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Le Dr Christophe Oberlin témoigne depuis Gaza (*)

Gaza se prépare à la guerre

Plusieurs bombes israéliennes sont tombées ces jours-ci sur Gaza. Cette nuit-même la dernière a creusé un cratère de plusieurs mètres de diamètre en plein centre-ville. Pour beaucoup, comme le Dr Sobhi Eskaik chef du service de chirurgie générale à l’hôpital Shifa, Israël va attaquer : « C’est comme ça qu’ils préparent le terrain. Nous avons malheureusement l’habitude ».

Depuis ce matin la plupart des interventions programmées ont été annulées, et le Dr Marwan Abu Saada, directeur médical, fait le tour des salles d’opération. Les urgentistes de Gaza ont tiré les leçons (1) du tri des blessés lors de l’attaque de l’hiver 2008-2009, et de nouveaux protocoles ont été appliqués avec succès lors de celle de 2012.

L’ambiance n’est pas à l’optimisme. Pour les Gazaouis, les conditions sont réunies pour qu’Israël lance une nouvelle attaque.

Après sept années de gestion dans des conditions de plus en plus difficiles, le pouvoir politique à Gaza est en grand faiblesse. L’économie, tirée par la construction, est maintenant asphyxiée par la fermeture des tunnels en provenance d’Egypte associée à l’embargo total sur le ciment édicté par Israël. Les fonctionnaires ne touchent plus que la moitié de leur salaire depuis plusieurs mois. A la suite de l’accord passé entre le Hamas et le Fatah, les ministres de Gaza se sont tous retirés, mais on ne voit rien venir : aucun ministre ne peut se déplacer entre Gaza et la Cisjordanie (2). La longue interview (3) donnée par le président Abbas venu féliciter chaleureusement le général Sissi pour son élection a fait l’effet d’une douche froide, « Le 13 juillet n’a pas été un coup d’état. Les tunnels sont illégaux… Par le passé nous (dixit) avons construit un mur souterrain et tenté sans succès d’inonder les tunnels, etc. » Hier encore : « Nous devons nous coordonner avec Israël pour éviter une troisième intifada ». Pas un mot sur les arrestations d’élus en Cisjordanie. Nul ne doute que le président ne protestera pas en cas « d’éliminations ciblées » à Gaza. L’affaire des trois Israéliens disparus en Cisjordanie n’arrange rien.

Une situation nettement plus défavorable qu’en 2012 : la fermeture de la frontière égyptienne ne permettra à aucun leader étranger de venir apporter son soutien à la population, pas davantage que le passage de journalistes indépendants. L’accord de « réconciliation » fera passer au second plan les « assassinats ciblés ». L’élimination ou l’emprisonnement - cette fois ci dans des prisons palestiniennes- des leaders du Hamas ne soulèvera pas de protestations de la part du « monde libre » anesthésié par la coupe du monde de football.

En attendant les postes de police, premières cibles potentielles, ont été évacués et la plupart des responsables du Hamas sont injoignables.

Christophe Oberlin
Gaza, le 19 juin 2014

Christophe Oberlin, né en 1952, est Chirurgien des hôpitaux et professeur de médecine à la faculté Denis Diderot à Paris. Il participe depuis trente ans à des activités de chirurgie humanitaire et d’enseignement au Maghreb, en Afrique sub-saharienne et au Moyen Orient. Depuis 2001, il dirige régulièrement des missions chirurgicales en Palestine, particulièrement dans la bande de Gaza. Il témoigne aussi de ce qu’il observe sur le terrain, à travers interviews, articles de presse et activités associatives. Dernier ouvrage paru : La Vallée des Fleurs – Marj El Zouhour (Erick Bonnier 2013)

»» http://www.silviacattori.net/spip.php++cs_INTERRO++article5748

Notes :
(*) Christope Oberlin était présent à Gaza du 14 au 23 juin 2014
(1) Deux articles publiés dans la prestigieuse revue médicale « Lancet »
(2) Le nouveau ministre de la santé, attendu à Gaza cette semaine avec le directeur des hôpitaux, n’a pas reçu l’autorisation d’Israël
(3) Le 7 juin à la chaîne de télévision égyptienne « El Balad »


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L’auteur : Christophe OBERLIN est né en 1952. Chirurgien des hôpitaux et professeur à la faculté Denis Diderot à Paris, il enseigne l’anatomie, la chirurgie de la main et la microchirurgie en France et à l’étranger. Parallèlement à son travail hospitalier et universitaire, il participe depuis 30 ans à des activités de chirurgie humanitaire et d’enseignement en Afrique sub-saharienne, notamment dans le domaine de la chirurgie de la lèpre, au Maghreb et en Asie. Depuis 2001, il dirige régulièrement des (...)
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