier gadget à la dernière mode.
Informations artificielles, seulement l’enthousiasme d’après matche. Disparu le lendemain, un coup vin cuvé.
Il ne faut pas s’en surprendre les médiats sont alignés sur le sensationnel et sur la logique de la pensée unique.
Combien laisserons-nous passer de rendez-vous par notre manque de perception et d’attention !?

11/12/2016 06:00 par Com'Pol.

@ceux-qui-respectent-Ramonet-compatissent-mais-vont-quand-même-le-tacler-sur-la-Libye

Ramonet explique comment il s’est fait virer de l’unif, de divers journaux, d’une radio pour son incroyable audace d’avoir osé dialoguer avec Castro et de le diffuser.
Et vous, qui comme lui écrivez, agissez, mobilisez, enseignez, diffusez depuis des décennies avec une telle constance, audience et talent, vous n’avez bien sûr jamais merdé, pas une seule fois (oui, Ramonet a sérieusement merdé sur la Libye).
Sa position n’aurait-elle pas évolué depuis ? Cela invaliderait-il son travail avec et sur Fidel Castro ? Sérieusement ?

Cette manie qui tient du sectarisme plus que de la prétention, ne serait-elle pas une des explications de l’état actuel de la gauche de la gauche française ?

11/12/2016 11:23 par Smaïl Hadj Ali

Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà !

On serait curieux de savoir ce que Fidel Castro aurait pense des convergences de Monsieur Ramonet avec les puissances impérialo-colonialistes dans l’agression de la Libye. Ce n’est pas n’importe quoi s’aligner sur les otaniens, palsambleu !
Certes les censures dont il a été l’objet sont scandaleuses et doivent être dénoncées.
Mais lui-même n’a-t-il pas censuré lorsqu’il dirigeait Le Monde Diplomatique, lorsqu’il refusait , au début des années 90, de publier des points de vue et analyses d’intellectuels progressistes algériens, -qui avaient miraculeusement échappé aux tueurs du GIA-FIS-, sur le terrorisme islamo-wahhabisme en Algérie et son projet de société, arguant que leurs analyses ne cadraient pas avec la ligne du mensuel !

11/12/2016 21:46 par depassage

@ comp’pol

Le talent qui exploite les préjugés de ses contemporains n’est pas du talent et ressasse en jouant du style comme arme de séduction qui est un luxe de ceux qui en font un métier, les même vérités en vogue d’un microcosme où on se donne des couleurs politiques comme les oiseaux se donnent des parures pour séduire leurs femelles

Ignacio Ramonet fut utile à un milieu qui l’a servi comme il s’en est servi, chose somme toute naturelle, ce qui n’empêche pas de l’apprécier pour tel ou tel aspect des choses et de le critiquer à raison sur d’autres aspects et comme il se doit, et non pas comme le fait son propre milieu qui le rejette d’emblée sans le moindre sens critique, signe d’une dégénérescence total de ce milieu qui refuse même à l’histoire de témoigner de ses êtres, en se prenant pour l’histoire et le monde . On est l’histoire, on est le monde, quel culot ! Peut-il exister une telle prétention crasse qu’on ne peut pas prendre pour de la pourriture quelles que soient ses apparences ?

Ignacio Ramonet est simpliste dans sa vision du monde et on peut le lui en vouloir car les antagonismes ne sont pas dans les mots mais dans la réalité. Les mots démocratie et dictature ne sont pas antagonistes, car ils ne présentent pas des réalités antagonistes, mais souvent des réalités complémentaires ou des réalités absolument différentes. La plus part des dictatures qu’a connues le monde ont été imposée par les démocraties occidentales. Par ces faits, on ne peut pas s’empêcher de voir entre démocratie et dictature une complémentarité et dire sans se tromper qu’elles se soutiennent au delà de toute espérance au point où l’une ne peut pas exister sans l’autre. En toute légitimé, on peut se poser des questions sur la dénomination démocratie. N’est-elle pas qu’un succédané religieux qui s’attribue des valeurs qu’il ne respecte jamais, pour des puissants en mal de justificatifs comme cela s’est déjà vu à travers tous les siècles ?

L’autre sens du mot dictature dont les puissants usent selon leurs convenances, c’est les pouvoirs dirigistes qui reposent sur des pouvoirs diffus assumés par plusieurs représentants des composantes des sociétés en question avec une prédominance des notables par leur proximité du peuple. Mais les notables jouent partout un rôle important, même en France comme ailleurs. Ce dirigisme est souvent propre aux pays pauvres aux moyens limités, qui luttent pour leurs indépendances économiques et politiques ou luttent pour l’instauration d’un système économique et politique plus équitables, en plus de leurs indépendances. Si les démocraties peuvent virer fasciste, les pouvoirs dirigistes peuvent virer aussi vers des pouvoirs très restrictifs avec leurs panoplies d’excès. La différence entre un pouvoir fasciste et un pouvoir restrictif est dans la différence des ambitions. Le premier a des ambitions hégémoniques ou répond à des besoins hégémoniques comme c’est le cas de l’Ukraine actuellement. Le second par besoin de se protéger. On serre les rangs quand on se sent menacer.

Le jour où je verrai un dirigeant occidental juger pour ces crimes commis à l’extérieur de son pays, ce jour là je croirai à la démocratie occidentale. Et puis de quelle démocratie parle-t-on, quand on sait que tout repose sur une bureaucratie tatillonne que personne n’a élue, bureaucratie dont on balais d’un revers de main l’importance dans le poids du pouvoir.

12/12/2016 15:24 par Dominique

La seule nouveauté avec le concept de pensée unique et le totalitarisme qu’il implique est que l’occident, en le découvrant, à redécouvert un principe aussi vieux que la civilisation et ses empires. Déjà Platon ne voulait pas des poètes dans sa république, ce qui montre bien que la culture occidentale est amnésique. De plus, si Ignacio Ramonet est naïf ou angélique, il n’est de loin pas le seul à gauche. La faiblesse majeure de la critique marxiste de la société est que bien trop souvent elle limite son analyse au seul capitalisme et ne s’attarde pas sur le fond du problème : ce qui rend possible le capitalisme.

En effet, le capitalisme est, à l’instar du concept de civilisation qui lui sert de support, un mode de vie basé sur l’exceptionalité humaine, et sur l’exceptionalité des certains hommes par rapport aux autres. Ce qui n’a rien de nouveau car toutes les civilisations qui nous ont précédée étaient elles aussi basées sur l’exploitation généralisée du vivant et du non-vivant. Avec l’industrialisation, cette exploitation globalisée est devenue industrielle. Nous présenter les artisans de l’industrialisation de cette exploitation globalisée, les prolétaires, comme une classe révolutionnaire est donc une imposture, car ceux-ci n’ont fait que rendre plus efficace cette exploitation. De plus, avec l’industrialisation, et comme le montre de nombreux auteurs, les prolétaires ont adopté la morale bourgeoise, ce que même des siècles de dictature religieuse et sa noblesse de droit divin n’avait pas réussi à faire. Il s’agit donc bien d’une double imposture, historique d’abord, les prolétaires n’étant que les artisans de l’industrialisation de l’exploitation globalisée du vivant et du non-vivant, morale ensuite car une classe sociale qui a adopté la morale qu’elle prétend combattre se leurre elle-même et se condamne ainsi à répéter les erreurs du passé.

Le fond du problème est que l’invention de l’agriculture a permis le développement de villes, de leurs sociétés autoritaires et des voies de communication nécessaires à approvisionner ces villes depuis la périphérie, ce qui en résumé peut s’appeler un empire ou une civilisation. Dés que des problèmes d’approvisionnement apparaissent, cet autoritarisme vire au totalitarisme. Avec l’industrialisation, ce mode de vie basé sur l’exploitation du vivant et du non-vivant s’est globalisé à l’ensemble de la planète et autant les processus d’exploitation que les nuisances causées à l’environnement n’ont cessé, et ne cessent toujours pas, d’augmenter de façon exponentielle. Ce qui implique à la fois un épuisement des ressources nécessaires au fonctionnement de cette société industrielle et la destruction des conditions nécessaires à la vie. Ce qui implique que la crise actuelle n’est pas une crise du capitalisme mais une crise systémique de notre concept de civilisation et du mode de vie basé sur ce concept. En effet, depuis 3 siècles en occident et pendant des décennies en URSS, le même cri de guerre a résonné : "On n’arrête pas le progrès".

Même un organisme comme la NASA nous avertis, que faute de matières premières, notre civilisation est condamnée et ce dés 2040. D’autres scientifiques nous avertissent que nous vivons le début d’une extinction massive d’espèce, que cette extinction est d’ors et déjà plus rapide et plus globale que toutes les précédentes, ce sur terre comme dans les océans, et que la cause de cette extinction est la destruction de l’environnement par notre mode de vie. Tout ceci implique que s’il n’est pas déjà trop tard pour réparer les dégâts déjà causé à l’environnement, il faudrait commencé aujourd’hui à le faire, ceci pendant qu’il reste encore des ressources disponibles. Et pendant ce temps la gauche rêve encore de révolution "prolétarienne". Cherchez l’erreur.

La seule solution est de revenir à un mode de vie basé sur le respect du vivant et du non-vivant, ce qui implique de revenir à des économies locales. En effet, revenir au local est le seul moyen de garantir à la fois une gestion à long terme et respectueuse de l’environnement et de ses ressources, tout en se débarrassant des villes et de l’autoritarisme totalitaire de la société urbaine. Le problème est donc de savoir si nous en serons capable. Et là j’ai malheureusement un gros, un très gros doute. C’était le commentaire hyperréaliste du jour.

12/12/2016 17:58 par Lulu

@ Smaïl Hadj Ali et pas mal d’autres

Est-ce que c’est vraiment utile de ressortir à chaque fois "l’erreur de Ramonet par rapport à la Lybie" ???

Il faut BIEN lire son article Libye, Le juste et l’injuste (http://www.medelu.org/Libye-le-juste-et-l-injuste), qui décrit une situation complexe et dans lequel il émet une critique des gouvernements progressistes latino-américains... et à juste titre, c’est mon opinion.

Simplifier l’équation à : "Soutenir un gouvernement anti-impérialiste OU soutenir l’OTAN", c’est un peu léger comme analyse géopolitique, ça fait plutôt café du commerce.

D’aileurs d’autres intellectuels latino-américains de renom ^défendaient des positions semblables à celle de Ramonet (Santiago Alba, Alma Allende, ou encore le très connu Atilio Borón).
Ramonet fait bien de rappeler dans son texte :

Craignant que cette seconde option l’emporte, plusieurs intellectuels de renom avertirent immédiatement qu’une telle position serait impensable pour des gouvernements se réclamant du message universel du bolivarisme. Car elle reviendrait à affirmer qu’une relation stratégique entre Etats est plus importante que la solidarité avec des peuples en lutte pour leur liberté. Que cela conduirait, tôt ou tard, à fermer les yeux devant d’éventuelles violations des droits de l’homme. Et qu’alors l’idéal fraternel de la révolution latino-américaine sombrerait dans les eaux glacées de la "realpolitik" .

Sur l’échiquier des relations internationales, la "realpolitik" (définie par Bismarck, le "chancelier de fer" prussien, en 1862) considère que les pays se réduisent à leurs Etats. Elle ne tient jamais compte des sociétés. Selon elle, les Etats n’agissent qu’en fonction de leurs intérêts. L’objectif central de leurs alliances stratégiques étant la préservation de l’Etat, pas la protection de la société.

Je suis d’accord avec ça.
Néanmoins je suis aussi conscient que l’exercice du pouvoir oblige parfois à prendre des décisions difficiles, c’est pourquoi je n’en veux pas "aux pays progressistes" de ne pas avoir soutenu les mouvements populaires à l’époque.

Pour exemple, et pour répondre au passage au commentaire de Smaïl Hadj Ali qui signale :

On serait curieux de savoir ce que Fidel Castro aurait pense des convergences de Monsieur Ramonet avec les puissances impérialo-colonialistes dans l’agression de la Libye. Ce n’est pas n’importe quoi s’aligner sur les otaniens, palsambleu !

... et bien je ne sais pas s’il s’est rendu compte que l’Emir du Qatar a participé (avec un discours) lors de l’hommage à Fidel Castro sur la Place de la Révolution le 29 novembre dernier, au même titre que les présidents de l’Equateur ou du Venezuela.

Incompréhensible !!?? Non, ça s’appelle de la politique/diplomatie, et des fois on doit faire ami ami même avec le diable.

Le monde est complexe, mais c’est le monde dans lequel nous vivons.

12/12/2016 20:09 par alain harrison

Les derniers commentaires montrent justement la difficulté de s’y retrouver. Et Ramonet n’est qu’un homme plus informé, mais les situations méritent un traitement cas par cas et non pas tous dans le même sac, bien que des similitudes existent, le fait de l’exploitation est l’exploitation, que ce soit en démocratie ou en dictature. En effet les états-nations ont leurs propres intérêts, ne dit-on pas raison d’état, que le simple citoyen n’a pas droit de regard.

Et bien voilà la véritable Révolution à faire.
ET Jaurès l’a bien dit.

Pour Jean Jaurès, la révolution socialiste n’est concevable que dans le cadre de la légalité démocratique, c’est-à-dire par une conquête graduelle et légale par le prolétariat des institutions parlementaires et de la puissance de la production.
http://www.ledevoir.com/societe/le-devoir-de-philo/410354/le-devoir-de-philo-jean-jaures-et-le-supplement-d-ame

Il semble y avoir un accord dans la gauche pour soutenir JLM ?!?

Mais la gauche peut organiser des débats, car il y a le PARDEM et son représentant pour la course à la présidentielle.
Il y a encore du temps pour mettre un peu d’ordre et d’avoir des débats sur les grands enjeux (adéquat), une fenêtre de visibilité pour la gauche.

12/12/2016 20:14 par andrea naz

Je voulais répondre à Résistant, à propos du texte de Ramonet sur la Libye. Le 1er avril 2011, personne ne pouvait savoir ce que nous savons aujourd’hui ; ce qui m’a interpellé- et qui est rappelé dans le texte, c’est le silence de Chavez, qui lui, savait. Qu’en pense Ignacio Ramonet aujourd’hui ?

12/12/2016 21:25 par D. Vanhove

@ Dominique : réflexion intéressante... dont je partage le même énorme doute...
en fait, pas tout à fait... je devrais plutôt dire, que je m’accroche p-ê encore un peu à ce même doute, pcq’au fond de moi, j’ai tendance à penser que c’est déjà trop tard... mais quand je parle ainsi, mon entourage me dit que je suis trop pessimiste... quand j’ai simplement l’impression d’être réaliste... alors, je me raisonne, et me dis que p-ê ils ont raison, et qu’il faut encore y croire... raison pour laquelle je dis m’accrocher à ce dernier doute...
mais en vérité, j’ai bien du mal

12/12/2016 21:34 par depassage

Est-ce que c’est vraiment utile de ressortir à chaque fois "l’erreur de Ramonet par rapport à la Lybie

Oui, c’est très utile lulu. Parce que la Lybie fut détruite parce qu’il y a eu beaucoup de morts dont personne ne s’est soucié ou s’en soucie maintenant que cela continue. Et parce que tout cela a déstabilisé toute la région et a permis aux islamistes de déstabiliser le Mali, ce qui a donné un prétexte à l’intervention française dans toute la région.

La déstabilisation de la Lybie a aussi contribué à la déstabilisation de la Syrie et j’en passe. Les intellectuels ne font pas pousser du blé et la realpolik de Bismarck a bien fait son temps.

Smaïl Hadj Ali a raison et a du affronter les discours huilés de l’intelligentsia française, qui, pendant que le peuple Algérien se faisait massacré par les islamistes, accusait le pouvoir algérien d’être à l’origine de ses massacres, comme cela continue à se faire en Syrie à l’heure qu’il est.

Trêve de plaisanterie, que chacun descende de son piédestal et regarde la réalité en face. Les intellectuels de renom doivent arrêter de s’admirer le nombril en admirant leurs tournures de phrases.
Ne vous en faites pas, Smaïl Hadj Ali ne va pendre Ignacio Romanet. Il ne le tuera pas par une baïonnette enfoncée dans l’anus comme Kadhafi.

Si je dis tout cela, ce n’est pas pour vous répondre méchamment, mais pour vous dire qu’il y a des gens qui peuvent souffrir de réalités que vous ne voyez pas ou que vous ignorer complètement que certains intellectuels ont couvert et continue à couvrir à leur ainsi ou à leur su, je ne sais pas.

12/12/2016 22:05 par depassage

D. Vanhove
La vie nous a été donnée et comme elle nous a été donnée, elle peut être reprise. La vie elle-même n’est qu’un simple espoir. Tout désespoir est une sorte d’appel à la mort. Si on est désespéré, ce qui peut arriver à n’importe qui, on garde cela pour soi. Les constats sont alarmants, c’est sûr. Le constat de Dominique en est un, constat qu’elle appelle Hyperréaliste. Je lui ai déjà fait la remarque, qu’il ne sert à rien d’être pessimiste et qu’il faut creuser d’autres voies que d’autres seront saisir et porter, peut-être ?

13/12/2016 00:41 par Dominique

@ D. Vanhove : Personnellement, la raison principale qui me pousse à lutter est que je me dit que vu que le capitalisme est le moteur de cette société que j’abhorre, plus vite il disparaîtra, plus les dégâts commis à l’environnement seront moindres, et plus il y aura de chances qu’il existe encore des survivants à notre mode de vie, ceci dans le cas où il n’est pas déjà trop tard. Une raison secondaire est qu’à l’âge de 12 ans j’avais déjà compris que notre sociedad de mierda ne me mérite pas et que je ne vais quand même pas lui faciliter le travail.

La question du but est pour moi importante. Il faut bien comprendre que la lutte contre le capitalisme n’est qu’une lutte contre le moyen qu’utilise un mode de vie basé sur l’exploitation globalisée du vivant et du non-vivant pour réaliser cette exploitation, et que le véritable but n’est pas le capitalisme mais l’idéologie d’exploitation basée sur l’exceptionalité humaine qui l’a rendu possible et continue à l’encourager. C’est exceptionalité humaine est la justification morale du racisme institutionnel qui gangrène et structure notre société. Le capitalisme n’est qu’une des têtes du monstre et c’est le monstre que je veux abattre.

Avoir un tel but permet de donner un sens aux différentes luttes et donc de les fédérer. Cela permet aussi de passer de la dénonciation indispensable de ce qui est, un système abominable d’exploitation globalisée du vivant et du non-vivant, à la construction nécessaire d’un système humain de respect du vivant comme du non-vivant et de solidarité du vivant.

13/12/2016 13:46 par D. Vanhove

@ depassage & @ dominique : je comprends bien tout cela... mais ne partage pas forcément ttes vos approches...
quand j’exprime le fait qu’au fond de moi, ce "doute" serait la dernière branche à laquelle je m’accroche et termine en disant qu’en fait, je n’y crois pas vrmt, c’est principalement par rapport à l’environnement (dont parle ’dominique’) qui est notre condition sine qua non de (sur)vie et se trouve auj’hui, complètemt détruit, saccagé, et proche du point de non-retour (ce n’est pas moi qui affirme cela gratuitement, ce sont des gens dont c’est le métier et à qui les merdias habituels ne donnent pas la parole, tant elle nous ferait frémir d’angoisse)... et que malgré les gds-messes du style COP-21 & autres avatars, rien n’est sérieusemt entrepris pour en changer le cours... il faut rester sérieux dans ce domaine... voyez les réactions du 1er sinistre Valls qd il est qstion des boues rouges en Méditerranée (pour ne prendre qu’un seul ex. !)... et voyez celles d’incivisme dès qu’il s’agit de tenter une alternative (mm si elle est dérisoire) au pic de pollution dans les gdes villes... de nombreux automobilistes pestent et se trouvent ttes les bonnes raisons pour tenter de se défiler... et c’est bien le nœud du pb : tant que les contraintes s’adressent aux autres, on les accepte... dès qu’elles nous touchent, on renâcle et on essaie d’y échapper... nous avons perdu le sens du bien commun, de la solidarité, on est dans un égocentrisme exacerbé que l’on peut vérifier chq jour... quant aux politiques, ils n’ont pour seul horizon que les voix qu’ils pourraient glaner aux prochaines élections...

et quant à l’espoir dont parle ’depassage’ rien n’est plus illusoire et n’alimente le mal-vivre, tant les "espoirs" ne peuvent être que déçus régulièrement... n’est qu’à voir le sentiment généralisé des individus... on "espère" certaines choses qui la plupart du tp ne se réalisent pas, on en est donc déçus et on se remet à espérer autre chose pour tenter de se redonner du moral... et ces va-et-vient conduisent tt simplement à un sentiment d’insatisfaction généralisée qui perdure au cours de la vie et se traduit par ttes sortes de comportements irrationnels, inconséquents et improductifs à donner du bonheur aux gens...
j’aime cette formule de Sponville : "nul n’espère ce dont il se sait capable"... et à cet "espoir" qui à mes yeux n’est qu’un mirage qui consacre bien svt notre immobilisme, je préfère la détermination, la volonté d’agir et de se prendre en charge, conscient tjr de nos propres limites...

bon, vastes sujets que l’on pourrait poursuivre, mais ce n’est ss doute pas le lieu... et sorry si j’ai été un peu plus long que d’habitude... ;-)

13/12/2016 18:04 par depassage

@D. Vanhove
Je vous comprends. Je crois que tout se réfère à nos expériences et à notre vécu. Moi, je suis né dans un village qui ne vivait presque exclusivement que de ce qu’il produisait. On avait les terres en commun ainsi que les bêtes de sommes, on s’entraidait dans la construction de nos maisons qui étaient d’un simplisme effarant, même leurs toits été en terre battu. On n’avait pas de médecin, mais on avait nos sages femmes guérisseuses et même des spécialistes en fractures et entorses. On s’achetait des habits une fois l’an et quelques objets manufacturier qu’on considérait comme un luxe suprême car l’essentiel des objets dont on se servait, étaient fabriqués par nos artisans, du moulin à moudre nos céréale à la charrue en passant par les ustensiles de cuisine. On travaillait dur du matin jusqu’au soir, mais on était heureux. On avait des jardins qui produisaient toutes sortes de fruits et de légumes sans le moindre produit chimique. La diversité de la faune était incroyable, mais il n’en reste que peu, Je suis de la dernière génération qui pouvait encore témoigner de cela. J’ai quitté ce milieu jeune au même temps qu’ont commencé certaines transformations à changer ce mode de vie. De ce qu’il en reste maintenant, rien ou presque rien. Les terres sont restées, mais elles sont couvertes de serres qui produisent des maraîchers pour le marché. La spéculation sur les prix est rentrée dans les mœurs, la voiture et l’engin mécanique sont devenus monnaie courante. Plus de jardins et plus d’arbres fruitiers. ET plus même de village. Le plus frappant, c’est la vitesse à laquelle cela est advenu. On dort dans un monde on se réveille dans un autre. Me concernant, j’étais déjà dans l’autre monde, un monde que je n’aurais jamais aimé connaitre, tellement, il me parait artificiel et surfait malgré le fait que je le comprends et reste solidaire avec ses habitants.
On se lâche un peu, et que LGS m’excuse.

13/12/2016 20:48 par V. Dedaj

A mon petit niveau, je pourrais raconter comment j’ai été licencié d’une grande société d’informatique états-unienne, en moins d’un quart d’heure chrono, lorsqu’ils ont su qu’à l’extérieur de l’entreprise, je menais des activités "pro-cubaines"

17/12/2016 23:24 par alain harrison

Bonjour
13/12/2016 à 13:46 par D. Vanhove
@ depassage & @ dominique : je comprends bien tout cela...
 !)... et voyez celles d’incivisme dès qu’il s’agit de tenter une alternative (mm si elle est dérisoire) au pic de pollution dans les gdes villes... de nombreux automobilistes pestent et se trouvent ttes les bonnes raisons pour tenter de se défiler... et c’est bien le nœud du pb : tant que les contraintes s’adressent aux autres, on les accepte... dès qu’elles nous touchent, on renâcle et on essaie d’y échapper... nous avons perdu le sens du bien commun, de la solidarité, on est dans un égocentrisme exacerbé que l’on peut vérifier chq jour... quant aux politiques, ils n’ont pour seul horizon que les voix qu’ils pourraient glaner aux prochaines élections...

Oui, il y a tout un changement à entreprendre, tant au niveau du Peuple que de la gouvernance.
Il est devenu évident que le changement doit se produire à tous les niveaux (comportement, éducation, politique, économique, du travail.....) et pour se faire il faut développer l’auto-instruction par chacun pour chacun et des lieux pour partager notre compréhension des changements à entreprendre et c’est une affaire très complexe, n’est-ce pas !
Mais nous pouvons developer une vue d’ensemble qui constituerait une approche efficace.
Et cela passe par établir les priorités des solutions à effet synergique collatéral sur l’ensemble.
C’est la seule façon d’y arriver, c’est ma certitude. Pour vous ce sera qu’une opinion parmi toutes les opinions.
Mais tâchons d’établir quelles seraient les meilleurs solutions à mettre en place.
Prenons les initiatives concrètes des jardins en ville, voilà une action qui a un potentiel synergique collatéral sur l’ensemble de la population, et même de coopération et de partage, et de partage du temps. Une amorce d’une nouvelle mentalité.
Mais il faut atteindre un nombre critique de participants à cette initiative, avant qu’elle puisse faire boule de neige.
Il faut aussi une multitude d’autres gestes (boycotté certains produits,.......) qui pourraient être promu dans des rencontres citoyennes travailleurs dans le contexte de leurs initiatives particulières, donc de créer des lieux de rencontre.
Des lieux de rencontre accessible en tout temps, pour tous, est un des éléments essentiels, et qui manquent terriblement.

Des lieux par cartier ou ensemble de cartiers, comme des locaux d’école, une église, locaux de mairie, ou bien sur le terrain de jardins communautaires par beau temps............

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